Martin Uldal : L'ascension fulgurante d'une étoile du biathlon

Martin Uldal a saisi sa chance avec brio. Après avoir débuté la saison en IBU Cup, il a été promu en Coupe du monde à Hochfilzen par l'encadrement norvégien, une confiance qu'il a amplement justifiée.

Des débuts prometteurs en Coupe du monde

En trois courses, il a obtenu des résultats probants : septième du sprint et cinquième de la poursuite en Autriche. Mais c'est lors du sprint du Grand-Bornand qu'il a créé la sensation, arrachant sa première victoire avec une infime avance sur Johannes Boe.

Les éloges ont alors fusé, avec Ole Einar Bjoerndalen s'exclamant : "Une star est née." Il faut dire que bien des arguments tendent à montrer que Martin Uldal est effectivement spécial.

Il ne lui a fallu que cinq courses pour lever les bras sur le grand circuit, et Boe lui-même l'a salué comme il se doit. "C'est impressionnant. Sa course vaut une victoire en Coupe du monde, donc c'est mérité. Nous avons un nouveau concurrent dans l'équipe, et j'imagine qu'il a obtenu un billet pour les Mondiaux dans l'affaire. C'est un super jour pour lui", a-t-il estimé.

Un potentiel prometteur forgé dans l'IBU Cup

Avant cette saison 2024-2025, il avait déjà pris part à deux courses en Coupe du monde en 2022, terminant 20e du sprint et 27e de la poursuite à Oslo. La suite ? Une rétrogradation en IBU Cup où il s'est adjugé les globes de la poursuite et de la mass start, terminant quatrième du classement général voici deux saisons.

Lire aussi: Tout sur les cibles de biathlon

Avant de poser les spatules en Coupe du monde, Martin Uldal a été un cador de l’IBU Cup pendant trois saisons. Le temps de cumuler 18 podiums dont six victoires entre 2022 et le 7 décembre 2024 à Geilo (Norvège). Vainqueur de la poursuite, il avait remporté le sprint 24 heures plus tôt.

Il est monté, il a saisi sa chance, il va la garder pour un bon moment et il se met sur les traces d'un Johannes Boe. Mais Stroemsheim a gagné, Soerum n'est pas passé loin non plus. Donc à chaque course qu'il va faire, il va se faire malmener par ses collègues.

Un tir ultra-rapide, future marque de fabrique ?

Justement face aux cibles, Uldal s'est distingué lors de la poursuite de Hochfilzen. Lors du dernier tir debout, il a accompli un 4/5 en moins de 13 secondes (12"9 précisément), un record dans ce domaine. On savait qu'il finirait, tôt ou tard, par s'adjuger un nouveau record. Martin Uldal a choisi les Mondiaux pour y parvenir.

Deux mois après avoir réussi un 4/5 en moins de 13 secondes à Hochfilzen, le Norvégien a cette fois-ci blanchi toutes les cibles lors du deuxième tir debout de la poursuite de Lenzerheide, en seulement 14"7.

Collaboration avec Athletics 3D

Pour pouvoir adopter cette routine unique sur le circuit, Uldal a aussi fait appel à 3D Athletics, entreprise spécialisée dans la conception de matériel sportif dont le directeur n'est autre que Clément Jacquelin, frère d'Émilien. Les hommes ont ainsi créé de A à Z la carabine du Norvégien.

Lire aussi: Biathlon : Cibles et distances

Avril 2022 : réception du projet. Ingénieur de formation, Sturla Holm Laegreid dessine par exemple lui-même ses nouvelles pièces. « Pour Martin Uldal, c’est pareil. C’est parti d’un design qu’il avait dessiné avec des caractéristiques de pièces très très fines sur l’avant pour minimiser la prise du vent, gagner du temps sur sa manipulation de chargeur », explique Clément Jacquelin, dirigeant d'Athletics 3D.

Juillet 2022 : début du travail sur le projet. Grand espoir norvégien, Martin Uldal a une technique très particulière. Droitier, il manipule ses chargeurs de la main gauche pour aller plus vite, leur emplacement est donc différent que sur une carabine ‘’normale’’. L’autre nouveauté est liée à la partie avant de la crosse : « Elles sont essentiellement en bois sur la Coupe du monde. Mais lui avait vu notre design de carabine 3D et voulait une crosse hybride bois/3D. Son idée est d’avoir deux pièces en une pour intégrer le rail de réglage du pommeau et la prise harnais. Ça limite le nombre de pièces à l’avant de la carabine et on peut donc aller beaucoup plus loin dans le design. »

Septembre 2022 : premier design. Les idées posées, arrive le moment de réaliser les pièces sur l’ordinateur. « On fait les premiers designs que l’on partage avec l’athlète pour avoir son ressenti. Ensuite on lui partage les premières pièces sorties en version prototype pour voir si elles s’emboîtent bien et si elles correspondent visuellement à ce qu’il a demandé. » Les différentes pièces passent alors sur banc d’essai, « pour voir comment les matières se déforment, si les pièces résistent bien ».

