Le stand de tir de Châlons-en-Champagne est un lieu riche en histoire, marqué par des événements sportifs et tragiques. Cet article explore son passé, de son rôle lors des Jeux Olympiques de 1924 à son utilisation comme lieu d'exécution pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le centre de tir de Tinqueux a été spécialement construit pour les Jeux de 1924, au parc de la Muire. C'est ici que se déroulait le tir à la carabine miniature à 50m.
Il a été inauguré un an plus tôt par le fameux Pierre de Coubertin, président du comité international olympique. La façade est de style art déco et elle en impose.
La vraie surprise est sa terrasse avec une vue imprenable sur la Cathédrale de Reims. Le stand est toujours en activité et reçoit les tireurs de l'association de tir de Reims.
Au tableau final des jeux de 1924, les Etats-Unis termine en tête avec 99 médailles devant la Finlande et la France avec 38 médailles dont 13 en or.
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Le retour des Jeux olympiques à Paris en 2024 aurait pu être une belle opportunité de redonner une nouvelle jeunesse à ce site historique, considéré à l'époque comme l'un des plus beaux du genre en Europe. Hélas, il ne figure pas parmi les huit sites du Grand Reims retenus pour accueillir les centres de préparation des délégations sportives en amont de la grand-messe planétaire.
Construit pour les JO de 1924, le stand de tir est entouré d'un espace arboré d'une superficie de 12 hectares occupé notamment par le centre équestre de Reims. L'aile gauche du stand de tir accueille les bureaux et espaces de convivialité du Tennis Club de la Muire.
Avec la crise sanitaire et le durcissement des mesures visant à endiguer la propagation de la Covid-19, les coups de feu se font plus rares du côté du stand de tir de Tinqueux.
Une histoire et un site de 12 hectares à valoriser. La ville de Tinqueux souhaite en effet racheter le stand de tir, son bâti et son vaste parc arboré, actuellement propriétés de la société de tir de Reims, qui abrite aussi les installations du Tennis Club de la Muire et du centre équestre de Reims.
« Nous souhaitons acquérir le stand de tir et le parc de la Muire qui l'entoure afin de valoriser ce patrimoine magnifique, indique Jean-Pierre Fortuné, maire de Tinqueux. L'idée est d'y créer un lieu culturel à la portée régionale, qui pourrait accueillir par exemple des séminaires ou encore des résidences d'artistes. »
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Dès 1940, le siège de la Gestapo et le tribunal militaire allemand s'installent à Châlons-sur-Marne. Ce tribunal prononcera des peines qui ne seront pas systématiquement la mort, sauf à partir du 8 juin 1944, elles seront alors appliquées dans les 6 heures suivant le verdict.
Dans le département de la Marne, les lieux de fusillades ont été successivement la Caserne Tirlet et le Stand de tir de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) de septembre 1941 à mai 1942, puis à partir du 5 août 1943 et jusqu’au 5 août 1944, le terrain de « La Folie » situé sur le territoire de la commune de L’Épine près de Châlons.
De septembre 1941 à janvier 1942, les 6 premières victimes ont été fusillées le long du mur de la caserne Tirlet. Puis en mai 1943, 5 exécutions ont lieu au stand de tir. D'août 1943 à août 1944, 38 condamnés sont exécutés sur le terrain militaire de "la Folie", situé à quelques kilomètres de Châlons, sur le lieu qui deviendra "la Butte des Fusillés".
De 1941 à 1944, cinquante patriotes, pour la plupart Marnais, ont été fusillés dans la Marne : quarante neuf d’entre eux avaient été condamnés par un tribunal militaire allemand, et un seul par une Cour martiale de la Milice aux ordres du gouvernement de Vichy.
Au début de l’occupation allemande et jusqu’au printemps 1942, les condamnations étaient prononcées par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 608 (FK 608) qui siégeait dans un bâtiment du Grand séminaire, Allée Paul Doumer à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne).
