Le calibre 10 est un calibre de chasse quelque peu confidentiel, tombé un peu dans l’oubli alors qu’à une époque, il faisait partie de la panoplie de base du chasseur français.
En calibre 10, le diamètre intérieur des canons est de 19,7 mm, et l’arme peut expédier une charge de 28 grammes au minimum, et 84 grammes au maximum. En comparaison, le diamètre intérieur du calibre 12 n’est que de 18,5 mm et expédie entre 21 et 63 grammes. La différence est importante ; le calibre 10 est donc un calibre puissant.
Le 10 est un fusil possédant une âme de 19.7 à 20.3, sa bille de plomb au calibre étant de 49 gr. pour une douille longue de 89. Par comparaison, le classique douze fait lui : 18.4 d’âme, balle de 36 gr, et longueur de 65 (autrefois), 70 (le plus couramment de nos jours), 76 (magnum), 89 (super magnum). À charge égale, ce qui se comprend avec un tube plus gros la cartouche est plus rapide, plus puissante, pour une meilleure gerbe que le 12 super magnum avec lequel on le compare souvent.
Ses coups de longueur (autour de 60 m) sont donc moins aléatoires, plus puissants, avec une meilleure gerbe. Par contre son poids est rédhibitoire pour la chasse devant soi, le réservant au gibier d’eau posé ou hutte, voire grand gibier pour les mêmes raisons de ne pas avoir à trop le trimballer.
De ce côté sa balle, la Foster Federal que la marque US est la seule à commercialiser en France fait…49,63 gr. ce qui, expédié à 390 m/s, peut tout taper dans l’hexagone, grands cerfs et gros solitaires compris.
Lire aussi: Recommandations concernant les fusils turcs
Avec l’obligation de tirer de l’acier, le calibre 10 a retrouvé ses lettres de noblesse aux USA par rapport au 12/89, notamment pour chasser les lourdes bernaches du Canada. Pour palier la légèreté de l’acier, il faut compenser par beaucoup de grosses billes afin que leur vitesse atteigne les 500 m/s.
Pour certains, le calibre 10 n’est pas toujours nécessaire. Pour les tirs à longue distance, il peut être avantageusement remplacé par un calibre 12 magnum chargé de tungstène ou de cuivre doux, mais malheureusement très onéreux. En revanche, on est obligé de reconnaître que la gerbe est plus large et mieux fournie, car environ 20 grammes de grenaille sont expédiés en sus du calibre 12. En conséquence, sur une pose de 10/15 sarcelles à 40 mètres, le calibre 10 tue forcément davantage d’oiseaux.
Les cartouches de calibre 10 tirées en France étaient habituellement produites aux États-Unis. Depuis longtemps, les encartoucheurs FEDERAL, WINCHESTER et REMINGTON maîtrisent ce calibre et le chargent avec excellence. Les vitesses et pressions sont souvent non conformes pour le Banc National d’Épreuve de Saint-Étienne, mais malgré tout validées par la CIP (Commission Internationale Permanente), ce qui leur permet d’être importées en France.
La WINCHESTER Double X « Spécial Dindon » calibre 10 est chargée de 56 g de plombs cuivrés. Les grains sont associés à une fine poudre de matériaux composites (buffer), évitant les déformations dans le canon et permettant davantage de concentration des gerbes.
Depuis trois ans, FEDERAL et WINCHESTER ne réussissent plus à produire suffisamment pour le continent américain et REMINGTON, très en difficulté, ne fabrique plus. FEDERAL s’est alors engagé à racheter la division « munition » de REMINGTON, mais en attendant la relance de la production, cet énorme encartoucheur crée un vide outre-Atlantique.
Lire aussi: Fusil Darne Calibre 12 : Détails Techniques
Fort de ce manque, la demande française en calibre 10 s’est reportée sur les encartoucheurs nationaux. C’est le fabriquant français FOB, sous la direction de Jean-Charles MATHÉ, qui le premier s’est équipé d’une machine onéreuse (40.000 €) afin de charger le calibre 10 comme les Américains. Quant à JOCKER, il propose l’Authentique de calibre 10 chambrée 76 mm.
Pour les mêmes raisons le marché est assez restreint à de lourds semi-autos : Remington SP 10, Browning gold (ci-dessus) qui font 4,4 kgs et coûtent un bras : 1600 euros. Aux États-Unis, il y est aujourd’hui utilisé sur les oies et dindons sauvages avec des fusils semi-automatiques.
Aux États-Unis, on trouve par exemple en neuf, le semi-automatique BROWNING Gold en version « Mossy Oak Shadow Grass Habitat », vendu en calibre 10 sur le site de BROWNING USA. Il n’est malheureusement plus distribué en Europe, mais on peut en trouver d’occasion. Ce fusil est destiné à la chasse des canards, des dindons sauvages et au tir au vol des oies lorsqu’elles descendent se nourrir dans les grandes prairies d’outre-Atlantique, alors que les chasseurs sont cachés dans des « cercueils ». C’est un fusil de 4,2 kg qui permet de tirer loin sans blesser.
