L’élite française du tir sportif se retrouve très régulièrement dans le Berry, près de Châteauroux (Indre), pour s’entraîner et préparer les prochaines compétitions. Le Centre national du tir sportif (CNTS) est situé à Déols (Indre), aux portes de Châteauroux, précisément.
C’est là, sur près de 90 hectares, qu’a été inauguré, en mai 2018, ce qui est désormais une référence dans le milieu du tir sportif, en France et en Europe. Après un café et une madeleine avalés en compagnie des membres de l’Équipe de France, place à la découverte du site. Les munitions pleuvent déjà sur les stands de skeet et de fosse, quand Tony Amengual, chargé de communication de la FFTir, nous entraîne dans son sillage. L’odeur de poudre attaque les narines.
« Tiens, t’auras besoin d’un casque antibruit. » On observe les pro du skeet, le Manchois Eric Delaunay, et les Charentais Lucie Anastassiou et Emmanuel Petit, s’entraîner. Ciel bleu, temps frais, conditions idéales pour « casser du plateau ». Un bruit nous interpelle. Quelques secondes après chaque tir visant la soucoupe en argile, l’on entend comme une sorte de pluie fine. Sous un ciel sans nuage. « C’est le plomb qui glisse le long des merlons, ces grandes buttes de terre bâchées de 15 m de haut.
Le plomb des munitions de calibre 12 reste donc sur le site, et ne va pas gratter le derrière d’un oiseau poissard. « Le plomb est ramassé régulièrement. On monte en haut d’une des tribunes offrant une vue sur le site. Une grue se trouve à quelques centaines de mètres. « C’est pour le stand final de tir à la cible, dont le chantier est en cours. Des merlons de 15 m de haut entourent les stands de tir de fosse et de skeet, au Centre national de tir sportif, à Châteauroux (Indre).
D’innombrables stands de tir, du 10 m.. On laisse les sélectionnés entre eux. On passe à l’intérieur du complexe, pour avoir une idée de ce à quoi ressemblent les autres stands. Ceux de 25 m pour pistolet avec munition 22 long rifle disposent de 60 postes. Plus loin, on croise un tireur en plein entraînement, du côté des stands 10 m à air comprimé.
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C’est Valérian Lefaure, champion du monde handisport de tir sportif à la carabine. Le membre de la Société nantaise de tir enchaîne les 10,4 et 10,5 sans forcer. Mais tout n’est pas aussi simple, à l’entendre. « Avec le Covid-19 et la suspension des compétitions, c’est dur de garder le rythme, explique-t-il. En épreuve, il faut bien un match pour se mettre dans le rythme, et être bon à partir du second. Il peut y avoir jusqu’à dix points d’écart entre les deux.
Mis à part Valérian, on ne croise pas grand monde sur le site, Covid-19 oblige. On retourne dehors, pour monter en voiture avec « Totof », ou plutôt Christophe Desfrançois, directeur adjoint du CNTS et grand spécialiste du tir sportif de vitesse. Il nous présente quelques-uns des trente-trois alvéoles installées en extérieur, dont trois offrant une distance de 180 mètres.
Petite démonstration de ce qu’est le tir sportif de vitesse, discipline née dans le milieu des années 1970 aux États-Unis, pour pallier le manque d’entraînement des policiers US, sous l’impulsion de Jeff Cooper. Placements, techniques de tir, cibles… avec Totof, on y est. Direction ensuite les stands longue distance, autre discipline mondiale.
Très longue distance, pour le coup. Le rideau de fer se lève et découvre une étendue si immense qu’on peine à distinguer les cibles, qui mesurent pourtant 1,50 m2. Elles se situent à 300 m. Derrière, des cibles plus grandes, de 2 m2.
Comment l’élite du tir sportif français s’est-elle retrouvée au plein cœur du Berry ? « À l’origine, ce terrain dépendait d’une base militaire de l’Otan, près de l’aérodrome de gros-porteurs de Châteauroux, explique Tony Amengual, chargé de communication de la Fédération française de tir. Quand la France est sortie de l’Otan sur décision de De Gaulle, en 1966, le terrain a été repris par l’armée française, qui y a installé une partie de l’École du matériel.
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Quelques années passent. L’École du matériel se retire et le terrain est donné à un régiment de soutien et de logistique, « notamment avec des porte-chars ». La société, elle, évolue. La fin du service militaire, annoncée par Jacques Chirac, alors président de la République, en 1996, donne naissance à une armée de métier. Et à des réductions de moyens, dans les régiments comme dans les implantations.