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Après le départ de la FK 608 pour le front de l’Est fin mars 1942, les condamnations ont été prononcées par le tribunal militaire de la Feldkommandantur (FK 531) qui siégea d’abord dans l’Hôtel de la division rue Pasteur, puis dans la chapelle de la Maison des œuvres au numéro 25 de cette même rue, chapelle qui fut aménagée en salle d’audience afin de donner plus de solennité aux procès.
Après l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht en juin 1941, commencèrent les condamnations à mort et les fusillades par représailles. La situation s’est considérablement durcie.
Le principal auxiliaire du tribunal militaire FK 531 était la Feldgendarmerie, bien davantage que la Gestapo qui, constate Maurice Pelthier, « faisait sa justice elle-même, une justice expéditive et toujours sans appel, déportait massivement », et avec laquelle finalement « le tribunal FK 531 travaillait très peu ».
Quant à la Police française soumise au contrôle des autorités d’occupation, elle interpelait, arrêtait, communiquait des procès-verbaux, et constituait ainsi une auxiliaire précieuse, même s’il est vrai aussi que des policiers français avertissaient des résistants menacés et trompaient les Allemands en leur fournissant de fausses informations.
Les condamnés étaient avertis la veille de leur exécution et étaient autorisés à écrire une dernière lettre à leur famille. Ils pouvaient aussi demander à recevoir la visite d’un aumônier militaire allemand.
Les premières exécutions ont eu lieu dans l’enceinte de la caserne Tirlet, caserne de cavalerie située 5 rue de la Charrière à Châlons. Leurs corps ont été inhumés sur place.
En avril-mai 1942, cinq patriotes ont été fusillés au Stand de tir de Châlons : Jacques DORÉ, René HORENS, Raymond VILLARD, Lucien VINCENT, Jean BELHARTZ.
À partir d’août 1943 et jusqu’en août 1944, les exécutions ont eu lieu sur un terrain militaire situé à quelques kilomètres de Châlons-sur-Marne, le terrain de La Folie à L’Épine. Les condamnés y ont été fusillés, adossés à des poteaux d’exécution plantés au pied d’une butte de terre.
Après la guerre, le site de L’Épine est devenu un lieu de mémoire désigné sous le nom de Butte des fusillés, qui associe le souvenir des fusillés de Châlons-sur-Marne à celui des fusillés de L’Épine.
Chaque année le 6 mai, date anniversaire de la fusillade du 6 mai 1944, un hommage y est rendu à tous les fusillés de Châlons et de L’Épine après la cérémonie à la Butte des fusillés qui se déroule à 7 heures du matin.
De nombreux autres lieux de mémoire dispersés dans la ville honorent la mémoire des fusillés, exécutés, massacrés, morts en action.
Châlons célèbre chaque année la Fête nationale le 13 juillet.
Cette cérémonie fait écho à l'exécution le 6 mai 1944, à 7 h 00, de 5 résistants du groupe "Ceux de la Libération", bureau des opérations aériennes connu sous le nom de "Groupe Tritant", formé en 1942 et commandé par Robert TRITANT, architecte, 41 ans, qui sera arrêté avec la majorité des membres de son groupe en septembre 1943.
A 7 h 00 précises, 2 avions, en formation serrée, de l'Aéro-club des Ailes Châlonnaises ont survolé le site en mémoire de Camille SOUDANT, fusillé le 19 février 1944, et ancien Directeur de cet Aéro-club.
Un piquet d'honneur armé par le 8ème Régiment du matériel rendait les honneurs militaires.
La 141° section des Médailles Militaires de Châlons était présente à cette commémoration.
Période | Lieu |
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Septembre 1941 - Mai 1942 | Caserne Tirlet et Stand de tir de Châlons-sur-Marne |
Août 1943 - Août 1944 | Terrain de La Folie, L’Épine |
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