Le calibre 10, on l’a compris de forte puissance, est aujourd’hui utilisé en France dans les huttes sur les grandes bandes de canards et dans certaines palombières lorsque beaucoup de pigeons se posent au même endroit dans les chênes.
Pour les amateurs de fusils plus classiques en 10, Zabala fait encore un juxtaposé avec canons de 82, encore maniable autour de 3,3 kgs, et en occase Harrington plus rare (96 de canon) ou encore le mythique Winchester 1887 (ci-dessous) des westerns à levier de sous-garde.
Lire aussi: Calibre 16: Le Fusil Nemrod
Pour rester français, ne pas oublier notre bon vieux Simplex (à g.) qui, de 1922 à 1973 a fait un dix, mais dans des chambres variables : 73 au départ, puis 75 en 1933, 80 à partir de 1950, le tout avec des canons de 80.
Des fusils de la Manufacture de Saint-Étienne comme l’élégant Idéal MANUFRANCE en canon de 81 cm chambré en 76 mm. C’est un fusil très maniable et assez léger (3,2 kg) pour un calibre 10. Il existe également en occasion quelques excellents Simplex MANUFRANCE cal.
On trouve aussi quelques juxtaposés ZABALA en calibre 10/89 à canons de 81 cm, non parallèles avec des détentes « simple effet ». Ce ne sont donc pas des fusils dit « canardières », dont la détente est toujours à « double effet » afin de tirer deux cartouches simultanément.
La société russe BAIKAL a fabriqué des canardières juxtaposées de calibre 10, ainsi que le russe TOZ, dans les années 1970, avec des armes KS-23 chambrées en calibre 10, officiellement désignée par l’armée russe comme une carabine car son canon était rayé.
Le COLT coach gun 1878 (l’arme du cocher) a vu le jour à la toute fin des années 1870 dans les usines de COLT. COLT récupéra les brevets de différents fabricants d’armes de chasse (WINCHESTER, WHITMORE, REMINGTON…) et le transforma en une pure arme de défense. L’arme était disponible en calibre 10. La production fut lancée en 1878 et s’acheva en 1889 pour un total d’un peu moins de 23 000 pièces avec des canons de 45 à 86 cm.
Dans les années 1889 à 1900, des Coach Gun de calibre 10 étaient employés par l’entreprise de Diligence WELLS FARGO. Le Coach devait mener les chevaux et défendre à lui seul l’équipage contre les indiens et bandits qui cherchaient des proies faciles.
Confidentiel chez nous alors qu’il tenait encore le haut du pavé avant la Grande Guerre, le calibre dix est assurément un fusil « de niche », éventuellement de chasseurs au gibier d’eau. Il touche aussi les nostalgiques de l’histoire du Wild West car en 1881 c’est avec un coach gun de ce calibre que Doc Halliday « régla ses comptes » à OK Corral et Wyatt Earp fit de même l’année suivante au combat d’Iron Springs avec un Stevens. Bien plus tard, il faisait aussi partie de l’arsenal de Clyde Barrow.
Il fut « sauvé » de l’oubli suite à la législation qui frappa toute l’Amérique du Nord début des années 80, la densité de la grenaille d’acier plus faible que celle du plomb lui redonnant un court moment une chance, avant que ne se développent les 12 Magnum (chambre 76) et surtout Super Magnum (chambre 89).
Toutes choses à peu près égales (1) un canon de plus gros calibre (2) a bien sûr plus de potentiel à propulser la même charge de plomb, autour de 60 grammes. La même pression sur une surface plus grande engendrant plus de poussée. Sa gerbe sera plus homogène et compacte, moins allongée que celle du douze, celle-ci, étant plus déformée en tête par la restriction en bout de canon.
Sur la balle, même où on pourrait penser que sa masse (de 766 grains, mazette !) pourrait faire merveille dans la « wild boar fever » qui commence à agiter les USA, envahis par les « cochongliers », il ne fait pas non plus vraiment la différence (malgré les dimensions vues ci-contre à dr. !) pour les mêmes raisons de recherches très abouties sur les balles techniques tirées dans des douze rayés depuis une vingtaine d’années. Les données récoltées sur le web chez Federal, montrent des performances similaires à 50 m. (327m/s et 2622 joules pour le dix contre 400m/s et 2883 joules), la moindre masse du 12 Magnum étant censée même être plus pénétrante avec plus de charges techniques disponibles, le moindre recul sur les SA s’entend, devant être plus précis pour doubler.
Caractéristique | Calibre 10 | Calibre 12 |
---|---|---|
Diamètre intérieur du canon | 19.7 mm | 18.5 mm |
Charge maximale de grenaille | 84 grammes | 63 grammes |
tags: #fusil #calibre #10 #zabala #histoire #et