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Depuis l'avènement des civilisations, les êtres humains se sont toujours dotés d’armes à distance, quel que soit le contexte.

L'Invention de la Poudre Noire et ses Premières Utilisations

Au VIIIème siècle après Jésus Christ, invention de la poudre noire par les chinois (et peut-être aussi les Indiens). Il s’agit d’un mélange de Salpêtre (nitrate de potassium), soufre, et charbon de bois. Le salpêtre joue le rôle de comburant, apportant de l’oxygène et activant la vitesse de combustion du charbon de bois et du soufre. Ce mélange, lorsqu’il est de qualité et comprimé dans un canon, brûle à la vitesse d’environ 300 à 600 mètres par seconde (suivant sa granulométrie), ce qui constitue une explosion de type « déflagration » (vitesse d’inflammation inférieure au km/seconde).

Faisant dans un premier temps office de carburant, la poudre noire servait à propulser les projectiles, elle servira par la suite de charge pour les fusées de guerre chinoises ainsi que des projectiles individuels comme les grenades en céramique et en fonte.

Dès 1150, des armées étrangères (Moyen-Orient) intègrent les systèmes à poudre noire dans leurs armements. Elles prennent la forme d’un canon à main, propulsant une flèche. Cette arme (le Madfaa) est l'ancêtre des armes portatives occidentales (arrivée vers la fin des années 1200).

Les Débuts de l'Artillerie en France

C’est d’ailleurs en France que le système d’arme à poudre noire connaîtra son baptême du feu en 1324 avec l’utilisation de la bombarde (prédécesseur du canon). En Août 1324, apparait une des premières utilisations en France d’une bombarde pour l’attaque de la ville de la Réole (Gironde). Celle-ci est montée sur un fût en bois, et posée à même le sol. Son pointage rudimentaire, se fait à l’aide de cales de bois glissées sous le fût.

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Bombardelle à culasse mobile : calibre 15 cm, boulet de 3 à 4 kg en pierre puis en fonte de fer, lancé à 200 mètres. La balistique de ce type d’arme est faible, mais son effet psychologique est important.

En effet le bruit rappelle le tonnerre de source divine, et l’odeur de soufre, le diable !

Toujours en Asie, la Corée a conçu au XVème siècle ce qu'on pourrait qualifier de premier "lance-roquettes multiples" de l'histoire. En effet, le Hwacha était un chariot en bois, doté de 100 trous contenant chacun une flèche propulsée par de la poudre noire. Certes peu précis, le Hwacha servait surtout pour son aspect psychologique, mais surtout pour ses tirs de saturation extrêmement efficaces.

L'Évolution vers les Armes Portatives : Arquebuses et Mousquets

Au fur et à mesure du Moyen-Âge, les bombardes, les canons ont eu des déclinaisons de plus en plus petites jusqu'à devenir des armes portables individuelles. Cette nouvelle ère des armes débute avec l’arquebuse.

Vers 1370, l’hacquebute (primitive) : Littéralement « canon à croc » du germanique « hakenbüchse », destinée à tirer en crochetant un mur ou une palissade avec son croc de fer situé en dessous de l’arme pour que le mur encaisse le recul à la place du tireur. Elle comporte un long fût de bois (ou parfois de fer), à l’avant duquel est fixé un canon de fer de courte dimension (20 à 25 cm). Son calibre fait généralement de 18 à 28 mm.

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Malgré son caractère novateur et son impact psychologique, l’arme en elle-même souffre d’un manque de puissance (contrairement aux idées reçues, une balle d’arquebuse ne perçait pas nécessairement une armure).

L’arquebuse étant assez courte, se prêtait mal au tir de guerre sur plusieurs rangs, l’embouchure du canon se retrouvant au niveau de l’oreille du rang précédant. Il fut donc décidé de rallonger l’arquebuse et d’en augmenter le calibre, donc le poids du projectile et la puissance destructrice. Le mousquet était né.

Le nom « mousquet » provient de l’italien « moschetto », issu du latin « musca », la mouche, à cause de la balle (qui sifflait et qui était invisible en vol comme une mouche aux oreilles des soldats. Le mousquet peut être interprété comme le « lanceur de mouche »).

Innovations Techniques : Platine à Rouet et Platine à Silex

Si initialement, les armes à feu s’enclenchent via une mèche, l’arrivée de la platine à silex enterrera cet ancien système de mise à feu. Vers 1510-15 la platine à « rouet » (peut-être inventée par Léonard de Vinci, ou Johan Kuhfuss) permet un allumage sans mèche, sur le principe d’une roue rainurée (le rouet) entrainée par un ressort, et qui frotte sur une pyrite de fer mordue (tenue) par un « chien » produisant ainsi des étincelles, qui allument la poudre.

Ni plus ni moins qu’un système de briquet à silex, les fusils utilisant ce système possède de nombreux avantages : une arme plus légère (car moins d’éléments), un système plus compact et plus résistant à des conditions climatiques plus rudes (notamment les temps humides).

