La fabrication d'armes à feu a connu une révolution avec l'avènement de l'impression 3D. Des armes fantômes, surnommées "ghost guns", sont apparues aux États-Unis dans les années 2010 et circulent désormais dans le monde entier. Ces armes ont déjà été utilisées dans des affaires criminelles, comme à Marseille en juin 2023, où un réseau de fabrication a été démantelé à la suite d'une tentative d'assassinat.
Les armes fabriquées avec une imprimante 3D sont généralement faites en plastique ABS ou PLA, des polymères. Le processus consiste à fabriquer individuellement plus d'une dizaine de pièces, puis à les assembler manuellement. Avec des modes d'emploi disponibles sur internet et une bobine de plastique, la fabrication prend quelques heures.
La première arme fabriquée en 3D est l'œuvre de Cody Wilson, un libertarien américain. En 2013, il conçoit le "Liberator", un pistolet à un coup entièrement en plastique, à l'exception du percuteur et des balles, qui sont en métal. Wilson rend ses plans accessibles à tous sur internet.
En 2020, un collectif underground européen met au point un semi-automatique, le FGC9, qui tire en rafales des balles de 9 mm. Ce pistolet mitrailleur est fait à 80% en plastique, avec des pièces en métal pour plus de résistance. La production de cette arme prend environ 40 heures et coûte environ 1000 euros, incluant l'imprimante 3D et le matériel nécessaire.
Malgré les avancées technologiques, les armes 3D présentent des inconvénients majeurs. Selon Europol, "Produire une arme complète en 3D reste un défi comparé aux armes conventionnelles en terme de qualité". Le tir manque de précision et les matériaux se dégradent à l'usage, pouvant se déformer ou se casser.
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De plus, les armes fabriquées avec des impressions 3D ne sont jamais en 100% plastique. William Hippert, chef du service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée en France, a affirmé que les pièces précises et résistantes, comme le canon ou la détente, ne sont pas modélisées en 3D.
En France, la législation sur les armes à feu s'applique également aux armes 3D. Cependant, sans numéro de série, ces armes sont quasiment intraçables, ce qui complique le travail de la police pour remonter jusqu'aux auteurs de tirs. Cette difficulté séduit les gangs criminels.
Nicolas Florquin, chercheur au Small Arms Survey, note que le phénomène reste "marginal en termes de saisies" en Europe. Cependant, il souligne que les groupes criminels fabriquent de plus en plus ce type d'armes "intraçables" pour éviter le trafic international ou transfrontalier.
Pour contrer la prolifération de ces armes, le fabricant français Dagoma a sécurisé ses imprimantes 3D avec un logiciel pare-feu qui empêche l'importation de fichiers d'armes. La société a également diffusé des plans erronés pour rendre impossible le montage d'une arme.
Les saisies d'armes se multiplient dans plusieurs pays, et le chercheur Nicolas Florquin s'inquiète du fait que le système de contrôle des armes n'est pas adapté et doit être repensé pour lutter contre ces armes quasi intraçables.
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