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Lors de l'entrée en guerre de la France, le 3 Août 1914, le revolver d'ordonnance français alors en service est le modèle 1892, de la Manufacture d'Armes de Saint Etienne.

Dès la fin de l'année 1914, les troupes s'enlisent dans des tranchées, après une guerre de mouvement.

Suite aux pertes énormes en armement, et notamment en armes de poings, le gouvernement Français décide de remettre en service les anciens revolvers modèles 1873 et 1874, avec, souvent, un passage en arsenal ou manufacture pour réparations, et de faire main basse sur tout ce que l'industrie civile peux fournir.

Ainsi, les fabrications du commerce du revolver modèle 1892 (Lamure & Gidrol, "Acier forgé Saint Etienne", revolvers produits par la Manufacture Française d'armes de Saint Etienne, modèles 1892 produits en belgique, ...), mais aussi les revolvers modèles 1887 du commerce (fabrications françaises et belges) et du contrat militaire sont récupérés et mis en service.

Ne pouvant faire appel aux armuriers belges, fidèles fournisseurs du marché français, car déjà sous le joug de la botte Allemande, la France se tourne dans un premier temps vers les manufactures Américaines.

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Seulement, après la commande de quelques milliers de Colt Army en calibre 38 spécial (Modèle similaire au contrat Grec, avec anneau de dragonne et plaquettes en bois lisse, voir plus bas sur la page pour en voir un en photo) se répartissant ainsi: envoi de 840 armes le 27/11/1914, envoi de 1500 armes le 19/12/1914, envoi de 660 armes le 10/03/1915 et envoi de 400 armes le 13/08/1916 (ce qui fait, au moins, 3400 Colt Army en calibre 38 spécial) et 5000 Colts 1911 (livrés entre mai 1915 et janvier 1916), la facture est salée.

Concernant l'achat des pistolets automatiques de type Ruby (calibre 7,65mm), la première commande est passée fin Mai 1915 avec Gabilondo Y Urresti et concerne 10 000 pistolets Ruby par mois, porté à 30 000 pistolets par mois en Août 1915.

Le pistolet Ruby est de petite taille et léger, ce qui en fait une arme pratique à transporter.

Le chargeur possède une capacitée comprise entre 7 et 9 coups, selon les modèles et fabricants.

La France passe donc une première commande de revolvers chambrés en 8mm92 à Eibar le 6 Février 1917.

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Les conditions d'achat et de réception de ces revolvers sont définies dans la dépêche ministérielle n° 21323-2/3.

Il y est bien spécifié que les différents fabricants de ces revolvers doivent livrer les armes par lot de 1000, à la frontière française, pour qu'elles puissent être réceptionnées par le parc d'artillerie de Bayonne.

Chaque arme fournie doit présenter une marque d'origine, un numéro matricule et toutes les armes doivent être en acier.

Chacun des fabricants reçoit, pour toutes indications, le tracé type des chambres du revolver, accompagné de quelques données dimensionnelles.

Le canon doit être foré au diamètre de 8 mm sur les pleins et de 8,30 mm à fond des rayures, avec une tolérance de 0,03 mm.

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Les autres spécifications sont: 1,6 à 1,7 mm entre le renfort et le barillet, 0,45 à 0,15 mm entre le canon et le barillet et 1,7 à 2 mm pour la saillie de la pointe du percuteur.

Les revolvers sont testés au pas de tir, sur une cible carré de 40cm de coté, à 15m.

Les 6 projectiles tirés doivent y figurer.

Le "92 Espagnol" n'a que 2 points communs avec le revolver d'ordonnance modèle 1892 produit à la Manufacture d'Armes de Saint Etienne de 1892 à 1924: son calibre (8mm92) et son classement en catégorie B.

Il s'agit en fait de revolvers commandés à l'Espagne, dès 1917 (donc après la commande de pistolets automatiques Ruby et Star, en 7.65), pour pallier au manque d'armes de poing de l'armée Française.

Dénommés "Revolvers du commerce" dans la nomenclature d'époque, l'appelation de "92 Espagnol" ne viendra que plus tard (en 1968, dans Les pistolets, les revolvers et leurs munitions, par M.H.

Il est à noter que le barillet des revolvers fournis par l'Espagne à la France bascule à gauche, alors que celui du revolver d'ordonnance modèle 1892 bascule à droite.

En effet, lors de la création du modèle 1892, le revolver est encore l'arme secondaire, après le sabre.

Il se tiens donc de la main gauche et se recharge de la main droite.

Enfin, même si le "92 Espagnol" tire la même munition que le revolver réglementaire modèle 1892 de la MAS (la 8mm92, 8x27R), il est à noter que les pas de rayures des 2 modèles sont différents.

La copie basque de ce revolver reprends globalement la même forme et un mécanisme similaire.

Créée en 1840, la société espagnole Orbea est spécialisée dans la fabrication de revolver, jusqu'en 1930, date à partir de laquelle elle ne fabriquera (et fabrique toujours) que des vélos.

