Le fusil et la carabine, deux types d’armes à feu, séduisent les collectionneurs par leur décor raffiné et la sophistication de leur mécanisme. Afin d'estimer correctement la valeur d'un fusil de chasse, plusieurs éléments sont à prendre en compte.
Le fusil est une arme longue composée d’un canon, d'un système de mise à feu et d'une monture. L’utilisateur l’épaule et le tient à deux mains, le canon étant long.
La carabine est une variante du fusil, dont le canon est plus court (inférieur à 56 cm). Elle peut disposer d’un ou de plusieurs canons. Elle était à l’origine destinée aux cavaliers.
L’express est une carabine double mise au point en Angleterre au XXème siècle, pour permettre la chasse aux grands animaux d’Inde et d’Afrique.
Les premiers fusils et carabines héritent du bâton à feu inventé au XIIIème siècle. Dès cette période, les propriétés explosives de la poudre sont connues. C’est un fer rougi au feu qui assure la combustion de la poudre. La couleuvrine, l’arquebuse, et le mousquet sont également des précédents du fusil.
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Le fusil à silex apparaît vers 1630, et est employé jusqu’aux années 1830. Il s’agit d’une arme destinée à la guerre davantage qu’à la chasse.
Les fusils et carabines à capsule de fulminate sont mis au point dans les années 1810. La combustion de la poudre n’est désormais plus assurée par les étincelles du silex, mais par le chien qui frappe une capsule de cuivre contenant une goutte de fulminate de mercure. La frappe de la capsule provoque l’explosion du fulminate, qui embrase la poudre.
Cette transformation du fusil permet un changement dans le mode de chargement. Le chargement du fusil et de la carabine par la culasse est rendu possible en 1812, et le prussien Dreyse résout les différents problèmes de sécurité afférents dans les années 1850. En France, ce système n’est adopté que dans les années 1870 avec le fusil Chassepot.
Le fusil à canon basculant inventé dans la seconde moitié du XIXème siècle est une arme avant tout destinée à la chasse. Le canon se désolidarise à la fois de la culasse et du système de percussion, ce qui facilite le rechargement.
La mise au point de la cartouche métallique en 1874 et de la poudre sans fumée en 1880 transforme la production des fusils et carabines. Désormais, les armes peuvent être à plus petit calibre, et sont plus efficaces. Les fusils Winchester, Lebel (1886) et Mauser (1888) bénéficient de ces transformations.
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Les fusils à levier utilisent le système de la cartouche métallique. Cette dernière est éjectée du chargeur, situé sous le canon, grâce à un levier disposé à l’arrière de la détente. Plusieurs cartouches peuvent être insérées, ce qui permet de multiplier les tirs. C’est Walter Hunt qui met au point ce système au milieu du XIXème siècle aux États-Unis.
Le fusil à verrou apparait lui aussi au milieu du XIXème siècle, et s’impose progressivement en raison de sa simplicité d’utilisation. La culasse peut être ouverte et refermée comme un verrou, et l’éjection de la cartouche est facilitée. Le système s’encrasse peu, ce qui permet un meilleur entretien du fusil.
Le fusil ou la carabine à coulisse sont le fruit des innovations de la fin du XIXème siècle. Le fût peut être tiré pour éjecter la cartouche, ou bien repoussé pour en insérer une nouvelle. L’utilisation de l’arme à feu est encore simplifiée.
Le rechargement du fusil ou de la carabine demeurent un point crucial dans l’utilisation de l’arme à feu en contexte belliqueux. Les premiers modèles au rechargement semi-automatique apparaissent dès la fin du XIXème siècle, et les fusils automatiques sont développés au cours de la Première guerre mondiale. L’enseigne Mauser est particulièrement réputée pour ce qui est des fusils allemands. Désormais, avec les fusils mitrailleurs, une pression sur la détente suffit à tirer, sans que le changement manuel de la cartouche ne soit nécessaire.
