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Une campagne présidentielle bousculée et un candidat sous haute surveillance. Alors que le FBI suspecte l’ancien président républicain Donald Trump d’avoir été victime d’une deuxième tentative d’assassinat, un homme a été inculpé par la justice américaine.

Les faits : Tirs près du club de golf de Donald Trump

Dimanche, Donald Trump joue au golf dans son club de West Palm Beach, à 15 minutes de route de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride. Vers 13h30 locales, un agent du Secret Service, chargé de sa protection, inspecte le parcours devant le candidat républicain. Il repère le canon d’une arme à feu et tire en sa direction. Le président se trouvait alors à quelques centaines de mètres, selon le shérif local.

Un témoin a raconté aux autorités avoir vu un homme s’échapper des buissons en bordure du golf pour s’engouffrer dans une voiture Nissan noire. Ce témoin a le temps de prendre une photo du véhicule et de sa plaque d’immatriculation, ce qui permet à la police locale de repérer le véhicule sur une autoroute et d’interpeller l’homme, dans le calme.

Autour du grillage du club de golf sont retrouvés un fusil d’assaut de type SKS, avec le numéro de série effacé et monté d’une lunette de tir, deux sacs et une caméra, selon un document judiciaire. D’après les premières conclusions du Secret Service ce lundi soir, le suspect « n’a pas tiré » sur l’ancien président.

À 14h25 dimanche, l’équipe de campagne de Donald Trump diffuse un très bref communiqué. « Le président Trump est sain et sauf après des coups de feu à proximité de lui ». Quelques heures plus tard, le FBI (police fédérale) dit dans un communiqué qu’il « enquête sur ce qui semble être une tentative d’assassinat contre l’ancien président Trump ».

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Qui est le suspect ?

Le suspect est Ryan Wesley Routh, un Américain de 58 ans, artisan indépendant dans le bâtiment à Hawaï. Présenté à un juge lundi en Floride (sud-est), il a été inculpé de détention illégale d’arme, en raison de son casier judiciaire, et de possession d’une arme au numéro de série effacé. Le bornage téléphonique de son téléphone semble indiquer qu’il se trouvait aux abords du golf entre 01h59 et 13h31 locales dimanche, d’après le document judiciaire.

« Poutine est un terroriste et il faut en finir avec lui », avait-il déclaré à l’AFP à Kiev fin avril 2022, alors qu’il participait à une manifestation en faveur des Ukrainiens piégés dans la ville portuaire de Marioupol.

Ses comptes sur les réseaux sociaux montrent par ailleurs un grand intérêt pour l’actualité. En plus d’y partager des idées pro ukrainiennes, il y critique régulièrement Donald Trump. Selon la presse américaine, il a voté à la primaire démocrate en mars dans l’État de Caroline du Nord, mais serait identifié comme un ancien républicain. C’est aussi dans cet État qu’il s’était barricadé, armé d’un fusil automatique, face aux forces de l’ordre en 2002.

L'efficacité du Secret Service en question

Tard dimanche soir, Donald Trump a remercié les forces de l’ordre « pour leur travail absolument remarquable ». Mais cet incident soulève à nouveau des interrogations sur le Secret Service, deux mois après la tentative d’assassinat contre le candidat républicain en Pennsylvanie.

Le 13 juillet, il avait été blessé à l’oreille par les tirs d’un jeune Américain, abattu par les forces de l’ordre, après avoir fait un mort et deux blessés dans le public d’un meeting de campagne. Cet échec pour le Secret Service avait poussé sa patronne à démissionner 10 jours plus tard.

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Dimanche, « le Secret Service a fait exactement ce qu’il avait à faire », selon le shérif du comté de Palm Beach. D’après lui, si Donald Trump avait été président, l’ensemble du golf aurait été bouclé mais un tel dispositif n’est pas la norme pour un ancien président. Lundi, le président Joe Biden a réclamé « davantage d’aide », et notamment « plus de personnel », pour le Secret Service.

La campagne chamboulée

Donald Trump impute directement cette tentative d’assassinat présumée aux attaques du président Joe Biden et de son adversaire démocrate, la vice-présidente Kamala Harris. La tentative d’assassinat contre Donald Trump en juillet, dont les images du sang coulant de l’oreille du candidat avaient fait le tour du monde, avait poussé son équipe à favoriser les événements de campagne à l’intérieur et installer des vitres pare-balles lors des meetings.

