Il y a une raison si la popularité du calibre .22lr est inégalée dans le monde des armes d’épaule. Un des aspects du .22lr que je préfère, c’est sa discrétion. C'est le sujet qui dérange car rappelons-le ici fermement, les armes à percussion annulaire sont, dans notre pays, strictement interdites à la chasse.
Et le "petit" 22, une munition toujours mal famée, qui encombre trop souvent la rubrique faits divers. Elle a été tellement diffusée qu'on en retrouve partout : dans la cabane au fond du jardin du tonton, pour faire détaler les étourneaux à la bosquette, ou sur l'armoire à pépé "des fois qu'il viendrait des voleurs". On l'a tous connue, tiré avec étant gamins sur des boîtes à conserves...
Quand il s’agit d’armes à feu, l’état d’esprit collectif est que plus c’est gros, mieux c’est. Le .22lr est généralement considéré faiblard pour un usage défensif, mais ça se discute. Pour ma part, je ne verrais aucun inconvénient à me défendre avec ce calibre car il présente l’avantage de n’opposer aucun recul au tireur. Le sous-estimer et le considérer comme un hochet pour jeune tireur est donc une grossière erreur.
La plus puissante des munitions 22, et on va voir plus loin (et notamment en examinant la table balistique en fin de ce post) que ce n'est sûrement pas celle qui se prêterait le mieux à la chasse, n'annonce que 375 joules, cette unité qui quantifie la puissance de frappe. Sachant qu'il faut 1250 joules minimum pour "sécher" proprement un chevreuil, on comprend pourquoi le législateur, par éthique certes, mais aussi par souci de sécurité, l'a explicitement interdit. La "balle perdue" va en effet jusqu'à 1500 métres avec encore suffisamment de joules (une soixantaine ) pour tuer ou blesser grièvement quelqu'un selon l'atteinte.
Tous les chasseurs doivent le savoir, on ne commence à tirer les ongulés qu'avec le 222 Remington...déjà considéré comme trop faible par bien des spécialistes de l'affût. Quand à la battue, vaut mieux pas y penser !
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Pour comprendre ce mystère législativo-administratif, bien propre à notre pays, et ses implications cynégétiques, faut aller à la pêche aux renseignements sur les sites de chasse des pays notamment nord-américains, où ce petit calibre est encore plus employé que chez nous et mis à toutes les sauces.
Imprécis passé 100 métres ? Des sites spécialisés de varminting (tir des nuisibles à longue distance) sont encore dans la cible...à 300 métres ! Dans les réserves indiennes, des spécialistes de l'affût proche genre tir à l'arc font du cerf de Virginie (moitié plus petit que notre élaphe, à peine plus gros qu'un beau chevreuil), à 50 m avec une balle d'arrêt bien placée (au cou), puis du polycriblage (en évitant le coffre...pour pas abimer les peaux) avec des semi-auto, genre Ruger ou Savage, présentes dans quasiment chaque ferme aux USA.
Mais quelle munition alors employer dans une utilisation rationnelle purement cynégétique, et, soyons "faux cul", hors de France ? Dans tous les cas, une "subsonique", autour de 50 métres. Cette munition (voir la table) emploie une "grosse" (tout est relatif bien sûr) balle de 42 grains, le plus souvent "creuse" ou expansive, dont la faible vitesse s'exonère du passage difficile transsonique où elle vibre, et se montre moins régulière et précise.
A 50 métres, après essais de plusieurs marques de munitions, dans une bonne carabine, une subsonique tient, à cette distance dans une balle de tennis ! Donc largement de quoi atteindre à peu près tous les petits animaux qu'ils soient gibier ou nuisibles. Au dessus, il faut compenser le "drop" c'est à dire la flèche qui, à 100 métres, varie déjà et fait "tomber" la balle de 20 à 25 cms ! Ce qui peut se compenser quand on sait utiliser son réticule de visée, avec les plus gros éléments qui, dans la lunette, soutiennent la "croix de cheveux" et peuvent aussi servir de télémétres.
