Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Brest, en France, fut le théâtre de violents combats, notamment marqués par des tirs de mortier intensifs. Cet article se penche sur ces événements, en explorant les unités impliquées, les pertes subies et les figures marquantes de cette période tumultueuse.
Yves Talarmain, né en 1886 au pays des Abers, à Tréompan (Ploudalmézeau, Finistère), a mené une carrière dans la marine nationale comme fusilier marin. Après avoir navigué sur de nombreux navires, il prend sa retraite d’officier marinier en 1932. En mars 1932, il revient à Ploudalmézeau et vit paisiblement, s’occupant principalement de sa famille et de son jardin.
Il devient vice-président de l’association des médaillés militaires du canton, ce qui lui permet de rendre service autour de lui car cette association avait l’entraide pour vocation. Elle lui permet aussi de tisser des liens locaux que ses longues absences au service de la marine avaient forcement distendus. Ces liens s’avéreront très utiles pour la suite de son action.
Une attestation datée de décembre 1946 de Pierre Plouët, délégué des mouvements de résistance Libération Nord et Défense de la France auxquels Yves appartenait, affirme que pendant cette période, il à : "par tous les moyens remonté le courage des jeunes et des indécis - [et effectué la] distribution de tracts Défense de la France. Il mentionne également : "Français probe et courageux forçant l’estime de son entourage".
Yves était un spécialiste du maniement des armes. Il se chargea, en cachette, dès janvier 1944, de la formation de jeunes recrues du bataillon de Ploudalmézeau. Il opéra avec le grade d’adjudant. Son fils Alain, lui aussi spécialiste du maniement des armes, le rejoint en début 1944. L’attestation citée plus haut mentionne clairement son action: "formation d’un groupe de résistance de 12 hommes (qu’il a recruté lui-même parmi ses proches, dont son fils Alain). Instruction militaire de ce groupe (maniement des armes etc..) effectué sur le terrain (dès janvier 1944). Incorporé au bataillon FFI de Ploudalmézeau le 6 août 1944. A différentes reprises a été désigné pour prendre le commandement de patrouilles (3 groupes de 12 hommes)".
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Après un parachutage d’armes à Pont-Ours en Plouguin, le 2 août, le rassemblement du bataillon FFI s’effectue rapidement à Kergoff en Tréouergat (29) au nez et à la barbe des nombreux Allemands présents dans la région - en particulier des 287 soldats de la station radar de Saint Pabu qui était toute proche et qui ne se rendirent que le 11 août à la résistance.
Yves est chef du 2e groupe de la 3e section du lieutenant Gabriel André - section de la 1ère compagnie d’un bataillon qui se composait d’environ 1100 volontaires, en y incluant des Russes blancs ralliés à la résistance. Dès le début août 1944, ce bataillon -ainsi que les autres troupes FFI des environs- armés essentiellement d’armes légères parachutées ou prises à l’ennemi servent de fantassins, d’éclaireurs, d’auxiliaires, de sources de renseignement etc.. aux Américains de la 6e division blindée du général Grow de l’armée de Patton, puis, après la mi-août, furent adjoints à la 29e division d’infanterie du Général Geerhardt.
Yves est de pratiquement tous les combats jusqu’à sa mort le 6 septembre : "toujours volontaire" comme il est écrit dans sa citation de la Légion d’Honneur. Il participe en particulier aux combats pour la prise de Trézien, Kervélédan, Kergounan, Corsen, d’Illien et de la presqu’ile de Kermorvan ou il perdit la vie. Yves eut l’épiderme de la main droite arraché par un éclat de mortier lors de ces assauts. Quelques soins lui furent prodigués et il retourna aussitôt au combat.
