La Corée du Nord a affirmé mardi 7 janvier avoir testé avec succès un nouveau "missile hypersonique" destiné, selon le dirigeant Kim Jong-un, à dissuader "tous les rivaux" du pays dans la région Pacifique. Il s'agit du premier tir de missile effectué par la Corée du Nord en 2025.
Cet essai s’est déroulé lundi au beau milieu d’une visite en Corée du Sud du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, et à deux semaines de l’investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Les analystes voient dans cette démonstration de force, et dans les propos de Kim Jong-un, un signal adressé au futur président américain.
« Il envoie un message clair à l’administration Trump, suggérant que pour engager un dialogue, la position stratégique de la Corée du Nord doit être reconnue », dit Hong Min, analyste à l’Institut coréen pour l’unification nationale.
Ce "missile balistique hypersonique de portée intermédiaire" est destiné à "renforcer progressivement la dissuasion nucléaire du pays", a déclaré Kim Jong-un, qui a assisté au lancement en compagnie de sa fille adolescente Ju Ae.
Selon le dictateur nord-coréen, cette nouvelle arme "dissuadera de façon fiable tous les rivaux de la région Pacifique qui peuvent affecter la sécurité de notre État."
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Selon KCNA, un "nouveau composé de fibre de carbone" a été utilisé pour le corps du moteur du missile, et "une nouvelle méthode […] a été introduite dans le système de contrôle de vol et de guidage". L’emploi de fibre de carbone dans la fabrication d’un missile permet de diminuer son poids, et par conséquent d’accroître sa portée et sa manœuvrabilité. Mais la technologie est difficile à maîtriser en raison de la faible résistance de ce matériau composite aux hautes températures.
Un missile est qualifié d'hypersonique quand il peut atteindre plus de cinq fois la vitesse du son, soit plus de 6 000 km/h. D'après KCNA, le missile a été tiré depuis la région de Pyongyang et a parcouru 1 500 kilomètres, à 12 fois la vitesse du son (Mach 12), avant de s'abîmer en mer du Japon, appelée mer de l'Est par les Coréens.
L'armée sud-coréenne a pour sa part estimé à 1.100 km la distance parcourue par l'engin.
"Ce qui est alarmant à propos de ce missile, c'est que cette technologie n'est actuellement possédée que par la Russie, la Chine et les Etats-Unis", explique à l'AFP Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul. "Pour atteindre de telles vitesses, il faut des matériaux capables de résister à des conditions extrêmes", souligne-t-il.
Antony Blinken a condamné ce lancement, assurant que Pyongyang recevait des "équipements et des formations militaires" de la part de la Russie. L’actuel président sud-coréen par intérim, Choi Sang-mok, a lui évoqué mardi une "grave menace" à la sécurité régionale.
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Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait mené des tentatives très personnelles de rapprochement avec Kim Jong-un, qu’il avait rencontré à trois reprises. S’il avait échoué à obtenir de la Corée du Nord qu’elle renonce à son programme d’armes nucléaires, pour lequel le pays est lourdement sanctionné par l'ONU, ce rapprochement avait tout de même fait baisser les tensions entre les deux Corées.
Depuis, en 2022, la Corée du Nord a déclaré "irréversible" son statut de puissance nucléaire, et l’a même gravé l’année suivante dans sa Constitution. Son armée a effectué de nombreux essais d’armes interdites par les Nations unies, dont celui d’un missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide.
Selon Hong Min, le tir de missile de lundi est destiné à montrer à Washington que l’arsenal nucléaire de Pyongyang est désormais beaucoup plus avancé que lors du premier mandat de Trump (2017-2021). Et que le pays, qui a signé un traité de défense mutuelle avec la Russie, est en position de force pour une éventuelle reprise des négociations avec les Etats-Unis.
Il est d’ailleurs possible que Pyongyang ait reçu une assistance "technique" de Moscou pour la mise au point de ce missile, explique cet expert. Kim Jong-un "semble vouloir faire évoluer le cadre des négociations, dont l’objectif serait un contrôle des armes nucléaires pour réduire les menaces, plutôt qu’une dénucléarisation", relève-t-il.
« Le lancement par la RPDC d’un autre ICBM est très préoccupant et représente une grave menace pour la stabilité régionale », a-t-il déclaré, notant que malgré de nombreuses réunions du Conseil de sécurité en 2023 et 2024, le pays « n’a pas tenu compte des appels à s’abstenir de nouveaux lancements ».
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Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a également condamné le tir du missile, exhortant le pays à désamorcer la situation et à se conformer aux résolutions internationales. Il a souligné que l’engagement diplomatique demeure la « seule voie vers une paix durable et une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne ».
M. Khiari s’est également dit préoccupé par les tensions croissantes dans la péninsule coréenne, avertissant que la « poursuite persistante » par la RPDC de programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques - en violation des résolutions du Conseil de sécurité - continue de saper le régime mondial de désarmement nucléaire et de non-prolifération.
« Il est crucial de prendre des mesures pratiques pour réduire les tensions et inverser cette trajectoire dangereuse », a-t-il déclaré, exhortant les États membres à favoriser un environnement propice au dialogue et à la coopération.
Date | Événement |
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7 janvier 2025 | La Corée du Nord affirme avoir testé un nouveau missile hypersonique. |
Lundi précédent | Essai du missile au milieu de la visite d'Antony Blinken en Corée du Sud. |
Avant 2022 | La Corée du Nord se déclare puissance nucléaire "irréversible". |
Juin | Visite de Vladimir Poutine à Pyongyang et signature d'un accord de défense mutuelle. |
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