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Salut les amis ! C’est votre vieux Gérard de l’armurerie « Le Tireur Paisible ». Aujourd’hui, je vais vous expliquer comment fonctionne un silencieux d’arme à feu. Après 30 ans passés dans le métier, j’ai vu passer pas mal de clients curieux sur ce sujet !

Qu'est-ce qu'un Silencieux ?

Un silencieux, qu’on appelle aussi modérateur de son ou suppresseur dans le jargon, est ce tube cylindrique qui se fixe au bout du canon de votre arme. Son but premier ? Réduire le bruit lors du tir, mais pas que ! Je me souviens d’un client qui était persuadé qu’avec ça, son pistolet ferait juste « pfft » comme dans James Bond.

Principes de Fonctionnement

Le bruit généré lors du tir provient principalement des gaz de combustion expulsés par la bouche du canon, et non pas du projectile lui-même. Les gaz à haute pression sont libérés à grande vitesse, créant une onde de choc qui génère un bruit. Un réducteur de son fonctionne en modifiant le flux des gaz pour réduire cette variation de pression, c’est-à-dire, en diminuant l’onde de choc qui se produit à la sortie du canon.

En réalité, un silencieux d’arme à feu détend et refroidit les gaz propulsant la balle. À l’intérieur, vous trouverez plusieurs chambres d’expansion - entre quatre et quinze selon les modèles - séparées par des chicanes. Les parois intérieures très ondulées « étouffent » l’air, tandis que la balle perd légèrement de sa vitesse. Résultat : une pression moins forte à la sortie du canon et un bruit nettement atténué.

Dans un premier temps, le silencieux agit comme une cavité qui recueille les gaz de combustion et leur offre un « espace de détente ». La détente des gaz n’a donc pas lieu dans l’air, mais dans une cavité rigide. Ceci dit, contenir les gaz de combustion ne suffit pas. Le silencieux est toujours rempli des gaz de combustion qui n’étaient pas là avant : il y a donc toujours une surpression et ces gaz doivent être libérés.

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Ici, c’est la géométrie interne du silencieux qui va jouer : leur structure est telle qu’elle forme de multiples cavités et forment même des voies d’évacuations qui empêchent le flux d’air de se faire de façon optimale, et donc de façon ralentie. Vue en coupe d’un silencieux. Les gaz finissent tout de même par sortir, mais la pression n’est alors que d’environ 4 bars. C’est toujours relativement fort. C’est toujours le double de la pression d’un pneu de voiture, mais tout de même bien moins que les 20 bars de la pression régnant dans une bouteille de champagne.

Contrairement à ce que prétend Hollywood, le silencieux n’est pas totalement « silencieux », loin de là même. On obtient ce résultat essentiellement en agissant sur la cause de l’onde de choc d’un coup de feu. Cette onde de choc apparaît suite à une rapide détente de gaz en sortie du canon. En diminuant la vitesse de détente de ces gaz, on réduit le bruit. Ce genre de principe est également utilisé dans les pots d’échappements des véhicules à moteur : chaque explosion dans le moteur produit des gaz dont l’expulsion, très rapide, produit une surpression et donc un son très fort.

Avantages des Silencieux

L’installation d’un réducteur de son (RDS) sur une arme automatique présente plusieurs avantages cruciaux, tant sur le plan de la protection que sur celui de l’efficacité au combat. L’un des principaux bénéfices d’un RDS est la protection auditive. Les armes automatiques génèrent des bruits de grande intensité lors des tirs, ce qui peut entraîner des traumatismes auditifs (perte de l’audition et effets sur la zone O.R.L.) à cause de l’onde de pression (effet de blast) générée à chaque départ de coup.

Ce phénomène peut entraîner des dommages irréversibles à l’audition, et l’usage prolongé peut mener à des problèmes de surdité. Le RDS joue un rôle clé dans l’amélioration de la précision de tir, notamment en réduisant le recul de l’arme. En atténuant cet effet, le silencieux permet au tireur de mieux contrôler son arme, particulièrement lors des tirs en rafales ou des séquences rapides. De plus, le RDS limite l’effet de dépointage, c’est-à-dire la tendance de l’arme à se déplacer et à perdre sa visée lors du tir.

