Le Musée de la Pierre à Fusil retrace toute l'histoire de ce silex, cet éclat qui, du XVIème jusqu'au début du XXème siècle, permettait de produire l'étincelle qui, mettant le feu à la poudre, provoquait la propulsion du projectile.
« La pierre à fusil, c’est un silex soit blond, soit brun. » Et le roi des silex, c’est celui du Berry. Déjà, à la Préhistoire, on utilisait le silex pour chasser, couper ou allumer un feu. La technique a progressé avec le temps.
Savamment taillée, et fixée au chien du fusil, la pierre, par sa percussion contre une plaque de métal, provoque l’étincelle indispensable à la mise à feu. En frappant un silex contre de la pyrite ou du fer, on obtient de belles étincelles. De ce raisonnement naquit le fusil à pierre, dès l'aube du XVII e siècle.
Le grand centre mondial de la fabrication de ces pierres à fusil fut, autour de Luçay-le-Mâle, la région de Valençay, Selles-sur-Cher et Saint-Aignan. Meusnes, capitale mondiale de la pierre à fusil, dite blonde du Berry, est un village situé à environ 11 heures de Blois, célèbre par ses carrières de silex pyromaque, qui fournissent des quantités innombrables de pierres à fusil. Les plus beaux silex, blonds et durs, se trouvaient au bord de la vallée du Cher ; quatre villages se spécialisèrent dans la taille des pierres à fusil : Couffi, Lye, Meusnes et Châtillon-sur-Cher.
Une mappemonde accrochée au musée de la Pierre à fusil de Luçay-le-Mâle expose fièrement la renommée de cet élément indispensable à la bonne tenue d’une guerre, du 17e au début du 20e siècle. Amérique du sud, du nord, Asie, Afrique… La pierre à fusil du Berry s’est retrouvée de toutes les batailles.
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Les carrières d'où l'on extrait le silex sont situées dans les communes de Meusnes, Lie et Couffy; elles occupent une superficie d'environ huit lieues carrées, et sont ouvertes depuis plus de 160 ans. Les cailloux propres a être taillés en pierres à fusil se trouvent par bancs horizontaux, plus où moins enterrés dans des marnes, à la profondeur de 45 à 50 pieds (1.35m à 1.50 m de profondeur).
Les caillouteurs s'en allaient creuser des trous, jusqu'aux couches de silex, à 15 ou 16 mètres de profondeur parfois. Le Lundi, ils remontaient les pierres pour la semaine. Cela leur prenait 4 à 5 heures ; quand leur chandelle s'éteignait, il leur fallait vite remonter , l 'air manquait d'oxygène.
De retour chez eux, ils fendaient les blocs, les débitaient en lames, et ces lames, ils les taillaient en petits rectangles. Ceux-ci s'encastraient dans le chien du fusil ou du pistolet : ils frappaient sur un bassinet de fer, produisaient une étincelle qui mettait le feu au poudres.
L'extraction et la fabrication des cailloux sont accompagnées de dangers de toute nature, qui rendent très à plaindre la condition des caillouteurs, hommes, femmes et enfants qui s'en occupent. Aussi la plupart de ces ouvriers meurent asthmatiques au bout de vingt à trente ans, après avoir toussé et langui pendant six mois.
L'adresse avec laquelle on taille les cailloux est étonnante: d'un coup d'une espèce de marteau, qui en petit ressemble à la pioche des tailleurs de pierre, on détache un copeau qui n'a guère plus de trois lignes d'épaisseur, et qui se termine par un biseau vif, tel qu'on le voit, et auquel on ne touche pas. Dans ce copeau on trouve une ou deux pierres à fusil, ou plusieurs de pistolet, d'arçons ou plus petits.
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Un ouvrier, travaillant du matin au soir, peut tailler 400 pierres fines de la première qualité, ou 600 de la seconde. Cent chefs de famille, livrés communément à ce genre de travail avec leurs femmes et leurs enfants, peuvent fabriquer par an trente millions de pierres à feu de toutes espèces. Le prix varie de 75 cent. à 4 fr. le mille, selon le degré d'activité du commerce et surtout la qualité de la pierre.
En 1820, un ménage façonnait 600 000 pierres par an. 800 personnes produisaient entre 100 et 200 millions d'articles. Les hommes mouraient jeunes, aveuglés par les éclats, les poumons silicosés -on disait la caillote-, usés par la pauvreté et le travail. Car si les grossistes étaient immensément riches, les caillouteurs restaient très pauvres. Pourtant personne, ni en France, ni ailleurs, ne parvint à égaler la qualité des pierres du Berry.
La production dura jusqu'en 1928 : les fusils à pierre avaient été vendus aux indigènes des colonies. Quand ils se révoltaient, le gouvernement coupait l'approvisionnement en silex taillés.
Le musée fait appel aux toutes dernières innovations de la muséographie. Vous y retrouverez, l'étonnante reconstitution d'un "crot", c'est à dire d'un puits d'extraction de rognons de silex, un atelier reconstitué avec une variété d'outils parfois oubliés et un trompe-l'œil réalisé par un artiste local.
Découvrez les trois aspects majeurs de l'histoire économique de Luçay-le-Mâle : les Forges et la Fonderie, les carrières de calcaire et les champignonnières. Le musée a investi un nouvel espace "de la forêt à l'atelier", où sont présentés dans leur contexte les métiers du bois, du bûcheron, le scieur de long, les fendeurs et le tonnelier.
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Visite sur rendez-vous. Durée moyenne de la visite en groupe : 1h30.
Période | Population Moyenne | Rapport Naissances/Population | Rapport Décès/Population | Temps pour Réduire Génération de Moitié | Vie Moyenne |
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1680-1709 (Avant la fabrique) | 415 | 1 à 24.08 | 1 à 34.24 | 18 ans | 24 ans 3 mois |
1760-1790 (Après l'établissement) | 850 | 1 à 22.78 | 1 à 23.60 | 5 ans | 19 ans 2 mois |
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