Parvenir à lutter contre les armes à feu est un défi crucial aux États-Unis qui ne cesse de bouleverser la scène internationale. Chaque mois, les États-Unis sont endeuillés par de nouvelles fusillades.
Ce terme de « fusillades de masse » (mass shootings en anglais) désigne des tueries faisant au moins quatre victimes, mortes ou blessées. En effet, bien que les fusillades de masse dans les écoles/supermarchés/églises attirent davantage l’attention des médias, les dégâts causés par les armes à feu sont bien plus nombreux au sein des foyers et des maisons. Les armes à feu sont donc un véritable fléau aux États-Unis (qui connaît un taux d’homicide par armes à feu en moyenne 25 fois plus élevé que celui d’un autre pays développé). Il est aujourd’hui nécessaire de faire face à cette violence.
Ce sont les fusillades de masse qui nous choquent le plus. Ce sont donc elles que tu peux utiliser comme exemples marquants. Le 14 mai, le pays a été secoué par la tuerie de Buffalo. Dix personnes, dont une majorité d’Afro-Américains, ont été abattues par un jeune suprématiste blanc de 18 ans. Pour rappel, le suprémacisme blanc est une idéologie raciste consistant à prôner la supériorité de la « race blanche » sur les autres. Cette idéologie a été, du XIXᵉ siècle jusqu’aujourd’hui, la source de nombreux actes de violence.
Le 24 mai, un autre jeune de 18 ans a tué 21 personnes (dont 19 enfants) dans une école d’Uvalde au Texas. Le mois de juin a lui aussi été tragique. Le 1er juin, un homme d’une trentaine d’années a tué au moins quatre personnes dans un hôpital de Tulsa, dans l’Oklahoma. Le 9, une autre tuerie a provoqué la mort de trois personnes à Smithburg dans le Maryland.
C’est une augmentation de près de 42 % par rapport à 2018, et cela fait de 2021 la deuxième année consécutive où les armes à feu sont la principale cause de décès chez les enfants et les adolescents de moins de 19 ans aux États-Unis ; devant les accidents de la route, les overdoses de drogue et le cancer. Dans le détail, près de deux tiers de ces 4 752 morts par arme à feu étaient des homicides, et près de 30 % des suicides. Les victimes avaient entre 15 et 19 ans pour la plupart. Plus de huit sur dix étaient des garçons.
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Quelques heures après une nouvelle tuerie de masse dans une école du Texas, le président américain Joe Biden a exhorté à un "sursaut" concernant la régulation des armes à feu dans le pays. Selon une ONG de référence, elles ont causé 119 décès par jour depuis le début de l'année 2022, dans le pays.
Les États-Unis sont sous le choc, après une nouvelle tuerie dans une école de la ville d'Uvalde, au sud du Texas. Le tireur, âgé de 18 ans, a ouvert le feu dans une école primaire, tuant 19 jeunes élèves âgés d'à peine 10 ans, et deux enseignants. Il a ensuite été abattu par la police.
Ces tueries, dont la dernière remonte à moins de quinze jours, dans un supermarché de Buffalo (État de New York), relancent régulièrement le débat sur la détention d'armes aux États-Unis, droit inscrit dans la Constitution américaine. Dans une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a exhorté à un sursaut pour réguler les armes à feu. "Il est temps de transformer la douleur en action", a-t-il insisté.
Selon le Gun Violence Archive, une Organisation Non-Gouvernementale qui recense quotidiennement les victimes d'armes à feu aux Etats-Unis, 17.196 personnes sont décédées à cause d'une arme à feu aux Etats-Unis depuis le 1er janvier 2022. Cela correspond à 119 victimes par jour. Selon ce comptage, il y a eu 9.570 suicides (56%) et 7.626 homicides (44%).