Le mercredi 6 septembre, à l’orée de la presqu’ile de Kermorvan (lieu dit Lanfeust), en fin d’après midi, par temps calme, deux patrouilles FFI, dont celle conduite par Yves "ont mission de contrarier les mouvements des Allemands autour des anciens forts. Tout à coup, les mitrailleuses se déchainèrent et des obus de mortier se mirent à pleuvoir. Ces armes étaient disposées pour prendre la route en enfilade" a raconté Paul Simounet, un des FFI du groupe d’Yves.
Les Allemands voyant la manœuvre qui a précédé, ont eu le temps d’ajuster leur tir… et il tombe frappé en pleine poitrine d’une seule balle qui le traverse de part en part. Pour faits de guerre, il est promu au grade de maître de réserve pour compter du 5 septembre 1944, veille de son décès. Yves a été nommé, à titre posthume, au grade de chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 20 janvier 1948. La ville de Ploudalmézeau a débaptisé la route de Plouguin où il demeurait pour la dénommer "rue Yves Talarmain". Une première stèle a été érigée par la famille, près du hameau de Lanfeust, sur la route des blancs sablons, à l’endroit même où Yves est tombé.
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Voici quelques données sur cet évènement du côté du CCA 6 : Le 212th Armored Field Artillery Battalion roule toute la journée du 7, et le 8 août à 5h00, il prend position 2 kilomètres au nord de Gouesnou. A 10h00, les défenseurs de Brest ouvrent le feu sur le CCA avec leurs mortiers, artillerie, obus antichar en grandes concentrations sur ses positions. Près de 500 coups tombent dans le secteur dans un bref délai, et le 212nd Armored Field Artillery Battalion déplore 5 pertes.
Dans la matinée du 8 août, l'avant-garde du 68th Tank Battalion, à laquelle sont rattachés la Company C et un peloton de la Company D, est lourdement bombardée par l'artillerie ennemie, des tirs directs et des tirs de mortier lourd. Malgré les avions de liaison qui tentent vainement de repérer les positions dissimulées, les tirs de contre-batterie sont inefficace, et le pilonnage sans merci continue pendant quatre heures et demi sans répit. Lorsque le CCA subit le bombardement d’artillerie, la majorité des tirs tombent principalement sur le 44th Armored Infantry Battalion et ce dernier déplore de lourdes pertes.
Michel Jean François Gentil est l’un des fils du responsable syndical agricole de Plouzané et Locmaria-Plouzané. En février 1944, son frère aîné Joseph est contacté par Sébastien Ségalen pour former un groupe de Résistance. C’est le début du Groupe Marée auquel se greffent de manière naturelle, les quatre frères Gentil et leur cousin Yves Gentil.
Après le débarquement en Normandie, l’ossature des compagnies F.F.I se précise. Le Groupe Marée fait désormais partie des effectifs du Groupement Cantonal F.F.I de Saint-Pierre-Quilbignon de Brest-Ouest. Malgré l’arrivée des américains dans le secteur de Lesneven le 8 août, les consignes pour Michel et ses camarades sont toujours d’attendre. Le manque d’armes rend caduque une grande partie des plans. À défaut de pouvoir se battre, les F.F.I de Plouzané aident comme ils peuvent les réfugiés brestois.
Le régiment ad hoc fut appelé Task Force Sugar et fut composé d'une section de FFI, d’éléments des deux bataillons de Rangers, une troupe de cavalerie, plus deux bataillons d'infanterie de la 29th ID, appuyés par un bataillon d'artillerie et une batterie de mortiers de 4.2 inch. La batterie elle-même présenta aux Rangers ses obus qui résonnaient comme des trains de marchandises au dessus des têtes. La batterie Graf Spee, toujours à portée et protégée contre les attaques venant de terre, coûta aux Rangers 2 morts et 5 blessés.
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Le 5 septembre, Arnold essaya le genre d'appui aérien rapproché qui avait si bien fonctionné pour Sullivan, mais les chasseurs étaient des P-38, nouveaux dans ce rôle. L'un d'eux largua une bombe sur les Rangers, heureusement sans faire de victimes. Le 6 septembre fut une journée de durs combats, les compagnies d'Arnold lançant une attaque de diversion autour de Kergolleau, pendant que la TF Slater (-) reprenait la colline 63. Les deux forces furent durement touchées par des 88 et de l’artillerie automotrice, Ramcke s’étant rendu compte que sa croûte de défense était en danger de rupture.
