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Le pistolet à eau, bien qu'il puisse sembler un simple jouet, possède une histoire et une signification culturelle qui méritent d'être explorées, notamment dans des contextes comme celui du Maroc.

Les Cérémonies et Traditions Marocaines

Les cérémonies nombreuses et compliquées qui accompagnent le mariage des habitants de Wargla montrent qu'ils sont préoccupés des conséquences que cet événement peut avoir pour les deux individus intéressés, pour leurs deux familles, pour les sociétés distinctes des hommes et des femmes, enfin pour la communauté plus large qui forme la tribu. Chacune de ces catégories sociales rejette ou s'annexe chacun des époux par une série de cérémonies, dont le développement est un peu embarrassé par l'intervention d'un élément magico-religieux, que ce soit la conjuration des djinns, le culte des saints locaux ou un pâle reflet des prescriptions islamiques. J'ai conservé le cadre tracé par M. Biarnay, et considéré surtout les différentes étapes de la marche des époux, passant d'un état où ils s'ignorent et n'ont entre eux aucun rapport social, jusqu'au point où leurs vies, étroitement unies, en préparent d'autres et fondent un élément nouveau.

Entre ces deux situations extrêmes, ils passent par deux périodes de marge, pour employer l'heureuse expression de Van Gennep ; dans la première, ils portent le nom de arri, fém. tarrit, qu'on pourrait traduire par « promis », et dans la seconde, ils sont tasli et taslit, « fiances.». A l'intérieur de cette période, il y aura des moments à distinguer : on hésitera parfois à le faire nettement, comme à préciser le sens des diverses cérémonies.

Il semble, d'après l'exposé de M. Biarnay, que le premier acte dépende uniquement de la volonté du jeune homme. En effet, à l'une des danses publiques qui ont lieu lors des grandes fêtes ou à l'occasion des mariages, et auxquelles prennent part toutes les jeunes filles, le jeune homme choisit sa « promise » et manifeste son choix en lui jetant un foulard dont elle se voile aussitôt. L'intervention des familles, les discussions sur la dot, la remise des cadeaux préparatoires n'auraient lieu qu'ensuite, et la jeune fille peut, par son refus, rompre ces préliminaires. L'accord des deux promis et de leurs familles est complété par le versement de la dot qui est effectué sans témoin et ne donne lieu à aucune cérémonie. Désormais, les deux promis entrés dans la première étape qui conduit du célibat au mariage, sont soumis à des obligations et doivent prendre part à des cérémonies destinées à dénouer publiquement leurs liens sociaux actuels et à endormir la surveillance des djinns conservateurs et méchants.

Le repas, dit « la fête du petit lapis », qui réunit, comme ailleurs, les femmes des deux familles, les voisines et les amies chez la mère de la promise, est une cérémonie spéciale aux femmes mariées, à la seule exception de la promise et de ses deux demoiselles d'honneur. La petite fête, dite bizarrement « le morceau de viande dans les latrines », est réservée aux fillettes et jeunes filles : les invitations faites, les gamines se réunissent, au jour dit, chez la promise; elles vont placer un plat de couscous et de viande sur l'ouverture de la fosse d'aisance, et elles se partagent le contenu du plat à la porte même des cabinets. M. Biarnay ne peut expliquer cette cérémonie qui doit, nie semble-t-il, être accompagnée de paroles rituelles et de chants, qui, s'ils étaient connus, en expliqueraient la signification. Ce pourrait être un repas en l'honneur des djinns domestiques qui élisent tout particulièrement domicile dans les cabinets, une sorte de sacrifice propitiatoire, préparant le moment où la promise va sortir de la société des jeunes filles.

