Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern propose chaque jour de partir à la découverte d'expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. L'expression du jour n'est pas forcément la plus festive, puisqu'elle signifie mourir : "passer l'arme à gauche". Le sens de « passer l’arme à gauche » est clair pour tout le monde : on parle, sans ambivalence, de trépasser.
Et puisqu'il s'agit d'arme, elle trouve sans grande surprise son origine dans l'univers militaire. Et plus précisément dans les guerres napoléoniennes. Dans l'inventaire de l'infanterie de la grande armée, on trouvait de longs mousquets, des fusils dont les canons pouvaient faire jusqu'à 1,20m. Leur principal inconvénient était le moment de la recharge.
Après avoir tiré, il fallait déchirer une cartouche qui était un petit carton dans lequel se trouvait la balle du fusil ainsi que la charge de poudre. La manœuvre était longue et délicate. Pendant la recharge, le soldat posait son arme sur sa gauche pour ne pas qu'elle tombe. Il passait donc l'arme à gauche à un moment où il était particulièrement vulnérable. Et, en effet, c'était souvent à ce moment précis qu'il était tué.
C’est lorsqu’il s’agit de remonter à la source de cette locution que les choses se compliquent : il existe presque autant d’hypothèses… que de manières de mourir. On se gardera bien de trancher à la place des spécialistes, mais voici ce qu’on a pu trouver lors de nos recherches.
Défendue entre autres par Stéphane Bern, cette explication veut que les soldats de Napoléon, pour recharger leur fusil, devaient le changer d’épaule et se redresser, ce qui en faisait des cibles faciles.
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Celle-ci remonterait aux funérailles militaires du XVIIe siècle : les soldats croque-morts auraient fait passer leur fusil de la main droite à la main gauche, afin d’en faire basculer le canon en direction du sol.
Lors d’un duel au fleuret, contraindre son adversaire (généralement droitier) à prendre son arme de la main gauche revenait à le rendre extrêmement vulnérable à un coup fatal.
Cette variante de l’explication précédente veut que le duelliste vaincu reconnaisse sa défaite en prenant son arme de la main gauche. Une « petite mort », en somme.
Assez fantaisiste, cette explication veut que les assaillants d’un château aient dû grimper par la gauche des escaliers en colimaçon, dont le fut central gêne les droitiers, les rendant vulnérables aux attaques.
Sur les blasons familiaux, les armoiries d’un époux noble auraient été placées à droite et celles de sa moitié à gauche.
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En dehors de cette anecdote, il faut avouer que le côté gauche est toujours mal vu : il porte la poisse, être gauche c'est être maladroit, et a contrario avoir de la droiture est plutôt une bonne chose.
En Espagne, on est aujourd'hui optimiste : pour dire mourir, on dit "pasar à mejor vida", soit "passer à meilleure vie". En italien, c'est "tirar il calzino" : "tirer la chaussette", un sens assez mystérieux. En wallon, on dit "aller au pays des taupes".
"Monter au créneau", "Tirer à boulets rouges", "Faire le mariolle"... Certaines des expressions françaises célèbres tirent leurs origines d'histoires et de faits militaires. Les expressions françaises fleurissent notre langage. Nous ne cessons d’en employer pour vivifier notre propos. D’où viennent-elles? Si leurs origines sont aussi variées qu’amusantes, la guerre est depuis la nuit des temps une source d’inspiration inaltérable.
Notre siècle est certes moins coutumier des champs de bataille et des guerres à main armée. Les États ne s’affrontent plus comme au siècle dernier, les usages ont changé. Notre façon de nous exprimer est néanmoins sans cesse influencée par les faits d’arme de nos ancêtres.
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