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L’expression « match anglais » doit déjà vous avertir. Le tir couché est une affaire de pinailleur. Le béotien voit dans le tir couché une activité de fainéant, facile et à la portée du premier venu. Il n’a pas complètement tort. Mais revenons à la base de cette position.

La Position Couchée : Fondamentaux et Réglages

Comme pour le tir à genou, le règlement autorise l’usage d’une bretelle de tir. Sa fonction est de prendre en charge le poids de l’arme. De fait, le poids de l’arme, force verticale vers le bas, est transformé en une traction horizontale, appliquée sur l’humérus par le biais de la bretelle.

Installation Initiale et Positionnement des Coudes

Pour faire ses premiers pas en tir couché, il est courant de s’installer sans bretelle, en laissant le cale-main non-serré. On attrape la carabine et lorsque l’on arrive à mettre l’arme en ligne avec la cible, une âme charitable positionne le cale-main contre votre main. La position des coudes peut se choisir suivant la règle du 80/20 : 80 % du poids sur le coude gauche et 20 % sur le droit.

On retrouve cette répartition de manière géométrique : Par rapport à la projection de la carabine au sol, on doit avoir une distance « X » avec le coude gauche et de 4 fois « X » avec le coude droit. Évitez pour le couché d’avoir le coude gauche complètement sous la carabine ou trop proche de sa projection.

Cette situation, avec la tension de la bretelle qui tracte l’arme un peu vers la gauche, amènera la carabine à « basculer » du mauvais côté. La tension de la bretelle amplifiera le défaut, tirant la carabine de plus en plus vers la gauche.

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Réglage de la Plaque de Couche

Pour ce qui concerne la plaque de couche, sa position doit être déterminé par un principe de confort pour le tireur en gardant à l’esprit la quête permanente d’une réaction régulière de l’arme. En effet, une longueur de crosse importante augmente la distance entre l’épaule et le point de percussion.

Cela entraîne une réaction plus ample et plus difficile à régulariser. La position verticale de la plaque de couche sera également un critère de régularité de la réaction. On utilise en général un point de repère qui est la projection de l’axe du canon sur la plaque de couche. On recherche en général un réglage avec lequel ce point se situe environ au milieu de la zone d’appui de l’épaule.

L'Équipement : Bretelle et Veste

Maintenant que la carabine est pratiquement réglée, parlons un peu de votre bretelle et de votre veste. Votre veste doit comporter une sangle (ou deux) servant à récupérer les plis au niveau de l’épaule droite. Sur le bras gauche, on fixe la bretelle.

On conseille de la serrer plutôt sur l’extérieur du bras. Ainsi, sous tension, elle va tirer plus fort sur l’extérieur du bras que sur l’intérieur. Cette répartition inégale réduit la pression sur l’artère humérale. Le système d’accrochage de la veste permet généralement de choisir la hauteur sur le bras de la bretelle.

J’ai tendance à recommander un placement haut de la bretelle pour le couché. On se rapproche, dans le triangle « avant-bras-bras-bretelle » du cas d’un triangle isocèle. Une petite modification de la longueur de la bretelle aura une petite conséquence sur la position de la main et donc de la carabine.

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Installation sur le Poste de Tir

Il ne reste plus qu’à s’installer sur le poste de tir. Un droitier va se caler sur la droite du poste pour que son coude droit soit à quelques centimètres de la limite. Il doit rentrer l’ensemble de son corps dans un poste mesurant 1,25m de large.

S’il doit tirer sur rameneur, et qu’une bonne âme ne s’est pas dévouée pour lui changer les cibles, il va devoir s’approcher très près du rameneur pour pouvoir être autonome. On utilise généralement un tapis ou un paillasson pour protéger les coudes.

Trois options s’offrent donc à vous : directement sur le béton, paillasson avec les poils vers le haut ou vers le bas. Personnellement, je déconseille la première méthode qui irrite les coudes. Pour le reste, la seconde permet de bien « planter » les coudes, mais le paillasson glisse parfois lors du replacement du coude droit.

Réglages Fines et Détente

La lunette permet de regarder les impacts et l’éventuel mirage. Le débutant va commencer sa prise de position avec une bretelle nettement détendue. Elle va être resserrée progressivement, jusqu’à ce que le tireur ressente un bon relâchement de son biceps, signe que la carabine n’est plus « portée ».

Ça fait un peu mal à la main et au bras, mais c’est normal au départ. L’entraînement en tir couché comprend une partie foncière pour s’affranchir de ces douleurs. La main « support » (la gauche pour un droitier) restera détendue.

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Je précise que la bretelle part du cale main, passe à droite du poignet gauche avant d’arriver au bras. Pour la petite histoire, j’ai déjà vu des jeunes tireurs d’un autre club savoyard faire les départementaux avec la bretelle passant à gauche du poignet. Bon, je ne les ai pas revu aux régionaux.

