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Depuis quelque temps, votre enfant vous sollicite pour que vous lui offriez une arme factice. Vous ne trouvez pas ce type de jouet en accord avec vos valeurs, mais vous êtes partagé, car vous n’avez qu’une envie : lui faire plaisir ! Alors, que faire ?

Mon fils de 4 ans peut transformer n'importe quoi en pistolet imaginaire. Un morceau de chemin de fer en bois miniature? Ça fera l'affaire contre les méchants. Même s’il ne joue pas à la guerre en permanence, il le fait assez souvent pour que je me pose cette question: est-ce que ce genre de jeu est normal? Vus les chiffres effrayants sur la violence liée aux armes aux États-Unis, est-ce que je devrais l'empêcher de faire ce genre de choses?

Les risques liés aux vraies armes à feu

Commençons par les vraies armes à feu, la véritable menace pour la sécurité de votre enfant. En 2014, les armes à feu représentaient la deuxième cause de mortalité d'enfants américains entre 1 et 19 ans. En moyenne, huit enfants se faisaient tirer dessus chaque jour. La plupart des enfants tués par arme à feu meurent chez eux, abattus par l'arme de leurs parents.

Si vous gardez un pistolet chez vous, rangez-le dans un endroit fermé à double tour, déchargé, et rangez les munitions autre part. Pourquoi? Vous devez vous dire: «mais tout l'intérêt d'avoir une arme, c'est qu'elle soit chargée et facile d'accès en cas de cambriolage», mais sachez qu'aux Etats-Unis, pour chaque fois où une arme sert effectivement à l'auto-défense, les armées conservées à domicile sont à l’origine de quatre fusillades accidentelles, sept agressions criminelles ou homicides et onze tentatives de suicide.

Vous ne possédez pas d'arme? Même si vous ne possédez pas d'arme, il faut quand même prendre des précautions pour protéger vos enfants quand ils vont chez quelqu’un d’autre. Et dès que votre enfant se rend chez quelqu'un d'autre, vous devez demander à cette personne si les armes qu'elle conserve sont rangées en lieu sûr. «appelez le parent et dites-lui: "mon fils est fasciné par les armes à feu, c’est une phase, alors je veux juste m'assurer qu'il n'y a pas d'armes à sa portée".

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Pire, des recherches tendent à prouver que même si les parents interdisent très strictement à leurs enfants de s'approcher de vraies armes, la plupart sauteront quand même sur l'occasion de jouer avec. Où que nous vivions et quel que soit notre sentiment de sécurité, les parents doivent prendre des précautions pour protéger leurs enfants des armes à feu.

L'expérience de Marjorie Sanfilippo

Marjorie Sanfilippo, psychologue à l'université Eckerd en Floride, a dirigé une série d'expériences terrifiantes qui ont démontré que les garçons et les filles n'écoutent pas quand on les met en garde contre les armes à feu. Dans sa première étude, publiée en 1996, elle laisse des binômes d'enfants de 4 à 6 ans jouer dans une pièce avec différents jouets comprenant des armes à feu factices et d'autres bien réelles. Elle a ensuite, aidée d'un agent de police, passé 30 minutes à expliquer les dangers des armes aux enfants de chaque binôme -par exemple, qu'ils ne doivent pas y toucher sans la permission de leurs parents, et que les enfants doivent toujours aller voir un adulte s'ils trouvent une arme à feu.

«On a constaté que les enfants qui avaient été avertis jouaient autant avec les armes que ceux à qui on n'avait pas fait la leçon ; ils ne sont pas allés chercher un adulte, et n'ont pas empêché leur camarade de jouer avec. Lors d'une autre expérience, elle a emmené un groupe d'enfants de maternelle pour assister à une semaine consacrée aux dangers des armes à feu, pendant qu'un autre groupe n'était pas sensibilisé du tout. Alors si vous ne voulez pas que vos enfants jouent avec des armes, il faut vous assurer qu'ils n'y aient jamais accès.

La normalité des jeux de simulation d'armes

Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il est tout à fait normal que les enfants fassent semblant de jouer avec des armes de temps en temps. Même si les garçons comme les filles montrent de l'agressivité dans leur façon de jouer, le fait est que les garçons le font beaucoup plus, surtout quand ils jouent avec d'autres garçons. La plupart du temps, cette façon de jouer est normale et peut même se révéler utile. Dans une étude de 2013, des chercheurs ont observé le comportement d'enfants de maternelle qui jouaient seuls avec différents objets, avant de les observer dans leur salle de classe.

