La chasse collective au sanglier, un mode de chasse qui connaît un succès particulier en France depuis la dernière guerre, paraît naturellement prédisposée, par ses propriétés formelles, à alimenter la question du rituel.
On peut y observer des caractéristiques constituant les définitions habituelles du rituel :
Contrairement à la chasse individuelle au petit gibier, la chasse au sanglier a lieu au bois qui, dans les Ardennes, correspond à l'espace non cultivé du terroir villageois. C'est un espace précisément délimité, géographiquement et juridiquement.
Son statut juridique, qui en fait une propriété de la commune, rompt avec celui du reste du terroir, composé d'une juxtaposition de propriétés privées. Espace le plus éloigné du groupe des maisons, le bois est aussi l'espace le moins privé du terroir ; tout le monde, habitant de la commune ou non, y a droit de passage.
Il n'est pas un lieu d'inscription des lignées comme l'espace domestique, mais l'espace emblématique des anciennes luttes pour l'autonomie villageoise et, aujourd'hui encore, pour le pouvoir politique. D'autre part, le bois est structuré en zones imaginaires s'échelonnant d'une "bordure", qu'il partage avec les terres cultivées ou les pâturages, jusqu'à une "profondeur", lieu supposé le plus éloigné des zones d'habitation et qui cache le gros gibier.
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D'une part, suivant un rythme saisonnier, le temps de la chasse en général est un temps périodique et répétitif, qui situe l'action de la chasse en continuité avec le temps cyclique naturel. D'autre part, de même que le bois est un lieu à part de l'espace villageois, la chasse délimite, pour ceux qui chassent en société, un temps clos et continu.
Dans les Ardennes, lorsque les chasseurs partent à la chasse, c'est pour toute sa durée ; une fois dans les bois, ils ne retournent pas au village pour déjeuner et repartir ensuite ; ils ne font pas de coupure et prennent leur repas "à la cabane". La cabane de chasse est l'anti-maison des chasseurs, qu'ils se construisent en plein bois.
Ceux des Hautes-Rivières ont construit la leur au sommet d'une colline, sur le point culminant de leur territoire de chasse, un lieu-dit dont le nom est inconnu des cartes de l'I.G.N. et appartient au savoir exclusif des gens du pays, le Pâquis des Aires à Faude ; leur cabane est fabriquée de bric et de broc, avec des planches, des bouts de tôle ; il y a peu d'ouvertures : un seul carreau à côté de la porte et le sol est de terre battue.
Tout autour de la pièce, des tables et des bancs en bois et au milieu, un vieux poêle en fonte. L'ensemble est très ostensiblement rudimentaire, alors que les maisons d'habitation elles-mêmes sont toujours très confortables et munies de tout l'équipement ménager moderne.
Le poêle permet de se réchauffer à midi et de chauffer les casse-croûtes qui comportent presque toujours un bout de lard à faire griller, même si la femme a préparé un plat complet à emporter ; les hommes se taillent une pique en bois, y embrochent leur lard qu'ils tournent sur le feu, épongent de temps à autre la graisse rôtie avec un morceau de pain ; ce sont des gestes qui s'apprennent très tôt et font partie de l'éducation paternelle des petits garçons, des gestes de fête définissant une façon de manger loin de la table familiale. Le temps passé à la cabane est un moment de détente, une pause dans l'action de la chasse : les comportements y sont dénués de tout formalisme.
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Enfin, l'action de chasse déroule de façon ordonnée un enchaînement de séquences comparables à celles qu'à définies A. Ce sont, en premier lieu, les préparatifs du départ, une étape dans laquelle les femmes interviennent encore plus ou moins, selon l'attitude qu'elles ont choisi d'adopter vis-à-vis de la chasse, et qui consiste à réaliser de façon très nette une rupture avec l'univers domestique, en particulier par le troc du vêtement de travailleur contre la tenue du chasseur, tenue au style militaire plus ou moins accentué, le vêtement de chasse étant destiné en particulier à se confondre avec les teintes vertes et brunes du bois et à dissimuler, par l'épaisseur du tissu, les odeurs d'homme.
Afin de le tenir à l'écart des odeurs de la maison, les hommes le rangent en général dans une remise extérieure aux pièces d'habitation ; autrefois même, certains l'éloignaient encore plus et l'enfermaient dans une cabane en plein bois. Après un dernier café, c'est le départ de la maison ; puis, le trajet vers le bois constitue une sorte d'étape intermédiaire qui est déjà du temps de chasse sans être encore de l'action.
