Le tir, qu'il soit considéré comme un sport ou un loisir, occupe une place particulière dans l'histoire et la culture de l'Aude. Réglementé par des règles de sécurité strictes, il attire un public diversifié et passionné.
Au mois d’avril 1886 se fonda à Carcassonne, une Société mixte de tir placée sous les auspices du lieutenant-colonel Raynaud, commandant le 127e régiment territorial d’infanterie. Cette société avait pour objet de développer les aptitudes militaires et de propager le goût du tir, par des concours où des prix étaient distribués aux plus habiles tireurs. L’élan patriotique devait conforter le ferment de la nouvelle IIIe République en rendant la pratique du tir accessible à tous. Déjà, trois cents adhérents avaient rejoins cette association, administrée par sept membres : MM. L’année suivante, le nombre de sociétaire ne fit que grimper s’élevant à 650.
Paradoxalement, le succès de la Société mixte de tir allait vite devenir un problème pour les organisateurs des concours et des entraînements. Tous les dimanches, une voiture devait amener les tireurs depuis le square Gambetta sur le champ de tir de garnison, au lieu-dit « Brescou » près de Cazilhac. Situé sur l’actuel emplacement des « Ecuries de Sainte-Croix », le site, que la commune louait 1000 francs, avait le désavantage d’être éloigné de la ville. Inaccessible aux voitures, il fallait faire une bonne partie du chemin à pied. Cette contrainte commençait à en décourager plus d’un et la société devait enregistrait déjà des défections sans ses rangs. L’urgence était de trouver un terrain à proximité du centre-ville afin d’y construire les stands, nécessaires à l’exercice des tirs.
Dans un premier temps, la Société mixte de tir croit avoir trouvé l’emplacement idéal pour ses activités. Il s’agit de terrains près du Pont d’Iéna ; ils longent la voie ferrée sur la ligne Carcassonne-Quillan. Paul Drevet, négociant et juge au Tribunal de commerce, est choisi en sa qualité de vice-président pour négocier avec les propriétaires Jouy et Netzer. Les pourparlers engagés avec la municipalité le 9 juillet 1891 sur l’octroie d’une subvention pour l’acquisition des terrains va se heurter à la gourmandise des vendeurs. L’appétit du gain va les amener à doubler le prix qu’ils en souhaitaient au départ. La société devra à nouveau se mettre en quête d’une parcelle suffisamment grande pour effectuer des tirs à 300 mètres.
L’affaire sera finalement conclue le 28 avril 1892 chez Me Amigues, entre Madame Guillard Hortense-Eugénie veuve de J-F Carrère et la ville de Carcassonne pour le compte de la Société mixte de tir, usufruitière du bien pendant 30 ans. Sur les actuelles rues d'Isly et Daumier. Le montant du devis réalisé par l’architecte de la ville pour la construction des stands de tir se monterait à 24 000 francs. Tout allait pour le mieux, surtout que la municipalité venait de voter une subvention de 4000 francs annuels pendant six ans pour financer les travaux.
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Hélas, en cours de route, il fallut revoir l’ensemble des plans. La transformation des armes de guerre et la puissance des fusils Lebel a incité l’État à modifier les normes des stands de tir. Non sans conséquences pour le budget alloué, à cause de l’augmentation du montant des travaux. Malgré le concours du Génie de Castres, la facture dépassait de 11000 francs par rapport au devis initial. La Société de tir, dans l’incapacité d’éponger la dette, allait se retourner vers la ville.
Le 7 février 1896, le préfet de l’Aude approuva les plans et les devis et le 23 mars, la commune autorisa la Société mixte de tir à procéder à l’adjudication des travaux. Les exercices de tir sur cet ancien étang appelé Estagnol ne durèrent que quelques années. Mal entretenu, bientôt désaffecté, à la veille de la Grande guerre plus aucun tir ne partait des stands ruinés. En octobre 1914, les tirs sont interdits en raison du danger pour le voisinage. Aussi, quand la mairie a vendu les deux parcelles à Jules Garric en 1919 après l’incendie, le Stand Carcassonnais (ex, Société mixte de tir) envoya une lettre de protestation.
