Reine de la simulation de balle orange, la licence NBA 2K peine depuis plusieurs années maintenant à convaincre avec autant de panache qu’à la grande époque. Or, cette année, c’est l’épisode 23 et dans le monde du basket, le nombre 23, ça veut dire quelque chose. Un nombre beaucoup trop symbolique pour se permettre de se planter ? Avec NBA 2K, la question n’est jamais de savoir s’il y a eu des ajustements mais bien de savoir s’ils vont dans le bon sens.
Pour cette édition 23, NBA 2K met donc à l’honneur le plus légendaires des numéros 23 avec les Jordan Challenges, sorte de mode Histoire entièrement dédié à la carrière de celui qui fut également ailier des Washington Wizard. Comment évoquer le basket sans parler, une fois encore, de celui qui a propulsé ce sport dans la stratosphère médiatique mondiale grâce à son talent insolent ? Ce sont donc quinze moments-clés, de 1982 à 1998, qui sont proposés.
Quinze matchs destinés à nous faire vivre ou à réécrire la légende Jordan. Chacun proposera des défis spécifiques à remplir : décrocher la victoire (même pour les matchs historiquement perdus) et aligner nos stats de matchs sur celles de la réalité. Certains objectifs sont plus difficiles que d’autres (par exemple, planter 63 points contre les Celtics de 86) mais ils sont tous assez motivants. Le plus dur étant de ne pas écraser sa larme en jouant le match Pass the Torch. Certes, on peut trouver que ça rend le jeu un poil moins lisible mais l’impact nostalgique est indéniablement là. Cerise sur le gâteau : chaque match est introduit par une courte vidéo d’un acteur ou témoin de l’époque.
Ces Jordan Challenges donnent le ton d’une édition 23 placée sous le signe de l’héritage et de la légende. C’est pourquoi le mode Ma NBA a été remodelé autour d’un concept aussi simple qu’alléchant. Le but est de revivre ces différentes périodes et d’en explorer toutes les possibilités. Les joueurs pourront donc modeler la ligue selon leurs désirs pour créer leur propre multiverse de la balle orange. Tel Emmet Brown, le joueur peut remonter le temps à des périodes spécifiques : l’ère Magic vs. Bird, l’ère Jordan, l’ère Kobe ou encore l’ère moderne.
Et si on faisait gagner une bague au duo Gary Payton/Shawn Kemp ? Et si les 5 premiers picks de la draft 2003 avaient été différents ? Et si les règles sur les fautes flagrantes n’avaient pas été renforcées dans les années 90 ? Et si le Heat avait déménagé à Anchorage ? Et si Kevin Durant rejoignait le banc du Magic au lieu de récupérer indûment des bagues gagnées par les autres ?
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Ou alors, ils pourront simplement se contenter de choisir une équipe pour se replonger dans la tension de l’époque. Ici aussi, le boulot de reconstitution est impressionnant, joueurs (à quelques exceptions prêt pour cause de gros pognon), emblèmes, salles, événements marquants, ambiance sonore et visuelle… Tout est fait pour chatouiller la corde sensible ou le désir de revanche. Ces ères légendaires offrent la petite flamme qu’il manquait aux effrayés de la gestion brute, faisant de cette mouture 2023 de Ma NBA un mode solo incontournable, capable d’absorber toutes vos heures de temps libre.
Mais si vous avez encore quelques heures qui traînent après ça, ou que l’idée de gérer une ligue entière vous effraie, il existe toujours le fer de lance de la licence NBA 2K, à savoir le mode Ma Carrière, solo mélangeant sport et RPG qu’aucun autre jeu de sport n'a réussi à émuler. Cela commence par la création de votre avatar qui, à elle seule, pourra vous occuper plus longtemps que l’intégralité du mode solo d’un Call of Duty. Outre l’apparence, le poste, le numéro et tous ces détails cosmétiques, c’est surtout sur la répartition de vos capacités de basketteurs que l'enjeu est placé.
Finition, tir, organisation, rebond : quatre grands domaines eux-mêmes divisés en trois ou six sous-catégories où dépenser vos points de compétences, les fameux VC, pour être le plus précis et subtil possible. Rien de neuf ici sauf que, pour éviter certains abus passés sur des archétypes qui n’ont aucun sens, ces différentes catégories sont désormais interdépendantes - au moins au début. En effet, la première étape impose de déterminer votre potentiel maximal en ajustant le niveau des catégories jusqu’à un maximum de 99. Or, vous ne pourrez pas faire monter au maximum certaines jauges sans investir dans d’autres, que vous jugez secondes ou inutiles (les tirs à trois points sont corrélés à vos capacités de tirs à mi-distance par exemple).
