Pyongyang a effectué ce jeudi des tirs de missiles en mer du Japon. L’armée sud-coréenne a affirmé avoir détecté près de la province nord-coréenne de Hamgyong du Sud ces missiles qui ont été « tirés en direction de la mer de l’Est », a indiqué l’état-major interarmées, en employant le nom coréen de la mer du Japon.
La Corée du Nord avait tiré le 8 mai une salve de missiles balistiques de courte portée en direction de la mer du Japon, selon l’armée sud-coréenne, des experts évoquant un possible essai d’armes destinées à la Russie. La Corée du Nord a affirmé mardi 7 janvier avoir testé avec succès un nouveau "missile hypersonique" destiné, selon le dirigeant Kim Jong-un, à dissuader "tous les rivaux" du pays dans la région Pacifique.
Cet essai s’est déroulé lundi au beau milieu d’une visite en Corée du Sud du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, et à deux semaines de l’investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Ce "missile balistique hypersonique de portée intermédiaire" est destiné à "renforcer progressivement la dissuasion nucléaire du pays", a déclaré Kim Jong-un, qui a assisté au lancement en compagnie de sa fille adolescente Ju Ae. Cette nouvelle arme "dissuadera de façon fiable tous les rivaux de la région Pacifique qui peuvent affecter la sécurité de notre Etat", a-t-il ajouté, cité par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Selon KCNA, un "nouveau composé de fibre de carbone" a été utilisé pour le corps du moteur du missile, et "une nouvelle méthode […] a été introduite dans le système de contrôle de vol et de guidage". L’emploi de fibre de carbone dans la fabrication d’un missile permet de diminuer son poids, et par conséquent d’accroître sa portée et sa manœuvrabilité. Mais la technologie est difficile à maîtriser en raison de la faible résistance de ce matériau composite aux hautes températures.
Un missile est qualifié d’hypersonique quand il peut atteindre plus de cinq fois la vitesse du son, soit plus de 6 000 km/h. "Ce qui est alarmant à propos de ce missile, c’est que cette technologie n’est actuellement possédée que par la Russie, la Chine et les Etats-Unis", explique à l’AFP Yang Moo-jin, président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul. "Pour atteindre de telles vitesses, il faut des matériaux capables de résister à des conditions extrêmes", souligne-t-il.
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D’après KCNA, le missile a été tiré depuis la région de Pyongyang et a parcouru 1 500 kilomètres, à 12 fois la vitesse du son (Mach 12), avant de s’abîmer en mer du Japon, appelée mer de l’Est par les Coréens. Il a néanmoins ajouté que "le monde ne peut pas ignorer" la performance de ce missile, estimant qu’il était en mesure de "porter un coup militaire sérieux à un rival en brisant efficacement toute barrière défensive". Il s’agit du premier tir de missile effectué par la Corée du Nord en 2025.
Antony Blinken a condamné ce lancement, assurant que Pyongyang recevait des "équipements et des formations militaires" de la part de la Russie. L’actuel président sud-coréen par intérim, Choi Sang-mok, a lui évoqué mardi une "grave menace" à la sécurité régionale.
Les analystes voient dans cette démonstration de force, et dans les propos de Kim Jong-un, un signal adressé au futur président américain. "Il envoie un message clair à l’administration Trump, suggérant que pour engager un dialogue, la position stratégique de la Corée du Nord doit être reconnue", dit Hong Min, analyste à l’Institut coréen pour l’unification nationale.
Depuis, en 2022, la Corée du Nord a déclaré "irréversible" son statut de puissance nucléaire, et l’a même gravé l’année suivante dans sa Constitution. Son armée a effectué de nombreux essais d’armes interdites par les Nations unies, dont celui d’un missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide.
Selon Hong Min, le tir de missile de lundi est destiné à montrer à Washington que l’arsenal nucléaire de Pyongyang est désormais beaucoup plus avancé que lors du premier mandat de Trump (2017-2021). Et que le pays, qui a signé un traité de défense mutuelle avec la Russie, est en position de force pour une éventuelle reprise des négociations avec les Etats-Unis. Kim Jong-un "semble vouloir faire évoluer le cadre des négociations, dont l’objectif serait un contrôle des armes nucléaires pour réduire les menaces, plutôt qu’une dénucléarisation", relève-t-il.
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L’état-major interarmées sud-coréen a quant à lui affirmé que plusieurs détails du lancement communiqués par la Corée du Nord étaient inexacts, notamment la distance parcourue par le missile (1 100 kilomètres selon lui, au lieu de 1 500 kilomètres selon KCNA).
