Les Champs-Élysées, avenue emblématique de Paris, ont été le théâtre de nombreux événements marquants, allant de célébrations joyeuses à des actes de violence choquants. Cette histoire tumultueuse témoigne des défis auxquels la ville a été confrontée à différentes époques.
La liesse populaire qui a suivi la Libération de Paris en août 1944 a été temporairement perturbée par la présence de "tireurs des toits". Ces miliciens, au service de l'ennemi, ont entretenu un climat de tension en effectuant des tirs sporadiques. Les Parisiens, rassemblés pour célébrer la fin de quatre ans d'Occupation, étaient momentanément dispersés par ces tirs, avant de reprendre leurs acclamations.
La menace était bien réelle, puisque les sapeurs-pompiers du groupe de résistance "Sécurité parisienne" montaient la garde en armes sur les toits. Dans la nuit du 26 août, la Luftwaffe a même bombardé la capitale.
Alexandre Sumpf a étudié en détail « Le défilé de la victoire sur les Champs-Élysées en 1944 ».
Défilé de la Victoire sur les Champs-Élysées, 1944
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Le 14 juillet 2002, lors du défilé de la Fête nationale, Maxime Brunerie, un ancien militant d'extrême droite, a tenté d'assassiner le président Jacques Chirac. Il est un peu plus de 6 heures, en ce jour de fête nationale, quand il sort de son lit. "J'ai dormi normalement. Je suis dans un état second car je suis convaincu que je vais mourir dans quelques heures", se remémore-t-il sur Europe 1.
"Rasé, douché, je quitte le pavillon familial de Courcouronnes [Essonne] au petit matin, la 22 long rifle planquée dans l’étui à guitare de mon père", confie-t-il à Paris Match. Deux mois plus tôt, Maxime Brunerie a choisi sa cible et la date de sa "folie suicidaire et mégalo" de manière aléatoire, comme il l'explique dans Paris Match : "Mon regard s’est posé par hasard sur le calendrier avec, en rouge, la date du 14 juillet (...) Je n’avais pas de haine particulière envers Jacques Chirac. Puisque mon existence était minable, il fallait que je prenne ma revanche, que je parte en beauté..."
Il arrive entre 8h30 et 9 heures sur le haut des Champs-Elysées. Il n'a pas fait de repérage particulier et se glisse au milieu des badauds venus admirer le traditionnel défilé militaire. "A l'époque, on n'avait pas la même attention qu'aujourd'hui concernant les armes et le terrorisme. Maxime Brunerie se rapproche des barrières de sécurité et se positionne pour attendre Jacques Chirac.
Le chef de l'Etat doit descendre la plus belle avenue du monde après avoir passé les troupes en revue sur la place de l'Etoile, puis rejoindre la tribune officielle place de la Concorde. Un peu avant 10 heures, le "command car" blindé du président se met en route. "Noyé dans cette ambiance de kermesse patriotique, j’attends que le président passe à ma hauteur. Je sors mon arme, vise au mieux la tête de Jacques Chirac.
Un léger claquement retentit. Jacques Chirac, lui, reste imperturbable et continue de saluer le public. Dans le public, Maxime Brunerie recharge sa carabine et tente de retourner l'arme contre lui, mais le 22 long rifle n'est pas si maniable.
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"J'ai tiré l'arme vers moi, raconte à La Dépêche du midi Jacques Weber, un infirmier psychiatrique alsacien. Heureusement, j'étais plus fort que mon antagoniste. De la main droite, j'ai empoigné la crosse et tourné la 22 long rifle vers le haut. Eric Legros, directeur de foyer à Boulogne-sur-Mer, rentre également dans la mêlée et maîtrise le tireur en le plaquant au sol et en montant sur lui. "Il m'a dit : 'Pourquoi vous me tenez si fort, c'est pas si grave que ça !'", témoigne Eric Legros au procès de Maxime Brunerie.
Pendant que Maxime Brunerie est maîtrisé et emmené par la police, la nouvelle se répand chez les officiels. "Le président est arrivé et Philippe Massoni, conseiller pour les questions de sécurité intérieure, lui a dit qu'il avait échappé à un attentat. C'était un vieux soldat. Il avait le cuir aguerri.