Jean Marie Roudaut s’engage volontairement dans la Marine nationale le 10 mai 1939. Le 20 novembre 1943, il est contacté par le mouvement Défense de la France (D.F). Il fait partie des effectifs recrutés pour former l’embryon d’une unité paramilitaire. Le 5 août, sur ordre, il prend le maquis et participe à la distribution des armes et à la préparation à l’insurrection.
Après ces combats, son unité est déployée à l’Ouest de Brest, pour la réduction de la poche allemande du Conquet. Lors d’une patrouille, Jean Roudaut est détaché auprès d’une unité américaine (Rangers). Il est blessé lors de la prise de Kergounan à Ploumoguer par un tir de mortier le 6 septembre 1944 vers 18h30. Quatre autres soldats F.F.I de sa section sont également touchés.
En mars 1944 Brest est chefdu Groupe Mobile 1 (G.M1) du Camp Martin. Le 07 avril 1944, jour de "Vendredi Saint", commence l'opération "Frühling" ou "Printemps". Huit heures: Brest est en position avec son groupe à la Versanne. Il est proche du GM2 Rémy lors de l'attaque du camp par les Allemands.
Vers onze heures quatre hommes du groupe Rémy tombent touchés par les tirs de mortier mis en batterie par les soldats allemands. Brest et son groupe sont également atteints et des hommes sont blessés (un en particulier l'est très grièvement au ventre par un éclat de mortier) : Hecvar (Vacher Georges ; il décédera le 21 avril après avoir erré seul dans la forêt et retrouvé après maintes recherches). Brest, chef hors pair, se distingue particulièrement au cours de ce combat.
Dès le début du siège de la « forteresse de Brest » par l’armée américaine, la Kriegsmarine engagea non seulement ses unités d’alarme dans la défense de la place mais elle mit aussi des soldats supplémentaires à la disposition du commandant de la forteresse. Parmi les unités d’alarme se trouvait aussi la petite section formée par les marins de la 7e Vorpostenflottille qui, selon les souvenirs de son officier responsable, le lieutenant de vaisseau Cordsmeier, s’était entraînée une fois par semaine sur la partie est de la forteresse afin de permettre aux marins de mieux connaître le terrain et d’apprendre le combat terrestre en tant que fantassins.
Quand la garnison de la forteresse avait été mise en alerte le 1er août 1944, le petit groupe avait quitté les locaux de la flottille sur le boulevard Gambetta près de la gare et s’était rendu dans l’ancienne caserne coloniale au centre-ville. Ils furent rattachés à une compagnie d’infanterie de l’armée de terre avant de gagner leurs positions dans le secteur est de la forteresse.
Le 22 août 1944, la 7e Vorpostenflottille reçut l’ordre de quitter Brest vers le sud où la flottille devait être dissoute et les équipages expérimentés renvoyés en Allemagne pour être rengagés sur d’autres unités de la Kriegsmarine. Peu de temps après son départ, la flottille composée d’anciens chalutiers transformés en navires de guerre auxiliaires fut interceptée dans la baie d’Audierne le 25 août 1944 par des contre-torpilleurs britanniques et complètement anéantie dans un combat inégal.