« Le terrain a été cédé par l’État à la métropole de Châteauroux, qui cherchait à l’exploiter. » Société spécialisée dans les vêtements professionnels, campus chinois, établissement scolaire traditionaliste… Plusieurs parties du terrain sont revendues. Reste une immense part du site, près de 90 hectares. Rachetée par la Fédération française de tir en 2013.
Le site a été inauguré en mai 2018, en présence de Laura Flessel, ministre des Sports de l’époque, mais a reçu des compétitions avant, comme un championnat du monde de tir sportif de vitesse, en 2017. Le site continue d’évoluer, avec un chantier de 7 millions d’euros actuellement mené afin de donner vie, courant 2022, à un stand final de tir à la cible en 10 m, 25 m et 50 m, pour pistolet et carabine, avec des installations permettant des retransmissions télévisées de championnats d’Europe et du monde.
Jeudi 17 mai 2018 a eu lieu l'inauguration du Centre National de Tir Sportif à Châteauroux. Trois ans après la présentation du projet, cette immense installation est aujourd'hui prête à accueillir 20 000 personnes par an pour les compétitions. Avec ses 78 hectares, ses dix ensembles de stands, c'est le plus grand site de tir sportif et le mieux équipé en Europe.
Environ deux cents personnes étaient présentes, jeudi, pour assister à l'aboutissement d'une histoire née six ans plus tôt sur l'ancien site militaire de la Martinerie. Le Centre nationale de tir sportif (CNTS) de Châteauroux de la Fédération française de tir a officiellement été inauguré et, ainsi, enfin répondu au vieux rêve de proposer un équipement de niveau international. Le Centre National du Tir Sportif est destiné à accueillir tous les types de compétitions, régionales, nationales et internationales, dans l'intégralité des douze disciplines pour lesquelles la Fédération Française de Tir a reçu délégation, a précisé son président Philippe Crochard.
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Il sera également progressivement ouvert à tous les licenciés de notre fédération et des fédérations sportives amies. Le projet avait été officiellement annoncé en avril 2015, mais l'idée était née quelques années auparavant. A l'origine, je cherchais un emplacement pour pouvoir construire un site à l'échelle régionale et l'ancien maire, Jean-François Mayet, a souhaité me présenter cet emplacement sur l'ancien site militaire de la Martinerie, explique Gilles Dumery, président de la ligue de la région Centre-Val de Loire.
Quand j'ai vu l'ampleur, j'ai tout de suite proposé à la fédération nationale de se joindre à l'opération. Finalement, ce sera elle seule qui portera le projet. En janvier 2012, l'acquisition des 78 hectares de terrain est validée en assemblée générale. La première pierre est posée le 31 mars 2016. Pour ce chantier gigantesque, 500.000 m3 de terre seront déplacés et 12.500 m3 de béton coulés.
Plus récemment, les stands longue distance ont été rajoutés : 100, 200, 300, 500 et 600 mètres. Pour un tel équipement, 30 millions ont été investis. Jeudi, à l'occasion de l'inauguration, plusieurs sportifs de l'équipe de France s'étaient déplacés pour faire des démonstrations.
Jean Quiquampoix, vice-champion olympique lors des Jeux de Rio au pistolet 25 mètres, découvrait pour la première fois le site. « C'est vraiment un très beau site, inédit en Europe qui rivalise avec les plus grands stands dans le monde. Les conditions sont bonnes et l'esthétique agréable. Des sessions et stages entrainement sont déjà prévus. C'est d'autant plus pratique que le site appartient à la fédé et qu'elle peut en disposer comme elle le souhaite. »
Un sentiment partagé par Tanguy de la Forest, quatre participations aux Jeux Paralympiques à son actif et un titre de champion du monde en 2006 à la carabine 10 mètres. « Cela faisait longtemps que l'on attendait un équipement tel que celui-ci. L'accessibilité est parfaite sur les pas de tir et l'ensemble du site. Entre les compétitions et les entrainements, environ 20 000 athlètes et les accompagnateurs sont attendus ici chaque année.
Les nombreux élus présents lors de l'inauguration se sont réjouit de l'impact attendu sur le territoire, à l'image de François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire partenaire du projet (2 millions d'euros investis). « Notre région, grâce au sport, notamment avec la fédération française d'équitation à Lamotte-Beuvron, le Creps à Bourges, un équipement de très haut niveau repéré nationalement, et maintenant ce nouveau centre, a d'importants atouts qui mettent ce territoire en valeur et lui donne de l'attractivité.