"L'auteur du coup de feu est un jeune militant d'extrême droite à la dérive (...) Ce n'est pas moi qui étais visé, mais ce que je représente. Maxime Brunerie doit quant à lui répondre de ses actes : il est condamné en 2004 à dix ans de réclusion criminelle. À sa sortie de prison en 2009, au micro d'Europe 1, il tentait encore d'expliquer son geste, évoquant notamment le surmenage : "J'ai complètement pété les plombs, tout simplement.
L'attaque terroriste survenue ce jeudi n'est pas la première à se produire sur les Champs-Elysées. En 1986, une série d'attaques sur l'avenue avait fait plusieurs morts en quelques mois.
Jeudi 20 avril vers 21 heures, une fusillade a eu lieu sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris. Un policier a été tué dans cette attaque rapidement revendiquée par l’organisation État islamique. D’après les informations de France Info, un fusil à pompe et des armes blanches auraient été retrouvées dans le coffre de la voiture de l’homme.
Le quotidien Le Monde, il s’agirait d’un habitant de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), âgé de 39 ans et dénommé Karim C. Il serait connu des services de police en raison d’une affaire remontant à 2001 concernant des « faits de violence ».
Plusieurs attentats ont déjà frappé les Champs-Elysées. Lundi, un homme de 31 ans, islamiste radicalisé, a foncé avec sa voiture chargée d'une bonbonne de gaz et d'armes sur des gendarmes sur les Champs-Élysées à Paris, sans faire de blessés, avant de mourir dans cet attentat raté, près de deux semaines après une attaque djihadiste sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame.
Sur les Champs-Élysées, un lourd dispositif policier et militaire avait été déployé et la circulation coupée pendant quelque temps. Alexandre, 51 ans, était assis sur un banc de l'avenue lorsqu'il a vu « des gens courir dans tous les sens, des touristes. Certains m'ont crié de partir », a-t-il dit à l'AFP.
Trois jours avant le premier tour de la présidentielle, les Champs-Élysées avaient déjà être le théâtre d'un attentat lorsque Karim Cheurfi avait tué par balle, le 20 avril, un policier, Xavier Jugelé, et blessé deux autres, avant d'être tué. Une attaque revendiquée par le groupe État islamique (EI).
Les violences contre les policiers sont en augmentation ces dernières années. Une hausse est notamment remarquée depuis 2018.
Outre les attentats terroristes, les Champs-Élysées ont également été le théâtre de règlements de comptes et d'autres actes de violence. Un contrat sur les Champs-Élysées, à l'heure des croissants. Il est un peu plus de 6 heures, en ce dimanche matin brumeux, sur l'avenue George-V, à Paris, lorsque deux tueurs à moto lâchent leurs rafales en direction d'une Smart Fortwo gris métal immatriculée en Allemagne, qui quitte sa place de stationnement, en contrebas du célèbre palace. Les blessés respirent encore. Un des policiers prodigue sur le conducteur les premiers soins d'urgence : arrêt de l'hémorragie et réanimation cardiaque.
Un homme qui circule à trottinette est la cible d’un tir de carabine sans être blessé. En fait, le tireur sévissait depuis une semaine. La victime la plus médiatisée est Hissam, un étudiant de 19 ans résidant à Rosny-sur-Seine, interrogé par Le Parisien.
Dans la soirée du 3 février 1986, une bombe placée dans une poubelle explose dans la galerie marchande du Claridge et fait un mort et huit blessés. Un peu plus d'un mois plus tard, une nouvelle bombe explose à une heure de forte affluence à l'entrée de la galerie Point show. Deux personnes sont tuées et une vingtaine de personnes blessées.
En septembre de la même année, la célèbre avenue parisienne est à nouveau touchée par un attentat à la bombe au pub Renault. La police est alors prévenue et deux policiers tentent d'éloigner la bombe en la descendant au sous-sol lorsqu'elle explose. L'un des policiers est tué sur le coup, l'autre succombera quelques jours plus tard.
Ces attentats ont été revendiqués par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient, un groupuscule lié au Hezbollah. Le Premier ministre de l'époque, Jacques Chirac, qualifie ces événements tragiques de "situation de guerre".
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