D'abord nommée "Hermanos Orbea" (Orbea Frères), la société est renommée en "Orbea Hermanos Y Compania" en 1891, puis "Orbea Y Compania" en 1897, et enfin "La Industrial Orbea" pendant la Première Guerre Mondiale.

Les frères Orbea (Juan Manuel, Casimiro et Mateo) s'installent dans une ancienne minoterie familiale en 1860, afin d'apporter leur contribution à la fabrication de revolvers pour l'armée Espagnole, pour la Royal Oviedo Arms Factory.

En 1883, Les frères Orbea déposent un brevet pour le revolver Ona, copie du Smith & Wesson Russian DA.

Le 6 Octobre 1884, une ordonnance Espagnole indique que l'ensemble des officiers de l'armée espagnole doivent acheter eux-même leur revolver, qui doit répondre aux spécifications militaires.

Au tournant du XXe siècle, vers 1908, la firme Orbea Y Cia va se mettre à fabriquer des copies du Smith & Wesson Military & Police (modèle Smith & Wesson hand Ejector 1905), en calibre .32 et .38 S&W Long, sous le nom de "Revolver Oscillante" (marque déposée le 7 Avril 1911).

Lors de la première guerre mondiale, outre les armes construites et fournies à la France, Orbea (et les industries armurières d'Eibar, en général) fourniront aussi des revolvers à l'Italie (modèle 1889 Bodeo, calibre 10,35 italien du revolver Glisenti, fabrication par Francisco Arismendi y Goenaga et Antonio Errasti) et à l'angleterre (calibre 455 Webley).

La fin de la Première Guerre mondiale et la baisse de la vente d'armes, issues d'Eibar, aux États-Unis et en Europe ont fait baisser le prix de ces revolvers et permis leur acquisition par la population civile espagnole.

Durant les années 1920, de nombreuses usines d'armes d'Eibar ont été impliquées dans la fabrication de revolvers utilisant la cartouche à poudre noire 38 Long Colt, car les pays d'Amérique du Sud qui importaient ces revolvers (principalement l'Argentine) utilisaient encore les munitions à poudre noire.

Au début de la guerre civile espagnole, certains officiers utilisaient encore ce revolver.

Ce revolver possède des plaquettes en ébonite noire, avec le logo "HO", pour "Hermanos Orbea", et aucun marquage sur le canon.

Les armuriers d'Eibar fabriquant déjà ce type de revolver (dans d'autres calibres) avant la commande française de 1917, les premiers exemplaires livrés conservent les plaquettes en ébonite, et les marquages commerciaux.

Etant donné que la firme Orbea change plusieurs fois de nom ("Hermanos Orbea" à sa création, "Orbea Hermanos Y Compania" en 1891, "Orbea Y Compania" en 1897, et enfin "La Industrial Orbea" pendant la Première Guerre Mondiale) il est très probable que les revolvers marqués Orbea y Cia Eibar fassent partie des premières fabrications livrées à la France, et soient des revolvers modifiés (changement de calibre) pour correspondre au cahier des charges Français.

"Trocaola, Aranzabal, y Compania" est la réunion de 2 usines, en 1905.

En 1915, en pleine guerre mondiale, les Britanniques ont acheté un certain nombre de ces revolvers à brisure, en calibre 455.

Ils ont reçu la désignation de «Pistol OP, No.

Les revolvers type "92 Espagnol" fabriqués par Trocaola Aramzabal Y Cia Eibar (Espana), du moins sur les exemplaires que j'ai observé, présentent tous des plaquettes en bois et un marquage présent sur le dessus du canon "Trocaola Aramzabal Y Cia Eibar (Espana)".

Les revolvers de ce fabricant sont marqués, en règle générale, sur le dessus du canon: "ARIZMENDI ZUALAICA Y CIA - EIBAR (ESPANA)".

On trouve aussi, parfois, un logo AZ (pour "Arizmendi Zulaïca") sur le côté gauche de la carcasse, au dessus de la plaquette de crosse.

En plus de fournir la France en arme de poings, Garate Anitua Y Cia fournis aussi l'Italie et la Russie.

La mention "Vleit" est une appelation commerciale, et non le fabricant.

Les officiers de l'armée Roumaine les utiliseront jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec des revolvers modèles 1892 du commerce.

En effet, en 1896, la Roumanie adopte le revolver d'ordonnance français (en concurrence avec l'improbable revolver Gatling-Dimancea).

Ces revolvers possèdent un mécanisme similaire au modèle 1892 de la MAS.

Les principales différences portent sur le fait qu'il n'y a plus de plaque mobile sur la carcasse, que les plaquette de crosse sont toutes les 2 maintenues par un système de vis et rosette, et surtout dans le système de verrouillage du barillet: un verrou situé sur la partie gauche en avant de la carcasse bloque le barillet.

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