En janvier 2024, la Corée du Nord a procédé à quatre tirs de missiles de croisière qualifiés de « stratégique », permettant de confirmer l’intérêt de Pyongyang pour ce type de système. En effet, il a fallu attendre février 2023 pour que la Corée du Nord donne publiquement le nom de Hwasal‑2 aux missiles de croisière exhibés. Par déduction, il a été supposé que le modèle essayé à partir de 2021 était le Hwasal‑1. Les deux systèmes sont très proches, avec comme principale différence observable de manière évidente la couleur, le Hwasal‑1 étant a priori noir et le 2 blanc.
Selon certaines sources, le Hwasal‑2 aurait une longueur d’environ 7 mètres, un diamètre de 60 cm, une masse au lancement de 1 300 kg et pourrait emporter des têtes de 400 kg. En parallèle, la Corée du Nord a annoncé le 12 mars 2023 le tir depuis le sous-marin « 8.24 Yongung » ou Héros du 24 août d’un missile de croisière stratégique non spécifié. Le 24 et le 28 janvier 2024, Pyongyang a annoncé le tir d’un nouveau système, nommé Pulhwasal‑3‑31.
Aucune information technique n’a été communiquée, si ce n’est le fait que le missile de croisière, de nature stratégique, donc vraisemblablement à capacité nucléaire, puisse être lancé depuis un sous-marin. Selon ces informations, les missiles auraient volé en mer Jaune/mer de l’Est pendant près de 2 heures sur environ 1 500 km pour atteindre un îlot utilisé comme cible. Il est impossible de vérifier les informations nord-coréennes selon lesquelles le missile aurait prouvé pendant les essais son « efficacité » et sa « précision ».
En février 2023, il avait été noté que le SLCM tiré depuis le sous-marin d’entraînement Yongung (Héros du 24 août) aurait pu être monté à bord des tubes traditionnellement utilisés par les missiles balistiques, ou fixés à l’extérieur de la coque. En revanche, l’objectif affiché, à savoir l’utilisation de ces capacités de frappe pour « construire une force navale puissante » semble clair, Kim ayant rappelé en janvier 2024 que « l’armement militaire de la Marine est une tâche urgente en ce moment et un prérequis central pour construire la force nucléaire stratégique de l’État ».
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La Corée du Nord a tiré plusieurs missiles balistiques à courte portée au large de sa côte orientale. Il s’agit des premiers tirs de missiles balistiques par la Corée du Nord en près de deux mois. Le 28 avril, la marine nord-coréenne avait dévoilé un nouveau destroyer, le « Choe Hyon », destiné à entrer en service début 2026. Les relations entre Pyongyang et Séoul sont au plus bas depuis des années, le Nord ayant même officiellement renoncé l’an dernier à tout espoir de réunification des deux Corées.
Le missile, lancé le 31 octobre vers 7h11 heure locale, aurait volé pendant 1 heure et 26 minutes, parcouru environ 1.000 kilomètres, atteignant une altitude de plus de 7.000 kilomètres avant d’atterrir en mer.
« La RPDC a décrit ce dernier lancement comme un 'test très crucial' qui 'a mis à jour les récents records de la capacité de missiles stratégiques de la RPDC' », a déclaré aux membres du Conseil Khaled Khiari, Sous-secrétaire général pour l’Asie au Département des affaires politiques de l’ONU.
« Le Hwasong-19 établit de nouveaux records en termes de durée de vol et d’altitude et est le deuxième ICBM à combustible solide développé par la RPDC qui n’a pas besoin d’être ravitaillé avant le lancement. Ce dernier essai marque le 11e lancement de missile balistique intercontinental (ICBM) par la RPDC - plus communément appelée Corée du Nord - depuis l’annonce d’un nouveau plan quinquennal d’expansion militaire en 2021.
M. Khiari a noté que le lancement posait également de « graves risques » pour l’aviation civile internationale et le trafic maritime, avec un potentiel d’incidents involontaires, la Corée du Nord n’ayant émis aucune alerte de sécurité.
« Le lancement par la RPDC d’un autre ICBM est très préoccupant et représente une grave menace pour la stabilité régionale », a-t-il déclaré, notant que malgré de nombreuses réunions du Conseil de sécurité en 2023 et 2024, le pays « n’a pas tenu compte des appels à s’abstenir de nouveaux lancements ».
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a également condamné le tir du missile, exhortant le pays à désamorcer la situation et à se conformer aux résolutions internationales. Il a souligné que l’engagement diplomatique demeure la « seule voie vers une paix durable et une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne ».
M. Khiari s’est également dit préoccupé par les tensions croissantes dans la péninsule coréenne, avertissant que la « poursuite persistante » par la RPDC de programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques - en violation des résolutions du Conseil de sécurité - continue de saper le régime mondial de désarmement nucléaire et de non-prolifération.
« Il est crucial de prendre des mesures pratiques pour réduire les tensions et inverser cette trajectoire dangereuse », a-t-il déclaré, exhortant les États membres à favoriser un environnement propice au dialogue et à la coopération.
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