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L'expression "Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver !" est l'une des citations les plus célèbres sur la culture. On devrait toujours avoir présent à l'esprit cette phrase de Hanns Johst, "le barde de la SS".

Origine de la citation

Cette citation controversée est en réalité issue de la pièce de théâtre “Schlageter” écrite par l’écrivain nazi Hanns Johst en 1933. Longtemps, on a attribué cette citation aux hauts dignitaires nazis, mais cette attribution est erronée. En réalité (comme très souvent quand une citation connaît plusieurs auteurs et/ou variantes), il s'agit d'une citation apocryphe, puisque la phrase n'a jamais été réellement prononcée (ou alors simplement répétée).

La phrase originale est la suivante : "Wenn ich Kultur höre ... entsichere ich meinen Browning !" ("Quand j'entends parler de culture... je relâche la sécurité de mon Browning !"). délicat aphorisme serait à l'origine « Wenn ich Kultur höre... entsichere ich meinen Browning » (Quand j’entends le mot culture [ou civilisation]...

La pièce “Schlageter” de Hanns Johst, présentée en avril 1933, contient la phrase originale : “Wenn ich das Wort Kultur höre, entsichere ich meinen Browning !” C'est l'un des personnages d'une des pièces, donnée le jour de l'anniversaire d'Hitler, qui la prononce. Cette formulation diffère légèrement de la citation couramment attribuée aux nazis.

Par ailleurs, cette citation connaît plusieurs variantes : "Quand j'entends le mot culture, je sors mon pistolet !", ou "je sors mon Luger !", ou "je brandis mon automatique!".

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Le contexte historique de "Schlageter"

La pièce “Schlageter” met en scène Albert Leo Schlageter, un combattant allemand de la Première Guerre mondiale exécuté par les Français en 1923 pour actes de sabotage dans la Ruhr. La pièce de théâtre s’inscrit dans la propagande culturelle nazie visant à créer des héros mythiques pour galvaniser le sentiment nationaliste allemand.

Elle est prononcée dans la première scène de l'acte I, par un personnage de la pièce, Friedrich Thiemann, dans une conversation avec le jeune Schlageter. Dans cette scène, Schlageter et son camarade étudient pour préparer un examen d'université mais commencent à se disputer pour savoir si cela en vaut la peine alors que leur nation n'est pas libre. Thiemann affirme qu'il préfèrerait se battre plutôt que d'étudier, et revendique sa haine de la culture.

Hanns Johst, ancien auteur expressionniste et pacifiste, s’est rallié au régime national-socialiste. Son ralliement n’était pas isolé ; de nombreux intellectuels allemands ont cherché à s’adapter au nouveau régime.

Signification et portée symbolique

L’expression ‘quand j’entends le mot culture je sors mon revolver’ est devenue un symbole de la tension entre la force brutale et l’intellect. L’opposition entre l’arme à feu et la culture symbolise la préférence pour les solutions expéditives et la violence comme moyen d’action, au détriment de la réflexion et de l’éducation.

Ce faisant, il est un parfait représentant de l'idéologie nazie, dont l'une des caractéristiques essentielles est la volonté de dépassement des "contraintes de la culture". Pourtant, il semble que les nazis ne soient pas les seuls à haïr la culture.

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Aujourd’hui, cette expression est utilisée pour dénoncer les dérives anti-intellectuelles et les menaces contre la culture. Même si on l’entend à tout bout de champ (plus souvent à tort qu’à raison), il est difficile de comprendre le sens de cette phrase sans en connaître son contexte historique précis. Car, oui, à l’origine, cette phrase est un trait d’humour douteux provenant tout droit du régime nazi.

Pourquoi ? Parce qu'une des grandes obsessions des tyrans fut de tous temps que le peuple ne lise pas. Il y a dans certains livres des choses dangereuses. Déstabilisantes. les certitudes les mieux établies. Germes d'éveil essentiels. Pistes de réflexions risquées, qui nous rendraient libres de tout pouvoir d'oppression.

Cette phrase, issue d’une pièce de théâtre nazie, a transcendé son contexte historique pour devenir une référence culturelle majeure. L’histoire de cette citation nous enseigne également à vérifier l’origine exacte des expressions célèbres, car les erreurs d’attribution peuvent déformer notre compréhension de l’histoire. Enfin, l’étude de cette expression nous permet de comprendre comment les mots peuvent survivre à leur contexte initial et acquérir une nouvelle signification au fil du temps.

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