Le record du monde est un Saint Graal rêvé par tous les sportifs de haut niveau qu’ils soient valides ou non. À l’occasion des Jeux paralympiques de Paris 2024, Ouest-France s’est intéressé aux records détenus ou égalés par des para-athlètes. Comparer les performances des athlètes olympiques et paralympiques est loin d’être possible dans toutes les disciplines. Certains sports ne le permettent pas. Pourtant, c’est tentant.
Athlétisme, tir à l’arc, kite, saut… Les athlètes handisports ont parfois créé l’exploit en battant le record du monde des valides.
L'archer américain Matt Stutzman, né sans bras, est également connu comme "Armless Archer", l'archer sans bras. On le voit notamment n'avoir aucun mal à conduire sa voiture de course. L'Américain de 41 ans compte décrocher l'or aux Paralympiques de Paris, après une médaille d'argent à Londres en 2012. Cet Américain va concourir à partir de jeudi 29 août sous les couleurs des États-Unis pour les épreuves de paratir à l'arc aux Paralympiques 2024. Mais il veut aussi envoyer un message à tous ceux qui ne se sentent pas capables de surmonter leurs difficultés. "Il n'y a rien que je ne puisse pas faire" : cette petite phrase prononcée par Matt Stutzman en dit long sur sa personnalité.
Mais il souhaite aussi que sa vie serve d'exemple. "Les Jeux paralympiques ont changé complètement ma vie, l'ont rendue à 100% meilleure, a expliqué Matt Stutzman, interrogé récemment à l'AFP. Originaire du Kansas, poussé par ses parents adoptifs, il découvre le tir à l'arc en 2010, car il souhaite chasser pour "ramener à manger à la maison". Un an plus tard, il participe à sa première compétition internationale.
En 2015, il bat même le record du tir le plus lointain et le plus précis du monde, en touchant la cible en son centre à 283 mètres, ce qui lui vaut d'être inscrit au Livre Guinness des records. Visible sur YouTube , le record de l’Américain Matt Stutzman a fait grand bruit. Établi hors d’une compétition officielle, l’archer paralympique est entré dans le livre des records le 9 décembre 2015.
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Tout en respectant les conditions de la WA (World Archery Federation), Stutzman a utilisé ses pieds et son épaule pour décocher sa flèche, et faire tomber le précédent record vieux de 10 ans, détenu par l’archer valide Peter Terry (200 m). L'athlète se dévoile par ailleurs dans la série Rising Phoenix, diffusée en 2020 sur Netflix, qui retrace l'histoire du sport paralympique. Ce fan de Michael Jordan carbure à la montée d'adrénaline pour réaliser de meilleures performances. Dans un récent portrait publié sur le site des Jeux, il raconte sa façon atypique de s'entraîner chez lui, après avoir sauté d'un avion en parachute ou conduit à plus de 300 km/h.
Le para-archer américain Matt Stutzman, surnommé «l'archer sans bras», a remporté la compétition open de tir à l'arc à poulie dimanche, son premier titre paralympique. Matt Stutzman a battu en finale le Chinois Ai Xinliang (149-147) réalisant quatre volées parfaites sur cinq. Sa performance a fait des émules : douze ans après Londres, le Belge Piotr Van Montagu, battu en quart de finale dimanche, et l'Indienne Sheetal Devi, défaite en huitièmes de finale samedi, tirent de la même façon que lui.
C’est donc une belle journée qui s’annonçait pour les supporters français, attendant avec impatience de suivre le parcours de Guillaume Toucoullet tout au long de la journée. Guillaume, actuellement numéro 2 mondial et avec au compteur des titres de vice-champion du Monde et d’Europe, rencontrait pour son premier match le Colombien Hector Julio Ramirez, 16ème des tirs de classement et 8ème mondial.
Si sur le papier, Guillaume devait avoir l’avantage sur ce match, le tir à l’arc est un sport souvent plein de surprises. Chauffé par le 1/16ème de finale qu’il remporte quelques minutes avant, le Colombien est serein et tire tranquillement 27 points sur sa première volée. Guillaume Toucoullet, pour qui ce match est le premier sur le terrain des finales depuis sa familiarisation la semaine dernière, a plus de mal à trouver le centre dans ce début de confrontation.
Avec 26 points, Guillaume laisse donc les deux premiers points de set à son adversaire. Sous le vent, qui n’est pas la condition météorologique la plus aisée à gérer pour lui, le Français tire 10-8-8 sur la seconde volée et le Colombien 8-10-10. Guillaume est donc mené 4 à 0, et doit réagir pour espérer remonter au score et continuer le match. Son entame avec un 10 sur la troisième volée commence à déstabiliser son adversaire, dont le geste se tend et les flèches s’éloignent un peu plus.