Un autre avantage stratégique majeur est la diminution de la localisation du tireur. En réduisant le bruit, le RDS rend beaucoup plus difficile la localisation du tireur par l’ennemi. Lors d’un affrontement, l’ennemi règle souvent son tir sur le bruit généré par le départ des coups. Grâce au RDS, le bruit du tir est considérablement atténué, portant à 300 mètres au lieu de 2000 mètres pour une arme sans silencieux. De plus, un silencieux agit également comme un cache-flamme, empêchant la flamme du tir de se propager et réduisant ainsi la visibilité du point de départ du tir.

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Le montage d’un RDS sur une arme automatique ne rend pas le tireur complètement silencieux, mais il permet de réduire considérablement la détection de sa position par l’ennemi. De plus, il contribue à protéger l’opérateur en prévenant les dégâts auditifs et améliore la précision et le contrôle de l’arme.

Initialement, il réduit le recul de manière significative - environ 15% pour les munitions subsoniques et jusqu’à 30% pour les calibres à haute vélocité. L’ajout de poids en bout de canon (entre 500g et 1kg selon le calibre) stabilise remarquablement l’arme. Pour les chasseurs, c’est un vrai plus : meilleure communication entre compagnons (plus besoin de hurler après chaque tir), protection auditive, et surtout, moins d’effraiement du gibier alentour.

En agissant de manière similaire à un frein de bouche, un silencieux peut diminuer le recul d’au moins 30%. L’utilisation d’un silencieux avec des munitions supersoniques peut sembler contre-intuitive, mais elle présente plusieurs avantages notables. La libération de gaz à haute pression dans l’atmosphère au moment du tir est responsable de la plus grande partie du bruit. Le silencieux agit principalement sur les gaz de combustion, réduisant ainsi la majeure partie du bruit généré par le tir, tout en contribuant à diminuer le recul.

Silencieux et Munitions

Un silencieux fonctionne mieux lorsque le projectile ne touche pas l’intérieur de son tube. Une petite marge de 1mm doit être laissée entre la paroi du silencieux et le projectile pour garantir l’efficacité de l’isolation des gaz. Pour des calibres tels que 9mm ou .30, cette marge est moins problématique. En revanche, pour le .45 ACP, l’étanchéité relative entre le silencieux et le projectile est plus difficile à maintenir de manière optimale.

Plutôt que d’utiliser un .45 ACP, un P.A. en 9mm tirant des munitions subsoniques sera beaucoup plus discret. Pour les armes d’épaule, un calibre .30 sera non seulement plus discret, mais également beaucoup plus performant en termes de portée. Les projectiles de .30 ont des profils aérodynamiques plus favorables, permettant d’atteindre des cibles à des distances plus longues.

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L’utilisation d’un silencieux avec des munitions supersoniques peut sembler contre-intuitive, mais elle présente plusieurs avantages notables. La libération de gaz à haute pression dans l’atmosphère au moment du tir est responsable de la plus grande partie du bruit. Lorsque le projectile dépasse la vitesse du son, il génère un bruit caractéristique lié à la fracture du mur du son. Ce bruit est incompressible et difficile à réduire.

Ainsi, certaines armes, comme une AK-47, seront plus bruyantes qu’un AR-15 ou une arme à répétition manuelle. Les armes semi-automatiques ne sont pas complètement étanches, et une partie des gaz est utilisée pour assurer le fonctionnement de l’arme.

Pour le tir de loisir à des distances modérées (entre 50 et 100 mètres), le calibre .22 LR reste le choix de référence. Pour des distances plus longues, le .300 AAC Blackout est un excellent choix. Ce calibre combine discrétion et performances balistiques, notamment en version subsonique, tout en offrant également des performances supérieures en régime supersonique.

Le calibre idéal dépend des objectifs du tir : .22 LR pour un usage proche et récréatif, .300 AAC Blackout pour des tirs plus longs avec des performances accrues.

Tout d’abord, un projectile de .22 LR et un projectile de .222, bien qu’ayant des calibres légèrement différents (5,5 mm pour les deux), présentent des vitesses similaires en mode subsonique. En revanche, choisir un calibre avec un projectile de plus gros diamètre et de masse plus importante en version subsonique est bien plus efficace.

