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La baïonnette est une arme blanche conçue pour s'adapter au canon d'un mousquet, fusil, carabine. Son origine est incertaine bien qu'il soit communément admis que la ville de Bayonne ne soit pas étrangère à sa première fabrication.

Son origine

De nombreux historiens civils et militaires se sont penchés sur ces deux questions, toujours sans réponse : "À quelle époque remonte l'invention de la baïonnette ?" et "dans quel lieu fut elle inventée ?". Ils sont nombreux ceux qui recherchent la véritable origine de la baïonnette, cette arme qui deviendra l'outil indissociable du fusil.

Certains auteurs évoquent que lors de la bataille de la Marsaille qui opposa les troupes de Nicolas de Catinat au Duc de Savoie, les soldats de Catinat manquant de munitions emmanchèrent leur couteau au bout de leur mousquet, le transformant ainsi en pic improvisé. Cette initiative leur aurait permis de remporter la grande victoire du 4 octobre 1693. Cela aurait donné naissance, aux dires certains, aux premières baïonnettes militaires, de type "bouchon". Ces nouvelles armes auraient été fabriquées à Bayonne dans cette ville qui était renommée à l'époque pour ses forges et ses fabricants de couteaux.

Sachant que les combats de la Massaille se sont déroulée dans le Piémont Italien et que nous avons un village dans les Alpes de Haute Provence actuelles, qui se nomme Bayons, il n'est pas ridicule non plus de penser que cela pourrait également venir de là...

Le musée de l'armée à l'hôtel des Invalides à Paris envisage, lui, que selon ses documents d'époque, ce serait la date de 1640 qui serait la date de la première utilisation au combat et il émet une autre hypothèse : le nom pourrait provenir de "baionnier", nom que portaient des archers français experts dans le maniement d'un couteau court.

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Il est probable aussi que cela soit plus ancien, Au début du 19éme siècle on pouvait lire dans une tribune du sud de la France "Ce fut durant le siège que Bayonne soutint, en 1523, contre les Rois d'Angleterre et d'Aragon réunis, que les femmes de cette ville, tout en défendant courageusement ses remparts, inventèrent la baïonnette.

Mais il y a aussi le journal des Sciences Militaires qui affirme que le nom "baïonnette" existait déjà en 1578. ce serait un poignard qui, si l'on en croit cette revue militaire, aurait été utilisé par les Malais de Madagascar bien avant la France.

Des historiens militaires comme le Général Marion pensaient que cela ne remontait pas avant 1641 et Le Général Gassendi dans son livre Aide-mémoire à l'usage des officiers d'artillerie de France attachés au service de terre, (1789) pensait que cela ne remontait pas avant 1671.

D'autres auteurs nous parlent du village de Bayon en Meurthe et Moselle… On peut également trouver l'origine du nom "baïonnette" dans le patois du nord ou le "baïon" est le carreau (la flèche) de l'arbalète.

Sans plus d'informations on ne peut qu'échafauder des hypothèses ou accepter le principe communément admis à savoir que c'est une "invention" française du XVIIème et qu'elle va bouleverser l'art de la guerre dans tous les pays.

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Le premier modèle

Si l'on retient l'idée que ce serait un soldat qui eu l'idée au 17ème siècle de mettre le manche de son couteau à l'intérieur du canon de son mousquet c'est probablement parce que, civil, il utilisait déjà cette technique. Cette pratique a donné un autre nom à la baïonnette bouchon, on disait également baïonnette à "manchon" car c'était le manche que l'on mettait dans le canon.

Ce modèle à manchon laisse la possibilité aux tireurs de se protéger au corps à corps quand une charge ennemie les menace en-deçà de la zone de tir utile du mousquet (moins d’une centaine de mètres), mais ne peut remplacer l’office rempli par les piquiers, chargés de protéger les tireurs.

Évolution de la baïonnette bouchon

L'utilisation de la baïonnette à manchon ou à bouchon rendait impossible le tir et le rechargement du fusil ou mousquet. Cette situation a perduré longtemps et il faudra attendre le 21 décembre 1687, pour qu'un ingénieur militaire, Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, propose à François Michel Le Tellier, marquis de Louvois le ministre de la guerre de Louis XIV une baïonnette «avec laquelle on ne laisserait pas de tirer et de charger comme s'il n'y en avait point».

