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La défense antiaérienne est un ensemble de moyens militaires destinés à neutraliser ou détruire les menaces aériennes, qu'il s'agisse d'avions, d'hélicoptères, de missiles ou de drones. Elle repose sur différents types d'armements et de technologies, allant des canons aux missiles sophistiqués.

Les missiles sol-air : un élément clé de la défense antiaérienne

Également appelés missiles surface-air ou missiles antiaériens, les missiles sol-air sont des projectiles autopropulsés et guidés, destinés à atteindre une cible aérienne en étant tirés depuis le sol. L'ancien Général de brigade aérienne et directeur de recherche à l’Iris, Jean-Vincent Brisset, explique qu'il s'agit basiquement d'une fusée avec un explosif au bout. Un missile peut posséder différents systèmes de guidage, et être presque complètement autonome.

Classification des systèmes sol-air

Les systèmes sol-air sont classés en fonction de leur portée. Jean-Yvex Bruxelle, ingénieur en chef d el'armement et architecte du système de forces «protection et sauvegarde» à la Direction générale de l'armement (DGA), distingue quatre classes :

  • Système d'armement à très courte portée (SATCP, ou MANPAD) : Portée d'environ 30 km.
  • Système d'armement à courte portée
  • Système d'armement à moyenne portée (SAMP) : Portée de 80 à 100 km et vitesse de Mach 4.
  • Système d'armement de longue portée (SALP) : Destiné à un usage anti-missile balistique.

Composition d'un système sol-air

Un système sol-air se compose d'un ensemble d'éléments interdépendants :

  • Moyen de détection de la cible : Optique, infrarouge ou électromagnétique.
  • Moyens de contrôle et de commandement : Pour aider l'opérateur à définir le type de cible, évaluer la menace et déterminer la fenêtre de tir optimale.
  • Lanceurs et missiles : Avec leur partie propulsive, leur intelligence embarquée et leur charge militaire.
  • Moyens de conduite de tir : Pour accompagner le missile jusqu'à sa cible.

Il mobilise une dizaine de soldats dont les connaissances techniques sont hyper-pointues.

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Le missile « Bouk »

Le lance-missiles Bouk, de type SAMP et conçu par les Soviétiques dans les années 1970, fait partie des dotations de l’armée russe, mais aussi ukrainienne, biélorusse et ont également été exportés en Chine, en Inde et en Géorgie, souligne Slate. Les rebelles pro-russes de l’Est de l’Ukraine en possèdent également, après s’être emparés fin juin d’une unité militaire où se trouvaient des missiles Bouk.

Un Bouk, ce sont quatre missiles sur un petit blindé, avec un radar qui permet de tirer à courte distance et de guider le missile jusqu’à sa cible. Pour un tir à plus longue distance, il faut tout un régiment de véhicules radars fonctionnant en réseau. Le spécialiste souligne que les charges d’un missile Bouk sont de 50kg, ce qui est «amplement suffisant pour détruire un avion». Il précise en effet que «l’idée n’est pas de faire exploser l’avion, mais de le détruire. Le missile ne percute donc pas forcément sa cible, mais se positionne à côté d’elle, et fait exploser sa charge, composée de billes ou de barreaux d’acier, qui viennent à former un système de disque découpant, qui coupe l’avion en deux.

Le système antiaérien russe S-400

Le système antiaérien russe longue portée S-400 est sans doute le système d’armes qui a fait couler le plus d’encre depuis son entrée en service en 2007. Il est aujourd’hui le symbole de la stratégie d’anti-accès/déni d’accès (A2/AD) et, même si certains tentent de relativiser sa dangerosité, il inquiète néanmoins les forces occidentales.

Architecture du système S-400

L’architecture d’un système S-400 comprend beaucoup d’éléments, davantage que la plupart de ses concurrents. En dehors des véhicules de lancement dotés des missiles (5P85TE2 ou 5P85SE2) et du poste de commandement (55K6E) que l’on retrouve dans toutes les architectures, la différence se situe ici au niveau des systèmes radar utilisés. À cette suite de radars peuvent être associés différents radars de veille air en bande basse et/ou optimisés pour la détection des cibles furtives. On peut ainsi retrouver les radars GAMMA-DE, PROTIVNIK-GE, NEBO-U, NEBO-SVU, NEBO-SV, KASTA-2E2 etc. Les radars plus anciens (P-18, P-14, P-35 etc.) peuvent aussi être connectés au système S-400 et participer à la détection.

