Un événement préoccupant s'est déroulé à Drancy, en Seine-Saint-Denis, vendredi 2 mai, où un homme a été grièvement blessé par le tir d'un policier.
Une équipe de police a arrêté un motard pour le contrôler lors d'une intervention contre un rodéo urbain vers 19h30 dans le quartier de l'Avenir. Alors que les policiers avaient réussi à intercepter un deux-roues, plusieurs individus se sont regroupés autour des policiers, tentant de récupérer la moto, selon une source proche du dossier. Les forces de l'ordre auraient subi des jets de projectiles.
Un agent a utilisé son arme de service à plusieurs reprises. Il aurait tiré en l’air pour disperser l’attroupement, d’après une source policière six balles auraient été tirées. Un des tirs a alors touché un homme à la cuisse.
Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre une altercation très virulente opposant deux motards de la police à plusieurs jeunes. Dans cette vidéo, on aperçoit trois jeunes prendre à partie les policiers qui tiennent en joue les individus, près d’un motocross à terre.
L’un des deux policiers est équipé d’un pistolet à impulsion électrique et l’autre de son arme de service. Le second effectue au moins deux tirs en l’air, en guise de sommation, invitant à reculer les trois individus, dont un jeune homme avec un pull rouge, qui serait l’utilisateur du motocross, et un autre qui met au défi le policier de « tirer ».
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Alors que le policier qui a sorti son arme tient en joue deux individus, un troisième agresseur, qui arrive par-derrière, bouscule d’un coup de pied ce dernier qui tente de rester sur ses jambes, sans succès car déséquilibré à nouveau par l’homme en rouge. Dans un second temps, le policier, dans sa chute, semble tirer au moins trois fois, cette fois-ci en direction de l’un de ses agresseurs. « Il n’y a aucun doute sur le caractère de légitime défense de ce tir », estime une autre source locale. D’après une source policière, c’est « dans le cadre » des tirs de sommations « qu’il a été fait usage de l’arme » de service.
La victime, un jeune de 18 ans touché à la cuisse, a été prise en charge et transportée en urgence à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil. Son pronostic vital n'était pas engagé dans la soirée.
Les deux policiers ont également été pris en charge à l’hôpital : celui qui a tiré pour des douleurs cervicales et au dos, l’autre en état de choc. Un policier a lui aussi été blessé en tombant sur le dos.
Trois individus ont été interpellés pour outrage et rébellion après l’intervention. Des premières échauffourées - notamment des tirs de mortiers, selon une source proche du dossier - ont eu lieu sur place malgré la présence de nombreuses forces policières, dont la Brav-M. Trois interpellations ont été effectuées vendredi soir, vers 22 heures.
Deux enquêtes ont été ouvertes en lien avec les faits survenus vendredi soir à Drancy. «Il y a deux procédures en parallèle, l’une confiée au service départemental de la police judiciaire pour les violences sur les policiers, et l’autre confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour l’ouverture du feu», a déclaré à l’AFP le ministère public.
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Trois personnes sont en garde à vue dans le cadre de la procédure ouverte du chef de tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, a précisé le parquet.
Selon nos informations, la scène aurait été filmée par les caméras de vidéosurveillance de la Ville. «Beaucoup de vidéos sont en cours d’exploitation» pour faire la lumière sur le déroulé exact des événements de la soirée, a souligné le parquet.
«Rien ne justifie que l’on s’oppose par la violence à un contrôle de police. La justice fera toute la lumière sur les conditions dans lesquelles mes policiers ont dû protéger leur intégrité physique», a déclaré sur X le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez.
Pour sa part, la députée ex-LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a estimé sur X que l’incident de Drancy constitue «un fait de société».
Selon une étude de trois chercheurs, révélée par « Ouest-France », les tirs mortels de policiers sur des véhicules en fuite ont fortement progressé depuis 2017 et un assouplissement de la législation. En novembre 2016, les policiers avaient manifesté dans toute la France après l’agression de collègues à Viry-Châtillon (Essone). Une des revendications étaient alors la modification de la loi sur l’usage des armes.
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Le policier qui avait tiré et tué Nahel, 17 ans, le 27 juin 2023 à Nanterre, sera jugé pour meurtre. Au-delà de la responsabilité individuelle de ce fonctionnaire, que jugera l’an prochain la cour d’assises des Hauts-de-Seine, trois chercheurs viennent de publier une étude (1) sur le changement de loi, en 2017, concernant l’usage des armes par les policiers. Cet assouplissement de la réglementation a-t-il modifié le comportement des policiers ?