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Dimanche 24 avril, peu avant minuit, à Paris, deux personnes ont été abattues et une troisième blessée par la police. Un membre d’une patrouille de cinq policiers à pied aurait ouvert le feu, après qu’un véhicule qu’ils souhaitaient contrôler leur aurait foncé dessus.

Les premières dépêches, trois heures après le drame, font état d’une Volkswagen Polo roulant à contresens quai des Orfèvres, sur l’île de la Cité. Estimant son comportement suspect, les policiers veulent le contrôler : c’est alors que la voiture aurait démarré et foncé sur l’un d’eux, qui réussit à l’éviter.

Le conducteur de 25 ans est mort au volant, un passager de 31 ans est sorti de la voiture avant de s’écrouler. Tous deux étaient nés à Paris et résidaient dans le XXe arrondissement. Leur identité n’a pas été révélée mais tous deux étaient « défavorablement connus des services de police » : stupéfiants, voire proxénétisme.

Dix cartouches auraient été tirées, six faisant mouche. Tir en rafale (peu compatible avec le résultat) ou plusieurs tirs successifs ? Cette dernière hypothèse, peu concevable avec la légitime défense invoquée par les policiers, semble renforcée par deux témoignages rapportés par l’AFP. L’un a entendu quatre tirs seulement et l’autre « deux coups de feu suivis de plusieurs autres ».

Les faits s’étaient déroulés le dimanche 24 avril au soir, quelques heures après la réélection d’Emmanuel Macron. Une patrouille de cinq policiers s’est alors dirigée vers une voiture garée à contresens, feux de détresse allumés, pour contrôler le véhicule, selon le compte-rendu d’intervention de la police. Alors que les policiers s’approchaient de l’avant de la voiture, celle-ci a démarré et aurait « foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter », toujours selon la version déclarée alors par les policiers.

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L'enquête et les contradictions

Mais les premiers éléments de l’enquête auxquels ont eu accès Médiapart et Libération viennent contredire cette version : « Les premières analyses balistiques réalisées sur la voiture révèlent des impacts de face, mais aussi sur le côté et à l’arrière, alors que le véhicule avait dépassé Quentin L. et ne représentait plus de danger.

Fadjigui, le conducteur, a en effet été touché à l’arrière de la tête, ainsi qu’« au thorax et aux membres inférieurs, par quatre ou cinq balles au total », selon le rapport de synthèse de l’IGPN, mentionné par le quotidien. Boubacar, le passager tué, a quant à lui reçu trois balles dont l’une dans le thorax, qui a provoqué sa mort. Des éléments de l’enquête viennent également contredire le fait que le policier aurait tiré sur la voiture en fuite, l’un des agents estimant « que les tirs n’ont pas fait suite au démarrage de la voiture, mais ont été simultanés, voire l’ont précédé ».

Selon des éléments de l’enquête dévoilés mardi par Mediapart et Libération, le policier a invoqué la légitime défense, après avoir tiré à dix reprises. Ses balles mortelles ont atteint les victimes par le côté et l’arrière, une trajectoire qui ne semble pas compatible avec cette thèse de la légitime défense.

Les victimes

Ils s’appelaient Boubacar et Fadjigui et étaient âgés respectivement de 31 et 25 ans. Ces deux frères, nés à Paris, résidaient dans le XXe arrondissement de la capitale. Le passager arrière, âgé de 42 ans et inconnu des services de police, avait été blessé au bras et hospitalisé.

Suites judiciaires et réactions

« Tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique » : c’est l’intitulé de la deuxième enquête, confiée à la police judiciaire. La différence de ces incriminations rapportée aux faits bruts tels qu’ils sont connus peut aussi interroger. Enfin, si les refus d’obtempérer ne sont pas rares, ils entraînent rarement - et heureusement - la mort de leurs auteurs.

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Le policier qui le 24 avril avait tiré sur une voiture qui fonçait sur ses collègues après un refus d’obtempérer a été mis en examen pour « homicide volontaire ». La sœur des deux victimes qui a porté plainte pour « homicide volontaire » dénonce ce drame ainsi que l’attitude de l’agent mis en cause : « En visant dans la tête, surtout avec une arme de guerre en l’occurrence, le policier savait qu’il allait tuer la personne.

Le Procureur de la République, après la fusillade sanglante du Pont-Neuf le 24 avril au soir, avait ouvert une information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et déferré l’agent à l’issue d’une garde à vue de quarante-huit heures.

Après la mise en examen du policier Quentin L., pour « homicide volontaire », à l’encontre du conducteur, « violences volontaires ayant entraîné la mort » concernant le passager décédé, et « violences volontaires » à l’encontre du passager arrière, le syndicat de police Alliance, avait manifesté le 2 mai place Saint-Michel en soutien.

Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire "sauf exception", de paraître à Paris, d'entrer en contact avec le service de police auquel il appartient pendant six mois, d'exercer en tant que policier impliquant un contact avec le public, de porter une arme et de contacter les victimes.

Armement

C’est ce qui explique aussi que le policier ait été équipé d’un fusil d’assaut HKG36. Une précision au passage. Cette arme, ainsi que le Sig, ont été généralisés en 2002.

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Ce fusil d'assaut de modèle HK G36 a-t-il tiré en rafale, ou coup par coup ? Comment était-il réglé ? Cela fait partie des questions auxquelles tente de répondre l'Inspection générale de la police nationale (l'IGPN ou "police des polices") qui a été saisie, selon une source policière - comme c'est le cas systématiquement dès qu'un policier fait usage de son arme. L'enquête porte également sur la position de la patrouille et va utiliser la vidéoprotection pour comprendre ce qu'il s'est passé.

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