Il s’ensuivit une longue et coûteuse procédure judiciaire de la part de M. Garric pour démontrer que la société ne pouvait plus se prévaloir de l’usufruit. Dans son délibéré, la cour estima que la Société de tir usant des terrains dans un intérêt public n’exerçait pas de véritable usufruit et n’était pas soumise à la limitation de trente ans. La famille Garric gardait la nue-propriété sans pouvoir toutefois en user à sa guise. L’état lamentable des parcelles sur lesquelles avaient poussé des jardins potagers les rendait inconstructibles. Il faudra attendre le milieu des années 1960 pour qu’enfin la famille Garric soir autorisée à lotir. C’est ici que se construisit le quartier Pasteur selon les plans d’Henri Castella.
Tous les entrepreneurs du coin vinrent se délester de leurs gravats afin de niveler le terrain, autrefois paradis des batraciens.
De nos jours, les clubs de tir comme la Carcassonnaise de Tir affichent une réelle convivialité, dopés par une mixité plutôt rare dans la discipline (55 femmes licenciées + 35 enfants). Avec ses 327 adhérents, dont 42 nouveaux depuis la rentrée, la Carcassonnaise de tir a pourtant fière allure. Le club ne désemplit pas, avec en plus l'accueil de groupes extérieurs, comme la police le lundi. Un peu éloigné de l'image "kaki" du retraité militaire.
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Le club assure la formation des nouveaux adhérents au cours d'une période de six mois à raison d'un samedi par mois consacré la pratique (carabines, pistolets) et à la législation des armes. La formation se termine par des tests écrits et pratiques. L'association propose aussi des animations spécialisées comme le tir aux armes réglementaires, le tir western, le tir sportif de vitesse, le ball-trap.
En 2008, la Carcassonnaise de Tir envoyait un champion du Monde des armes anciennes aux Jeux Olympiques de Sydney. Mais Guy Cozzoli, puisque c'est de lui dont il s'agit, n'est pas le seul talentueux à s'exprimer à la visée. Bien d'autres références existent dans le club, "et ce de 8 à 88 ans", glisse Freddy Graffard.
A Ancenis, afin de marquer cet événement, les Arquebusiers avaient invité Laurent Guioullier, champion de France et deux fois champion d'Europe aux armes anciennes. Il a présenté les copies de deux armes, américaine et anglaise, utilisées dans les années 1860-1880 et dont le chargement s'effectue par le canon. Se pratique avec des armes de poing ou d’épaule, d’origine ou réplique. Elles se caractérisent par le fait qu’elles se rechargent à la poudre noire. Elles font le bonheur des collectionneurs, leur permettant d’allier le sport à leur passion : les armes de collection.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le champ de tir de la Madeleine, situé le long de la route départementale reliant Montpellier à Sète, fut utilisé comme lieu d'exécution pour les résistants. Les condamnés par la Cour martiale avaient été livrés à cette juridiction par la police française ou la Milice. Dans tous les cas, ces exécutions relèvent d’un processus de radicalisation de la répression des organisations de résistance aussi bien de la part des Allemands que de celle menée par l’intendant de police de Montpellier Pierre Marty et son successeur Charles Hornus, deux hauts fonctionnaires de Vichy, miliciens zélés, convaincus du bien-fondé de la politique qu’il convenait de mener sans faiblesse contre les « terroristes » de toutes obédiences.
Plusieurs résistants de l'Aude furent fusillés à la Madeleine :
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Ces hommes, souvent très jeunes, appartenaient à différents mouvements de résistance et furent victimes de la répression implacable de l'occupant et de ses collaborateurs.
Un incendie s'est déclaré, lundi 3 mars 2025, sur un stand de tir du 4e Régiment étranger de Castelnaudary dans l'Aude. Il y a d'importants dégagements de fumée. Le préfet a demandé, ce matin, à la population de rester confinée.
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