Décembre 2022 : premier modèle en essai sur le pas de tir. La crosse montée sur le reste de la carabine, reste à tester le produit à l’aide de capteurs. « L’enjeu est de récolter un maximum de données, de s’assurer que l’arme tire bien, que tout va bien quand l’athlète l’aura sur le dos, quand il devra sprinter, s’installer rapidement… » Et pour cette partie le testeur n’est autre que l’ancien champion du monde jeune. « Il n’est pas rare de me voir pendant les temps assez horribles sur le pas de tir de Corrençon.

Mai : utilisation par le biathlon. Sa carabine reçue en mai, Martin Uldal a prouvé sur ses réseaux sociaux le 27 juillet que l’objectif était atteint avec un tir debout en 12 secondes à l’entraînement, soit cinq de moins que le record en compétition codétenu par Émilien Jacquelin et Johannes Boe.

Une chose est certaine : comme la plupart de ses compatriotes, le Norvégien a un solide niveau de ski (7e temps du sprint), même s'il a concédé plus de 26 secondes à Boe au Grand-Bornand. A Hochfilzen, il fut même le troisième plus rapide du sprint.

Uldal a-t-il le caractère d'un futur grand ?

Indéniablement, Uldal a les atouts d'un futur grand. Mais en a-t-il le caractère ? En 2013, Boe avait doublé la mise après sa grande première sur la poursuite. "Sebastian (Samuelsson) et Johannes ont fait une faute (sur le sprint, NDLR) et c'était ma chance. Peur pour le reste de la semaine ? Non ! Ça va être incroyable de courir devant ce public, j'espère en profiter", s'est-il exclamé jeudi sur Eurosport.

En 2013, le public haut-savoyard avait fait la connaissance d'une bouille nommée Johannes Boe. À 20 ans et sept mois, ce dernier avait remporté le sprint (puis la poursuite le lendemain) et lancé sa carrière. À 23 ans, Uldal a peut-être fait la même chose ce jeudi. « C'est fou ! J'ai pensé que je pouvais peut-être faire Top 6 mais que les meilleurs skieurs me battraient probablement, même avec une ou deux erreurs », sourit le Norvégien, vainqueur pour la première fois en Coupe du monde.

Martin Uldal, jeudi, au Grand-Bornand. Le biathlète norvégien de 23 ans Martin Uldal a remporté le sprint au Grand-Bornand, ce jeudi, devançant son compatriote Johannes Boe d'une petite seconde.

« Quand je viens en Coupe du monde, j’ai un peu l’impression d’être un représentant de l’IBU Cup. » « Cette première victoire représente beaucoup pour moi. Elle sécurise un peu plus ma place dans l’équipe, car je n’avais pas la garantie d’aller à Oberhof (premier rendez-vous en 2025) et peut-être que je maintenant m’imaginer faire toute la saison en Coupe du monde.

Martin Uldal est né le 23 mai 2001, soit quelques semaines avant Eric Perrot qui est de juin et avec qui il partage quelques points communs. Et pas seulement celui d’avoir été adversaires.« On a un peu la même trajectoire », expli quait le Savoyard après la course dont il a pris la 7e place. « Il a été bloqué par le niveau norvégien, mais il a réussi à se sortir du niveau IBU Cup. Je le connais depuis un moment. Quand j’ai passé un an en Norvège, on était dans un club voisin. Nos grands-parents sont amis (la mère de Perrot, Tone Marit Oftedal est Norvégienne). Il a réalisé quelque chose de magique. C’est un très bel adversaire et un ami lointain.

Cinquième au départ de cette poursuite, Martin Uldal recolle à la tête de course après deux passages sur le tapis. Parti à la faute sur son premier debout, le Scandinave profite des erreurs de ses adversaires pour continuer à jouer aux avant-postes. Sur le dernier exercice face aux cibles, Martin Uldal profite une nouvelle fois des erreurs de ses concurrents pour quitter le stade avec un petit peu plus de 30 secondes d’avance. Le quadruple médaillé de bronze des derniers Mondiaux Juniors franchit la ligne d’arrivée le premier et s’offre sa première victoire en IBU Cup. Le tout avec le meilleur temps de ski et le deuxième temps de poursuite.

Encore une fois, les Norvégiens ont squatté les meilleures places de ce sprint. Parfait au tir et rapide sur les skis, Martin Uldal s’impose assez aisément avec 38 secondes d’avance. Derrière lui, Isak Frey réalise également le 10/10, mais ne peut rivaliser sur les skis avec son compatriote pour la victoire et doit se contenter de la deuxième position. Plus rapide des biathlètes du jour, Sverre Dahlen Aspenes récupère la troisième place de ce sprint avec le 8/10.

Avec un très bon 9/10 derrière la carabine et surtout le quatrième temps de ski, le Vosgien termine en cinquième position.