Le duel d'honneur est le fait pour un homme de "souffler" (généralement avec un gant) un adversaire ayant attenté à sa réputation ou à son honneur. Le refuser c'est prendre le risque de passer pour un lâche ou un traître et de perdre ses relations. Des règles codifiées organisaient les duels avec des témoins.
Souvent représenté dans les films de western, le duel au pistolet oppose deux hommes dans un combat à distance. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, c'était une coutume courante pratiquée par l'aristocratie pour régler un différend. Cette pratique va peu à peu tomber en désuétude, jusqu'à sa disparition presque totale après la Seconde Guerre Mondiale.
Pour qu'un duel au pistolet ait lieu, il devait y avoir un motif valable et une organisation préalablement définie par écrit. Celui qui demandait à venger son honneur était appelé l'"offensé". Celui qui était à l'origine de l'affront se nommait l'"agresseur". Les témoins qui assistaient aux provocations en duel pouvaient plaider en faveur de l'offensé ou non.
Le but d'un duel au pistolet est de tirer sur son adversaire pour le blesser ou l'abattre. Le résultat permet de déterminer qui rétablit sa réputation.
Au début d'un duel au pistolet, les adversaires doivent se séparer d'une trentaine de pas. Leurs armes ont été préalablement scellées dans une boîte pour éviter toute tricherie. L'arbitre de la rencontre est tenu de charger les armes de trois balles maximum devant les combattants et les témoins. Une fois les duellistes placés, ils doivent attendre le signal du directeur du combat pour pouvoir tirer.
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Après chaque coup, ils doivent s'avancer d'un certain nombre de pas, puis tirer à nouveau. Selon les règles du duel, l'arme peut être tenue soit avec le canon en l'air, soit le long du corps. S'il s'agit d'un duel au premier sang, le combat s'arrête quand l'un des deux adversaires est blessé. Dans le cas d'un duel à mort, il prend fin quand l'un des duellistes succombe.
Un duel d'honneur au pistolet ne peut pas débuter immédiatement après le conflit entre l'agresseur et l'offensé, mais la rencontre doit avoir lieu dans les 48 heures. Les armes d'un duel au pistolet sont choisies avant la rencontre. Ni l'agresseur ni l'offensé n'ont le droit d'utiliser des armes et des balles non réglementaires. La fiabilité des pistolets est vérifiée au préalable par une tierce personne.
Les duellistes ne peuvent pas tirer avant le grand retentissement de l'arbitre, sinon il s'agirait d'un acte de tricherie. Il ne doit y avoir aucune intervention des témoins ni de quiconque pendant un duel au pistolet. L'agresseur n'a pas le droit d'annuler le combat après avoir accepté un duel, sauf s'il présente ses excuses et si l'offensé les prend en compte.
Le cardinal Richelieu, ministre du roi Louis XIII, a promulgué un édit interdisant les duels le 6 février 1626. Quelques mois plus tard, le 2 juin, il prend la décision de punir de mort les duellistes récidivistes. Malgré les avertissements, le duel au pistolet, le duel au sabre et le duel avec d'autres armes ont persisté un peu partout en France. Plus de 200 hommes ont péri dans un duel à mort entre 1826 et 1834.
Si aucun texte actuel ne prévoit explicitement l'interdiction des duels, il ne demeure pas point que les deux parties s'exposeraient au principe selon lequel "le consentement de la victime n'exclut pas la responsabilité de l'auteur d'une infraction.
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Le dernier duel pour l'honneur a eu lieu le 21 avril 1967. Les combattants étaient Gaston Defferre, alors maire de Marseille, et le gaulliste René Ribière. Il s'agissait non pas d'un duel au pistolet, mais d'un duel à l'épée. Ce combat s'est soldé par la défaite de Ribière sur décision de l'arbitre. Au final, les deux hommes s'en sont sortis vivants.
La pratique du duel, répandue au XIXe siècle en France parmi les mondains, en particulier les journalistes, écrivains, artistes, hommes politiques et officiers, suivait un rituel dont la forme la plus achevée fut pratiquée pendant plusieurs décennies sous une forme à peu près fixée.
Des codes similaires avaient été publiés auparavant en Europe, en particulier le code irlandais (Irish Code Duello, comprenant 25 règles) adopté en 1777 aux assises d’été du tribunal de Clonmel et le British code of duel publié à Londres en 1824.
D’autres suivirent dans la seconde moitié du XIXe s., comme le Nouveau Code du duel, Histoire, législation, droit contemporain du comte Charles du Verger Saint-Thomas (1879, publié chez E. Dentu à Paris, 465 p.), l’Art du duel d’Adolphe Tavernier, escrimeur et écrivain (publié chez Marpon et Flammarion en 1885 avec une préface d’Aurélien Scholl, 239 p.), le Jeu de l’épée : Leçons de Jules Jacob, suivies du duel au sabre et du duel au pistolet, et de conseils aux témoins d’Emile André -pseudonyme d’Emile-André Raballet, journaliste et escrimeur- (1887, Ollendorff, 278 p.) et Le Duel à travers les âges, Histoire et législation, duels célèbres, code du duel de Gabriel Letainturier-Fradin, sous-préfet (1892, Flammarion, 304 p.), suivi de l’ouvrage du même auteur : Faut-il se battre ? Le duel moderne, Sauvons l’honneur ! (1901, Flammarion, 54 p.).
Parmi les duels célèbres du XIXe siècle, citons celui qui se conclut par la mort du jeune mathématicien Evariste Gallois le 30 mai 1832, touché à l’abdomen par une balle, celui du journaliste Armand Carrel, mort le 24 juillet 1836 à la suite de son duel avec Emile de Girardin ou celui qui opposa Pouchkine au vicomte d’Archiac, attaché d’ambassade à Saint-Pétersbourg, le 29 janvier 1837 et qui se solda par la mort de l’écrivain russe, fauché d’une balle dans le bassin.
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