Réglage du Busc et Position de la Tête

Une fois en place, il est nécessaire de régler le busc. L’objectif est d’obtenir une visée bien centrée dans le dioptre en posant la tête. Cette dernière doit reposer avec son propre poids, ni plus, ni moins, ni trop appuyée, ni soulevé par un effort au niveau cervical.

En gardant toujours à l’esprit la recherche d’une réaction régulière de l’arme, cette technique offre une grande régularité. Dans le même ordre d’idée, le positionnement latéral du busc doit permettre un appui de la tête sans composante latérale. La hausse sera placée deux ou trois centimètres en avant de l’œil.

Respiration et Apnée

Comme vous le savez, la respiration est nécessaire à la vie. Le tireur couché va devoir donc intégrer sa respiration dans sa séquence de tir. Une fois la carabine épaulée, une inspiration va faire descendre le point visé, une expiration va le faire remonter. Le mouvement peut se faire suivant un axe bien vertical (6 heures-12 heures) ou avec une légère composante latérale (7H-1H ou 5H-11H).

Dans le but d’obtenir un haut du corps bien détendu, l’apnée commence après une expiration de relâchement. C’est celle que l’on obtient après avoir inspiré en se relâchant, en laissant les poumons se vider sans effort. Il ne faut pas faire une expiration forcée. L’apnée ne doit pas durer plus de dix secondes.

En effet, le taux d’oxygène baisse rapidement dans le sang. Le cerveau et les yeux voient leur fonctionnement se dégrader rapidement lors d’une pénurie d’oxygène. Un mauvais placement vertical par rapport à la cible peut facilement être corrigé en gardant un peu d’air ou en forçant un peu l’expiration.

Placement par Rapport à la Cible

Nous en arrivons à un des points clefs du tir couché : le placement par rapport à la cible. On peut le définir comme la position prise par le point visé une fois la carabine épaulée, sans contrainte musculaire anormale appliquée par le tireur. Cette dernière condition est importante car comme nous l’avons vu précédemment, le tir couché trouve sa limite dans la régularité de la réaction de l’arme.

Si votre carabine n’est pas « naturellement » face à la cible, il est tentant de l’y amener et de l’y maintenir par des efforts musculaires. Le tireur doit donc intervenir, mais sans trop altérer sa position, pour que la carabine vienne se placer sans effort sur la cible. Il faut entamer cette phase par une période d’analyse.

L’exercice (un grand classique) consiste à épauler la carabine, fermer les yeux, faire le nombre habituel de mouvements respiratoires, finir sur l’expiration de relâchement et ouvrir les yeux. Une fois le diagnostic réalisé, la correction s’impose. On corrigera d’abord sur l’axe horizontal puis sur l’axe vertical.

Corrections Horizontales et Verticales

Pour les écarts latéraux, elle se fait par rotation autour du coude gauche. Il faut assurer un déplacement complet du tireur en respectant la forme initiale de sa position. De son côté, la correction sur l’axe vertical doit normalement être assez limitée. En effet, la hauteur des cibles est strictement réglementée et ne doit pas varier de + ou - 25cm.

Elle peut se faire en déplaçant la plaque de couche. Si la carabine arrive trop bas en cible, on monte la plaque de couche (et inversement). Une autre méthode existe. Elle consiste à déplacer légèrement le coude gauche vers l’avant ou l’arrière, sans déplacer le bassin du tireur. En avançant le coude, la carabine va monter.

Parfois, il est également possible de retoucher légèrement sa tension de bretelle pour remonter un peu la carabine pendant un match. C’est l’intérêt principal des bretelles avec réglage micrométrique. Par contre, prenez garde à revenir à votre configuration initiale à la fin de votre tir.

Ce genre de manipulation doit être testé à l’entraînement pour s’assurer qu’elle n’entraîne pas de déplacement du groupement. Elle doit de plus rester assez limitée. Quelque soit la méthode choisie, il faut rester mesuré dans les modifications des réglages.

Le contrôle du placement par rapport à la cible est essentiel en tir couché. Il se pratique durant le temps de préparation (cela évite de s’installer dans une position « fausse »), les essais et le match. Il doit faire l’objet d’une attention constante de la part du tireur.

Son importance réside dans le fait qu’une carabine qui n’arrive pas « toute seule » sur la cible va y être contrainte par des tensions musculaires appliquées par le tireur. Comme nous l’avons vu lors de l’introduction, la régularité de la réaction de l’arme est une composante essentielle pour un « couché » performant.

Tonicité de l'Épaule et Relâchement de la Main

Partant de ce principe, la tonicité de l’épaule droite peut être envisagée de deux manières. Soit le tireur souhaite un contrôle fort sur sa carabine et va plutôt opter pour une épaule tonique. Dans la première situation, généralement associée à une forte tension de bretelle, la réaction est plus faible en amplitude.

Dans la seconde situation, la réaction est plus ample, mais la situation de relâchement est plus facile à identifier pour le tireur. Pour ce qui concerne la main support, en butée sur le cale-main, seul le relâchement de la main et des doigts est préconisé.

