Le choix de la balle pour le tir dans une arme à canon lisse est une question que se posent les chasseurs depuis des siècles. Au vu de la nécessité d’inventer perpétuellement une pléthore de projectiles, plus ou moins réussis et dont les caractéristiques sont limitées seulement par l’imagination des créateurs, il semble que la réponse universelle n’ait pas encore été trouvée.
Dans ce guide, nous analysons les performances balistiques, les usages concrets et les critères d’installation pour optimiser votre chasse du sanglier.
Depuis la balle ronde, il a été mis au point différentes évolutions techniques dont les grandes familles sont les balles à empennage, les cylindro-ogivales à base creuse rappelant la balle Minié, et les balles sous-calibrées.
Ce tableau compare les trois familles principales de munitions utilisées pour le sanglier en calibre 12. Le choix dépendra de la distance de tir, de la philosophie de chasse (affût ou battue) et de la puissance recherchée.
| Type de munition | Poids (g) | Vitesse initiale (m/s) | Énergie (J) | Usage principal |
|---|---|---|---|---|
| Slug plomb haché (Foster) | 28 (432 gr) | 450-500 | 2 800-3 100 | Battue courte |
| Slug monobloc (TGS) | 30 (460 gr) | 500-520 | 3 200-3 400 | Affût jusqu’à 100 m |
| Bourre calepinée + plomb | 25 (385 gr) | 470-490 | 2 700-3 000 | Battue polyvalente |
Grâce à un slug plomb haché ou à une bourre B&P, la prise de cible est rapide et la puissance d’arrêt immédiate. La fragmentation de la balle limite le risque de surpénétration dans des zones boisées, évitant des pièges dissimulés par les arbres.
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Le slug monobloc permet une précision exceptionnelle jusqu’à 100 m. Un impact bien placé dans la zone vitale (cœur, poumons) provoque une perte de sang rapide, minimisant la fuite du gibier blessé.
Lorsque le sanglier est surpris en pleine course, la confiance en un slug puissant garantit l’arrêt presque instantané, même en mouvement. Le canon rayé ou choke spécifique permet un tir groupé et réduit le risque d’aberration balistique.
En choisissant la munition adaptée à votre enveloppe de chasse, vous maîtrisez la zone d’impact et la profondeur de pénétration. Le point rouge ou la lunette accroît la visée dans des conditions de faible luminosité (sous-bois ou crépuscule).
Un tir bien placé avec un monobloc ou une B&P réduit le nombre de tirs nécessaires par sortie, optimisant ainsi votre budget pour la chasse.
Conservez vos boîtes dans un endroit sec (10-25 °C) pour éviter la corrosion du plomb et le vieillissement prématuré de la poudre. Respectez la méthode FIFO : utilisez d’abord les boîtes ouvertes depuis plus de six mois pour maintenir une cohérence balistique.
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Après une séance de tir, nettoyez le canon avec un écouvillon en laiton pour enlever les résidus de plomb. Utilisez un solvant spécifique slug pour dissoudre les dépôts métalliques et préserver le rayage du canon.
Inspectez le choke slug pour détecter toute rayure ou déformation : un choke endommagé peut affecter la trajectoire de votre slug. Graissez légèrement la bague de choke pour un montage/démontage facile et pour éviter le grippage.
Vérifiez l’alignement du canon, l’état des ressorts et de la culasse pour garantir un cycle de tir fluide. Lubrifiez les pièces mobiles avec une huile adaptée pour prévenir l’usure et la corrosion.
Au calibre du canon, les balles à empennage sont constituées d’un projectile qui est généralement du plomb, à l’arrière duquel est fixé un appareillage en plastique, ou en fibre, destiné à s’appuyer sur l’air et redresser la balle sur l’axe de la trajectoire. La plus connue de ces balles est la Brenekke, datant de 1898. Un empennage constitué d’une bourre de fibres agglomérées est vissé sur un plot central, interne au projectile. La partie de plomb ne doit pas être tirée sans sa bourre, elle serait instable. Les ailettes du pourtour de la balle, et l’évidement interne périphérique au plot central, permettent à la balle de s’écraser lors du passage dans un choke, qu’elle va pouvoir traverser sans inconvénient. De nombreux autres fabricants produisent des balles empennées : à peu près tous les fabricants de cartouches ont au moins une balle de ce type dans leur catalogue, souvent déclinée en plusieurs poids, et chargements. D’une manière générale toutes ces balles donnent de bons résultats en précision et en énergie. Certaines portent des inserts métalliques destinés à augmenter la capacité de pénétration. Nous classerons dans cette catégorie la balle DUPO, en acier et plastique. Récente, cette balle introduit la notion d’expansion forcée et limitée.
La catégorie des balles cylindro-ogivales est principalement occupée par les balles d’origine américaine appelées slug Foster. La masse principale de la balle est placée sur l’avant du projectile, l’arrière est creux.