Un autre article récent écrit par des psychologues universitaires avance même qu'empêcher les enfants de jouer à se battre pourrait gêner leur développement cognitif, physique, émotionnel et social, ainsi que leur capacité à communiquer. En revanche, tous les types de jeux violents ne sont pas forcément normaux ou sains. Si votre enfant fait vraiment du mal à d’autres enfants quand il joue, cela peut être le signe d'un problème de contrôle des pulsions qui mériterait peut-être de consulter un pédiatre.

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Il faut aussi tenir compte de l'imagination de votre enfant. En effet, plus un enfant est créatif dans sa façon de jouer, mieux c'est. Ainsi, ce n'est pas forcément bon que votre enfant rejoue sans cesse la même scène du film Lego. Encouragez-le plutôt à improviser. Posez-lui des questions et incitez-le à inventer de nouvelles histoires.

Concernant le jeu avec des armes: «les enfants imaginent des armes avec un bâton et de la terre, et ce n’est pas grave: ils font semblant», explique Mme Russ. Il vaut mieux ne pas les empêcher de jouer de cette manière, car ils pourraient croire que ce n’est pas bien.

L'avis des experts

Pour Rafi Kojayan, pédopsychiatre à Montpellier et auteur de l'Education positive, c'est malin (éditions Quotidien Malin), "croire que les pistolets en plastique peuvent prédisposer aux comportements violents n'a aucun fondement psychologique. Au contraire, jouer à la guerre, tirer pour de faux, peuvent se révéler bénéfique au développement des enfants. Ce sont les moyens qu'ils ont pour régler leurs conflits internes."

De la même façon qu'un tout-petit va demander à ce qu'on lui raconte des histoires effrayantes pour peur , en jouant avec des armes il va réguler ses pulsions internes, retranscrire en actes la violence qu'il sent en lui. Dites-vous bien que vous n'y pouvez rien. Ce n'est pas parce que vous lui refuserez l'arme en plastique dont il rêve que ses jeux changeront. Il transformera n'importe quel objet en pistolet imaginaire. Un morceau de bois, une brique de construction, son doigt même, feront l'affaire contre les méchants ! Votre rôle à vous, parents, c'est de l'aider à faire la distinction entre le réel et l'imaginaire. Ce n'est pas le pistolet en lui-même qui pose problème, mais la capacité de votre loulou à faire la distinction. Comment faire ? Rien de bien compliqué. Il suffit de quelques mots : "On dirait que", "On ferait comme si".

Le regardez jouer vous met mal à l'aise ? Il écrabouille avec jubilation les méchants et casse beaucoup de têtes ? Essayez de discuter avec lui ou même de rediriger sa façon de penser. "On dirait que le méchant a fait quelque chose de très mal, qu'est-ce qu'il a fait ?" Ou : "Qu'est-ce que tu pourrais faire d'autre que le tuer ?" Vous pouvez même tenter un "On ne pourrait pas faire quelque chose pour rendre ce méchant gentil ?". Pas sûr que ça marche ! Ce n'est pas grave. Si votre enfant ne rentre pas dans votre jeu, acceptez-le.

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Le cas des pistolets à billes

Le pistolet à billes refait son apparition. Face à ce phénomène, certains directeurs d'école ont été contraints de prendre des mesures et de rappeler aux parents que ce jouet est interdit dans l'enceinte de leur établissement. A l'école Jean-Mermoz, située à deux pas de la dalle du Val-Fourré, une note a été transmise au début du mois aux parents par le biais du cahier de correspondance. Dans cette école, deux ou trois enfants ont débarqué un jour avec cette arme en poche. Les jouets ont été confisqués et les parents alertés sur sa dangerosité.

Courant mai, une petite fille qui se trouvait à l'extérieur de cet établissement a été prise pour cible. Une fiche signalant cet incident a d'ailleurs été adressée à l'inspection académique. A la même période, un incident de même nature s'est déroulé à Trappes. A la fin d'une récréation, une élève a remis une bille en plastique à son instituteur en déclarant que des gens avaient tirés sur elle et son frère. Elle avait un point d'impact au cou. Ses parents, par précaution, l'ont amenée aux urgences.