Un développement plus contraint mais aussi plus cohérent, sans pour autant déposséder les joueurs du sentiment de contrôle sur leur création. Dommage que, derrière, le scénario articulant votre Carrière s’avère l'un des moins inspirés depuis bien longtemps. Une histoire de rivalité entre votre joueur et un instagrameur insupportable, pas de développement de la carrière universitaire, un choix d’équipe sans contrainte… Les développeurs ont beau clamer que c’est la carrière qui comporte le plus de cinématiques de la série, ça ne suffit pas à en faire la plus intéressante. Et c'est regrettable car, en parallèle, elle permet de développer un sympathique système d’alignements, général (humble) ou précurseur (tête à claques), qui octroie des bonus pour la gestion relationnelle de l’équipe selon nos réactions lors des dialogues.
Peut-être aussi que l’intégration de The City à Ma Carrière rend ce qui était la rolls des modes solo dans les jeux de sports diablement moins intéressant. En effet, le scénario y intègre certaines quêtes annexes et ce ne sont clairement pas les moments les plus agréables ou bien pensés du mode. Plus petite que l’année précédente, The City, sorte de hub gigantesque faisant le lien entre vos matchs NBA et la pelletée d’activités annexes disponibles, semble accentuer la lourdeur de vos aventures. Du reste, la navigation s'en ressent : les distances sont parfois importantes pour aller d'un point A à un point B, les déplacements sont rigides et l’utilisation du métro, nouveauté 2023, exige en réalité de déjà très bien connaître la carte puisque les indications sur les stations ne sont absolument pas claires.
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On apprécie l’idée de donner une vie au scénario, c’était d’ailleurs le bel espoir qui naissait l’année dernière, mais on finit par regretter le temps de Mon Quartier, qui apportait ce surplus de vie sans les longueurs fastidieuses. Tout ça parce qu’on est forcé de participé à des quêtes annexes peu intéressantes pour progresser ou gratter quelques misérables VC. Mais il faut aussi voir le verre à moitié plein puisque The City permet aux amateurs d’expérience sociale multijoueur d’avoir un endroit où toutes les activités s’interconnectent plutôt naturellement.
Car, et ça ne surprendra personne, la progression en carrière de votre Monstre de Frankenball va se heurter au mur des VC et à la connexion permanente et obligatoire. Une fois encore, la monnaie virtuelle, qui sert autant à personnaliser votre expérience qu’à huiler les mécaniques de certains modes, vient polluer l’expérience NBA2K. D'où une progression terriblement laborieuse, qui nécessitera une motivation en béton armé. La quantité de VC nécessaire pour un archétype un peu sympa à jouer est énorme et le salaire des matchs en saison est vraiment ingrat. Et le jeu ne se privera pas de vous rappeler qu’il existe des raccourcis miracles, en vous privant de quelques euros supplémentaires. Une logique de grind pénible, qui étouffe le solo et érode, à chaque itération, son capital sympathie.
Constat que l’on peut d'ailleurs aussi appliquer au mode Mon Equipe qui continue de surfer joyeusement sur la mode du casino virtuel : tout est rare, tout est précieux et tout est nécessaire… Vite vite achète, achète ! Nous voilà sollicités à la moindre action, stimulés pour ne pas passer à côté du deal du moment. Le nombre de paramètres économiques ou évolutifs (une monnaie spécifique, des jauges d’expérience, des badges, un système de couleur, etc…) manque vraiment de clarté mais le jeu se charge de nous faire comprendre qu’il faut courir après l’amélioration ultime.
Cependant, et c’est là où NBA 2K est à la fois grand (parce qu’il a de vraies bonnes idées) et agaçant (parce qu’on continue quand même de se taper les pires), le mode Mon Equipe connaît aussi des évolutions dans sa structure qui vont dans le bon sens. Déjà, au lieu de commencer à poil, vous commencerez à poil mais en connaissance de cause. En effet, il est désormais possible de tester ses starters avec un match en 3v3, pour être certain de trouver celui qui colle le mieux à votre façon de jouer. D’ailleurs, il nous a semblé qu’il était plus rapide et facile d’obtenir au moins deux ou trois cartes pas trop nazes que par le passé ; un réglage moins absurde de la loterie, qui sait ?