Installation et Adaptabilité

Oui, il est possible de fileter le canon de votre pistolet automatique (P.A.) afin d’y adapter un réducteur de son. Pour pouvoir effectuer l’usinage et le filetage nécessaires, le canon doit dépasser de la culasse d’une longueur suffisante. Si la longueur du canon est insuffisante, une alternative est l’installation d’un canon fileté compatible avec votre modèle d’arme.

Non, il n’est pas recommandé d’utiliser un adaptateur sur bushing pour installer un réducteur de son (RDS) sur un Colt 1911 ou 1911 A1. Un bushing n’est pas conçu pour supporter un RDS, encore moins un RDS performant. Pour utiliser un RDS sur un Colt 1911, il est indispensable d’opter pour un filetage directement sur le canon.

Oui, il est tout à fait possible de monter un réducteur de son (RDS) sur une carabine non filetée, à condition de réaliser un filetage du canon. La partie avant du canon doit être dégagée sur au moins 12 mm. Cela inclut un espace libre par rapport au fût, au bloc de gaz, ou au tube de magasin.

Types de Montage à Ressort

Le premier type utilise un ressort pour plaquer des chicanes à l’intérieur du silencieux et les maintenir serrées. Ce système n’a aucun effet sur l’absorption de l’énergie des gaz lors du tir. Il sert uniquement à faciliter l’usinage et à augmenter les tolérances de production, surtout dans les modèles bas de gamme.

Le second type de montage à ressort repose sur l’idée de l’absorption de l’énergie des gaz par un ou plusieurs ressorts. Cependant, cette conception est très inefficace. Le ressort ne commence à se comprimer qu’après que le projectile soit déjà passé, car son moment d’inertie est bien plus important que celui des gaz. En pratique, ce système agit de manière similaire à un amplificateur d’inertie dans un silencieux pour pistolet automatique, où l’ensemble du système se déplace une fois que le projectile et les gaz ont quitté l’arme.

Dans les deux cas, l’utilisation d’un ressort pour absorber l’énergie des gaz ne contribue pas efficacement à la réduction du bruit. Le premier type de ressort est principalement destiné à la fabrication et ne joue aucun rôle dans la performance sonore.

Facteurs Influant sur l'Efficacité

Bien que le volume joue un rôle dans la réduction de l’onde de pression, il est loin d’être le facteur principal pour optimiser l’efficacité d’un réducteur de son. Le profil interne est crucial l’instar d’une aile d’avion, le design interne du RDS détermine son efficacité. Si le profil n’est pas correctement conçu, même un RDS volumineux sera inefficace. Un volume interne plus grand signifie que le projectile doit déplacer davantage de fluide (air ou gaz) avant de sortir. Un RDS volumineux contient plus d’air, augmentant la probabilité de combustion des gaz résiduels à l’intérieur. Un réducteur de son surdimensionné dépasse rapidement le seuil d’efficacité optimal.

Pour maintenir un niveau sonore acceptable en opérations, il faudra adapter ces caractéristiques à la vitesse initiale de l’ogive et au volume de poudre de la munition utilisée. Ainsi, un pistolet en .22 LR ou en .45 ACP sera plus discret qu’en 9 mm supersonique, de même que la détonation d’un fusil en 5,56 mm OTAN sera plus facile à réduire que s’il est chambré en .338 Lapua Magnum ou en .50 BMG.

Mesure de l'Efficacité

Pour évaluer l’efficacité d’un RDS, il est important de mesurer le niveau sonore avant et après son installation. Utilisez un sonomètre pour mesurer l’intensité sonore en décibels. Tirez sans le RDS puis avec le RDS installé et comparez les niveaux sonores. Même avec un RDS, il est fortement recommandé de porter des protections auditives supplémentaires, comme des bouchons d’oreilles ou des casques antibruit.

Comprendre le bruit généré par les tirs et l’impact des décibels est crucial pour choisir le bon réducteur de son et adopter les mesures de protection appropriées. Les décibels (dB) sont une unité de mesure utilisée pour quantifier l’intensité du son. Les RDS fonctionnent en dissipant et en ralentissant les gaz de combustion avant qu’ils ne quittent la bouche du canon.

La vitesse du son dépend des caractéristiques physiques du fluide ambiant, notamment la température, la pression atmosphérique, et l’humidité. Pour éviter de passer en régime transsonique, où la stabilité du projectile est affectée, il est conseillé de ne pas dépasser 90 % de la vitesse du son dans vos conditions de tir. La vitesse exacte du son est une variable contextuelle.