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27 à 25, Guillaume reprend deux points de set mais est toujours mené, 4 à 2. Il continue sa remontée à la quatrième volée, 28 à 24. Les deux archers sont donc à égalité, quatre points de set chacun. Tout se joue sur leurs trois dernières flèches pour accéder à la suite de la compétition. Malheureusement, Guillaume a du mal à trouver le 10 et tire 9-9-8. À commencer par le favori et numéro 2 mondial de sa catégorie, Guillaume Toucoullet. Il évolue en Open arc classique, était présent à Tokyo mais a surtout été vice-champion du monde en 2022 et vice-champion d’Europe en 2023. Paralysé du bras gauche, il tire la corde avec… sa bouche !
À l’âge de 10 ans, Damien Letulle fabrique un arc avec une branche de noisetier et brise un carreau de la maison familiale. Immédiatement, sa mère décide de l’inscrire au club local. Treize ans plus tard, en 1996, il représente la France aux Jeux Olympiques d’Atlanta, marquant ainsi le début d’un parcours remarquable et devient une étoile montante dans le monde du sport. Plusieurs années après, lorsque Paris est désignée ville hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, Damien décide de reprendre son arc pour continuer son aventure d’archer. Cette fois-ci, son objectif est les Jeux Paralympiques. Aujourd’hui, Damien est un exemple inspirant de résilience et de persévérance. Son parcours unique témoigne de sa volonté inébranlable de surmonter les obstacles et de réaliser ses rêves. En W1, on va retrouver Damien Letulle. Un nom qui peut résonner pour les plus anciens, puisque le Français a participé aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 ! C’était avant un accident tragique qui a rendu l’archer tétraplégique. À l’époque, le Normand était considéré comme l’un des meilleurs archers valides, ayant notamment battu un record du monde par équipe.
En 1960, à Rome, l’archer Camille Trouverie devenait le premier champion paralympique français de l’histoire. Très peu d’archives existent sur le Normand, mort en 1972 et qui pratiquait sa discipline dans l’anonymat médiatique. 64 ans plus tard, l’archer Camille Trouverie écrivait à son tour l’histoire, en devenant le premier champion paralympique français. Un destin rendu possible grâce au tir à l’arc et au développement du handisport. Quand Camille Trouverie naît, le 13 novembre 1929 à Saint-Aubin-des-Bois (Calvados), les Jeux paralympiques n’existent pas encore.
Après quelques recherches, on tombe sur sa nièce, Catherine Delhomelle, 66 ans. « Dans la famille, c’était un personnage, avec pas mal de caractère, nous explique-t-elle d’emblée. On sortait d’une famille d’agriculteurs. À l’époque, aller dans le monde entier, c’était un peu extraordinaire quand même. »
Le para tir à l’arc est un sport adapté pour les athlètes avec des handicaps physiques. Sont concernés ceux atteints de paraplégie, tétraplégie et assimilée, amputation et assimilée, et infirmité motrice cérébrale et assimilée. L’Open arc classique : les archers sont soit debout, soit sur un siège haut, soit dans un fauteuil roulant. Ils tirent de 70 mètres. L’Open arc à poulies : c’est ouvert aux mêmes handicaps que pour l’arc classique et les archers sont aussi debout, sur un siège haut ou en fauteuil. Ici, la distance est à 50 mètres et l’arme change.
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W1 (pour Weapon, arme en anglais) : c’est réservé pour ceux en fauteuil roulant et dont les bras montrent une perte de force musculaire, de coordination ou de portée du mouvement. Les archers visent bien sûr une cible avec des zones départagées donnant des points allant de 1 à 10. Le but est d’avoir le plus de points. Dans chaque catégorie, il y a des épreuves individuelles. Aux épreuves des Jeux Paralympiques, il y a d’abord un premier tour de qualification.
Les archers doivent tirer 72 flèches en 12 volées de 6 flèches. Ils ont 4 minutes pour tirer leurs 6 flèches. Ce tour permet de faire un classement et de disposer ensuite les participants dans un tableau à élimination directe, les meilleurs affrontant les moins bons, etc. Durant ces oppositions en un contre un, ce sont 5 volées de 3 flèches qui sont tirées.