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Initiée par Louvois, ministre d’état, et sur le conseil du maréchal de Vauban, Louis XIV, généralisera par ordonnance la platine à silex à la française (déjà partiellement en service dans l’armée depuis 1660 sur des mousquets allégés dits à fusil) , sur les mousquets en allégeant leur poids en 1703.

Les piquiers seront aussi supprimés et la baïonnette à douille généralisée sur les « mousquets à silex » (la baïonnette à douille autour du canon et permettant le tir, a remplacé la baïonnette-bouchon introduite dans le canon, sur l’initiative de Vauban en 1689).

Le Pistolet et la Cavalerie

Vers 1520 Apparition d’une forme très réduite de l’arquebuse à rouet, le pistolet. Le pistolet, arme tenue à la main, est rendu possible grâce à la platine à rouet, qui permet de le porter dans des fontes fixées à l’avant de la selle du cheval, et prêt à faire feu.

Le pistolet à silex était généralement utilisé par les officiers.

Uniformisation et Production de Masse sous Louis XIV

Vers 1660, la fabrication des armes en France est artisanale. En cas de guerre, elle est complétée par des achats à l'étranger. Louis XIV décide de créer une véritable industrie d'armement qui lui assurera l'indépendance et donnera l'uniformité aux armes.

Cette industrie se développe dès 1665, à partir des matières premières et des ouvriers nécessaires, améliorant les caractéristiques techniques de la fabrication, ce qui entraîne l'assouplissement de la tactique au dix-huitième siècle. Sous la Régence, cette industrie est placée sous le contrôle de l'artillerie et décentralisée pour susciter l'émulation. Les modèles d'armes sont définis par des règlements à partir de 1717 et deviennent de plus en plus précis et efficaces.

Malgré les problèmes financiers, la variation des prix, les fluctuations des rapports entre ministres, inspecteurs, entrepreneurs et ouvriers qui agitent la vie des manufactures, Gribeauval portera ces armes à la première place en Europe avec le modèle 1777 et ses dérivés.

La Cartouche en Papier et son Impact

1728-40 Généralisation en France de la cartouche de guerre en papier, comportant 10 à 12 grammes de poudre noire (suivant la qualité de la poudre) et une balle de 16,3 mm en général. La balle est plus petite d’environ 1,2 mm que le calibre de 17,5 mm, pour qu’elle rentre facilement lors du rechargement, même si le canon est un peu encrassé par le tir précédent. Il n’y a plus de calepin de tissu graissé avec la cartouche, le papier de celle-ci en faisant office, tassé avec elle lors du rechargement.

En revanche, ce type de chargement nuit à la précision, car la balle rebondit sur les parois internes du canon et c’est le dernier rebond avant sa sortie qui définit sa direction.

Du Système à Silex au Système à Percussion

Durant le XIXème siècle, un nouveau système de mise à feu a vu le jour : le système à percussion (marteau frappant l’arrière de la munition). Comblant les lacunes de la platine à silex, le système à percussion va également modifier les standards des armes à feu ; là où le système à silex fonctionnait avec des cartouches en papier, le nouveau mode de mise à feu fonctionne uniquement avec des cartouches en laiton.

L'Héritage et la Perception Moderne des Armes à Feu en France

Du fusil 1777 qui symbolise aussi bien la prise de la Bastille que la révolte vendéenne, au Lebel, qui incarne la Grande Guerre, du pistolet-mitrailleur MAT 49 qui dit tant aux anciens d’Algérie au Famas en cours de remplacement, les armes ont développées un visage militaire lié à de nombreux conflits.

Outil du soldat, ce dernier entretient des relations complexes avec l’arme. Mais l’imprégnation de la société civile par les armes à feu mérite aussi d’être appréhendé de manière novatrice.

La chasse joue encore un rôle économique et culturel non négligeable (2 Millions de chasseurs), les clubs de tir sportif (150 000 licenciés) et les magazines consacrés à l’armement sont nombreux et dynamiques (à commencer par la fameuse Gazette des armes), Régulièrement l’opinion et les médias s’émeuvent du trafic d’armes de guerre et de la circulation croissante de kalachnikov dans le Milieu (5000 armes à feu saisies chaque année) ou dans les « quartiers ».

Devant le nombre élevé de morts par arme à feu en France (environ 1600 par an, y compris les suicides), certains réclament des réglementations plus contraignantes. Dans la société moderne pacifiée, l’arme à feu et l’image de virilité potentiellement agressive qu’elle paraît véhiculer, dérange.

Ce colloque a souhaité éclairer cette particularité française (jusque-là largement délaissée par les chercheurs) en l’inscrivant dans une perspective historique. Il s’agissait d’étudier, sur un temps long remontant à la Révolution et s’écoulant jusqu’à nos jours, comment ce modèle français du rapport à l’arme à feu s’est construit dans la durée.

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