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L'histoire du fusil dans l'armée polonaise est riche et complexe, marquée par des innovations nationales et des adaptations de conceptions étrangères. Cet article explore l'évolution de ces armes, leur utilisation durant des conflits majeurs, et leur importance dans la résistance polonaise.

Les Débuts de l'Industrie Armurière Polonaise

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Pologne s’est dotée d’une industrie armurière qui a su allier créativité et qualité de fabrication. Coincée entre un voisin germanique bruyant à l’ouest et l’URSS naissante à l’est, cet essor industriel correspond très vraisemblablement à une inquiétude grandissante qui sera légitimée par le début de la Seconde Guerre mondiale.

La Pologne produira des armes de conception étrangère, mais également des armes de conception nationale. On compte parmi ces conceptions nationales le fusil antichar wz.35 de calibre 7,92×107 mm dit « Maroszek » du nom de son inventeur, ou le très populaire pistolet VIS-35 de calibre 9×19 mm. Ce dernier, souvent dénommé « RADOM », tire ce surnom de la ville accueillant son usine de fabrication la « Fabryka Broni « Łucznik » - Radom » soit « Fabrique d’Armes « Archer« - Radom ».

Cette ville deviendra au cours des années 1930, l’épicentre la fabrication armurière Polonaise pour le demeurer jusqu’à nos jours.

Le Karabiniek wz.29

En 1929, la Pologne adopte un nouveau fusil réglementaire dérivé du Mauser 98 et destiné à équiper l'ensemble des forces armées sous le nom de wz.29 dont la fabrication sera assurée par la seule usine de Radom. Après une présérie de 1.000 exemplaires en 1930 la production en série commence réellement en 1931. Avec ses 110 cm de longueur le wz.29 est une arme moderne pour son époque et se situe dans la même gamme que le VZ.24 tchèque ou la carabine belge FN 24.

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Dénommée carabine dans la nomenclature polonaise, elle est livrée soit avec une culasse à levier d'armement droit pour l'infanterie (version kbi), soit avec un levier d'armement coudé pour la cavalerie (version kbk). Quelques soit la version de culasse livrée la crosse comporte une encoche du coté droit à la hauteur du levier de culasse et est équipée à la fois de battants de bretelle en position inférieure et de barrettes latérales gauche. Il semblerait qu'à partir de 1933 la Pologne ait repris la fabrication des carabines kbk wz.98 et que la fabrication du wz.29 se soit alors concentré sur la version kbi ceci pouvant expliquer la relative rareté des kbk wz.29.

La production totale du wz.29 semble être de 264.300 dont environ 105.000 seront livrés au troupes républicaines espagnoles. Dans ce dernier cas il est amusant de noter que la marque de l'usine de Radom n'apparait pas sur la chambre, pas plus que l'année de fabrication. Ces livraisons ne se faisaient pas directement et transitaient par la Tchécoslovaquie sous couvert de contrats avec des pays tiers (Chine, Grèce, Mexique et Pérou). Après la défaite de la Pologne les allemands récupèrent en grand nombre les exemplaires équipant ce pays pour leur propre usage, ces armes étant d'excellente qualité et du même calibre que les leurs.

Tableau de Production du wz.29

Année Production
1930 1,000
1931 30,900
1932 26,200
1933 35,000
1934 28,200
1935 20,300
1936 5,800
1937 65,200
1938 36,700
1939 15,000
Total 264,300

Le Fusil Antichars wz.35 "Maroszek"

On commença à faire des recherches en matière de munition à haute vélocité en Pologne dans les années 20. Une fois celle-ci créée, les Polonais devaient concevoir une arme pour la tirer. L’arme qui fut retenue fut la Kb ppanc wz. 1935 (fusil, modèle antichars 1935) conçue par Jozef Maroszek au début des années 30. Environ 6 500 étaient en service en septembre 1939.

Cependant, il était hors de question de mettre hors de combat les chars ennemis au moyen de cette arme, ceci dit assez remarquable (du moins par sa munition). Le wz. 35, utilisé pour aveugler et blesser les équipages en tirant au niveau des épiscopes et diverses fentes de vision, le noyau de plomb de la balle à haute vitesse résiduelle se vaporisant pratiquement à l’intérieur du char sous l’effet de l’impact et blessant les équipages.

La Résistance Polonaise et les Armes Clandestines

La résistance armée en Pologne (Armia Krajowa) apparaît dès 1940, avant même l'invasion de la France par l'Allemagne. En fait, les Polonais fondent la résistance armée au régime nazi. Au départ, les Polonais ne peuvent compter que sur quelques armes de l'armée comme des fusils Kbk wz. 1929 et Kb wz.

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Les Alliés (essentiellement anglais) soutinrent la résistance intérieure via des parachutages d'armes. Les principales armes parachutées furent la mitraillette Sten dans sa version MKII et la grenade No. Bien évidemment, les Polonais ajoutèrent à cette collection d'armes hétéroclites d'autres armes prises à l'Occupant. Malgré tout, l'armement resta un problème préoccupant pour la résistance polonaise tout au long du conflit. Il n'y avait tout simplement pas assez d'armes pour les résistants.