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Dès lors, les deux jeunes gens entrent dans une seconde période que je crois préférable de clore à la date où commencent pour les deux fiancés la retraite préparatoire au mariage. Cette seconde période, qui comprend des cérémonies familiales et tribales, dure environ deux mois et commence chaque année à la même date pour tous les fiancés; les mariages sont, en effet, tous consommés le même jour, en général au printemps (mars-avril) et parfois en automne, au milieu de cérémonies collectives qui .réunissent tous les membres de la tribu. Les « promis » deviennent « fiancés », islan.

La première cérémonie, décrite par M. Biarnay, est celle de la construction de la demeure des époux, en fait, celle de sa réfection et de son adaptation à la vie d'un ménage. J'hésite, en l'absence d'une figure, à reconnaître dans cette décoration « l'Astarté punique et carthaginoise », tout en pensant qu'elle a un caractère traditionnel, que j'ignore ; quant aux baguettes, en leur donnant un nom spécial et en voulant, sous l'influence de l'islam, y voir une combinaison des lettres arabes (lam-alif) qui commencent la formule de l' « unité divin », les indigènes montrent bien qu'ils reconnaissent une influence particulière et qu'ils les envisagent isolément.. J'y verrais volontiers le signe magique qui éloigne le mauvais oeil, et la paire de cornes de gazelle dont M. B: a constaté la présence au fronton de certaines portes, loin d'être « une fantaisie du propriétaire », me paraissent constituer au contraire l'un des éléments essentiels de la décoration précédemment décrite.

Les autres cérémonies familiales, « le jour de la teinture », « le jour où l'on écrase les parfums », « le jour du roulage du couscous du mariage », me paraissent être de petite importance rituelle. Elles ont bien, cependant un jour faste, le vendredi. Les deux garçons d'honneur du fiancé prennent part à la première et commencent ainsi une carrière qui ne se terminera qu'après le mariage. Il semble que « le plat des chefs de la tribu » offert par les deux familles soit simplement une cérémonie de publicité courtoise à l'égard des hommes qui veillent à l'ordre public et à l'accroissement de la tribu, un commencement d'agrégation.

L' « application du henné » est la première en date de toute une série de cérémonies diverses où aura lieu une lustration avec la plante sacrée. Ici, elle a lieu au cours d'un pèlerinage que toutes les fiancées et quelques-uns des fiancés font aux tombeaux des saints, patrons de la cité. La population tout entière les y accompagne. Une vieille femme frotte la main de chaque fiancée avec un chiffon trempé dans l'eau du puits sacré ou couvert du sable béni, qui couvre les abords du sanctuaire. La takouka est une cérémonie nocturne où les fiancées, accompagnées de toutes les jeunes filles de la tribu, exécutent sur la place publique, et sous l'oeil des hommes, des danses dont je ne saurais préciser le caractère rituel, tout en supposant que les réalités de l'union conjugale en inspirent seules les mouvements lascifs, et qu'il pourrait y avoir là un rite sympathique.

Dans une cérémonie familiale, la fiancée est alors parée d'une coiffure rituelle, par un personnage fort intéressant, la « coiffeuse »; c'est à cette matrone que la petite warglienne a confié, dès l'âge de quatre ou cinq ans, le soin de sa chevelure; consacrant, en échange, toutes ses journées du vendredi, à la lessive de son linge. La « coiffeuse » comme une sorte de marraine, l'aidera à traverser, sans dommage, les différentes étapes qui la conduiront à la qualité de femme mariée. Ainsi parée, la fiancée prend part à la mâmâ, pèlerinage aux tombes saintes, où elle semble demander d'acquérir toutes les vertus domestiques. Ce cri pourrait être simplement l'une de ces naïves habiletés, dont les djinns sont toujours dupes; la fiancée, exposée au mauvais oeil durant une dangereuse période de marge, bêle pour faire croire aux démons qu'elle n'est qu'un pauvre petit agneau sans importance.