Créé par Antoine Alphonse Chassepot, armurier français, le fusil Chassepot est la première arme dite industrielle française. Il fait son entrée dans l’équipement de l’armée française dès 1866. En effet, la victoire de l’armée de Prusse sur l’Autriche lors de la bataille de Sadowa le 3 juillet 1866, à l’aide du fusil Dreyse, accélère l’intégration du modèle Chassepot comme arme à feu réglementaire de l’armée française. Il était nécessaire pour les Français de se doter d’une arme capable de rivaliser avec celle de la puissance prussienne.
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Utilisé par l’infanterie, la Marine et les douaniers, le fusil Chassepot fit ses preuves seulement quatre ans après sa création lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Si son utilisation causa une grande inquiétude au sein de l’État-major allemand, elle n’était pourtant pas assez généralisée puisque les Français ne parvinrent pas à défaire l’ennemi, malgré cette arme de supériorité technique face au fusil Dreyse.
Le fusil Chassepot est le premier fusil réglementaire français à culasse mobile : le rechargement de l’arme se fait donc par l’arrière et non plus par la bouche comme on le faisait jusqu’à présent. Sa monture est réalisée d’une seule pièce, il s’agit ainsi toujours d’une arme à un coup, qui ne comprend pas de chargeur. Elle peut, par ailleurs, tirer jusqu’à quatorze coups par minute, chacun des tirs ayant une portée maximale de 1700 mètres.
En revanche, le fusil Chassepot n’est pas le plus optimal dans son chargement : on ne connaît encore à cette époque que la poudre noire, qui encrasse rapidement le canon, ce à quoi s’ajoute l’utilisation de cartouches, qui nécessitent un assemblage d’une grande minutie. Cet encrassement rapide de l’arme, en partie due à l’enveloppe en carton brûlant lors du tir, limite la possibilité de tirer plus de vingt coups d’affilée.
Digne successeur du fusil Chassepot, le fusil Gras le remplace dès 1874 en tant qu’arme à feu réglementaire de l’armée française. Son concepteur, le général de division français Basile Gras, le met au point à partir du modèle Chassepot : les deux armes sont relativement similaires dans leur aspect, si ce ne sont les cinquante grammes supplémentaires du fusil Gras.
Adopté par l’armée de Terre, la Garde républicaine, les sapeurs-pompiers de Paris, par l’aviation pendant la Première Guerre mondiale et certains réservistes en 1939 et 1940, le fusil Gras innove sur plusieurs points techniques. Il est avant toute chose la première arme d’épaule de l’armée française.
De plus, il règle le point faible du modèle Chassepot et propose l’utilisation de cartouches à étui métallique pour remplacer celles à enveloppe en papier. Mais il s’agit tout de même d’un fusil à un coup qui nécessite l’utilisation de poudre noire. Enfin, si le fusil Gras s’accompagne lui aussi d’une baïonnette, la lame de cette dernière est désormais droite.
En définitive, il ne s’agit là que de quelques modifications du modèle Chassepot. Ainsi, on compte au total 892 990 fusils Chassepot transformés en modèle Gras, auxquels s’ajoutent les 1 244 502 exemplaires fabriqués dans plusieurs manufactures françaises.
Les fusils Chassepot et Gras sont de belles armes de collection plutôt recherchées sur le marché de l’art. Les modèles les plus prisés sont notamment les fusils Chassepot originaux qui n’ont pas été modifiés pour devenir des fusils Gras. Leur nombre réduit en font des armes d’exceptions, plutôt rares.
Généralement vendus pour plusieurs centaines d’euros, la cote de ces fusils réglementaires varie selon l’état de l’arme, celles en très bon état pouvant atteindre plus de 1000 €. Lors de cette même vente, un fusil d’infanterie Chassepot modifié Gras, avec boîte de culasse marquée de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne, s’est vendu au prix de 650 €.
Il s’agit d’une arme comprenant deux canons situés l’un à côté de l’autre horizontalement. Le canon juxtaposé est le plus fréquemment réalisé, en effet, cela permet un chargement de l’arme plus rapide par la bouche et non pas par la culasse.
Jusqu’au vingtième siècle, les canons juxtaposés sont prédominants dans les fusils de chasse, mais également pour les armes de poing. Le canon juxtaposé peut-être dit « basculant » afin de faciliter le chargement de l’arme ainsi les canons parallèles bascule vers l’avant afin de pouvoir insérer la charge.