Parmi ces victimes décédées, the Gun Violence Archive a recensé 140 enfants, âgés de 0 à 12 ans. 289 autres ont été blessés. Parmi les adolescents âgés de 12 à 17 ans, 507 ont perdu la vie par arme à feu en 2022 et 1.305 ont été blessés. Cela représente près d'un décès par jour d'un enfant à cause d'une arme à feu, et plus de trois adolescents par jour. L'an dernier, 1.560 mineurs ont été tués et 4.132 blessés aux États-Unis.
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Toujours selon the Gun Violence Archive, il y a eu plus de 200 fusillades aux États-Unis depuis le 1er janvier, lors desquelles au moins quatre personnes ont été blessées ou tuées (définition couramment utilisée par les ONG américaines dans leur recensement). Cela représente 10 évènements de ce type chaque semaine, plus d'une par jour depuis le début de l'année 2022. En 2021, l'ONG en a recensé 692 en tout, un record depuis le début de son comptage en 2014.
En parallèle, le site américain spécialisé Education Week a recensé 27 fusillades dans des écoles, de la maternelle au secondaire (K-12 schools) en 2022, et 119 depuis 2018. Ce site considère comme fusillade tout évènement au sein d'une école, lors d'un évènement scolaire ou dans un bus scolaire où il y a eu au moins un blessé ou un mort par arme à feu.
Selon le FBI, qui publie une enquête sur l'année 2021, le nombre de personnes ayant tenté de commettre ou réussi à commettre une tuerie de masse en 2021, telle que celle commise dans l'école du Texas, a augmenté de 52% par rapport à 2020. 61 faits de ce type ont été répertoriés contre 40 en 2020. Dans 12 cas, le FBI appose le terme de "tuerie de masse", dans la mesure où il y a eu plus de 4 morts. C'est le cas par exemple du massacre de Buffalo le 14 mai dernier dans l'État de New York, où 10 personnes ont été tués dans un supermarché.
Selon le Pew Research Center, le taux de décès par arme à feu pour 100.000 habitants était de 13,6 aux Etats-Unis en 2020, selon les dernières données disponibles. Il s'agit du plus haut taux recensé depuis le milieu des années 1990, mais qui ne bat pas le record établi à 16,3 décès par arme à feu pour 100.000 habitants, établi en 1974 A titre de comparaison, en 2016, ce taux s'élevait à 10,6 pour 100.000 habitants aux Etats Unis, contre 2,1 pour 100.000 habitants au Canada, ou 2,7 en France.
Entre 1966 et 2019, 77% des auteurs de tuerie avaient obtenu légalement leur arme, selon une vaste étude menée par l'institut de recherche du ministère de la Justice aux États-Unis, cité par le New York Times.
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Aux Etats-Unis, où le droit de posséder une arme est garanti par la Constitution, le nombre de pistolets, revolvers et autres fusils s'est envolé depuis quelques années. Plus de 23 millions d'armes ont été vendues en 2020, un record, et près de 20 millions en 2021, selon des données compilées par le site Small Arms Analytics. Selon le projet Small Arms Survey, 393,3 millions d'armes étaient en circulation dans la population civile aux Etats-Unis en 2017, soit 120 armes pour 100 personnes.
Cette année 2023 s’est achevée avec 656 fusillades aux États-Unis, dont 40 tueries de masse, pour un total de plus de 48.000 morts selon les dernières données des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains. Juste derrière 2021 et ses 689 tueries, l’année 2023 aura été particulièrement meurtrière.
Catégorie | Nombre |
---|---|
Décès par arme à feu | 17 196 |
Décès d'enfants (0-12 ans) | 140 |
Blessés d'enfants (0-12 ans) | 289 |
Décès d'adolescents (12-17 ans) | 507 |
Blessés d'adolescents (12-17 ans) | 1 305 |
Fusillades de masse | Plus de 200 |
Fusillades dans les écoles | 27 |
L’année 2020 a grandement participé à la hausse de cette criminalité. L’ATF constate une augmentation de 64 % du nombre d’armes vendues. Pour les autorités de santé, la pandémie a joué un grand rôle dans cette hausse. Mais comment ?
Les États-Unis assistent tout de même à une vague de criminalité particulièrement importante depuis plusieurs années.