Seul un chronographe peut vous indiquer si la vitesse réelle de vos munitions reste en dessous du seuil de 340 m/s (à 20 °C). Chronomètrez vos tirs pour vérifier si certaines cartouches dépassent la vitesse du son. Vos munitions subsoniques peuvent produire un « claquement » en raison d’une vitesse légèrement supersonique ou de facteurs spécifiques à votre arme.

La réduction de la charge de poudre diminue la pression des gaz sortant du canon, ce qui peut légèrement réduire le bruit à la bouche. Réduire la vitesse de 900 m/s à 600 m/s n’aura aucun effet notable sur le niveau sonore tant que la vitesse du son est dépassée. Cela peut réduire la pression à la bouche, mais ne rend pas une munition supersonique subsonique.

Idées Fausses et Réalités

La plus grande idée fausse que je combats quotidiennement dans mon métier ? Le mythe du tir « silencieux ». Merci Hollywood pour cette désinformation massive ! L’objectif réel n’est pas d’éliminer complètement le bruit, mais de le réduire suffisamment pour protéger l’ouïe du tireur et de ses compagnons, tout en gagnant en discrétion tactique.

Il faut également retenir que, loin du folklore hollywoodien, une arme dotée d’un silencieux n’est pas vraiment silencieuse. Si le coup de départ est étouffé de manière relativement efficace, les bruits émis par les pièces mobiles et le bang sonique de l’ogive dans le cas d’une munition supersonique restent les mêmes.

Entretien et Maintenance

Que ce soit pour la chasse ou le tir sportif, son bon fonctionnement dépend d’un entretien rigoureux. À chaque tir, des résidus de poudre et de métaux viennent s’accumuler dans les chicanes et la structure interne du modérateur de son, altérant progressivement ses performances. Un entretien négligé peut entraîner une perte d’efficacité, une détérioration prématurée et même des risques de dysfonctionnement.

Le nettoyage du silencieux est une étape incontournable pour garantir un fonctionnement optimal et une durée de vie prolongée. Lors de chaque tir, des résidus de poudre, de plomb et de cuivre s’accumulent dans le modérateur de son, affectant ses performances. Un silencieux encrassé entraîne une augmentation du bruit et une diminution de l’efficacité de l’arme. L’accumulation de résidus peut provoquer une surchauffe plus rapide, compromettant la stabilité du tir. L’entretien régulier permet d’éviter ces désagréments et d’assurer un usage en toute sécurité.

Fréquence de nettoyage: un nettoyage de silencieux .22LR doit être effectué plus régulièrement que pour d’autres calibres, car les munitions .22 LR sont souvent plus salissantes en raison de l’utilisation de poudre non totalement consumée. Un entretien toutes les 300 à 500 cartouches est recommandé. Pour les calibres plus grands, un nettoyage tous les 500 à 1000 tirs peut suffire, mais un contrôle visuel après chaque séance est préconisé.

Utilisation et Réglementation

Depuis l’automne 2016, la 2nd Marine Division de l’US Marine Corps a mené une série d’expérimentations en collaboration avec le Marine Corps Warfighting Lab, visant à étudier l’utilisation de silencieux au niveau de la compagnie, dans le cadre d’exercices portant sur le combat d’infanterie conventionnel.

Les premiers utilisateurs opérationnels d’armes à silencieux furent les hommes de Black Jack Pershing lors de la tentative de capture de Pancho Villa en 1916. Les suivants furent les agents de l’Office of Strategic Services au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec le pistolet High Standard HDM en .22 LR, de même que le Welrod britannique et son silencieux intégral, également utilisé par les opérateurs du Special Operations Executive durant leurs opérations clandestines contre l’Allemagne nazie.

Historiquement, ce type d’accessoire n’a jamais été produit et distribué à grande échelle, car sa durabilité était très courte. Son emploi militaire n’ayant d’intérêt que pour des tireurs avertis et lors de missions ponctuelles, il fut naturellement jugé inadapté à la conscription et au combat de masse.

En France, la situation a changé en 2018 : les silencieux sont désormais classés comme accessoires libres d’acquisition. Mais attention, vous devez présenter le titre de détention de l’arme correspondante et un permis de chasser ou une licence de tir pour en acquérir un.

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