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Il est essentiel de reconnaître que tous n'ont pas le même niveau de connaissance concernant les armes à feu. Cela n'est pas un jugement, mais une simple observation. Ceux qui lisent ceci ont probablement un intérêt pour le sujet, ce qui signifie que les termes et concepts liés aux armes leur sont familiers. Cependant, discuter de ces sujets avec des personnes moins familières révèle rapidement qu'un sujet relativement simple peut être confus pour le grand public.

Poser la question "Quelle est la spécificité d'un revolver ?" peut sembler simple, mais beaucoup ne dépassent pas la définition d'une arme de poing. Même professionnellement, certains peuvent être étonnamment perdus dans un dédale de considérations, car l'instruction sur ce sujet est souvent limitée. Pour la population française, cela s'est accentué depuis la fin du service militaire. De plus, le sujet est souvent diabolisé de manière irrationnelle, alors que les armes font partie de l'histoire de l'humanité depuis toujours.

Il est donc important de ne pas abandonner ce terrain à des personnes haineuses et fanatisées. En France, même dans les institutions qui utilisent ces outils, l'instruction est souvent limitée au strict minimum, dispensée par du personnel parfois peu formé et dépourvu de moyens. Heureusement, il existe des instructeurs passionnés. Ainsi, cet article vise à apporter une réflexion sur le choix des mots et des expressions liés à la catégorisation des armes, afin de bien comprendre de quoi on parle.

Il est important de noter que le terme "catégorisation" n'est pas utilisé ici dans un cadre réglementaire, mais plutôt pour regrouper les armes par famille. En France, les définitions réglementaires se trouvent en partie dans l'article R311-1 du Code de la Sécurité Intérieure. Il faut aussi savoir qu'en matière de sémantique, le sens d'une expression est une question de point de vue, et que personne n'a fondamentalement raison ou tort.

Le point de départ de cette analyse est la langue française, mais elle ne se limite pas à celle-ci. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la sémantique de catégorisation de l'armement portatif était plutôt limitée, car la plupart des armes étaient à un coup par canon et partageaient une balistique similaire.

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Évolution de la terminologie des armes à feu

Bien que l'évolution des systèmes de mise à feu ait eu des conséquences importantes sur le plan industriel et pratique, cela n'a pas beaucoup changé les performances des armes en termes de balistique, ni l'action principale du chargement : l'introduction du projectile par la bouche du canon. Ainsi, une action répétée de l'arme ne pouvait s'engager qu'à la condition d'avoir le temps de recharger, ce qui était difficile dans les combats rapprochés. L'emploi de la poudre noire rendait la chose encore plus problématique en raison de son faible rendement et de l'encrassement lié à sa combustion.

En français, la première expression dédiée à une arme à feu portative apparue au XIVe siècle fut "couleuvrine à main", souvent dénommée "canon à main", une arme à feu chargée par la bouche et disposée au bout d'un long morceau de bois. Au XVe siècle, "l'arquebuse" est apparue, une arme à chargement par la bouche mise à feu à mèche, que l'on pourrait qualifier d'arme d'épaule, souvent utilisée depuis une fourche d'appui. À partir du XVIe siècle, le terme "mousquet" désigne une arme à chargement par la bouche avec un système de mise à feu à mèche, puis à rouet, dotée d'une crosse d'épaulement et dont le canon est plus long que l'arquebuse. Il est complété par le terme "mousqueton", une arme plus compacte destinée à la cavalerie.

Au cours du XVIe siècle, le terme "fusil" est employé pour désigner une arme dont le système de mise à feu est à silex. Le mot "fusil" désignait originellement la pièce sur laquelle on frappait la pierre à feu pour obtenir une étincelle. Le terme sera ensuite employé de façon plus généraliste pour désigner la plupart des armes longues, sans nécessairement se référer au système de mise à feu à silex. Il est complété à la fin du XVIe siècle par le terme "carabine", une arme plus compacte destinée à la cavalerie.

Il est à noter que les considérations sur l'encombrement ont évolué avec le temps. Le Fusil Semi-Automatique 49/56, long de 1020 mm, n'est pas considéré comme une carabine, alors qu'il est plus court qu'une carabine de chasseur 1853 T ! Pour les armes de poing, le mot "pistolet" est apparu au XVIe siècle, désignant une arme courte à rouet, employée par la cavalerie. Bien qu'on puisse le penser, il n'a pas été clairement établi que ces armes étaient systématiquement dépourvues de crosse à l'origine. Ces termes sont souvent complétés par un qualificatif précisant la fonction de l'arme.

Des systèmes plus sophistiqués ont été créés, mais ils n'ont pas réellement marqué l'évolution de l'armement jusqu'au milieu du XIXe siècle. En anglais, on retrouve des termes similaires : hand-culverin, harquebus, musket, pistol. Cependant, une distinction se crée à partir de la fin du XVIIe siècle avec l'utilisation du terme "rifle", une arme au canon rayé, désignant aujourd'hui une arme d'épaule. Dans le même esprit, apparaît plus tardivement celui de "shotgun", une arme originellement destinée à tirer une charge de plusieurs grains de plomb.

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L'utilisation récurrente du terme "gun", que l'on peut traduire par "arme à feu", occupe une place prépondérante en anglais. À l'inverse, le mot "fusil" n'a pas réellement d'équivalent dans la langue de Shakespeare : le terme "musket" sera employé jusqu'au XIXe siècle, avant d'être supplanté par "rifle" et "shotgun". Pour conserver cette notion généraliste, sa traduction en anglais correspondrait à "long gun". En bref, en français, en anglais, en allemand comme dans n'importe quelle langue : "Il faut respecter l'exception culturelle !"