Le fusil Pondevaux - Saint-Étienne de calibre 8 est d’origine française produite dans les années 1860, il s’agit d’une puissante arme de chasse avec un fort calibre. Un de ces fusils peut se vendre entre 100 et 150 euros par exemplaire, un fusil de chasse Pondevaux pour femme peut quant à lui atteindre aux ventes aux enchères pas moins de 2800 euros.Les pistolets à percussion centrale utilisent beaucoup le canon juxtaposé. Ces canons peuvent être utilisés pour les fusils de stands de tir, mais également pour le tir sportif.
Commençant à 25 euros pour un fusil de chasse, les enchères pour ce genre d’arme peuvent monter très vite à 400 euros si le canon n’est pas rayé et si son étui est avec. La marque Kerner de calibre 16 avec une double détente peut, elle atteindre les 800 euros.
L’estimation d’un fusil ou d’une carabine dépend de son ancienneté, de la rareté de son modèle, de la réputation de la maison qui l’a produit, de son état de conservation, et de son histoire.
Ainsi, le record des ventes est détenu par une Winchester Model 1886, offerte en 1886 par le lieutenant George E. Albee à son ancien frère d’armes le capitaine Lawton, pour le féliciter d’avoir capturé le chef apache Geronimo après 25 ans de traque. Ce modèle historique porte le numéro de série 1. Il a été adjugé pour 1 265 000$ à Rock Island aux États-Unis en 2016.
La vente d’armes à feu militaires du XXème siècle est aujourd’hui très encadrée par la loi. Elle est interdite à moins que l’arme n’ait été neutralisée par le Banc national d’épreuve des armes de Saint-Etienne et que le détenteur ne présente une autorisation préfectorale.
Face à un vieux fusil, une dague, un sabre, que les objets soient ornementés ou pas, le néophyte peut rarement faire la différence entre une relique bien entretenue ou un produit d’échoppe spécialisée. Quand on retrouve une arme dans une cave, un grenier ou que l’on désire s’en procurer une, la consultation d’un expert en estimation d’objets est une étape nécessaire. Cette dernière peut dans un premier temps se faire en ligne et gratuitement.
Il y a quelques années, un sabre de Général du Second Empire a été retrouvé, intact, après 150 ans d’oubli dans un vieux grenier. Seule une expertise par un professionnel chevronné a permis d’établir à coup sûr qu’il s’agissait d’une arme originale. Cette dernière a été vendue 6 000€ lors d’une vente aux enchères.
Les armes françaises historiques sont rares et restent très prisées par les collectionneurs. Surtout si elles sont en bon état.
Estimer la valeur d’une arme ancienne, c’est pouvoir la replacer dans un contexte fonctionnel, technique, historique et aussi artistique.
Le spécialiste en armes anciennes doit connaître son Histoire sur le bout des doigts, mais également maîtriser la métallurgie, la mécanique, les techniques d’ébénisterie, la sculpture, les arts décoratifs… Une bonne expertise d’arme ancienne, c’est en quelques sortes raconter l’histoire d’un objet et le replacer dans son contexte géographique, technique, historique et affectif.
Type de Fusil | Description | Prix indicatif |
---|---|---|
Fusil Pondevaux - Saint-Étienne de calibre 8 | Fusil de chasse français des années 1860 | 100 - 150 € |
Fusil de chasse Pondevaux pour femme | Version féminine du fusil Pondevaux | Jusqu'à 2800 € |
Fusil de chasse (canon non rayé et avec étui) | Fusil de chasse en bon état | Jusqu'à 400 € |
Fusil Kerner de calibre 16 avec double détente | Fusil de chasse de la marque Kerner | Jusqu'à 800 € |
Fusil d’infanterie Chassepot modifié Gras | Fusil modifié avec boîte de culasse de Saint-Étienne | Environ 650 € |
Fusil Chassepot ou Gras en très bon état | Fusil réglementaire français en excellent état | Plus de 1000 € |
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