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Pékin a suscité l'émoi dans le Pacifique Sud en septembre 2024, lorsqu'un missile balistique intercontinental lancé par son armée et équipé d'une ogive factice est retombé près de la Polynésie française.

Réactions internationales et préoccupations

«Nous avons été choqués d’apprendre que la république populaire de Chine a tiré un missile balistique qui a atterri non loin de la Polynésie française.» Le 26 septembre, au lendemain de cet essai, Edouard Fritch, ancien président autonomiste de la collectivité d’outre-mer, a rendu publique sa lettre au consul de Chine à Tahiti. Il s’y inquiète que Pékin «affiche clairement ses intentions d’être en capacité de menacer nos îles», puisque le missile peut porter une tête nucléaire.

Des notes confidentielles à l'attention du gouvernement néo-zélandais, obtenues par l'AFP, témoignent de l'inquiétude de Wellington quant à ce tir. «Nous sommes préoccupés par le fait que la Chine le qualifie d'+essai de routine+», ont écrit des hauts diplomates dans une note au ministre des Affaires étrangères Winston Peters.

Après le tir, le Japon a fait part de sa grave préoccupation, l'Australie a regretté une action risquant de déstabiliser le Pacifique Sud, tandis que les Fidji ont exhorté au respect vis-à-vis de (la) région. Même les Kiribati, l'un des Etats entretenant les meilleures relations avec la Chine en Océanie, a donné de la voix, appelant tous les pays impliqués dans des essais d'armement à cesser ces actions pour maintenir la paix et la stabilité du monde.

La Chine minimise l'incident

La Chine a présenté à l'époque son tir comme "un exercice légitime et habituel". En coulisses, les diplomates néo-zélandais ont critiqué une description erronée. La Chine cherche à étendre son influence dans la région stratégique du Pacifique Sud, notamment à travers des programmes de développement dans plusieurs pays insulaires, en construisant routes, hôpitaux ou infrastructures sportives.

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Selon mes sources et mon expérience dans le domaine, il s’agirait probablement d’un missile Dongfeng-31 (DF-31), une belle bête capable de parcourir plus de 11 000 kilomètres. C’est le premier essai de ce type depuis mai 1980 - 44 ans!

Contexte et implications stratégiques

Cela étant, il est difficile de ne pas prendre en considération le contexte international, marqué par la rivalité grandissante entre la Chine et les États-Unis, les différends territoriaux sino-philippins [entre autres], et les tensions autour de Taïwan.

«La Chine affirme que ce lancement ne vise aucun pays… mais il existe de fortes tensions entre la Chine et le Japon, les Philippines et bien sûr des tensions perpétuelles avec Taïwan. Ce lancement est un signal puissant destiné à intimider tout le monde », a ainsi estimé Drew Thompson, chercheur à la Lee Kuan Yew School of Public Policy de Singapour, via X.

Nicholas Khoo, spécialiste de la politique étrangère chinoise à l'Université d'Otago, en Nouvelle-Zélande, estime auprès de l'AFP que la retombée du missile balistique intercontinental (ICBM) dans le Pacifique Sud ne constitue pas une coïncidence car depuis 1980, les essais d'ICBM de la Chine ont lieu en territoire chinois. «Cet essai est donc significatif» et il s'agit d'"un rappel aux Etats de la région du fait que la Chine est une puissance" dans les domaines aussi bien économique que militaire, comparable aux Etats-Unis, a ajouté M.

Selon Hui Zhang, chercheur de Harvard, «ce rare essai public d’ICBM semble avoir eu pour objectif spécifique de dissuader Washington d’utiliser des armes nucléaires lors d’un potentiel conflit de part et d’autre du détroit de Taïwan».

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Modernisation de l'arsenal chinois

Actuellement, la Force des missiles de l’APL dispose de deux types d’ICBM, à savoir le DF-31AG et le DF-41. Un troisième est en cours de développement. Appelé DF-5C, il aurait une portée de 16’000 km et la capacité d’emporter plusieurs têtes nucléaires [Multiple Independently targeted Reentry Vehicle].

Ces dernières années, la Chine a lancé un programme visant à la doter de 250 silos de lancement de DF-31/41, répartis sur trois sites différents. Et cela, en plus des missiles balistiques mobiles, transportés par des tracteurs-érecteurs-lanceurs [TEL] et des missiles balistiques mer-sol JL-2 et JL-3 mis en œuvre par ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE].

L’arsenal nucléaire chinois se développe rapidement avec environ 500 têtes actuellement. Pékin modernise ses capacités avec trois types d’ICBM: le DF-31AG, le DF-41, et le DF-5C en développement avec une portée estimée à 16 000 km.

Tableau récapitulatif des ICBM chinois

Type de missile Portée estimée Capacité
DF-31AG > 11 000 km Ogives multiples
DF-41 ~ 14 000 km Ogives multiples
DF-5C (en développement) 16 000 km Ogives multiples

Lire aussi: Tout savoir sur les missiles tirés depuis un sous-marin

tags: #tir #missile #chinois #Polynésie

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