Le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump a échappé à une tentative d'assassinat lors d'un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie. L'ex-président et magnat de l'immobilier a été blessé à l'oreille.
En chemise blanche et blazer sombre, une casquette rouge siglée sur la tête, Donald Trump débute son discours en dénonçant l'immigration illégale quand des tirs retentissent. Il est 18h08 heure locale (00h08 en France métropolitaine). "Regardez ce qui vient de se passer...", commence-t-il, avant d'être interrompu par une succession rapide de quatre coups de feu. Donald Trump porte la main à son oreille droite, sous les cris de "À terre !", avant un cinquième puis un sixième tir.
L'ancien président se recroqueville derrière son pupitre, alors que des membres des services secrets se précipitent autour de lui et que des cris d'effroi fusent dans l'assistance. De nouveaux coups de feu retentissent, des membres du public se jettent à terre et d'autres agents se précipitent sur la scène. Dix-sept secondes après les premiers tirs, un dernier retentit.
Après avoir rapidement échangé des instructions, les agents des services secrets aident l'ancien président, la chevelure ébouriffée, à se relever. "Laissez-moi prendre mes chaussures", dit-il, alors que les forces de sécurité forment un cercle autour de lui. Le visage ensanglanté, il lève le poing vers la foule, qui lui répond par des acclamations. Deux minutes à peine après le début de la fusillade, il est escorté hors de scène, casquette en main, avant de s'engouffrer dans un imposant véhicule noir.
Donald Trump a pris la parole sur son réseau social Truth Social. "J'ai été touché par une balle qui a transpercé le haut de mon oreille droite", a-t-il écrit. "J'ai tout de suite su que quelque chose n'allait pas car j'ai entendu un sifflement, des coups de feu, et j'ai immédiatement senti la balle déchirer la peau", a-t-il détaillé.
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Quelques heures plus tard, il a été vu descendre de son avion sans aide, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux par sa directrice adjointe de communication. "Fort et résistant. Il ne cessera jamais de se battre pour l'Amérique", écrit-elle. L'équipe de campagne de Trump a confirmé que l'ex-président avait l'intention de se rendre à la convention républicaine après avoir subi un examen médical à l'hôpital à titre de précaution.
Le tireur présumé, qui a été tué, a été identifié par le FBI comme étant "Thomas Matthew Crooks, 20 ans", originaire de "Bethel Park, Pennsylvanie", selon un communiqué cité par les chaînes de télévision NBC et CBS. Selon le FBI, il n'avait pas d'appartenance idéologique identifiée. On sait seulement que l'arme utilisée était un fusil semi-automatique, achetée légalement par son père. Des explosifs ont également été retrouvés dans sa voiture.
Le FBI dit enquêter sur les motivations du tireur. Il était enregistré comme électeur républicain et il avait également fait un don de 15 dollars à un comité d'action politique démocrate.
Lors d'une conférence de presse, les services secrets américains ont confirmé que les tirs étaient bien une "tentative d'assassinat". Ils ont également affirmé dans un communiqué que le tireur présumé avait "tiré plusieurs coups de feu en direction de la scène depuis une position élevée (située) à l'extérieur du rassemblement" avant d'être "neutralisé" par les agents.
Deux témoins ont indiqué à des médias américains avoir vu un homme mortellement blessé à la tête. "L'homme derrière moi a été atteint d'un tir à la tête, il est mort sur le coup et (...) une femme semblait avoir été touchée à l'avant-bras et à la main", a témoigné un homme seulement identifié par le prénom Joseph sur la chaîne NBC News.
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Au lendemain de l'attaque, Donald Trump a exhorté les Américains à l'unité. "Seul Dieu a empêché l'impensable de se produire", a assuré le candidat républicain. "À cet instant, il est plus important que jamais que nous nous tenions unis", a ajouté l'ex-président, appelant à ne pas "permettre au mal de gagner".