La puissance de tir varie du simple au double, selon les modèles. « Quand vous recevez une telle bille dans la main, cela picote. Dans les yeux, cela peut être plus grave », confie un membre de la communauté éducative. Et malgré le danger de ce jouet, les enfants et certains jeunes se les arrachent. En témoignent les nombreuses billes en plastique caractéristiques que l'on peut trouver. « Ces armes factices sont en vente sur la dalle du Val-Fourré et cela fait fureur », confie un parent, hostile à cette sorte de jouet, « trop dangereux pour être mis entre les mains d'un enfant. Cela fonctionne comme une vraie arme. Il faut la charger ».

Pour les forces de l'ordre, la dangerosité de ce jouet réside avant tout dans sa ressemblance avec une arme réelle. « La forme du pistolet à billes peut prêter à confusion, notamment lors de braquages. En général, les victimes ne peuvent pas déterminer si c'est un jouet ou pas », explique un policier. Pour preuve, en octobre 2004 aux Mureaux, une habitante de la cité et son fils de 16 ans, qui s'amusait dans la rue avec un fusil à billes, avaient été emmenés au commissariat des Mureaux. Un témoin avait confondu le jouet avec une vraie arme à feu. Du coup, un important dispositif de police avait été déployé.

Recommandations et précautions

Bref, les fausses armes pour jouer ne posent pas de problème en général, et pourraient même rendre les enfants moins violents. Youpi, un problème de moins concernant les armes à gérer. Celaressemble à s'y méprendre à une vraie arme. Chargeur, crosse, munitions... tout est fait pourprêter à confusion. En fait, il s'agit d'un jouet pour enfants, qui peut se révéler dangereux.

Est-ce que jouer avec un pistolet en plastique incite les enfants à plus de violence ? Même si les garçons sont plus concernés par la question, la plupart des enfants montrent tôt ou tard un intérêt pour les jeux d’armes. Il est donc difficile d’éviter cette étape et d’interdire totalement ces jouets. En étant encadrés, ces derniers ne constituent pas un danger pour les enfants. Comme tous les jeux où les enfants incarnent un rôle et jouent à faire semblant, les jeux de bataille s’inscrivent dans une histoire créée de toutes pièces par les enfants. Ils développent ainsi leur imagination et coopèrent ensemble au fil du scénario.

Malgré nos bonnes intentions pour ne pas faire de différence entre garçons et filles, force est de constater que selon le genre des enfants, les intérêts ne sont généralement pas les mêmes. Un cadre de référence, élaboré en 2017 par des partenaires québécois de la petite enfance, insiste sur les besoins d’action et de compétition que les garçons ont à combler. Les jeux de guerre répondent ainsi pleinement à cette nécessité naturelle de se défouler. Nombreux sont les enfants qui aiment se faire peur. Là où nous voyons à ce comportement quelque chose d’étrange, ce processus fait partie d’une étape naturelle de la construction des petits. En se confrontant à ses peurs, l’enfant apprend à gérer ses angoisses et à maîtriser ses émotions.

Ce qui fait généralement peur aux parents avec les armes factices, c’est la confusion que les enfants pourraient avoir entre le monde réel et le monde imaginaire. Pour pallier cela, un dialogue clair et des règles sont essentiels. Rappeler qu’utiliser un pistolet en plastique n’est qu’un jeu et que tout le monde doit s’amuser n’est pas futile. Dès lors que les enfants évoluent dans un environnement sain et qu’ils ne présentent pas de troubles du comportement, les jeux avec des armes factices n’incitent pas à plus de violence. D’ailleurs, dans ces jeux, les enfants incarnent généralement leurs héros préférés qui agissent souvent comme des protecteurs plutôt que des attaquants.

Dans tous les domaines, l’interdit stimule la fascination pour les choses auxquelles on n’a pas accès. Et c’est d’autant plus vrai chez les enfants. Si votre bambin n’a pas le jouet qu’il réclame, cela ne l’empêchera pas de jouer à la bagarre en inventant lui-même son arme.

Au final, le meilleur conseil que je peux vous donner, c’est d’enseigner à vos enfants qu’une arme sert à se défendre, et non à tuer.

Tableau récapitulatif des recommandations

Aspect Recommandation
Vraies armes à feu Ranger dans un endroit fermé à double tour, déchargées, munitions à part.
Visites chez des tiers Vérifier si les armes sont rangées en sécurité.
Jeux de simulation Encourager l'imagination et la créativité.
Pistolets à billes Être vigilant en raison de leur ressemblance avec de vraies armes.
Dialogue avec l'enfant Faire la distinction entre le réel et l'imaginaire.

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