L'ère de la répétition et les confusions terminologiques

À partir du milieu du XIXe siècle, la généralisation du chargement par la culasse puis de la cartouche métallique allait ouvrir la porte à la multiplication des types d'armes, et notamment au mécanisme de répétition. La répétition est tout d'abord manuelle : arme à verrou, à levier de sous-garde, à pompe… Le revolver lui-même, qui connaît alors son âge d'or, reste à de rares exceptions près, une arme à répétition manuelle.

On rencontre à cette époque un premier véritable écueil dans les langues de Molière et Shakespeare : il s'agit de l'emploi de l'expression "pistolet automatique" / "automatic pistol" pour désigner une arme… qu'on devrait qualifier aujourd'hui de semi-automatique ! On peut supposer que la "confusion" fût possible dans l'esprit des concepteurs d'armes à une époque où l'arme automatique est également balbutiante avec les premières "mitrailleuses" automatiques, qui succèdent aux mitrailleuses "manuelles" (Gatling et De Reffye pour ne parler que des plus connues). À titre personnel, nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'il y avait cependant dans le choix du mot "automatique", des velléités mercantiles plus que techniques. Et c'est bien là que le bât blesse, car d'une petite entorse à la langue, va découler une grande confusion…qui perdure jusqu'à nos jours.

La terminologie des armes automatiques

Recentrons-nous tout d'abord sur la langue de Molière. Apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle, le terme "mitrailleuse" correspond originellement à une arme assez clairement définie : celui d'une arme montée sur un support (véhicule, trépied, affut roulant, traineaux…) destinée à délivrer un tir en rafale à des cadences soutenues. La chose est d'autant plus claire que l'arme est encombrante et unique de par ses spécificités pour l'époque (aucune autre arme ne tirant alors en rafale). Celle-ci, proche de la pièce d'artillerie, est généralement (systématiquement à cette époque ?) dépourvue de crosse d'épaulement.

Face au besoin d'une arme plus souple d'emploi (au sens de sa capacité à accompagner les combattants à mesure de leurs manœuvres sur le champ de bataille), le "fusil-mitrailleur" va apparaitre au début du XXe siècle. Là aussi, la chose est originellement assez claire : l'arme, qui a toujours la capacité de tirer en rafale (parfois avec la possibilité de faire du coup par coup), est plus facilement "portative" qu'une mitrailleuse (plus légère et moins encombrante), munie d'une crosse d'épaulement et peut être employée sans affut (et généralement depuis un bipied). À l'usage, il n'est pas rare que les fusils-mitrailleurs soient désignés par le terme "mitrailleuses".

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La fin de la Première Guerre mondiale verra l'apparition du "pistolet-mitrailleur", expression qui trouve son origine dans le "MaschinenPistole" Allemand. La chose peut apparaître de prime abord assez claire dans l'esprit de beaucoup : il s'agirait d'une arme permettant le tir en rafale d'une munition de pistolet. Mais là où la chose devient problématique…et bien c'est que la morphologie de l'arme ainsi décrite ne correspond pas à un "pistolet" mais bien davantage à un "mousqueton" ou une "carabine" : une arme plus courte que le fusil d'infanterie "standard" du moment. De façon quasi concomitante (en réalité, un peu avant le MP-18 Allemand), l'apparition des premiers "vrais pistolets" "réellement automatiques" sera d'ailleurs source d'une nouvelle expression : "le pistolet rafaleur".

Pourtant, nous sommes bien ici en présence d'un pistolet…et bien qui mitraille autant qu'il rafale. Ainsi, avec "pistolet-mitrailleur", on peut observer ici que nous sommes en présence d'une expression qui désigne bien mal l'objet dont il est question. Comme pour "pistolet automatique", on peut se réfugier dans une interprétation contextuelle à base de "il s'agit ici de désigner le type de munition employé, à savoir, une munition de pistolet". Mais ceci est en réalité bien plus malhonnête que l'excuse employée pour "pistolet automatique" : depuis le début de cette petite rétrospective chronologique, il n'est fait à aucun moment mention de la puissance des munitions employées ! Une carabine en .22 Long Rifle cesse-t-elle d'être une carabine à cause de la puissance de sa munition, pourtant bien inférieure à celle d'une 9×19 mm ? Non, il faut bien admettre que l'expression "pistolet-mitrailleur" est intrinsèquement erronée ! En Français, comme en Allemand, en Italien ou en Russe…etc. Par contre, celle employée pour les "pistolets-rafaleurs" est assez rationnelle… mais quid du sélecteur de tir ? Ces armes peuvent généralement également tirer en semi-automatique.

Si pour "pistolet automatique" nous suspectons clairement des velléités mercantiles, pour le "MaschinenPistole", nous soupçonnons davantage - au vu du contexte - une absence d'inspiration et de réflexion ! Soulignons au passage, qu'en Français, le terme de "mitraillette", largement tombé en désuétude, mais qui était très employé par nos anciens (parfois également à tort et à travers), était finalement bien meilleur !

Terminologie anglaise des armes automatiques

Du côté de la langue de Shakespeare, le terme "Machine Gun" (MG) va initialement s'imposer pour désigner tout type d'arme automatique. Aujourd'hui encore, il désigne pour le BATFE, toute arme tirant en rafale : l'expression fréquemment rencontrée dans ce contexte est "transferable machine gun", car désignant des armes automatiques pouvant être légalement commercialisées.

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