Le tir sportif a une longue et riche histoire, particulièrement dans les régions d'Alsace et de Lorraine, où il est intimement lié aux traditions militaires et à la défense du territoire. Ces compétitions, qu'elles soient locales, régionales ou interrégionales, se déroulent principalement pendant la belle saison.
Les compétitions d'arbalète et d'arquebuse ont connu leur apogée aux XVe et XVIe siècles, principalement dans les pays germaniques. Ces événements étaient cruciaux pour maintenir les hommes en forme pour les conflits fréquents entre les villes impériales libres et les princes.
Le développement des milices bourgeoises et seigneuriales a suivi des modalités similaires, avec une présence croissante d'armes à feu. Au début du XVIe siècle, pendant la Guerre des Paysans, le ratio d'armes à feu parmi les combattants était déjà significatif, évoluant tant en qualité qu'en quantité pour atteindre ou dépasser la moitié à la fin de la Renaissance.
À Strasbourg, dès 1461, l'utilisation d'arbalètes et de handbüchsen était interdite à l'intérieur de la cité. La chasse, notamment au gibier à plumes, était proscrite dans un rayon d'une lieue, suggérant de fréquentes infractions à la règle. Les autorités encourageaient la possession d'un équipement individuel, tout en encadrant réglementairement son usage.
Les arbalètes et les arquebuses étaient souvent associées aux loisirs, comme la chasse et les exercices récréatifs, ce qui renforçait leur valeur militaire. La période a vu l'abandon des arbalètes en tant qu'armes de guerre, tout en conservant leur aspect ludique et en acquérant une dimension supplémentaire en tant qu'armes de luxe, parfois des chefs-d'œuvre artistiques ou techniques.
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L'histoire des sociétés de tir a souvent été célébrée localement, mais rarement synthétisée régionalement. Dans les pays où la tradition s'est maintenue, comme la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, des travaux de qualité existent, inspirés par le patriotisme local. À Metz, la compagnie d'arbalétriers a reçu ses statuts en 1399, avec élection de maîtres, serment, cotisation et entraînement régulier. Elle organisait un concours de tir à l'oiseau le 1er mai.
À Strasbourg, le règlement des arbalétriers de 1405, renouvelé en 1534, spécifiait le rôle de son comité directeur sous le parrainage d'un des stettmeister et la présidence d'un membre du Conseil des XV. À Mulhouse, le règlement adopté par les membres dans le dernier tiers du XVe siècle était placé sous la protection de la Vierge et de saint Sébastien, pour promouvoir la paix et l'amitié.
Pour éviter la fraude lors des épreuves, seul un juge qui ne faisait pas partie des compétiteurs était habilité à marquer les points. Les tricheurs se voyaient confisquer leur arme. Les règles de courtoisie étaient en vigueur dans le local de la société de tir : les blasphèmes étaient proscrits, les jurons taxés, et les insultes personnelles amendées. Les querelles étaient soumises à l'arbitrage des responsables ou portées devant les autorités de la ville.
La sociabilité des schützengesellschaften mériterait de longs développements, bien qu'elle soit difficile à saisir à travers des archives qui mettent l'accent sur le contrôle administratif des autorités. Ces dernières s'efforçaient de les encadrer dans la perspective militaire qui les intéressait.
Dans les villes les plus peuplées, les compagnies d'arquebusiers sortaient du cadre corporatif dans lequel se faisait le service militaire. Les nombreuses montres d'armes strasbourgeoises des Guerres de Bourgogne permettaient de connaître les « spécialités » des membres des différentes tribus, avec un panachage d'armes à feu, de piques, d'épées, de hallebardes et d'arbalètes.
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En effet, la pratique du tir nécessitait des infrastructures adaptées, des lieux suffisamment vastes et sécurisés sans être distants. Logiquement, pour éviter des dégâts collatéraux, ces lieux étaient établis extra muros. À Metz, en 1564, les arbalétriers disposaient d'un terrain sur la grève de la Moselle, avec une maisonnette et un cellier à vin.
À Colmar, le site retenu se trouvait à proximité du Pont de Pierre, à la sortie de la ville en direction de Bâle. À Strasbourg, comme à Mulhouse, on distinguait ce qui concernait les arbalétriers et ce qui relevait des armes à feu : les premiers étaient établis au Zimmerhof, au-delà de la Porte des Juifs, vers le canal des faux remparts.
La région de Bitche, située près de la frontière est de la France, a été un lieu stratégique pour les fortifications. Après la Première Guerre mondiale, la France a entrepris la construction de la Ligne Maginot, un système de fortifications destiné à protéger le pays contre une éventuelle invasion allemande.
Paul Painlevé, ministre de la Guerre de 1925 à 1929, est considéré comme le fondateur de principe de la Ligne Maginot, bien que les travaux aient été supervisés par le général Belhague à partir de 1929. La construction a débuté en 1930 et s'est étendue de la mer du Nord jusqu'à Nice, divisée en secteurs fortifiés. La région de Bitche faisait partie des secteurs fortifiés de Metz et de la Lauter.
Outre les grands ouvrages, de nombreux petits blockhaus STG (Service Technique du Génie) ont été construits pour assurer la défense en profondeur. Ces "petits bétons" défendaient les vallées et les routes de pénétration potentielles. À côté des blockhaus STG, d'innombrables petits abris bétonnés ont été construits dans l'urgence.
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La Ligne Maginot Aquatique, incluant des barrages et des zones inondables, faisait également partie du dispositif défensif. Des blockhaus étaient construits de part et d'autre des barrages pour défendre les inondations. Le sous-secteur de Kalhausen, par exemple, était un élément clé de cette ligne aquatique.
Aujourd'hui, les vestiges de la Ligne Maginot sont encore visibles dans la région de Bitche. Certains ouvrages sont ouverts au public, comme le Simserhof et le Fort Casso, et sont visités lors des Journées du Patrimoine. Cependant, de nombreux blockhaus et casemates sont laissés à l'abandon, envahis par la végétation et parfois utilisés comme dépôts de matériaux ou caves.
Les propriétaires des terrains sur lesquels sont construits ces ouvrages sont souvent confrontés à des difficultés, car ils gênent les travaux agricoles. Malgré leur inefficacité lors de la Seconde Guerre mondiale, les fortifications de la Ligne Maginot témoignent d'une époque où la France cherchait à se protéger contre les menaces extérieures.
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