La Corée du Sud est reconnue mondialement pour son excellence dans le domaine du tir sportif, notamment au tir à l'arc. Cette domination est le fruit d'une longue histoire, d'investissements stratégiques et d'une culture de compétition intense. Plus que jamais, le pays du Matin calme règne sur la discipline. Cette hégémonie, quasi-totale sur la discipline, est impressionnante.
Pour en trouver les explications, il suffit de se replonger dans l’histoire olympique moderne. Cette réussite du pays du Matin calme trouve en effet grandement son origine dans l’attribution des Jeux de 1988 à Séoul.
En 1981, la ville de Séoul est désignée pour accueillir les JO de 1988. Les autorités politiques misent sur le tir à l’arc pour briller à domicile. Dès lors, tous les élèves du pays sont invités à pratiquer cette discipline de précision et de concentration, apparue aux JO de 1900 à 1920, puis réintroduite en 1972 à Munich.
Plusieurs actions ont été mises en place. En premier lieu, la pratique du tir à l’arc a intégré les programmes scolaires, du primaire jusqu’à l’université, dans l’idée de renforcer le vivier d’archers de haut niveau, et de déceler précocement les talents. Dès l’âge de dix ans, les Coréens les plus prometteurs peuvent ainsi bénéficier d’un entraînement quasi professionnel, avec un gros volume horaire. En parallèle, pour fournir des moyens aux archers, les entreprises privées, dont le géant de l’automobile Hyundai, ont été incitées à sponsoriser les équipes de tir à l’arc. Ce pays de l’Asie de l’Est peut alors compter sur la firme automobile Hyundai en tant que sponsor, qui finance aussi les épreuves de Coupe du monde.
Cette politique a porté ses fruits dès les olympiades de 1984, à Los Angeles, avec deux médailles décrochées. En 1988, le succès est presque total : deux titres dans les deux épreuves par équipes masculine et féminine, une médaille d’argent chez les hommes, et un triplé retentissant chez les femmes.
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La formation du tir à l'arc sportif s'est développée. Là-bas, la pratique à haut niveau passe par le système scolaire, commence en école primaire pour se terminer en sélection nationale. En 40 ans (depuis les Jeux de Los Angeles en 1984 et le premier titre sud-coréen), sur 45 médailles d'or attribuées aux JO, la Corée du Sud en a remporté 32.
Ceux-ci sont d’ailleurs aujourd’hui reconnus comme de véritables références dans la discipline, à tel point que les nations étrangères cherchent désormais à attirer des techniciens sud-coréens dans leurs fédérations. En 2000 à Sydney et en 2004 à Athènes, tous les athlètes titrés ont été entraînés par des techniciens sud-coréens.
La France en tête : depuis deux ans et demi, les Bleus sont ainsi dirigés par Oh Seon-tek, ancien membre du staff coréen lors des Jeux olympiques de Sydney (2000) et de Londres (2012). « Il a initié beaucoup de changements, témoignait ainsi en début d’année l’archer rennais Nicolas Bernardi, remplaçant sur ces Jeux olympiques 2024. On tire beaucoup plus qu’avant, l’entraînement est plus structuré. En termes de musculation, on est beaucoup plus sur du poids de corps et du renforcement au niveau des épaules, afin qu’on ait une position plus relâchée. En France, avant, on avait surtout un tir en force.
La Corée du Sud a triomphé aux Invalides lors des Jeux Olympique de Paris 2024. La Corée du Sud a réussi un sans-faute aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Cinq médailles d'or remportées sur les cinq mises en jeu. Le Sud-Coréen Kim Woo-jin s'est enfin paré d'or en individuel aux Jeux olympiques, en dominant en finale l'Américain Brady Ellison à la flèche en or, parachevant le triomphe du pays du matin calme qui réalise le grand chelem sur l'Esplanade des Invalides.
À Paris, il réalise le triplé, puisqu'il a été sacré champion olympique par équipes avec Kim Je-deok et Lee Woo-seok, et dans l'épreuve mixte avec Lim Si-hyeon. Lim réalise elle aussi le triplé, puisqu'avec Jeon Hun-young et Nam Su-hyeon, elle a pris l'or par équipes et l'or individuel. La Corée du Sud réalise ainsi le grand chelem.
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Kim Woo-jin, sacré dimanche en individuel, va quitter la capitale française avec trois médailles d'or autour du cou (individuel, équipes et mixte), tout comme sa compatriote Lim Si-hyeon. En individuel, les Sud-Coréens n'ont laissé filer que deux médailles : Lisa Barbelin (en bronze) et l'Américain Brady Ellison (en argent). Dans les épreuves par équipes, il n'y avait qu'une sélection par pays. C'est la deuxième fois que la Corée du Sud réalise un Grand Chelem aux Jeux Olympiques après Rio de Janeiro en 2016 (mais avec quatre titres en jeu à l'époque, le mixte n'étant apparu qu'en 2021).
Depuis les Jeux de Sydney en 2000, la Corée du Sud a décidé de concentrer ses moyens sur quelques sports pour briller aux JO, et le tir à l’arc fait partie de cette stratégie. Les jeunes sont détectés très tôt et peuvent être entraînés de façon professionnelle dès l’âge de 10 ans. À cet âge-là, ils sont capables de tirer de 300 à 600 flèches par jour, jusqu’à 1 000 avant les compétitions.
Cependant, cette domination a un revers. La concurrence en Corée du Sud est si intense que même les meilleurs athlètes ne sont pas assurés d’une place aux JO. Un exemple frappant est celui d'An San, triple championne olympique de Tokyo en 2021, qui n’est pas parvenue à se faire une place au sein de la délégation sud-coréenne lors d'épreuves de sélection. L'archère de 23 ans « a échoué à rejoindre l'équipe nationale cette année, parce qu'elle n'est pas parvenue à finir dans le top 16 », avait rapporté le média sud-coréen STN en mars dernier. Au total, 24 athlètes sud-coréennes concouraient. « Cela permet de rappeler que remporter une compétition à domicile n'est pas forcément plus facile que de remporter une compétition internationale », ajoutait STN.
Cette année, les championnats du monde de tir à l'arc sont organisés en Corée du Sud, où les archers et les archères locaux sont considérés comme des stars. Un peu plus d'un an après les Jeux Olympiques de Paris, l'équipe de France de tir à l'arc dispute l'évènement majeur de sa saison : les championnats du Monde à Gwangju, en Corée du Sud, où cette discipline est très populaire.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont révélé une nouvelle figure du tir sportif sud-coréen : Kim Ye-ji. L'athlète sud-coréenne de 31 ans, parée d'argent sur le tir au pistolet à 10 m dimanche, fascine les internautes pour son charisme lors de ses passages.
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Jeux Olympiques | Médailles d'Or |
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Los Angeles 1984 | 2 |
Séoul 1988 | 2 (par équipes masculine et féminine) |
Paris 2024 | 5 |
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