La chasse est une activité très populaire en Corse, avec près de 14 000 permis délivrés cette saison. Cela représente près de 4% de la population, contre 2% sur l'ensemble de la France, selon la fédération de chasse de Haute-Corse. Cependant, cette pratique strictement encadrée suscite des débats, notamment en raison des accidents qui peuvent survenir.
Conformément aux articles L.425-1, L.425-2 et R.428-17.1 du Code de l’environnement, les prescriptions relatives à la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs sont mentionnées dans les schémas départementaux de gestion cynégétique (SDGC). Ces SDGC, qui peuvent comprendre des mesures de sécurité différentes d’un département à l’autre, sont élaborés par les fédérations départementales de chasseurs et approuvés par le Préfet de département.
Ces prescriptions de sécurité relevant du SDGC sont consultables sur le site de chaque préfecture ou sur celui de la fédération départementale des chasseurs.
Nul ne peut pratiquer la chasse s’il n’est titulaire et porteur d’un permis de chasser valable. La délivrance du permis de chasser est subordonnée à l’admission à un examen. Cet examen porte notamment sur la connaissance de la faune sauvage, la réglementation de la chasse, ainsi que sur les règles de sécurité qui doivent être respectées lors du maniement des armes, dont la maîtrise sera évaluée à l’occasion d’une épreuve pratique.
Le permis de chasser peut-être retiré en cas de condamnation pour homicide involontaire ou pour coups et blessures involontaires survenus à l’occasion d’une action de chasse ou de destruction d’animaux nuisibles.
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Les dates d’ouverture de la chasse sont fixées par arrêté préfectoral à chaque saison. Selon les départements, le jour de démarrage n’est pas le même mais « il intervient forcément l’un des quatre dimanches de septembre », nous explique la Fédération nationale des chasseurs (FNC) qui propose une carte interactive afin de connaître ces dates. Ainsi, la chasse dans l’Oise a démarré le 19 septembre 2021, et le 26 septembre dans la Manche, par exemple. La fermeture générale de la chasse intervient le dernier jour de février.
Certaines espèces peuvent être chassées plus tôt comme le sanglier et le chevreuil, dès le 1er juin jusqu’à l’ouverture « classique » du mois de septembre.
Il est possible de chasser sur n’importe quelle zone publique… ou presque. La loi peut imposer la création d’une association communale de chasse agréée (ACCA) dont le périmètre est composé du territoire de la commune auquel on soustrait plusieurs zones comme celles situées dans un rayon de 150 mètres autour d’une habitation, celles entourées d’une clôture, ou encore celles appartenant à l’État ou à la SNCF. Sur ces dites parcelles, il est possible d’exercer le droit de chasse à condition de devenir membre de l’association.
Sur un terrain privé, il faut l’accord du propriétaire pour pouvoir chasser. Celui-ci peut également accorder ce droit à une tierce personne.
Il existe aussi des zones qui font l’objet d’une interdiction temporaire de pratique de la chasse. Les préfets et les maires peuvent parfois pour des raisons liées à un contexte local prendre des mesures d'interdiction d'usage des armes à feu dans des secteurs identifiés et pour une durée proportionnée au risque.
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La législation autour du port d’une arme et de son utilisation s’applique à chaque pratiquant. De fait, l’arme doit toujours être déchargée, sauf lorsque le chasseur tire. Quand elle est transportée dans un véhicule, elle doit être déchargée et démontée « ou déchargée et placée sous étui », indique l’Office Français de la biodiversité. À chaque passage d’obstacle ou en présence d’autres personnes, l’arme doit être déchargée.
Pourtant, la loi est claire : il est interdit de tirer en direction d’une route, d’une voie ferrée, d’une habitation ou d’un chemin public.
Malgré ces règles, des accidents se produisent. Entre 2020 et 2021, on recensait sept accidents mortels liés à la chasse. L'accident mortel qui a couté la vie à une jeune randonneuse a relancé le débat autour de la chasse, dont la pratique est strictement encadrée.
Sur la période 2020-2021, on recensait 80 accidents de chasse, dont sept mortels, selon l’Office Français de la Biodiversité.
L’OFB constate toutefois que le nombre d'accidents (97, dont 58 graves) pour cette saison 2023-2024 a augmenté par rapport aux trois saisons précédentes. En Corse, des accidents, parfois mortels, continuent de se produire chaque année, comme le rappelle la fédération départementale de chasse.
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À chaque accident, le débat autour de la chasse ressurgit, donnant lieu à de nombreuses crispations. « Peu de pratiques dites « de loisirs », peuvent se prévaloir d’un tel dispositif qui témoigne du sens des responsabilités des chasseurs et de leur implication pour limiter les accidents. Tout au long de sa vie, le chasseur sera sensibilisé et formé à cet enjeu majeur qu’est la sécurité à la chasse, se défend la FNC. L’homme n’est ni un robot ou encore une machine, comme dans d’autres pratiques, il y a de terribles concours de circonstances ».
La période de chasse est quelque peu délicate pour les randonneurs. Croiser des personnes, fusil à la main, aux abords des sentiers n’est pas toujours rassurant. La relation entre randonneurs et chasseurs est parfois compliquée, car il faut partager un même « terrain de jeu ».
Voici quelques conseils pour randonner en toute sécurité pendant la saison de chasse :
Les participants à une action collective de chasse à tir au grand gibier ont l’obligation d’être visibles et de signaler leur présence. Un arrêté du 5 octobre 2020 oblige ces chasseurs à porter un gilet fluorescent, de préférence de couleur orange, visiblement et pour toute la durée de l’action de chasse. Cette règle est valable également pour les participants non armés.
De plus, pour ces chasses, les organisateurs doivent positionner des panneaux de signalisation de type « chasse en cours ». Il faut savoir que ces panneaux sont uniquement là pour vous inviter à être vigilants. En aucun cas cela ne vous interdit d’emprunter les chemins sur lesquels ils se trouvent.
Bien que le sanglier soit l’espèce chassable principale de l’île (70% du gibier prélevé), sa population ne cesse d’augmenter, rappelle l'Office de l'environnement de la Corse. En Corse, il n’y a plus d’étude réalisée sur le sanglier depuis plusieurs décennies (en dehors du suivi annuel des prélèvements durant les battues par les fédérations départementales).
Mais surtout, le scientifique met en cause la disparition du petit gibier (lièvres, lapins, perdrix, faisans), provoquée par la modernisation de l’agriculture, et auquel il a fallu trouver un substitut pour contenter les amateurs de chasse.
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