Pour ce faire, il rendra la baïonnette bouchon plus fonctionnelle en la dotant d'une douille qui enserre l'extérieur du canon du fusil. La lame sera reliée à la douille par un long coude afin que le soldat ne se blesse pas lors des manœuvres de rechargement. Désormais, il sera possible de tirer et de recharger son arme malgré sa présence au canon.

Concernant l'invention de la douille, il existe une polémique pour savoir qui de Vauban ou de Martinet à fait cette invention. Selon Voltaire ce serait le colonel Martinet inspecteur d'infanterie sous Louis XIV inventeur également du fouet à lanières introduit dans la discipline militaire qui l'a proposée le premier…

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Cela ne remet pas en cause l'histoire de cette bataille qui fit gagner à la France le Conté de Savoie. La charge héroïque de l'infanterie française renversa à la baïonnette et sans tirer un coup de feu les troupes hispano-Savoyardes a probablement bien existé.

Ce nouveau modèle suscite l'intérêt du ministre Louvois.qui, après l'avoir fait expérimenté, ordonne d'en équiper l'infanterie par une circulaire du 29 novembre 1689. Compte tenu des cadences de fabrication il faudra de longues années pour que cette nouvelle arme soit généralisée.

La bataille de FLEURUS le 1er juillet 1690 ce fut la première épreuve sur le terrain pour l’utilisation des baïonnettes à douille. Elle se termina par une victoire éclatante des armées de Louis XIV. Cependant Louis XIV, ayant remarqué la médiocre fixation des baïonnettes, refusa de les adopter pour son infanterie.

En France, avec l’arrivé des premiers fusils à silex (1700) l’infanterie a été dotée des premières baïonnettes réglementaires sur ordre du roi et sur les conseils de Vauban en 1703. Ce modèle est connu sous la désignation de « Surirey de Saint Remy »

En 1703 La généralisation des baïonnettes entrainera la suppression des fantassins "piquiers". Ils disparaitront avec leur longue pique de 13 pieds (4,22 m). Il était désormais possible de tirer et de recharger baïonnette au canon.

La baïonnette à douille réglementaire était née officiellement mais il faudra attendre encore jusqu'en 1717 pour qu'elle acquière vraiment ses lettres de noblesse avec le premier fusil réglementaire et une fabrication plus "standardisée". Ce seront des maîtres armuriers au travers de la France qui assureront la production suivant un vague cahier des charges.

Une réelle standardisation ne pourra pas intervenir avant que Louis XV n'envisage la création de la Manufacture Royale de Klingenthal en 1729. Cet établissement Royal spécialisé dans les armes blanches, commencera ses premières productions en 1730 et Henri Anthése en sera le premier entrepreneur. Il faudra attendre 1746 pour que la Manufacture Royale obtienne le monopole de la fabrication des baïonnettes.

Le plus ancien modèle de baïonnette à douille daté de la fin du XVIIème siècle est conservé au Musée de l'armée à l'hôtel des Invalides à Paris.

C'est une baïonnette à douille d'une longueur de 18 pouces (48 cm environ). La douille qui était munie à l'origine d'une encoche en forme de "L" destinée à verrouiller la baïonnette sur un tenon situé à l'extrémité du canon a été modifiée en forme de "Z" au début du XVIII siècle. La lame est frappée d'une fleur de lys en creux.

De l'arme "noire" à l'arme "blanche"

Il en est de la baïonnette comme des épées, des sabres, couteaux, pics, hallebardes et autres outils du même style qui, avant d'être des "armes blanches" seront des "armes noires" …

En ce XVIII siècles, la baïonnette est fabriquée en "fer" et acier. La désignation "fer" de l'époque désignait un acier doux non "trempant". La désignation "acier" désigne un métal plus riche en carbone, dur et pouvant prendre la trempe.

