La Paraponera clavata, plus communément appelée fourmi balle de fusil, est une espèce fascinante et redoutable originaire des forêts tropicales d’Amérique centrale et du Sud. Connue localement sous le nom de fourmi flamande ou fourmi 24h, elle doit son surnom à la violente douleur provoquée par sa piqûre, comparable à celle d'une balle de fusil.
La fourmi balle de fusil se caractérise par plusieurs aspects distinctifs :
Les colonies de fourmis balle de fusil ne comptent généralement qu'une centaine d'individus, parfois seulement quelques dizaines, un faible nombre comparé aux autres colonies environnantes. Elles se trouvent principalement dans les terres basses, du niveau de la mer jusqu'à 750 m d'altitude.
La fourmi balle de fusil est une espèce nocturne qui présente des mœurs coloniales. Les groupes s’organisent de façon très hiérarchisée, avec une seule reine chargée de la reproduction et des ouvrières qui s'occupent des tâches liées à la recherche de nourriture, à la construction du nid et à la protection de la colonie. Comme la plupart des fourmis tropicales, cette espèce est homodynamique, c'est-à-dire que son développement (des œufs aux nymphes) ne marque aucun arrêt, les étapes se déroulent toute l'année au sein des nids, sauf quand sa fourmilière est dérangée.
En ce qui concerne son alimentation :
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Ces fourmis chassent au sol et arpentent également toute la hauteur de l’arbre, de la base à la cime, pour trouver leur nourriture.
La piqûre de la fourmi balle de fusil est ce qui la rend si célèbre et redoutée. Voici quelques détails importants à ce sujet :
Justin O. Schmidt, un entomologiste américain, a créé une échelle de la douleur de Schmidt de la pénibilité des piqûres d'insectes. Sur cette échelle, la piqûre de la fourmi balle de fusil obtient la note de 4,0+, la plus élevée. Selon ses propres mots :
« Je suis convaincu que les fourmis balles sont le Saint Graal des insectes piqueurs et délivrent la piqûre la plus douloureuse de tous les insectes sur Terre. »
La douleur provoquée par une piqûre d’insecte dépend de plusieurs facteurs, comme sa taille, la quantité de venin injecté et les propriétés chimiques du cocktail. Pour la Paraponera Clavata, la douleur est due à un mélange d'acide formique et de ponératoxine dans son venin. Cette dernière interfère avec les canaux d’ions sodium dans nos cellules nerveuses, ce qui intensifie le signal de douleur.
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En termes simples, la ponératoxine empêche les canaux d’ions sodium de se refermer, générant une autoroute pour les signaux nerveux responsables de la douleur. L’information de la douleur est donc transmise en continu.
Ce constat de puissance en fait un animal respecté et hautement symbolique pour de nombreuses populations amérindiennes, et utilisé comme rites d’initiation notamment pour le passage de l’enfant à l’âge adulte. Des fourmis préalablement endormies sont incorporées dans des fibres végétales tressées, pour faire des éléments de vannerie carrés qui seront directement appliqués sur le torse, les bras ou autres parties du corps de l’adolescent.
En Amazonie, il existe une règle d’or : ne jamais s’appuyer sur un arbre sans l’avoir scrupuleusement examiné au préalable. Outre les réactions cutanées provoquées par certains végétaux, le risque est de mettre la main sur un serpent, une araignée ou… une fourmi balle de fusil !
Dans une étude publiée en juin 2023, des chercheurs australiens se sont intéressés à la façon dont les neurotoxines injectées ciblent les nerfs de la victime. Leur découverte est surprenante : contrairement aux toxines contenues dans le venin des serpents ou des scorpions, celles des fourmis affectent le corps d'une manière jamais vue auparavant. L'étude a été publiée dans la revue Nature Communications.
Les chercheurs ont montré que les venins de fourmis ciblent nos cellules nerveuses qui envoient des signaux de douleur. Normalement, les canaux sodiques de ces neurones sensoriels ne s'ouvrent que brièvement en réponse à un stimulus. Les toxines des fourmis se lient aux canaux sodiques et les font s'ouvrir plus facilement et rester ouverts et actifs, ce qui se traduit par un signal de douleur plus durable.
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Ces neurotoxines qui ciblent les canaux sodiques sont uniques aux fourmis ; personne n'a trouvé quoi que ce soit qui ressemble ou agisse de la même manière, offrant ainsi un nouvel ensemble d'outils avec lesquels travailler.
Justin Oliver Schmidt a établi une échelle allant de 0 à 4 pour classer la pénibilité générée par des piqures d’hyménoptères. Il s’est donc volontairement laisser piquer par pléthore d’espèces. Et il s’avère que P. clavata en sort avec une mention ++ ! Elle atteint le niveau 4,0+, surclassant les guêpes Pepsis, des Pompilidae qui paralysent des mygales, qui arrivent quand même à 4,0. Les classiques hyménoptères comme l’abeille européenne ou le frelon n’obtiennent que la moyenne avec 2,0.
| Niveau | Insecte | Description de la douleur |
|---|---|---|
| 1.0 | Petites abeilles (Halictidae) | Douleur légère, éphémère |
| 1.2 | Fourmi de feu (Solenopsis invicta) | Douleur aiguë, soudaine, légèrement alarmante |
| 2.0 | Abeille européenne | - |
| 2.0 | Frelon | Douleur riche |
| 3.0 | Fourmi rouge moissonneuse | Douleur grasse et persistante |
| 4.0 | Guêpe Pepsis | Douleur aveuglante, féroce, électrique |
| 4.0+ | Fourmi balle de fusil (Paraponera clavata) | Douleur pure, intense, brillante |
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