Le Lâcher

Le tir couché se caractérise par la grande stabilité de l’arme par rapport à la cible. Le choix des types de lâchers est donc assez vaste (continu, en préparation, en paliers).

Dans le cas contraire, l’analyse fine de la réaction ne peut pas se réaliser correctement : Le tireur n’étant pas concentré sur la visée, il ne peut pas percevoir la visée au moment du départ, la trajectoire du saut de bouche et le repositionnement de la visée après la réaction.

La Visée

Y a-t-il quelque chose de plus intuitif que la visée à la carabine ? Il est vrai que le principe est extrêmement simple : Trois ronds concentriques. Il faut assurer une accommodation sur le guidon ou entre le guidon et la cible et une durée de visée pas trop longue.

Sur la cible, il ne faut pas poursuivre son effort plus de 7-8 secondes. Passé ce délai, la visée se dégrade nettement. Cependant, cette simplicité n’est pas la solution ultime de notre problème. En effet, l’homme reste un fainéant potentiel. Lorsque la tâche est simple, on est tenté de la faire avec un minimum d’énergie.

Ce tropisme se retrouve souvent dans les erreurs de visée et en particulier couché où l’arme est très stable. L’œil du tireur contrôle en permanence, lors des derniers instants de la visée, la marge de blanc entre le bord intérieur du guidon et le bord extérieur du visuel.

Avec la temps, et notre tropisme pris en compte, le tireur va finir par faire une visée « par secteurs » : il contrôle la marge de blanc sur deux côtés. Cela ne gêne pas particulièrement à réalisation de la performance en temps normal.

L'Entraînement : Foncier, Position et Régularité

Il va consister dans un premier temps à acquérir le « foncier », à savoir la capacité à tenir la durée d’un match en position sans trop souffrir. Il faut en général une dizaine de séances en début de saison ou un peu moins si vous êtes un « vieux tireur » de couché. Une fois vous être affranchi de ce genre de contingence, vous pourrez passer à un vrai travail sur votre position.

Comme nous l’avons vu, la régularité de la position est indispensable. J’ai pour ma part souvent pratiqué un exercice simple : on tire une cartouche, on se relève, on se ré-installe et, une fois la position reprise, on tire une nouvelle cartouche, etc…

Si la position est régulière, le groupement n’est pas dégradé par l’exercice. C’est très économique en cartouche, cela vous permet de vous relever en match en toute tranquillité si nécessaire, et cela améliore la « finesse » de votre position et la connaissance que vous en avez.

Dans ce même domaine, il faut également se préoccuper lors de l’entraînement des symptômes de dégradations de votre position : réaction de l’arme qui évolue, placement de l’arme par rapport à la cible qui glisse progressivement.

Dans votre entraînement en couché, la recherche de la régularité dans la réaction de votre arme doit être votre fil conducteur. Hormis dans la phase du travail foncier, la quantité dans votre entraînement n’apporte rien si la qualité ne suit pas, au contraire même. L’entraînement sur la visée et sur le lâcher reste basé sur les mêmes exercices que pour le tir debout.

Aspects Mentaux de l'Entraînement

Un point particulier du couché tient dans le score réalisable. Il faut savoir s’habituer à enchaîner un grand nombre de dix sans se dire j’ai fait X dix d’affilée. La technique mentale qui consiste à fractionner son match en 60 matchs d’une cartouche fonctionne alors à merveille.

Dans le but d’intégrer l’éventualité de la performance, l’entraînement servira aussi à se prouver ses propres capacités. On utilisera dans les derniers entraînements des munitions de compétitions pour pouvoir faire quelques belles « pastilles » sur le dix.

Il faut être bien conscient du fait que tirer un dix est une chose normale en position couché. Plutôt que de les comptabiliser et de se faire peur quand on approche un record personnel, autant mettre la barre un tout petit peu plus haut et ne prendre en compte que les mouches.

  • on sait aussi que la munition ne permet pas cette précision à tous les coups, donc on dispose d’une sorte de droit à l’erreur inhérent à ce type d’exigence.

Cadence de Tir et Lieu d'Entraînement

Un autre élément à prendre en compte dans l’entraînement tient dans la cadence de tir. En effet, il est intéressant de pouvoir tirer lentement sans s’impatienter (si le vent est changeant) et d’être tout autant capable d’envoyer cinq cartouches en deux minutes si les conditions aérologiques sont favorables. Ces cadences de tir se travaillent aussi à l’entraînement.

Le lieu de l’entraînement est aussi un élément à prendre en compte. En effet, nos installations sont des stands intérieurs. Cela permet de se mettre dans les meilleures conditions (chaleur, absence de vent, lumière stable). Ainsi le tireur n’a plus l’excuse d’un coup de vent assassin pour expliquer son neuf. Il a une analyse plus fine de ses erreurs.

Le Système de Visée

Le système de visée : La hausse est un organe de précision qui doit être régulièrement contrôlée. Elle doit être assez compacte pour ne pas limiter le champ de vision du tireur, en direction des fanions en particulier. Elle pourra, utilement, être munie d’un œilleton réglable en diamètre...

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