Niki de Saint Phalle (1930-2002), artiste franco-américaine, est reconnue pour ses sculptures féministes aux silhouettes dansantes, ses tableaux performances, ses parcs et jardins entiers. Elle est probablement l’une des artistes les plus marquantes du 20e siècle. Autodidacte et profondément révoltée, elle s’engage rapidement corps et âme dans cette aventure artistique, qu’elle partagera dès les années 1960 avec son nouveau compagnon, l’artiste suisse Jean Tinguely, et les autres membres d’un nouveau courant, surnommés les « nouveaux réalistes ».
Malgré son enfance passée au sein de l’aristocratie, Niki de Saint Phalle est une rebelle ! Dès ses débuts, ses créations, explosives et non conformistes, renient les normes et les traditions. Pour Niki, il est hors de question de rester à la maison et s’occuper des enfants. Elle ne souhaite pas être l’égale de l’homme : elle veut lui être supérieure ! Elle utilise alors son art comme une arme, une force de transformation et de libération.
Armée d’une carabine à air comprimé, Niki a transformé l’acte de tirer en une performance artistique vibrante. Entre 1961 et 1963, Niki de Saint Phalle réalise une série de tableaux intitulés Tirs, que l'on peut qualifier de performances. La couleur dégouline, blessure faite au tableau. Des poches de peintures éclatent sous les impacts. La couleur dégoulinait déjà, tragique.
Pour réaliser cette œuvre, elle ouvre le feu sur une toile enduite de plâtre et recouverte d’objets. Sur une planche de bois, elle accroche toutes sortes d'objets, des poches d'encre ou de peinture, des capsules de shampoing, parfois même des œufs ou des tomates. Sur les images figuratives sont accrochées des poches de peinture. Des poches remplies de peinture sont disposées sur la surface. Le tir au plomb les éclate au hasard; le tableau pleure. Le tableau ainsi constitué est recouvert de plâtre : l'artiste tire à la carabine sur les poches de couleur, qui coulent sur le plâtre et créent une œuvre originale, un "tableau surprise".
Dès lors que les balles percent les bulles, les couleurs s’échappent et se rependent sur la toile. Ce processus de création, qui laisse une grande place au hasard en laissant couler la peinture, n'est pas sans rappeler la technique du dripping de Jackson Pollock, artiste qui compte parmi les influences de Niki de Saint Phalle. Un clin d’œil à la technique du dripping de Jackson Pollock, que Niki de Saint Phalle admirait beaucoup.
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Elle convie notamment le critique Pierre Restany à assister à une de ses séances de tir à la carabine sur tableaux. C'est grâce à lui que Niki de Saint Phalle réalise sa première exposition personnelle à Paris « Feu à Volonté ». Celui-ci l’intègre alors au mouvement des Nouveaux Réalistes, dont il a rédigé la déclaration. Elle intègre alors le cercle des « nouveaux réalistes », jouant le rôle de médiatrice entre les avant-gardes française et américaine. Elle fait partie du groupe des Nouveaux-Réalistes, fondé par Yves Klein un an avant. Ce mouvement est une nouvelle approche de la réalité, un recyclage poétique de l’espace urbain.
Les nouveaux réalistes utilisent des palissades, des barils ou même des détritus dans leurs œuvres. Le premier « tir » a lieu le même mois, impasse Ronsin, en présence, notamment, de Pierre Restany, du photographe Harry Shunk et de Daniel Spoerri.
Mais sur qui tire l’artiste ? Dans ses mémoires, Niki raconte que son père a abusé d’elle dans son enfance. Sur qui tire Niki? Sur son père? Celui qui l’a violée et a trompé sa mère alors qu’elle était enceinte? Sur son frère, celui-là même qui a mis le cadavre noir d’un serpent dans le lit de Niki encore enfant, l’été de l’inceste paternel, « l’été des serpents »? Sur son premier mari caricatural?
Si on ne peut qu’être interpellé par une telle biographie, l’art a le pouvoir d’aller au-delà de toutes ces considérations. Certes la vie de Niki de Saint Phalle participe de certaines de ses obsessions artistiques, la violence qui hante ses œuvres a pour origine le choc du serpent noir et des tout aussi noires caresses paternelles. Mais elle colore ces atrocités du filtre de l’innocence et de l’éternelle renaissance. L’interprétation psychologique est trop tentante pour être évitée.