La campagne est de plus en plus tendue, notamment sur le sujet de l’immigration. Donald Trump a par exemple relayé des allégations infondées affirmant que des immigrés haïtiens dans une ville de l’Ohio volaient des animaux de compagnie pour les manger. Donald Trump venait de commencer son discours de campagne à Butler, une petite ville située au nord de Pittsburgh, dans l’État de Pennsylvanie, l’un de ces « swing states » (États pivots) qui feront la décision, le 5 novembre.

Tentative d'assassinat du 13 juillet en Pennsylvanie

Une déflagration. Donald Trump porte la main à son oreille. Pareil événement nourrira des questions (légitimes) pendant des jours, voire des semaines et les théories du complot durant des décennies. Comment un ancien président a-t-il pu être laissé dans la ligne de mire d’un tireur, armé d’un fusil semi-automatique ? L’enquête le déterminera. L’auteur des tirs serait, selon les informations du FBI, Thomas Matthew Crooks, un homme blanc de 20 ans.

D’après les registres de l’État de Pennsylvanie, il y était enregistré comme électeur républicain qui aurait pu voter pour la première fois à la présidentielle de novembre. Le New York Times rapporte qu’il aurait fait, à l’âge de 17 ans, un don de 15 dollars à Progressive Turnout Project, une organisation liée au Parti démocrate dont l’objet est de favoriser la participation électorale. Le jeune homme était positionné sur le toit du hangar d’une entreprise située à un peu moins de 120 mètres de l’estrade où se tenait Donald Trump.

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Plusieurs participants ont témoigné l’avoir repéré sur le toit avant la fusillade et alerté la police locale qui confirme avoir « répondu à un certain nombre de rapports d’activité suspecte », sans donner plus de précisions. Au-delà de la gravité du fait lui-même, chaque observateur est amené à répondre à la question : « Cela favorise-t-il Donald Trump ? » La réponse est assez évidemment positive. Échapper à une tentative d’assassinat renforce à la fois la cohésion de l’électorat déjà décidé à voter pour le républicain et bride de fait les attaques que Joe Biden pourra porter contre lui.

L’ancien président des États-Unis se présentera aujourd’hui à la convention républicaine à Milwaukee (Wisconsin) auréolé de cette image de miraculé qui brandit le poing, alors qu’il vient manifestement d’échapper à la mort. Il pourrait désormais adopter une posture plus consensuelle, comme l’indique son premier message sur Truth Social, son propre réseau social : « Il est plus important que jamais que nous restions unis et que nous montrions notre véritable caractère en tant qu’Américains, en restant forts et déterminés, et en ne laissant pas le mal l’emporter. »

Tout ce qui lestait sa candidature - une première condamnation et trois autres procès à venir ; son soutien à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 ; des défaites à répétition (2018, 2020) - se trouve relégué au second plan. Momentanément ? C’est pour rendre durable cet état passager que les républicains ont frontalement attaqué leurs adversaires démocrates. J.D.

Réactions politiques

« Il ne s’agit pas aujourd’hui d’un simple événement isolé. Le postulat central de la campagne de Biden est de dire que le président Trump est un fasciste autoritaire qu’il faut arrêter à tout prix. Cette rhétorique a directement conduit à la tentative d’assassinat du président Trump », a-t-il avancé dans une tentative assez grossière d’instrumentalisation. « Ils ont essayé de le mettre en prison. Ils ont essayé de le tuer. Cela ne marchera pas », a de son côté artillé le gouverneur du Texas, Greg Abbott.

Pourtant, le profil du tireur - en l’état de ce que l’on en sait - ne correspond pas à la description politique des trumpistes de l’opposant féroce à Trump dont le doigt aurait été armé par les propos des démocrates. De plus, l’acte a été perpétré avec un type d’arme dont les républicains refusent de réglementer la vente, contrairement aux démocrates.

Elle avait parfaitement fonctionné il y a quatre ans, permettant à l’ancien vice-président de Barack Obama de distancer le président républicain sortant au vote populaire (7 millions de voix d’avance) comme au collège électoral (306 grands électeurs contre 232). Elle semblait déjà beaucoup moins bien fonctionner ces derniers mois. Tout d’abord, parce que Joe Biden se présente avec un bilan que sa coalition juge positivement mais qui reflète en creux également des promesses non tenues (salaire minimum à 15 dollars, augmentation des impôts pour les plus riches).

Il sera désormais difficile, pour ne pas dire impossible, pour le camp démocrate de dramatiser l’enjeu de l’élection présidentielle en dépeignant Trump en danger pour la démocratie sans se faire qualifier de pousse-au-crime par les républicains.