Du 28 août au 8 septembre 2024, Paris accueillera les Jeux Paralympiques. Lors des Jeux Paralympiques de Paris, les épreuves de para tir à l’arc vont se dérouler du 29 août au 5 septembre sur l’esplanade des Invalides. Le para tir à l’arc est l’un des sports pionniers du mouvement paralympique. Si ce n’est même celui qui a lancé les compétitions internationales ! Dans les années 1940, et comme bon nombres d’autres sports présents plus tard aux Jeux, le docteur Ludwig Guttmann utilise le para tir à l’arc à l’hôpital de Stoke Mandeville comme activité de réadaptation pour les vétérans de guerre blessés.
Ainsi, en 1948, il organise le premier tournoi pour 16 patients de l’hôpital. Fort de son succès, l’événement est reconduit chaque année. En 1952, une équipe néerlandaise y participe. Cela pose les bases du premier événement international pour les athlètes handicapés. C’est donc en toute logique que le para tir à l’arc fasse partie des premiers Jeux Paralympiques à Rome en 1960. En Italie, 19 athlètes de 8 pays différents concourent à travers 8 épreuves. Par la suite, le para tir à l’arc est présent à chaque édition des Jeux.
Cocorico, avec la Grande-Bretagne et les USA, la France est le seul pays à avoir participé à toutes les éditions des Jeux Paralympiques. Les Bleus sont par ailleurs troisièmes au classement historique des médailles, avec 39 breloques au compteur (15 en or, 12 en argent et 12 en bronze). Le Comité Paralympique de Sélection a déjà dévoilé la sélection officielle des archers Français. Six noms sont présents. Du côté de la catégorie Open arc à poulies, on attend notamment Julie Rigault-Chupin. Sur ces dernières années, la Française n’a jamais accroché de podium, mais n’en est jamais très loin ! Preuve en est avec ces premiers Jeux à Tokyo où elle est arrivée 5ème. Maxime Guérin et Thierry Joussaume vont eux aussi l’accompagner à Paris. Les deux compères ont remporté l’or par équipe au championnat d’Europe en 2023.
Le tir à l’arc est vu comme un sport individuel mais on a aussi des épreuves de tir en équipe. Il existe trois épreuves principales : individuelle, double mixte et en équipe double (deux personnes de même catégorie et du même sexe). Seules l’épreuve individuelle et l’épreuve mixte sont aux Jeux Paralympiques.
Au niveau paralympique, ces deux types d’arc sont représentés. L’arc classique est celui que l’on voit aux Jeux Olympiques. C’est une poignée avec des branches et une corde. Plus on tire sur la corde, plus l’arc développe de la puissance. C’est l’arc avec lequel j’ai commencé en 2004 et participé aux jeux de Rio en 2016. L’arc à poulie est beaucoup plus court, avec aux extrémités, des poulies qui permettent d’avoir une réduction de la puissance une fois qu’on a tiré l’arc à sa pleine allonge, de façon à être plus précis, tout en ayant une vitesse de sortie de flèches supérieure, plus de 300 km/h. Il a des équipements supplémentaires comme un scope qui est un viseur avec un petit grossissement pour avoir un zoom sur la cible. On ne tire pas la corde avec les doigts mais avec un système de décocheur.
Voici une liste des médaillés français aux Jeux Paralympiques en tir à l'arc :
| Lieu / Année | Discipline(s) | Athlète(s) | Médailles |
|---|---|---|---|
| Pékin 2008 | Individual Recurve Standing | Fabrice Meunier | Argent |
| Sydney 2000 | W1 | Olivier Hatem | Argent |
| Sydney 2000 | W1 | Dejan Miladinovic | Bronze |
| Sydney 2000 | Team Open | Charles Est, Olivier Hatem, Dejan Miladinovic | Argent |
| Atlanta 1996 | Individual Standing | Jean-François Garcia | Argent |
| Atlanta 1996 | Individual Standing | Marie-Françoise Hybois | Bronze |
| Barcelone 1992 | Team Open | Jean-Michel Favre, Jean-François Garcia, René Lebras | Bronze |
| Seoul 1988 | Double Fita Round Team Open | Lucien Courtillon, Jean-Michel Favre, Daniel Lelou | Bronze |
| New York 1984 | Double fita round D3 | Benoit Tanquerel | Bronze |
| New York 1984 | Double Fita Round Team integrated | René Ducret, Georges Hamart, Daniel Lelou | Argent |
| New York 1984 | Advanced Metric Round Paraplegic | Vivian Bouchite | Argent |
| New York 1984 | Advanced Metric Round Paraplegic | Jean-Marc Chapuis | Or |
| New York 1984 | Short Metric Round Paraplegic | Marie-Odile Balme | Or |
| Arnhem 1980 | Double Fita Round Tetraplegic | G. |
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