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Avec Les Pistolets en Plastique, Jean-Christophe Meurisse s’attaque à un des cold cases les plus célèbres de France par une comédie noire, trash et incroyablement absurde. En 2011, l’affaire Dupont de Ligonnès ébranle la France et ne cesse, depuis, de créer du remous sur la scène médiatique.

Ce qui caractérise précisément le cinéma de JC Meurisse c’est une impudence insituable moralement. Toutes nos fascinations névrotiques sont catapultées, condensées et torpillées dans ce qui pourrait s’apparenter à des sketches si le réalisateur se contentait d’une juxtaposition de scènes choc. Ce n’est pas le cas. Le film jubile d’une esthétique forte corollaire de l’extravagance du propos et d’acteurs tous en majesté.

Le film de Jean-Christophe Meurisse Les Pistolets en Plastique est une comédie noire qui ne paraît pas s’adresser au plus grand nombre. En effet, le long métrage joue avec un humour difficile sur une thématique qui nécessite une approche des plus nuancées.

Un Scénario Inspiré d'un Fait Divers Marquant

Il n’y a pas de mystère, Les Pistolets en plastique reprend la fameuse affaire d’infanticide et de féminicide sur un mode résolument absurde et décalé. On sait depuis Oranges sanguines que Jean-Christophe Meurisse se rêve comme le sale gosse du cinéma hexagonal, n’hésitant pas à pousser le plus loin possible les curseurs de l’outrance pour brosser un portrait satirique de la société française. Avec Les Pistolets en plastique, le cinéaste persiste et signe en s’inspirant cette fois-ci de l’affaire Dupont de Ligonnès, qu’il déplie en plusieurs trames narratives.

Dans Les Pistolets en Plastique, Léa et Christine, deux enquêtrices obsédées par l’affaire Paul Bernardin partent sur les traces d’un meurtrier en fuite. Alors qu’elles s’apprêtent à partir, elles apprennent que Paul Bernardin aurait apparemment été interpellé dans un aéroport au Danemark. Un meurtre, commis il y a maintenant 13 ans, mais qui fait toujours autant parler de lui.

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Synopsis

Léa et Christine sont obsédées par l’affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Un homme tue toute sa famille, disparaît dans la nature et se la coule douce à l’étranger. Inspiré d’un des faits divers français les plus marquants de ces dernières années, un théâtre de la cruauté très drôle, porté par des acteurs débridés.

Des Personnages Caricaturaux et une Mise en Scène Burlesque

Sous cette apparente comédie noire, les messages critiques pullulent. Les personnages sont totalement caricaturaux et, pour la plupart, ce sont des ratés complets. En ce sens, Léa et Christine illustrent cette société bercée dans l’illusion qu’Internet est aussi la réalité. Zavatta, inspecteur de renom, vit une douche froide lorsque sa femme lui remet brutalement les pieds sur terre. Et Uzès va, lui, de désenchantement en désenchantement… Les personnages du film Les Pistolets en Plastique n’ont donc pas un destin très joyeux et tous s’enfoncent dans une spirale de faits grotesques.

A scénario grotesque, voire glauque, mise en scène burlesque. En parallèle, la bande originale du film ne va pas dans la demi-mesure et donne par moment envie de se boucher les oreilles. En effet, les grandes envolées musicales allant jusqu’à saturation, aussi bien que les longues montées en puissance d’un bip répétitif, font vibrer les tympans les plus sensibles. Certaines scènes, très trash, sont également sous le signe d’une couleur omniprésente dans le cadre. De plus, tout le montage est marqué par un rythme soutenu. L’entièreté du film se calque sur une volonté de faire les choses rapidement, qui, si elle peut prendre au dépourvu, est au final assez réussie.

Distribution

Acteur Rôle
Laurent Stocker Paul Bernardin
Delphine Baril Léa Blanchard
Charlotte Laemmel Christine Valet-Dubreuil
Gaëtan Peau Michel Uzès
Nora Hamzawi La femme enceinte
Jonathan Cohen Johnny le légiste

Une Satire Sociale au Vitriol

Après Oranges sanguines, Jean-Christophe Meurisse poursuit sa satire au vitriol de notre société. Il nous la peint ici friande de faits divers, de préférence sanglants, à travers l’histoire de Paul Bernardin, double à peine déguisé de Xavier Dupont de Ligonnès. Se déploie ainsi toute une galerie de portraits, mettant en scène des personnages aussi bouffons qu’inquiétants, qui tendent un miroir grossissant à notre goût pour le sensationnel, à notre fascination voyeuriste, en même temps qu’à notre propension à banaliser la violence.

Les Pistolets en plastique pose la question des raisons de l’attraction qu’exerce le crime sur beaucoup d’entre nous mais aussi celle du vrai et du faux, de la violence et de sa représentation. Entre le vrai Bernardin et le faux - Michel Uzès - qu’y a-t-il de commun ? Notre entendement est-il si débile qu’il nous conduise, contre toute évidence, à prendre le faux pour le vrai et à ignorer le vrai quand il se présente à nous ? Quant au spectacle de la violence, a t-il une fonction autre que celle de satisfaire nos instincts les plus bas ?

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La mise en abyme de la représentation de la violence dans Les pistolets en plastique nous incite à nous interroger sur l’utilité du spectacle sanglant, grand-guignolesque, qu’il nous offre et que son outrance tourne à la dérision. Mais tous les pistolets ne sont pas en plastique… La rupture que marque la sobriété glaçante de la scène du meurtre familial nous rappelle brutalement à la réalité : plus de grand-guignol, mais une tragédie tout entière concentrée dans les gestes, les regards, le bruit des détonations.

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