Ensuite, les fameux contrats ont disparu. Désormais quand vous possédez une carte vous la… et bien possédez quoi, elle n'expire pas après un nombre limité d’utilisation. Les cartes à usage temporaire existent toujours, mais elles ne constitueront plus le cœur de votre jeu. Ensuite, le mode s’ouvre au coop' (en 3v3). Enfin, il est désormais possible en match de ne contrôler qu'un seul joueur. Tout simplement parce qu’on est plus à l’aise avec cette façon de jouer, ou parce qu’on veut se focaliser sur les objectifs rattachés à la carte. Si on passe outre l’interface hystérique comme un ado hyperactif, on fait face un mode qui équilibre mieux son démarrage et ses récompenses pour nous absorber dans son vortex de contenu.
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Vieille rengaine, là encore, mais la navigation dans les différents menus du jeu à de quoi rendre fou. Il ne faut pas se laisser berner par l’efficacité de la présentation du menu principal. On réalise vite que, derrière, les interfaces et philosophies de navigations ne sont toujours pas unifiées. On va terminer ce tour d’horizon du contenu par deux points. Le premier est évidemment la beauté plastique du jeu sur les supports de dernière génération.
La modélisation est parfois bluffante et semble plus homogène encore qu’auparavant, avec moins de tronches au rabais et une gestion plus subtile des lumières. L'attention portée aux transitions d’animations et à la richesse des mouvements parachève un tableau qui gagne en finesse chaque année. Le deuxième est la présence d'une ligue féminine au contenu nettement étoffé, comme un second jeu dans le jeu. Il manque toujours pas mal d'équivalent au contenu masculin mais ça va dans le bon sens.
Maintenant, il va falloir causer sérieusement puisque nous allons nous intéresser au cœur du gameplay. NBA 2K22 manquait un peu de rythme dans ses phases de jeu les plus courantes et c’est très exactement ce que cherche à corriger NBA 2K23. En effet, les phases d’attaques sont plus fluides et plus ouvertes que l’an passé. Bien sûr, tout n’est pas permis mais on a un bien meilleur équilibre entre les shooteurs (qui ont moins d'occasions gratuites) et les bulldozers de la raquette (qui retrouvent leur caractère dominant). De la même façon, un joueur chaud n’entraîne plus le boost systématique de ses collègues, il faut que toute l’équipe soit au diapason. Là aussi, moins binaire mais plus gratifiant.
Les tactiques un peu audacieuses peuvent s’avérer payantes pour nous sortir d’un mauvais pas et cela donne des matchs moins verrouillés, plus variés que l’an passé. Les tirs, même ouverts, demandent plus de travail sur les timings mais donnent aussi la sensation de mieux contrôler sa prise de décision. C’est moins binaire et plus réaliste. Les sensations en attaque sont donc bien plus satisfaisantes, peut-être aussi grâce à un système de feedback plus clair.
La roue sous le joueur, qui passe du rouge au vert par secteur selon l’ouverture pour bien planifier son tir ou sa passe, se révèle bien pratique. La jauge de fatigue est à deux étages dont un, scindé en 3 morceaux pour limiter les actions spectaculaires de notre joueur. L’idée globale reste de fournir clairement les informations pour favoriser la prise de décision rapide en attaque, le rythme de jeu demeurant la priorité. Cette année encore, la jauge a changé. Arrondie, plus petite et positionnée plus intelligemment en hauteur, avec une accélération et une décélération, elle nous a semblé un peu plus lisible et exploitable que les autres années.
Pour NBA 2K23, le studios Visual Concepts a encore procédé à de nombreuses évolutions au niveau du gameplay, avec notamment jusqu'à 20 jauges de tir différentes à gérer dans le jeu désormais. Visual Concept a mis en place différentes jauges, des grandes, des petites, certaines sont au-dessus de la tête, d'autres sur les côtés ou encore en-dessous du tireur. Une fois encore, à la demande de la communauté, l'objectif et de contenter tout un chacun et avec ces 20 jauges, tout le monde devrait trouver chassure à son pied.
Les développeurs précisent par la même occasion que des des arcs de tir ont été utilisés dans NBA 2K23, afin d'indiquer si vous êtes en avance (arc élevé), en retard (arc plat) ou juste à temps (arc idéal). Il est également précisé que si la fonction "analyse de tir" est activée, alors l'incrustation du timing/couverture et les animations de timing parfait sont retardés jusqu'au moment où le ballon touche le panier. Visual Concepts souhaite réintégrer du suspense qui manquait parfois aux tirs avec timing parfait, afin d'encourager les joueurs à continuer à joueur pendant la possession plutôt que de se remettre en transition plus tôt.
Voici cependant un listing des modifications cette année :
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