Elle le dit elle-même : « La peinture était la victime. Qui était la victime? (…) La peinture était-elle MOI? Me tirais-je dessus selon un RITUEL qui me permettait de mourir de ma propre main et de me faire renaître? ».
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Niki utilise les tirs pour dénoncer des injustices. Niki traite de la crise des missiles de Cuba dans le tableau-tir King Kong dans lequel le monstre gigantesque s’approche d’une ville bombardée. En tant que représentante de l’art moderne, elle tire sur la peinture qui est morte depuis Duchamp? Mais non! L’art pour elle est un jeu, elle a pour héros le très naïf Douanier Rousseau et l’incroyable Palais Idéal du Facteur Cheval.
Le rituel est une fête qui travestit les larmes en éclat de rire. Niki de Saint Phalle joue avec les codes et hurle de rire devant les considérations intellectuelles. Rappelons l’histoire car elle est si jolie: c’est l’histoire d’un facteur qui un jour tombe de son vélo et observe, fasciné, un petit caillou biscornu. Il se met alors à collectionner les cailloux qu’il ramasse chaque jour sur son chemin dans le but d’en faire les pierres de son palais ! Elle le dit elle-même “La peinture était la victime” mais “Qui est la peinture ? Papa ? ».
Sculptures féministes aux silhouettes dansantes, tableaux performances, parcs et jardins entiers… Niki de Saint Phalle est probablement l’une des artistes les plus marquantes du 20e siècle. Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, plus connue sous le nom de Niki de Saint Phalle, est une artiste franco-américaine née en 1930 à Neuilly-sur-Seine. Niki passe son enfance dans un environnement privilégié, entre la France et New York.
Elle suit une éducation religieuse et fréquente des écoles privées. Plusieurs fois renvoyée, elle obtient, non sans quelque difficulté, son baccalauréat, puis commence à travailler comme mannequin. Elle se met en parallèle à la peinture, sans avoir jamais pris de cours, à 21 ans. Autodidacte et profondément révoltée, elle s’engage rapidement corps et âme dans cette aventure artistique, qu’elle partagera dès les années 1960 avec son nouveau compagnon, l’artiste suisse Jean Tinguely, et les autres membres d’un nouveau courant, surnommés les « nouveaux réalistes ».
Malgré son enfance passée au sein de l’aristocratie, Niki de Saint Phalle est une rebelle ! Dès ses débuts, ses créations, explosives et non conformistes, renient les normes et les traditions. Pour Niki, il est hors de question de rester à la maison et s’occuper des enfants. Elle ne souhaite pas être l’égale de l’homme : elle veut lui être supérieure ! Elle utilise alors son art comme une arme, une force de transformation et de libération.
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Ses Nanas, immenses et colorées, aux formes rondes et affirmées, deviennent des icônes de l’émancipation féminine et de la célébration de la diversité corporelle. Sculptrice, réalisatrice, sérigraphe, plasticienne… Niki de Saint Phalle s’intéresse à tous les domaines artistiques ! Elle est particulièrement curieuse et terriblement passionnée. Elle s’aventure dans le monde du cinéma en tant que réalisatrice - où elle dénonce notamment les abus sexuels qu’elle a subis durant son enfance par son père (son film, Daddy, date de 1973) -, crée des bijoux, imagine des meubles à partir de matériaux récupérés, expose ses œuvres sur les scènes de théâtre… L’artiste explore une multitude de disciplines avec une énergie inépuisable.
Au Grand Palais ou à l’Opéra Gallery à Paris, aux Abattoirs de Toulouse… De nombreuses expositions ont présenté le travail de Niki de Saint Phalle ces dernières années, et l’artiste continue d’être mise en lumière régulièrement.
Expositions notables des œuvres de Niki de Saint Phalle :
Titre de l'exposition | Lieu | Date |
---|---|---|
Les Nouveaux Réalistes | Musée d'art moderne de la ville de Paris | 15 mai - 7 septembre 1986 |
Niki de Saint Phalle | Grand Palais, Galeries Nationales, Paris | 17 septembre 2014 - 2 février 2015 |
El nuevo realismo : New realism | Centre Pompidou Malaga | 17 juillet 2016-25 septembre 2016 |
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