Le Berry a besoin de marqueurs forts, d'être identifier au niveau national. Situer ce centre de pratique sportive international ici, c'est attirer, ancrer des compétitions, des entraînements de très haut niveau qui vont donner de la visibilité à ce territoire. L'idée s'est d'ailleurs vérifiée localement dès le mois de septembre dernier. Quelques mois avant son inauguration, le centre avait déjà accueilli sa première manifestation internationale : le championnat du monde de tir sportif de vitesse.
Quatre-vingt-dix nations étaient représentées, presque mille cinq cents sportifs, avec, pour ouvrir le rendez-vous, un grand défilé des nations sur la place de la République de Châteauroux. Pendant près d'une semaine, l'ensemble des équipement hôtelier de la ville et d'une bonne partie du département ont affiché quasi complet, entraînant des retombés économiques très important. « Il est estimé que cela pourrait représenter plus d'un millions d'euros par an » précise Gilles Dumery.
Dès les premiers jours d'ouverture en 2017, le CNTS a accueilli de grands événements internationaux : le Championnat de France de Tir Sportif de Vitesse (IPSC) en juillet 2017, le Championnat du monde de Tir Sportif de Vitesse (IPSC) en août 2017. Après la réalisation des opérations de dépollution, de nettoyage et de clôture du site ainsi que de la remise en eau et en électricité des bâtiments, la pose de la première pierre s'est déroulée le 31 mars 2016.
Par la suite, la Fédération française de tir (FFTir) ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Elle a notamment étendu son emprise d’une vingtaine d’hectares supplémentaires pour y créer un parcours de chasse et construire sur le site de La Martinerie, un stand "Finales" de 4 600 m² attenant au bâtiment principal. Cet équipement, sorte de grand studio de télévision, permet de filmer les finales des plus grandes compétitions européennes et mondiales.
Ancienne base militaire, le plus grand stand de tir d’Europe accueillera les épreuves olympiques cet été. Sans les 40 millions d’euros investis par la Fédération Française de Tir (FFTir) sur cette friche militaire délaissée en 2012, jamais Châteauroux ne serait devenue ville olympique. La Fédération Française de Tir se porte acquéreur de 80 hectares, pour 460.000 €.
Quatre ans plus tard, les premiers coups de pelleteuse sont donnés, et l’inauguration a lieu en 2018. Les 250.000 licenciés disposent d’un site où les 12 disciplines peuvent être pratiquées. Entre 2021 et 2022, la Fédération et les élus du département ont joué leur va-tout : prouver au Comité International Olympique et à Paris 2024 que le site était en mesure de recevoir les épreuves des JO, au lieu de construire un centre éphémère du côté de La Courneuve, sur une zone classée Natura 2000.
Le stand plateau a vu sa pelouse remplacée par du gazon synthétique, coûtant 1,5 million d'euros. Un système de récupération des plombs a été installé, mais aussi un caniveau en cas de grosse pluie. Sur le côté du stand des finales, une plate-forme s’est créée pour accueillir les bungalows de l’administration de Paris 2024. Des portes automatiques ont été installées.
La salle de restauration est désormais climatisée : elle sera transformée en salle de presse. « On devait climatiser aussi le stand à 10 mètres » ajoute Jean-Pierre Chaulier, Président de la Ligue Auvergne de Tir et responsable des travaux pour la Fédération. « Il y en avait pour 770.000 €, pour trois demi-journées d’utilisation.
D’autres modifications vont être opérées, entre le 1ᵉʳ juin et le 27 juillet. Paris 2024 va notamment agrandir la tribune du stand plateau, celle du stand des finales, et « décorer » l’ensemble du site aux couleurs olympiques. L’association payera les installations qui seront provisoires, pour les Jeux. Nous avions les moyens financiers, et on aura un site pleinement opérationnel.
Dans le stand des finales, il faut trouver le moyen de déplacer les grands écrans fixés aux poutres du plafond. « OBS, le prestataire vidéo, va filmer du haut des gradins. Et les caméras ne verront rien comme c’est configuré en ce moment ». Plusieurs expertises sont menées depuis quelques mois, et, fin avril, la solution n’était toujours pas trouvée. En attendant, toutes les compétitions et tous les entraînements sont suspendus. Et il faudra attendre plusieurs semaines après les Jeux pour que le Centre National de Tir reprenne ses activités.
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