Les mortiers d’artifice, initialement conçus pour les feux d’artifice professionnels, sont de plus en plus détournés par des délinquants pour s’en prendre aux forces de l’ordre, voire à toute personne portant un uniforme.
Depuis des mois, les attaques contre les forces de l'ordre à coups de feux d'artifice se sont multipliées. Il n'y a plus une intervention policière sans que l'on ne parle de ce nouveau mode opératoire. Cela devient désormais systématique de faire le même constat.
L'usage délictueux de cette arme par destination n'est pas une nouveauté dans la rubrique des faits divers. En mai 2015, le commissariat de police de la ville des Ulis dans l'Essonne est la cible de tirs de mortiers. Une quinzaine d’individus ont effectué une dizaine de tirs de mortier sur la façade.
A l'époque, on s’inquiète dans les rangs de la police, et chez les syndicats, de la fréquence de plus en plus élevée de ce type d’attaque. Le syndicat Unsa Police dénonçait l'attaque avec des mortiers d'artifice, déplorant que ces derniers soient devenus "une arme devenue ordinaire dans les violences urbaines" depuis les émeutes urbaines de 2005.
En 2019 à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis, ce sont les images de deux policiers pris dans un déluge de feux d'artifices qui avait conduit la maire à formuler un "appel au secours".
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La scène remonte au vendredi 20 septembre 2019 à Noisy-le-Grand. Les images, capturées par une caméra de vidéo surveillance de la ville, montrent un équipage de Police bloqué sur un pont par des tirs de mortiers. Les Policiers contraints de prendre la fuite. Un tir arrivant notamment dans les jambes d’un fonctionnaire contraint de prendre la fuite en abandonnant son véhicule.
Brigitte Marsigny, la maire (LR) de Noisy-le-Grand, a exprimé son indignation face à ces « images insupportables » qui lui ont fait faire « des bonds sur (sa) chaise ! » Elle a « saisit ce jeudi le préfet » pour réclamer « du sang neuf au sein de la police nationale ».
Une réaction à l'attaque au mortier dont deux voitures de la police nationale et municipale ont été la cible, vendredi 20 septembre, dans le quartier sensible du Pavé Neuf - « un spot de la drogue », selon elle.
La scène, filmée par une caméra de la ville et diffusée sur les réseaux sociaux par le syndicat de police Synergie, dure 30 secondes. Assaillis par de multiples tirs de feux d'artifice, deux policiers tentent, sans succès, de se réfugier dans leur véhicule avant de prendre la fuite, puis de revenir pour s'échapper en marche arrière de cette souricière. Selon une source policière, l'un d'eux est légèrement blessé à la jambe par un projectile.
Elle refuse que ces images « servent à une récupération politique, car, assure-t-elle, les attaques aux mortiers ne sont pas quotidiennes. »
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D'autres fonctionnaires insistent sur les « rapports changeant avec les jeunes, un jour bon, un jour mauvais », et ce, « sans explication apparente ».
L'utilisation de ces engins n'est pas sans risque pour celui qui les manipule. Régulièrement, des accidents graves sont recensés, principalement le soir du 31 décembre.
Lors du réveillon de nouvel an 2020, un jeune homme de 25 ans est mort dans le Bas-Rhin, la tête arrachée par un mortier. Deux hommes, soupçonnés d'être les revendeurs du matériel, ont été mis en examen pour homicide involontaire et blessures volontaires dans cette affaire.
Depuis 2015, la vente de mortiers d'artifices est strictement encadrée. Ceux de la catégorie F4, considérés comme les plus dangereux, sont réservés à un usage professionnel. Le simple fait d'en transporter un sur soi, sans certificat d'artificier, constitue un délit passible de six mois de prison ferme et 7 500 euros d'amende.
Pour tenter de limiter leur utilisation, la loi sur la sécurité globale, qui vient d'être adoptée par le Parlement, prévoit de sanctionner pénalement l’achat, la détention, l’utilisation et la vente de mortiers d’artifices à d’autres personnes que des professionnels.
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Pour l'Unsa Police, ce "durcissement de la législation" à venir est une "première avancée" et "cela permettra d'interpeller en amont ceux qui sont en possession de tels engins".
Aujourd'hui, sur internet, on peut tout se procurer. Des armes comme des mortiers d'artifice. Bien sûr, il est impossible d'acquérir ce genre de matériel en magasin spécialisé en France car le vendeur doit demander l'agrément. La législation est la même pour les enseignes françaises en ligne qui exigent l'envoi du document. Malheureusement, il est simple d'en acheter sur internet, et à l'étranger, notamment via les pays d'Europe de l'Est.
Acquérir et faire fonctionner un mortier d'artifice n'a donc rien de compliqué. Une situation qui inquiètent certains élus locaux qui voient de plus en plus l'apparition de feux d'artifice sauvages sur leur commune.
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