Cette arme est fabriquée en trois parties principales. Il y a la lame, le plus souvent de section triangulaire en acier trempé dont les cotés peuvent être évidés.Le manche creux en fer appelé "douille". Il s’agit au début d’un tube ajusté sur une arme ce qui ne permettait pas l’interchangeabilité d’un mousquet à l’autre car si, à l’époque, le diamètre intérieur du canon était standard il en va tout autrement pour le diamètre extérieur. Plus tard, sur cette douille est apparue la virole et sa vis.

Pour relier la lame à la douille il y a un coude en fer plus ou moins grand selon les époques et la tenue vestimentaire. Les manches des tuniques des soldats étant amples il fallait éloigner la lame du canon pour pouvoir manœuvrer la baguette lors du rechargement. Cette disposition déséquilibrant le fusil lors de l'utilisation, le coude fut raccourcit pour rapprocher la pointe de la baïonnette de l'axe du fusil.

La fabrication de la douille se fait par forgeage sur des formes appelées "étampes" avec l'aide de "mandrin". Il ne faudra pas moins de sept étampes pour donner de la régularité à la forme de la douille. Le flan initial de forme rectangulaire sera roulé un peu conique et soudé. On aura soin également de souder une queue pour la formation du coude. Un ouvrier et son compagnon peuvent faire 36 douilles par jour. Un inspecteur examinera chaque pièce une par une. Les pièces acceptées passeront entre les mains de l'aléseur (souvent de jeunes enfants) sept alésoirs seront utilisés. Chaque enfant usine généralement 100 douilles par jour. Il y aura également le limeur pour l'encoche, la virole et la vis

Pour la réalisation de la lame il faudra deux étampes : une pour l'épaulement de la lame et une pour la nervure. La lame terminée on y soudera la douille et son coude. Viendront ensuite la trempe et l'inspection et l'acceptation finale de l'arme qui est à cette étape une arme noire.

Pour obtenir le label "d'arme blanche" elle va subir sur diverses meules plates ou de forme un usinage, un aiguisage, un polissage. Après le polissage il y aura le brunissage sur une roue en bois saupoudrée de charbon suivi d'un lustrage avec une pierre "sanguine" dure. La baïonnette terminée devra peser un peu plus d'un demi-kilogramme.

La baïonnette au combat

Au cours de l’ère Meiji, les Japonais développent une technique de combat particulière, le juken jutsu. La baïonnette rentre dans le quotidien du soldat et trouve une place de choix dans l’argot militaire. Les surnoms affectueux, comme la « Rosalie », côtoient des expressions plus réalistes comme « l’aiguille à tricoter les côtes » ou, pendant la Grande Guerre, le « tire-boche ». « Aller à la fourchette » désigne les charges à la baïonnette, de même qu’un soldat qui embroche un adversaire lui fait « une Rosalie à la boutonnière ».

Bien qu’installée dans une guerre de tranchées, la Première Guerre mondiale voit encore son usage lors des montées à l’assaut. Le jeune capitaine Charles de Gaulle est ainsi blessé à la cuisse par baïonnette en 1916 dans le secteur de Douaumont. Cependant, le mythe des charges à la baïonnette est encore à relativiser. Le fusil Lebel flanqué de sa baïonnette mesure 1,83 m, ce qui le rend difficile à manier. De plus, une fois plantée dans le corps de l’ennemi, elle n’est pas aisée à retirer, ralentissant la progression et exposant dès lors le combattant.

La dernière charge à la baïonnette de l’armée française se déroule en février 1951, lors de la guerre de Corée, face aux Chinois.

La baïonnette moderne

Le développement de l’arsenal militaire, avec la généralisation de la grenade, pouvait laisser penser que la baïonnette allait disparaître du quotidien des fantassins. Il n’en est rien, l’arme se perfectionnant même. Les baïonnettes modernes sont équipées d’une gouttière concave qui en réduit le poids et qui permet de laisser rentrer l’air dans la blessure, facilitant ainsi le retrait de la lame. Son fourreau peut être utilisé comme pince coupante pour sectionner le fil barbelé.

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