Le groupe des chasseurs n'est pas encore formé, c'est encore le temps des relations purement affectives, des premiers regroupements par affinités avant le rassemblement général au point de rendez-vous. Alors que les chasseurs se sont mis en route individuellement, c'est tous ensemble qu'ils entrent dans le bois. Au lieu de rendez-vous, généralement situé à la lisière du bois, le corps des chasseurs se forme, les stratégies sont mises au point et les rôles sont répartis : les tireurs vont se poster autour de la coupe choisie, le long des layons, et les traqueurs partent de leur côté avec les chiens et se disposent en ligne à l'entrée de la coupe qu'ils vont ratisser.
Bien que, dans les chasses communales, les traqueurs soient armés comme les tireurs postés, le tueur, comme on l'appelle dans les Ardennes (à l'instar du tueur de cochon) est généralement un tireur posté, celui qui sait se fondre dans l'environnement grâce à son silence et à son immobilité. A la fin de la journée, c'est seulement à la sortie du bois, où attendent les voitures, que le groupe des chasseurs se défait. Mais le temps de la chasse collective n'est pas seulement celui d'un déroulement séquentiel, linéaire. C'est aussi celui d'une progression dramatique jusqu'au moment de la mise à mort du sanglier.
Au début de la chasse et après chaque battue, les chasseurs se réunissent pour définir et réajuster leur stratégie ; l'ordre de parcours des différentes coupes de bois est choisi de façon à aménager la mise en scène d'une progression de l'échauffement physique (on commence par les coupes les plus faciles), et de l'intensité de l'action (les lieux les plus susceptibles de cacher le gibier sont réservés pour la fin de la journée). Enfin, au nombre des codes de la chasse collective, il faut ajouter les gestes effectués machinalement sur le corps du gibier mort et qui mettent fin à l'acte de mise à mort proprement dit, la saignée, le châtrage et le vidage du sanglier2.
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La chasse collective au sanglier n'est pas uniquement appréhendable par l'identification de formes d'apparence ritualisée. Il faut distinguer, en effet, des normes anticonformistes suivant lesquelles les chasseurs s'attribuent une identité brute, l'expérience proprement dite consistant pour eux à participer de l'univers naturel et de la nature animale.
Ce sont parfois des conditions météorologiques excessives, comme une chute de neige importante, qui conditionnent la mise en route des chasseurs, conduite inverse du quotidien où les impératifs de la culture et de l'élevage nécessitent au contraire de lutter contre ces excès qualifiés alors de "mauvais temps". C'est le cas de la chasse "au pas", particulièrement appréciée et valorisée dans les Ardennes, pratiquée en plein hiver, lorsqu'il a neigé abondamment.
Lorsque la première neige importante est tombée, rien ne les retiendrait au village ; il arrive d'ailleurs, dans la vallée de la Semoy, que des patrons de petites entreprises accordent à leurs ouvriers une journée de congé pour aller "faire le pas" ou "faire le bois", poussés par la fièvre de la chasse3. Dès que la neige est tombée, une chasse est prévue pour le lendemain.
Un ou deux chasseurs vont au bois en fin de journée, effacer les traces existantes à l'aide de branchages, pour faire du sol enneigé une surface blanche et nette sur laquelle pourront s'imprimer les déplacements de la nuit. Le lendemain matin, ils retournent au bois lire les traces sur la neige afin d'évaluer le lieu où se sont remis les sangliers pour la journée, leurs allées et venues nocturnes déterminant ainsi un bois dans le bois, un "fort" avec ses entrées et ses sorties.
La chasse au pas consiste à disposer autour de ce lieu une ceinture de chasseurs qui s'en approche progressivement au plus près, à déléguer à l'un d'entre eux la fonction de "prendre le pas", suivre la trace du sanglier jusqu'à tomber sur lui. Contrairement à la chasse en battue ordinaire qui laisse le sanglier manœuvrer dans le bois, on ne peut ici prévoir la direction qu'il prendra pour "sortir" ; il n'est donc pas tué par un tueur pressenti à qui il aurait été attribué une bonne place, comme souvent dans les battues ordinaires, mais au hasard, comme à une sorte de roulette russe, par celui devant qui il va passer, affolé.
La chasse au pas déclenche la passion des chasseurs ardennais pour plusieurs raisons. D'abord pour le plaisir de se laisser aller à l'invitation de la neige, des aléas du temps météorologique et d'échapper ainsi au temps social du travail. Ensuite, parce qu'il s'agit d'un mode de chasse tout à fait spécifique au sanglier et qui définit aussi, au sein des chasseurs de la Société, un petit groupe de "vrais chasseurs".
Le sanglier est en effet le seul gibier jugé intéressant pour cette chasse en raison, en particulier, de la qualité des traces qu'il laisse sur son passage. Avec les cerfs, il est plus difficile de s'y retrouver, "ils se promènent le long des chemins", ils errent de-ci de-là selon des cheminements plus au moins tortueux ; quant aux chevreuils, jugés le moins intéressant des gros gibiers, "ils font n'importe quoi", leurs traces sont illisibles, incompréhensibles.