Son épouse Melania a qualifié le tireur de "monstre", qui a "tenté d'éteindre la passion de Donald", selon un communiqué publié sur son compte X.
La tentative d'assassinat a suscité l'indignation chez nombre de dirigeants à travers le monde, du Royaume-Uni au Japon, en passant par la France et Israël. L'événement a également ravivé les tensions politiques et des théories du complot ont inondé les réseaux sociaux.
Le sénateur J.D. Vance, un des colistiers putatifs de Donald Trump, a affirmé que la "rhétorique" de Joe Biden avait "conduit directement" à l'attaque.
Les dégâts physiques ont été vus par le monde entier. Mais qu’en est-il des impacts psychologiques ?
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Si le candidat républicain à l’élection présidentielle n’avait pas tourné la tête une petite seconde avant les tirs, il serait probablement mort lors de son meeting de Pennsylvanie. Au lieu de quoi il s’en est sorti avec une blessure légère à l’oreille. Un miracle, une "intervention divine", assurent même l’intéressé et ses supporters.
Il est néanmoins possible de savoir ce qu’il s’est passé dans le cerveau de Donald Trump immédiatement après les tirs. Car la règle est la même pour tout le monde : lorsque le cerveau détecte une situation de danger, notamment lorsque l'intégrité ou la vie de la personne est menacée, il déclenche une cascade de mécanismes. Parmi eux, l’hyperactivation de l’amygdale cérébrale, une structure essentielle au décodage des émotions et des menaces.
Lorsque le cerveau détecte une menace, il réagit selon la règle des trois F : fight, flight or freeze (combat, fuite ou immobilisation). Ces trois "états d’urgence de l’instinct" servent à préparer l’organisme à la survie.
Selon Patrick Lemoine, la réaction de Donald Trump, qui est resté au sol 25 secondes (immobilisation), puis s’est relevé en demandant où se trouvaient ses chaussures (fuite) avant de lever le poing au ciel en criant : "Fight !" (combat), illustre parfaitement le mécanisme.
Ces réponses peuvent d’ailleurs alterner indépendamment de la volonté de l’individu. "On ne choisit pas sa réaction, c’est complètement instinctif. Et c’est souvent mal compris ou mal accepté, notamment chez les personnes qui se figent lors d’une agression", précise le Dr. David Masson.
Une étude parue dans SSM - Mental Health indique que les survivants de fusillades sont confrontés à des risques accrus de trouble du stress post-traumatique, de dépression, d’anxiété et de toxicomanie. Des travaux présentés dans la revue de l’Association américaine de psychologie avancent que de telles expériences peuvent altérer la vision du monde des victimes, qui ne leur paraît ni sûr ni compréhensible.
Plus généralement, toutes les formes de menace pour l’intégrité physique peuvent provoquer un état de stress aigu chez les victimes. "Il se définit par une hypervigilance, un syndrome de répétition (flash-back) et des conduites d’évitement, en refusant de se confronter de nouveau à des situations similaires à l’événement traumatique, 45 à 50 % des personnes qui font face à des agressions en souffrent", explique le Dr. Guillaume.
Si cet état persiste plus d’un mois, il s’agit alors du trouble du stress post-traumatique, qui se caractérise par le prolongement voire l’aggravation des symptômes, ainsi que par des difficultés à mener une vie normale (refuser de sortir de son logement, insomnies…). "L'évolution vers un trouble de stress post-traumatique après un épisode traumatisant est moins fréquent, de l’ordre de 10 à 15 % des victimes", précise le Dr. Guillaume.
La poursuite de la campagne et des meetings pourrait constituer un autre facteur de risque. En cas de stress aigu, l’exposition précoce à des situations similaires peut en effet renforcer les symptômes, assurent les spécialistes. La qualité du soutien social sera, en tout cas, essentielle. En effet, plus les victimes sont entourées et épaulées, plus les risques sont limités.
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