En effet, par exemple sur une grossissement 4 à 100 métres, un animal couché genre chevreuil ou sanglier, (soit 90 cms environ) tient juste dans le "carré" central. S'il n'en prend que la moitié...il est à 200 métres ! Donc connaissant ces éléments, et en "relevant" le tir, il est possible, toutes conditions de sécurité réunies bien sûr (tir fichant etc.), et je le repète hors de France, d'allonger un peu la distance pour être efficace autour de 50-80 métres.
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Quelle carabine adéquate ? Les semi-auto sont, en France, en catégorie B, donc soumises à autorisation de détention, inutile donc d'en parler. Par contre il reste, sans même évoquer du neuf à répétition, pas trop cher et excellent (CZ, Toz, etc.), des tas de vieilleries à la traîne, même à un coup, qui permettront justement (en tir récréatif j'insiste, et pas à la chasse vous l'avez compris) de vérifier ce qu'on vient de voir.
Commentaires des tables balistiques ci dessus (de la marque Winchester) : la subsonique propose la plus grosse balle (42 grains). On voit que les prix...s'envolent en même temps que la vitesse... ! La puissance d'arrêt en joules des subsoniques à la bouche (138), est presque aussi forte que les hautes vitesses, même si, sûrement, elle chute rapidement...mais comme on tire à 50 m. c'est bien suffisant !
C'est un peu gros pour le lièvre et la perdrix, tu risques qu'il ne reste pas beaucoup de viande à manger. Même si c'est permis, c'est un peu petit pour le coyote et le loup. Il ne te reste plus que la marmotte, mais c'est pas ce qu'il y a de plus trippant à chasser (et encore moins à manger!)...
Avec des boites de 50 unités à 5€ en moyenne, la cartouche .22lr coûte environ 0,10€. Le calcul est rapide, et le gain évident. Le côté économique du calibre .22lr en fait l’outil de choix pour l’apprentissage du tir à la lunette et permet de s’adonner à des dizaines de tests de réglages. Ce sont des carabines extrêmement précises jusqu’à au moins 100 mètres.
Peut-on utiliser une arme de catégorie B à la chasse ? Déjà, rappelons qu’il est interdit d’utiliser une arme détenue à titre sportif, en dehors des installations prévues à cet effet. En principe, il n’est pas possible de chasser avec une arme d’épaule de catégorie B pour les mêmes raisons de port interdit que pour les armes de poing. La majorité des anciennes armes à verrou classées en 1e catégorie sont désormais classées en catégorie C, donc autorisées à la chasse.
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De toute façon, l’arme et la munition doivent respecter les dispositions règlementaires concernant la chasse. Sont notamment interdits : les systèmes de visée permettant des tirs à plus de 300 m, les balles blindées [1], le rechargement automatique de plus de trois coups, les visées nocturnes avec amplificateur de lumière électronique, et les cannes-fusils.
Tout calibre égal ou supérieur à 20 mm (canon rayé, classé en A4) ou supérieur au calibre 8 (canon lisse, classé en A5 et sauf exceptions) est interdit d’acquisition et de détention, donc évidemment d’utilisation à la chasse (cf. Dans certains cas, le calibre .22 LR reste interdit à la chasse. Depuis le 1er août 2018, certains fusils à pompe rayés ont été surclassés en catégorie B. seuls les tireurs licenciés qui ont demandé en 2019 une autorisation de détention de catégorie B ont pu les conserver sans modification mais ne peuvent les utiliser qu’en stand de tir.
Le décret du 6 mai 1995 avait prévu dans son article 116, la possibilité transitoire pour les détenteurs majeurs de conserver certaines armes surclassées. Pour cela, il fallait déclarer les armes avant le 6 mai 1996 et la préfecture délivrait un récépissé appelé Modèle 13. Cette autorisation était délivrée à vie et personnelle.
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