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L’apparition de la balle Sauvestre a marqué le lancement des balles sous calibrées. C’est la plus évoluée des balles courantes : elle est constituée de plusieurs matériaux, plomb, acier, plastique. La partie de plomb se trouve à l’avant du projectile, noyée partiellement sur une tige filetée en acier dont l’arrière supporte l’empennage en plastique. Dans la cartouche, cette balle est ceinte de deux demi coques de plastique qui la tiennent en place et assurent l’étanchéité des gaz. Ses performances sont remarquables, le fabricant annonce des vitesses de 580m/s pour les chargements de 12 magnum. A signaler aussi, la mise au point d’une remarquable balle sans plomb. Cependant, il faut être extrêmement vigilant au stockage, car les demi coques n’assurent pas l’étanchéité à l’eau : versée dans la cartouche chargée de sa balle, de l’eau atteindra la poudre empêchant, au moins partiellement, son inflammation. En cas de percussion d’une cartouche à la poudre humide, l’amorce aura la puissance d’envoyer la balle jusque dans l’âme du canon, donc de l’obstruer tout en permettant le chargement d’une autre cartouche. La Brenneke Rubin Sabot est une autre balle sous calibrée conçue pour le tir dans les canons lisses ; moins rapide que la Sauvestre, elle donne également de bons résultats en précision. Les fabricants américains proposent également des balles sous calibrées qui sont généralement, aujourd’hui, des balles demi blindées de calibre de calibre 50 installées dans des sabots de plastique. Ces balles nécessitent l’usage d’un canon rayé pour être stable, il peut arriver qu’elles basculent sur leur trajectoire quand elles sont tirées dans un canon lisse.
Le règlement de la chasse oblige de se conformer à une règle de base : l’utilisation de projectile expansifs. La balle Blondeau, ainsi que divers projectiles en acier, dits blindés, ont été écartés du marché. Une recommandation est d’exclure l’usage, à la chasse, des balles destinées au tir récréatif, généralement proposées en boîtes de 100 cartouches. Leurs chargements sont moins puissants, et les balles, plus légères, ont des parois fines qui s’éclatent lors d’impacts violents. Au résultat toutes les balles destinées à cet usage peuvent être employées pour la chasse du sanglier ; la sagesse conduit à employer des balles connues, de se fier au sens commun en utilisant des produits éprouvés. De nombreux projectiles, aux carrières éphémères, sont régulièrement mis sur le marché, seuls les très bons restent.
Toutes les balles du marché vont dans tous les fusils du marché : tous sont obligatoirement validés par les normes établies par la CIP qui assurent de la compatibilité des produits commercialisés entre eux.
Avant de l’utiliser à la chasse, la première condition au choix d’une balle est de cibler de son fusil : des surprises, bonnes ou mauvaises, peuvent se produire. Bien tester le modèle de la balle que l’on emploiera : dans un même type de balle plusieurs chargements ne donneront pas forcément les mêmes résultats. Pour une balle donnée, un chargement en 70 peut convenir au fusil, mais le chargement Magnum donnera un autre résultat…ou le même. Autre exemple, sur un fusil double, il est possible que le canon le plus choké soit mieux calé sur le système de visée.
Le test est impératif pour les fusils dont les canons sont équipés de canons aux chokes interchangeables : à l’opposé des canons à chokes fixes, leurs axes sont très souvent légèrement divergents ce qui engendre un premier tir portant bas.
La qualité du tir est limitée par les performances des balles : généralement très puissantes jusqu’à 30 mètres, leur trajectoire s’infléchit au-delà, bien plus qu’une balle de carabine. Leur tir nécessite un devancement de la cible mobile plus important dès que la distance s’allonge, et les systèmes de visée qui conviennent au tir du plomb ne sont pas adaptés au tir à balle, et rendent hasardeux les tirs dépassant la même distance. Notons que les fusils « slug » sont équipés de systèmes de visée améliorés.
La balle Hypershock de Baschieri et Pellagri se présente avec une ogive lourde de 35 gramme de forme conique creuse type hollow point (18 stries extérieures) et une structure tête + queue équilibrée et propulsée à 475 m/s générant une énergie cinétique de plus de 400 kgm. Avec ces performances, Hypershock est idéale pour le tir des gibiers les plus lourds tels que les sangliers et cervidés.
Le choix d’une balle pour arme à canon lisse est toujours un sujet un peu complexe. Contrairement à un canon rayé qui accepte assez bien tous les types de balles avec les différentes variantes de masses et de profils qui peuvent exister pour un même calibre, le sujet est assez différent pour le canon lisse. Une arme à canon lisse offre des possibilités et une diversité technique sans égal qui complique sensiblement la question balistique.
Pour couronner le tout, si l’on fait entrer de plein droit dans l’équation les caractéristiques technologiques propres à chaque chargement et à chaque balle, le problème devient véritablement un casse tête inabordable pour l’utilisateur lambda. Ceci explique peut être pourquoi la grande majorité des chasseurs va chez son armurier pour acheter « une boîte de balle !!! ».
Il y a pourtant depuis 1898 une référence incontournable que chaque chasseur connaît bien ; il s’agit de la balle « Original Brenneke », considérée comme le passe partout qui ne décevra pas quelle que soit l’arme que l’on possède. Très souvent copiée, imitée, contrefaite, elle a malgré tout su s’imposer et conserver une place de choix enviée par beaucoup de fabricants.
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