Le 25 août 1944 l’armée américaine lança son assaut final contre la forteresse de Brest. Les avions américains attaquèrent systématiquement les derniers bateaux allemands en rade et au port. Du côté de l’École navale, le soldat des transmissions, Erich Kuby, fut témoin de ces attaques : « Sur le miroir bleu flottait encore certains de nos navires. Ils étaient immobiles et du ciel bleu les bombardiers miroitaient sur eux comme des faucons crachant du feu. La mer autour des navires bouillait sous les balles qui n’avaient pas atteint leur destination, et les navires partaient en flammes. Certains avançaient comme de grands paniers de feu sur le miroir bleu là-bas, d’autres tiraient d’énormes colonnes de fumée derrière eux, peut-être dans l’espoir d’encore atteindre une plage. Des canots quittaient les navires. Aucun coup de notre part n’a riposté aux attaques. »
Le 6 août 1944, le contre-amiral Negadelle donna l’ordre de la dissolution de l’Unité Marine Brest. Les marins-pompiers voulurent quitter leur caserne, ils en furent empêchés par les soldats allemands. Sur ordre des autorités d’occupation ils devaient rester à l’arsenal.
Le 27 août, le nouveau commandant de la forteresse de Brest, le lieutenant-général Ramcke, signala un effectif de 37 058 hommes pour la garnison allemande. Dans la nuit du 31 août 1944, l’armée américaine s’empara de la presqu’île d’Armorique au sud-est de la rade de Brest. Quelquefois les soldats allemands et américains combattaient à quelques mètres de distance. À Kerrognant, au nord de Brest, un officier de l’infanterie américaine vit ses hommes jeter des pierres sur les positions allemandes car ils étaient trop près pour l’utilisation de grenades à mains.
Le compte rendu d’un soldat du 2e Fallschirmjägerregiment qui avait été affecté à une unité d’infanterie mixte dans le secteur ouest de la forteresse donne quelques détails sur les rapports entre soldats et marins dans les tranchées. L’unité occupait une position fortifiée à côté de Saint-Pierre-Quilbignon qui se composait de plusieurs postes de combats dans des tobrouks autour d’un grand abri servant de logement. Le 14 septembre 1944, cette position fut attaquée par des soldats américains. Le parachutiste Adolf Klein se souvient : « Nous combattons les Américains sur courte distance par des tirs de mortier - mais pas un seul fusil ou mitrailleuse ne tire. Je cours le long de la tranchée, - tout est vide - les marins s’étaient enfuis dans l’abri, sans armes, prêts à se rendre. Avec mon arme, je les fais regagner leurs positions. Mais cela n’aidait point, quand je retournais à mon groupe, ils se retiraient à nouveau dans l’abri. Ainsi, la position n’était pas à garder […]. »
Le 5 septembre 1944, les troupes américaines parvinrent à percer les lignes allemandes à l’ouest de Brest et elles atteignirent les rives du Goulet près du Fort Minou. Avec l’occupation de la rive nord du Goulet, les Américains coupaient également la liaison entre Brest et la pointe Saint-Mathieu à partir de laquelle la batterie côtière lourde « Graf Spee », avec ses canons de 280 mm, avait massivement gêné l’avancée américaine contre la forteresse de Brest. Cette batterie devint par la suite la cible majeure des troupes américaines et capitula le 9 septembre 1944.
Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1944 les dernières unités navales allemandes, quatre petits patrouilleurs de la flottille de protection du port et la vedette lance-torpilles S 112, quittèrent la base sous-marine.
Ce tableau récapitule les pertes subies par le 212th Armored Field Artillery Battalion lors des tirs de mortier à Brest en août 1944.
Nom | Batterie | Type de Perte | Date |
---|---|---|---|
Pfc. Russell H. Clement | A | Tué instantanément | 8 août 1944 |
Pfc. C. William Holder | A | Décédé des suites de blessures | 11 août 1944 (environ) |
Pvt. Hillery H. Bell | A | Gravement blessé | 8 août 1944 |
T/5 Russell E. Hergesell | B | Gravement blessé | 8 août 1944 |
T/5 Lonnie Jones Jr. | B | Gravement blessé | 8 août 1944 |
Les combats à Brest en 1944 furent marqués par des tirs de mortier intenses, causant des pertes significatives et exigeant un courage exceptionnel de la part des combattants des deux camps.
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