Théories du complot et réactions

De nombreux internautes s'étonnent que le tireur à l'origine de la tentative d'assassinat contre Donald Trump n'ait touché que l'oreille de l'ex-président, laissant entendre qu'il aurait pu volontairement rater son tir. "Je n’y crois pas, c’est arrangé. Une petite plaie à l’oreille, ne vous laissez pas berner". Quoi de plus propice aux théories du complot qu'une tentative d'assassinat sur un ancien président ? Plusieurs messages partagés sur X émettent l'idée d'un "coup monté" par Donald Trump lui-même. "Faux sang", "mise en scène", "coup" de Joe Biden ou du Secret service...

D'après les premiers éléments communiqués par les autorités américaines, Thomas Matthew Crooks, l'assaillant de 20 ans qui a tiré sur Donald Trump avant d'être abattu, était armé d'un fusil semi-automatique AR-15. Le jeune homme a tiré plusieurs coups de feu depuis le toit d'un bâtiment situé à quelque 150 mètres du candidat républicain à la présidentielle. Les trois experts interrogés par franceinfo et qui requièrent l'anonymat confirment effectivement qu'en théorie, un tir à cette distance n'est pas difficile.

Mais tous tempèrent leurs propos dans le même sens : "Ça dépend de qui est derrière le fusil et des conditions du tir." "Peut-être que l'arme n'était pas réglée, peut-être qu'il était un peu fébrile. Même si l'AR-15 est "une arme très classique", "très ergonomique", "soit il manquait d'entraînement et était novice dans l'utilisation de l'arme, ou alors s’il l'utilisait régulièrement il n'était pas très bon", estime l'expert girondin. Il prend immédiatement soin de préciser qu’"entre du tir sportif où vous allez tirer allongé, avec votre arme sur un support, avec une cible en papier qui est fixe et dans une situation qui ne génère pas de stress, il y a effectivement une différence.

Parmi ces paramètres, un expert en balistique de l'Yonne avance celui du vent. "Vous avez un projectile qui fait 3,5 grammes, avec le vent, ce projectile sur 150 mètres peut être déstabilisé et être déplacé sur sa trajectoire".

"C'est loin d'être évident de toucher quelqu'un qui bouge. Alors le tireur a-t-il pu faire "exprès" de ne viser que l'oreille de Donald Trump ? "Viser précisément l'oreille à la distance en question, là ce n'est pas possible, donc les théories du complot disant qu'il ne visait que l'oreille pour faire mousser Donald Trump, ça, je n'y crois pas. Vous voyez la taille de la cible ? À 130 mètres ça commence à faire petit", confie l'expert francilien.

Sur X, un internaute qui se présente comme physicien et professeur des universités à l'Université libre de Bruxelles émet par ailleurs l'hypothèse que la balle n'aurait pas vraiment touché l'oreille de Donald Trump. C'est "l'onde de choc" de la balle qui aurait "arraché la peau de M. Trump", avance-t-il. Sur cette photographie du New-York Times, on voit l'onde de choc de la balle qui visait Donald Trump.

L'onde de choc, "c'est plus de la légende urbaine", juge l'expert girondin. Pour être blessé, "il faut qu'il y ait un impact", assure-t-il. Quant à cette photo virale prise par un photographe américain et publiée dans le New York Times, les trois experts près les Cours d'appel appellent à la "méfiance". "Moi j'émets d'énormes réserves. Généralement pour pouvoir apercevoir un projectile il faut des appareils à haute vitesse. Je reste très très réservé sur ce trait blanc.

Réactions internationales

Zelensky, Starmer... Plusieurs dirigeants étrangers ont réagi à l’incident. Sur X, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit «heureux» de savoir Donald Trump «sain et sauf». «Je lui adresse mes meilleurs vœux ainsi qu'à sa famille (...) L'État de droit est primordial et la violence politique n'a sa place nulle part dans le monde. Nous espérons sincèrement que tout le monde sera en sécurité.» De son côté, le premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit «très, très inquiet».

Tableau récapitulatif des incidents

Date Lieu Description Suspect Conséquences
13 juillet Butler, Pennsylvanie Donald Trump blessé à l'oreille lors d'un meeting. Un spectateur tué. Thomas Matthew Crooks Campagne perturbée, questions sur la sécurité
Dimanche (récent) West Palm Beach, Floride Coups de feu près du club de golf où jouait Donald Trump Ryan Wesley Routh Enquête du FBI, questions sur le Secret Service

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