Les missiles du S-400

La deuxième particularité du système S-400 est de pouvoir utiliser des modèles de missiles variés qui ont eux-mêmes des modes de guidages différents.

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  • 48N6DM/48N6E3 : Missile longue portée de base, conçu pour traiter tous les types de cibles (missiles balistiques, avions, missiles de croisière, drones, etc.).
  • 9M96/9M96E2 : Missile partagé avec le système sol/air de moyenne portée S-350, conçu pour détruire les cibles très manœuvrantes et rapides, avec une capacité d'interception des missiles balistiques de courte et moyenne portée.

L’utilisation d’une gamme de missiles variée permet au système S-400 d’être capable d’engager des cibles très différentes dans des conditions optimales, mais au prix d’une logistique et de choix dans le panachage des missiles, plus difficiles à gérer. Les choix des missiles seront le résultat d’une situation tactique et stratégique particulière et il est probable que chaque batterie de S-400 ait une dotation en missiles adaptée à sa situation locale.

Modes de fonctionnement du S-400

Le système S-400 peut fonctionner selon différents modes, offrant une flexibilité accrue :

  • Mode dégradé : La conduite de tir 92N6 assure la détection, la poursuite de la cible et le guidage des missiles. Ce mode est limité pour les cibles furtives ou évoluant à basse altitude.
  • Mode autonome : Utilisation des trois systèmes radars associés (92N6, 96L6, 91N6E) pour une veille sans dévoiler la position de la batterie et une meilleure détection des cibles furtives.
  • Mode intégré : Interconnexion d'une suite de radars de veille au système, répartis sur l’ensemble du territoire, permettant la détection des cibles furtives même à grande distance.

Les différentes configurations d’utilisation du système S-400 lui confèrent des caractéristiques assez différentes. Oui même si elles sont en dehors de l’intervisibilité radar de la conduite de tir, à la double condition que ces cibles soient détectées par un autre radar et que l’autodirecteur du missile (autodirecteur radar actif ou autodirecteur infrarouge) soit en mesure d’acquérir la cible avant qu’il ne perde la télécommande du radar de conduite de tir.

Capacités du S-400

Le système S-400 possède des capacités étendues :

  • Nombre de cibles et de missiles : Chaque radar de conduite de tir peut guider 12 missiles contre 6 cibles en même temps, à condition qu'elles viennent d'un même secteur de 100 à 120°.
  • Attaques saturantes : Elles ne peuvent être traitées qu’en configuration maximum, c’est-à-dire, pour un seul poste de commandement, 8 groupes de lancement incluant les radars 92N6 et 96L6 ainsi que les véhicules lanceurs. Dans cette configuration le système sera en mesure de traiter 80 cibles simultanément et de guider 160 missiles sur 360°.
  • Interception de missiles balistiques : Oui, c’est même une de ses fonctions principales. Il peut traiter des missiles balistiques dont la portée maximale est inférieure à 5 500 km et dont la vitesse est au maximum de 4 800 m/s (mach 14).
  • Traitement des cibles furtives : Oui, quel que soit leur profil de vol, à condition qu’ils ne soient pas de forme furtive (ou alors à courte distance).

Vulnérabilités du S-400

Tout système utilisant les ondes électromagnétiques est vulnérable au brouillage. Le mode de fonctionnement en « dégradé » n’utilisant que le radar de conduite de tir pour la détection, la poursuite et l’interception, est sans doute celui présentant la plus grande vulnérabilité au brouillage. La vulnérabilité réelle au brouillage devrait être évaluée en tenant compte des capacités de contre contre-mesures du radar qui sont aujourd’hui largement inconnues.

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Le brouillage le plus efficace pour contrer le S-400 serait de s’attaquer aux radars de veille dont la détection sert à guider les missiles. Seulement, les équipements d’autoprotection ne couvrent pas leurs gammes de fréquences et sont donc incapables de les détecter.

Conclusion

Le système S-400 dispose de capacités réellement étendues, sans être non plus invulnérable, mais cela se traduit par une empreinte logistique très lourde (5 types de missiles, plusieurs catégories de radars), un volume en personnel important avec un haut degré d’entraînement. C’est le prix à payer pour un système aux capacités aussi larges.

Au regard des caractéristiques du système, pour le contrer il faudrait le saturer sur plusieurs axes avec des munitions furtives et de petite taille (missiles, drones), ce qui serait le pire cas de figure à traiter pour lui.

tags: #tir #anti #aerien #fonctionnement

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