Dès 1940, les Polonais se tournèrent donc vers des armes de production locales, des créations clandestines élaborées dans le plus grand secret et souvent dans des circonstances rocambolesques. La Pologne bénéficiait d'une population éduquée ayant des ingénieurs, des chimistes, des armuriers, des pyrotechniciens. Nombre d'entre eux avaient travaillés dans l'industrie d'armement au cours de l'entre-deux guerres. Après un début relevant plus du bricolage, une fabrication en série commença.

Parmi les armes fabriquées clandestinement, on trouve :

  • La grenade "filipinka" (philipine)
  • La grenade "sidolówka"
  • Les copies polonaises du Sten MKII
  • Le Polski Sten
  • Le KIS
  • Le Blyskawica

L'Insurrection de Varsovie (1944)

L’insurrection de Varsovie eut lieu du 1er août au 2 octobre 1944. Pour compenser un net désavantage militaire, l’Armia Krajowa, l’armée de l’intérieur polonaise, avait, comme bon nombre de mouvements de résistance, un déficit en armes. Outre le marché noir, elle disposait de caches d’armes héritées de la défaite de 1939, des aides alliées et des prises faites sur l’ennemi. Mais cela ne pouvait suffire. Des ateliers clandestins ont donc été mis sur pied et œuvraient à la confection d’armes.

L’armement insurgé s’avéra donc hétéroclite, des armes allemandes côtoyant celles alliées et artisanales. Des véhicules furent aussi saisis. Enfin, l’un des effets allemands les plus facilement reconnaissables sur cette photo est l’uniforme SS. Les insurgés parvinrent dans les premiers jours de l’insurrection à prendre un entrepôt contenant, entre autres, des uniformes des forces d’occupation. De nombreux membres de l’AK décidèrent donc de les porter.

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La résistance opiniâtre des Polonais ne suffit malheureusement pas à tenir en respect les troupes du IIIe Reich. D’autres raisons sont à noter : l’insuffisance de l’aide déployée par les Alliés et le double jeu soviétique, marqué d’abord par un refus d’assistance, puis l’envoi dans des conditions désastreuses de quelques armes (sans parachutes). Le soulèvement de Varsovie coûta la vie à 17 000 insurgés et autant d’Allemands. Les pertes civiles s’élevèrent entre 150 et 250 000 habitants, de nombreux massacres et crimes de guerre étant perpétrés. La ville fut ravagée autant pendant qu’après les combats.

Après la Seconde Guerre Mondiale : Le Pacte de Varsovie

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Pologne passa sous le giron de Moscou. Le traité qui scellera l’alliance l’URSS avec une grande partie des pays Européens communistes sera d’ailleurs signé le 14 Mai 1955 dans sa capitale et portera le nom de « Pacte de Varsovie ».

Si on pourrait croire de prime abord que cette mise sous tutelle aurait pu signer la fin d’une industrie nationale de l’armement, ce ne fut point le cas : la Pologne allait devenir un acteur important de la production d’armes de petit calibre au sein du bloc de l’Est. Pendant l’ère communiste, l’usine de RADOM sera renommée « Zakłady Metalowe im. gen. « Waltera » », soit Usine du Métal du Général « Waltera« et reçu le code 11 dans un ovale comme marque de fabrication.

Si cette production sera effectivement marquée par une importante part des armes conçues en URSS avec notamment la production d’AK-47 puis d’AKM en calibre 7,62×39 mm, elle incorpora également des armes de production locale, telles le pistolet-mitrailleur Pistolet-Mitrailleur More wz.63 en 9×18 mm Makarov mais aussi, comme souvent dans les pays du Pacte, des variations nationales des armes de conception Soviétique. Ainsi, l’AK-47 sera décliné en fusil lance-grenades sous l’appellation PMK-DGN-60.

On peut aussi évoquer l’intéressant projet « Lantan », fusil d’assaut modulaire (convertible en fusil-mitrailleur comme le fût le Stoner-63) de calibre 7×41 mm étudié dès 1976 qui aurait pu se substituer à l’AKM au sein des forces Polonaises. Celui-ci connut cependant un destin funeste, notamment à cause du veto Soviétique à l’introduction d’une 3e munition intermédiaire dans l’arsenal.

Le projet « Tantal » remonte à la fin des années 1970 sous la direction de Bogdan Szpadreski. Pendant la Guerre Froide (et même dans les années qui la suivirent), la coutume Polonaise voulait que les projets d’armement Polonais adoptent un nom de code souvent choisi dans le tableau périodique des éléments : Beryl (élément 4), Lantan (élément 57), Tantal (élément 73), etc. Petite exception, l’Onyx est quant à elle une pierre.

Le développement du projet Tantal fut ralenti par les troubles de politique interne du pays au début des années 1980 et par quelques rebondissements dans les choix techniques. Après plusieurs séries d’essais, l’arme fut finalement adoptée en 1989 sous l’appellation « 5,45 mm karabinek wz.88 » et mise en production en 1990. Pris dans le torrent de l’histoire, la fin de l’ère communiste en Pologne allait conduire à son rapide remplacement de par l’abandon du 5,45×39 mm au profit d’un 5,56×45 mm devenu otanien.

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