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C'est un pèlerinage de même nature que les fiancées paraissent accomplir, le dimanche ou le jeudi matin qui précède le mariage, au tombeau de Sidi 'Abd el Qader, L'intéressante description donnée par M. Biarnay n'y précise point cependant les précautions magiques que doit y prendre la fiancée, et ceux-là seuls s'en étonneront qui n'ont pas reconnu les difficultés auxquelles se heurte l'observateur masculin qui étudie les coutumes féminines. Le fiancé, lui aussi, s'efforce désormais d'échapper à l'attention des djinns et s'arme contre leurs attaques possibles. Rite de passage si l'on veut, le costume spécial que revêt le fiancé, peau neuve pour un nouvel état social; mais, aussi déguisement pour échapper à la vue des djinns, si faciles à tromper. La fiancée, dans les cérémonies qu'on vient d'indiquer, parle le langage des moutons; le fiancé, plus prudent encore, garde un absolu silence.

D'ailleurs, contre une attaque possible, il est puissamment armé : un exemplaire du Coran lui assure le secours des anges d'Allah et des djinns fidèles, et c'est l' « écrit » qui, par lui-même, a un pouvoir magique ; contre les démons tangibles, il a un gros couteau enfermé dans une gaine; contre ceux qui errent dans l'air, il porte un éventail de brins de palmier tressés. Hors des heures où des cérémonies obligatoires l'appelleront au dehors, le fiancé doit rester au logis;: quiconque le rencontrerait au dehors peut le saisir et ne le relâcher que contre une indemnité. En s'exposant aux coups des djinns, le fiancé met en péril une nouvelle famille dont le bonheur importe à la prospérité de la tribu, et que chaque membre de la communauté a intérêt à préserver du mal.

Le premier jour de sortie des fiancés est rempli par un pèlerinage en deux actes, où se répètent des incidents connus : fumigations propitiatoires, sacrifice d'un bouc, cortèges où joue la poudre. Le soir de ce jour, les fiancés font sur les places et dans les rues de la ville une randonnée, accompagnée de danses et de chants, qui est une cérémonie de société féminine; aux jeunes filles réunies, la ville appartient ce soir-là. La cérémonie est-elle un rite de tentative d'agrégation à la société des femmes mariées, qui repoussent par des injures les railleries insultantes des jeunes filles? Les fiancées évitent soigneusement dé laisser deviner leur identité, et ce sont flèches émoussées qui tombent sur elles, paroles mauvaises jetées aux vents, qui les protègent peut-être par vaccination contre les bavardages empoisonnés qui rôdent autour d'elles.

Le lendemain, ablutions de la fiancée, exactement « enlèvement de la crasse »; puis remise du trousseau; pèlerinage au sanctuaire de Lalla Mançoura, dans un palanquin fermé à tous les regards. Le soir encore, promenade des fiancées à travers la ville. Le lendemain, pèlerinage des fiancées, à un sanctuaire où leurs cheveux sont oints d'une eau sainte. Dans l'après-midi, chaque fiancée entre en retraite. Accompagnée de ses jeunes gardes-du-corps, elle se retire chez une amie riche, qui va loger et nourrir toute la bande jusqu'à la consommation du mariage. Elle revêt en même temps de vieux habits, de véritables loques, sous lesquelles le démon le plus malin ne saurait reconnaître une fiancée toute proche de ses noces, Elle pourra, dès le même jour, avec les autres fiancées et leur escorte, se rendre, avec un chignon refait à neuf, à une danse que suivent avec curiosité les célibataires et où paraissent un instant les fiancés eux-mêmes. Le soir, a lieu le dernier takouka, pour laquelle les fiancées portent le voile réservé aux femmes mariées.

Le mardi ou le jeudi suivant, les fiancées, voilées et revêtues d'un costume, rituel, font un dernier pèlerinage à une source; chacune d'elles est accompagnée d'une vieille femme qui lui applique le henné. Après une courte visite à leurs familles, elles regagnent leurs retraites. Le lendemain, pèlerinage des fiancés à un sanctuaire situé hors de la ville.

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