La chasse au pas présente aussi l'intérêt de ne pas concerner tous les chasseurs de la Société ; elle élimine de fait ceux qui n'habitent pas en permanence le village, les chasseurs du dimanche ; elle définit et scelle la formation d'un petit groupe de chasseurs autochtones, habitués du bois, se disant eux-mêmes "vrais chasseurs" et reconnus comme tels par les gens du village.
Enfin, les chasseurs expriment eux-mêmes cette expérience d'animalisation que leur fait vivre la chasse au sanglier lorsqu'ils évoquent l'échauffement corporel qu'ils ressentent, un échauffement ponctuel durant le temps de la chasse, accompagnant les processus de progression et d'intensification de l'action et semblable à celui du sanglier lui-même en deux occasions, le temps du rut qui le rapproche des femelles et celui de la chasse qui le confronte aux chasseurs.
Un échauffement du sang de nature sexuelle et guerrière ; une sorte d'ébullition des humeurs corporelles qui laisse pour trace, dans la chair du sanglier, ce goût de "fort" ou de "sauvage" qui en fait la viande de gibier par excellence. Un échauffement provoqué, donc, et non permanent, car, tout brutal et rustre qu'il soit, le sanglier n'est pas en lui-même, dans le monde animal, une bête agressive au même titre que les carnivores. De même que, dans leur vie quotidienne, les hommes ne sont pas prédateurs d'un monde sauvage, mais agriculteurs et éleveurs.
Mais cet échauffement dont parlent les chasseurs, cette fièvre qui les saisit à l'approche du sanglier est aussi à considérer d'un autre point de vue que celui de l'expérience physiologique. Cette coexistence au sein de la chasse collective elle-même d'éléments codifiés, d'ordre rituel, et d'éléments non rituels rend donc difficile la définition d'un statut pour cette activité qui semble admettre des formes et des gestes ritualisés sans présenter, dans son ensemble, "l'état d'esprit" d'un rite.
Des normes définissant le cadre formel de la chasse : espace et temps cynégétiques. Elles ont pour caractéristique de ne se référer à aucune coutume préexistant à la chasse elle-même. Des normes qui réglementent l'action de la chasse et en définissent les règles du jeu (formation du groupe des chasseurs, répartition des rôles, affirmation d'une identité brute, non civilisée, affirmation d'un égalitarisme par les règles de conduite et celles du partage de l'animal, etc.).
Des actes conventionnels pourvus d'efficacité symbolique : les trois gestes effectués sur le corps du gibier mort qui, rendant assimilable le "fort" du sauvage, créent donc le produit de la chasse. Ces gestes se réfèrent à d'autres coutumes que celles de la chasse. Mais surtout, cette normalisation a pour effet d'isoler l'acte de la chasse au sanglier d'un contexte quotidien de la mise à mort animale ; que ce soit en lui délimitant et définissant un cadre particulier ou en mettant en scène, autour de cette mise à mort, hors du contexte qui leur est propre, des valeurs (guerrières et sociales) non caractéristiques de la chasse elle-même.
En coupant l'action du contexte de la quotidienneté, qui implique la subordination de l'acte à l'acteur et aux circonstances de sa réalisation, cette normalisation de la chasse collective permet une répétition sans altération de l'acte lui-même ; saison après saison, les chasseurs répètent ainsi le même acte, et non un acte identique à un précédent, avec le sentiment de suivre une coutume qu'ils créent en fait eux-mêmes.
Que cette implication soit exprimée en termes de passion indique que, pour ces formes non codifiées aussi, le contexte de réalisation se définit nettement comme hors quotidien. Dans ce cas, il n'y pas indépendance entre l'acte et l'acteur, mais c'est l'acteur qui est subordonné à son acte, lié à lui par la passion. Que cette implication du chasseur dans son acte est fonction de sa relation à l'animal chassé.
En ce qui concerne le tir de précision à la pétanque, il est essentiel que les terrains soient adaptés pour favoriser le carreau, qui est l'élément le plus spectaculaire de ce jeu. Les terrains de tir de précision devraient être des billards sablonneux.
Si l'objectif est de mesurer la précision, il faudrait faire des tirs sur cible, mais pour promouvoir la pétanque, il est important d'avoir des terrains qui rendent le jeu spectaculaire. Un carreau en place est plus spectaculaire pour le grand public qu'un recul de 3 mètres.
Dans les compétitions de tir, il existe différents ateliers qui mettent en valeur différentes compétences :
En général, les tireurs sous la main ont l'avantage de pouvoir tomber plus ou moins devant et de faire des carreaux, ce qui leur permet d'atteindre un haut niveau de jeu.
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