Certains affirment même que cette relation singulière que les États-Unis tiennent vis-à-vis des armes à feu relève d’une forme sombre de l’exceptionnalisme américain.
Le fait d’avoir accès aux armes à feu aux États-Unis triple le risque de suicide. En 2022, il y a eu 48 183 suicides aux États-Unis dont plus de la moitié par arme à feu. Pour la première fois depuis que le CDC établit des statistiques (1968), ces suicides constituent la majorité des décès par arme à feu aux États-Unis. Après un long déclin qui s’est poursuivi jusque dans les années 1990, le taux de suicides s’est remis à augmenter sur le territoire américain.
Car selon une étude de l’Université Johns-Hopkins à Baltimore aux États-Unis, le suicide est rarement un acte prémédité. Dans la plupart des cas, la durée qui s’écoule entre la décision de se donner la mort et l’acte lui-même est inférieure à cinq minutes.
La première est d’appliquer des « buyback programs ». C’est-à-dire des programmes destinés à racheter les armes qui sont actuellement en circulation aux États-Unis. Cela permettrait de diminuer le nombre d’armes à feu disponibles et ainsi de faciliter leur contrôle. Cette mesure a notamment été mise en place en 1996 par le Premier ministre australien John Howard et elle est au cœur du National Firearms Agreement.
La seconde est de vérifier plus efficacement les antécédents (Effective background checks) pour résoudre l’une des grandes failles du système américain, souvent appelée « three-day loophole ». Pour l’expliquer rapidement : actuellement, les antécédents de toute personne souhaitant acheter une arme doivent être vérifiés sous un délai de trois jours pour que cette personne soit autorisée ou non à l’acheter. Cependant, si les services américains ne réussissent pas à traiter un dossier sous un délai de trois jours, l’individu peut acheter l’arme (quel que soit son profil).
Le bilan au sujet des armes à feu est dans l’immédiat assez décevant.
Le projet de loi Enhanced Background Check Act of 2021 est quant à lui en suspens.
Descendre dans les rues pour lutter contre les armes à feu, c’était le projet des manifestations « March for Our Lives » qui se sont déroulées en 2018, en réaction à la fusillade de Parkland. Ce mouvement a été amplifié sur les réseaux sociaux grâce à des hashtags tels que #NeverAgain, #MarchForOurLives, #WhatIf et #IWillMarch. Le mouvement « March for Our Lives » a bel et bien eu un impact.
La Californie, l’un des États ayant déjà la juridiction la plus stricte concernant l’utilisation des armes à feu, a décidé de durcir à nouveau les conditions du port d’armes. Dans l’Illinois, la fusillade de masse d’Highland Park qui avait fait sept morts et 46 blessés en 2022, a poussé son gouverneur Jay Robert Pritzker à appliquer des restrictions sur la vente d’armes à feu. Les semi-automatiques, y compris les fusils AK-47 et AR-15, et les chargeurs de plus de 10 balles pour les fusils et de plus de 15 balles pour les armes de poing sont désormais interdits. L’État du Colorado a de son côté légiféré en matière de production d’armes artisanales, les «armes fantômes» fabriquées à l’aide de kits dénués de numéro de série. Ces armes sont donc totalement en dehors de tout suivi quant à leur provenance, leur utilisation et leurs propriétaires.
Depuis plusieurs décennies, les États-Unis font face à une violence armée endémique. La fusillade la plus meurtrière demeure celle de Las Vegas qui avait fait 61 morts et plus de 850 blessés en 2017.
Alors que les réformes législatives se multiplient à l’échelle des états, la réticence des politiques à adopter des mesures à l’échelle fédérale demeure toujours forte. En 2022, malgré une fusillade qui avait fait 21 morts dans une école primaire du Texas, la Cour suprême a consacré le droit au port d’armes hors du domicile pour les citoyens américains. Dans un pays où le lobby des armes est aussi puissant, les tueries de masse ne semblent pas faire changer l’orientation législative à l’échelle du pays.
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