Les Grands Fusils, également connu sous le titre original Tony Arzenta, est un film réalisé par Duccio Tessari en 1973. Ce thriller dramatique, porté par Alain Delon, s'inscrit dans le genre cinématographique du poliziottesco, un sous-genre du polar italien.
Né le 11 octobre 1926 à Gênes, Duccio Tessari est un réalisateur et scénariste italien injustement méconnu. Il débute sa carrière à la fin des années 50 en signant ou co-signant les scénarios de nombreux péplums et westerns-spaghettis devenus des classiques. Parmi ceux-ci, on peut citer :
En 1962, il réalise son premier long métrage, le péplum Les Titans. Il alterne ensuite les genres, réalisant des films d'aventure, d'espionnage, de guerre, des polars, des comédies, des giallos, des westerns spaghetti et des poliziottescos.
Auteur d’une œuvre très « genrée », Duccio Tessari compte parmi les précurseurs de nombreux genres cinématographiques. Ce dernier est couronné de succès lors de son activité en Italie et ses films sont également exportés à l’étranger.
Le style unique de Tessari, l’esthétique de Big Guns, mais aussi son époque, inscrivent ce dernier dans le genre cinématographique du poliziottesco. Succédant à l’âge du film de cape et d’épée, du péplum puis à celui du western-spaghetti, le polar urbain poliziottesco sera un genre populaire en Italie.
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Inspiré du cinéma américain et particulièrement des succès internationaux de classiques du film noir, le poliziottesco repose principalement sur des histoires et des enquêtes policières s’inspirant de faits divers de l’époque. A l’image du giallo dont il est « cousin », le poliziottesco est un genre très codifié qui va venir se substituer aux films d’horreur en mettant l’accent sur une représentation très graphique de la violence.
Celui-ci se démarque du film noir classique italien et du film noir américain par son approche sociologique, son action prédominante (courses-poursuites, cascades,…), sa violence exacerbée (explosions, fusillades, règlements de comptes,…), ses accointances avec la thématique récurrente de la vengeance et son traitement des personnages. Reflet de l’époque et des attentats politiques qui ensanglantent le pays, le polar-spaghetti met principalement en avant les protagonistes suivants : flics durs à cuire et incorruptibles vivant au quotidien dans l’enfer de la jungle urbaine; policiers anarchistes et/ou corrompus; antihéros pour qui le sens de l’honneur prévaut face à la loi, ou encore gangsters sans foi ni loi.
Tony Arzenta (Alain Delon), ancien tueur à gages, souhaite se retirer des affaires. N’acceptant pas sa démission, l’organisation tente de l’éliminer, et tue, par erreur, sa femme et son enfant. Ce qui motive principalement cette décision, c’est la peur que son fils ne veuille venger sa mort s’il lui arrivait d’être lui-même abattu.
Big Guns raconte un Milan qui est devenu dangereux, un Milan où la criminalité ne peut plus être arrêtée. Tout peut arriver, n’importe où et n’importe quand. Comme presque toujours dans les polars italiens, ces derniers ne sont jamais fascinants et restent de simples hommes appartenant à un monde particulier et à une période historique bien précise.
A l’image d’un pays criblé de balles, dans son discours comme dans sa forme, Big Guns est le portrait cynique, radical et froid d’un microcosme dévastateur qui condamne et broie de manière inéluctable les hommes qui en font partie. Sans être moralisateur, Tessari s’applique à mettre en avant par sa mise en scène élégante et soignée ce que l’on pourrait appeler la morale du genre. La morale des personnages qui incarnent ces histoires noires et violentes.
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Big Guns (Les Grands Fusils) est un thriller dramatique trop classique avec son scénario de vengeance assez prévisible, voire trop prévisible, ce qui engendre un peu d’ennui. Seule la fin peut surprendre par son dénouement.
Après une séquence d’ouverture en pré-générique nous montrant la « tranquille » vie familiale de Tony Arzenta, le personnage principal du film, dès le générique de début du film, Duccio Tessari filme la ville d’une manière singulière. La lumière naturelle de l’extérieur avec le ciel grisâtre de Milan confère une photographie austère au film. Signée du chef opérateur Silvano Ippoliti, la photographie participe grandement à l’atmosphère mélancolique et désespérée que nourrit sciemment le film. Ici Milan est triste, pauvre, gris, sombre, obscur.
Pour favoriser l’exportation des films à l’étranger, les productions de l’époque, ou plutôt coproductions, avaient pour judicieuse habitude de proposer des castings internationaux. Composé de gueules remarquables et comprenant des acteurs d’origine italienne, française, allemande et américaine, éclectique et international, le casting de Big Guns est non seulement une réussite mais une des forces indéniables du film. Magnifiquement interprété par Delon, mutique et impassible, le personnage de Tony Arzenta est proche du antihéros Melvillien ou de l’homme sans nom qu’incarne Clint Eastwood dans « la trilogie du dollar » de Sergio Leone.
Aux côtés d’Alain Delon on ne retrouve que des acteurs de talents dans les seconds rôles, à commencer par l’acteur américain Richard Conte qui, célèbre pour ses rôles de mafieux et de gangsters, est tout simplement parfait dans le rôle de Nick Gusto, grand ponte de la mafia. En 1972, Richard Conte incarne également le personnage d’Emilio Barzini dans Le Parrain (The Godfather) de Francis Ford Coppola.
Le personnage de Sandra est interprété par la comédienne italienne Carla Gravina que l’on a pu voir entre autres à l’affiche des films Le Pigeon (I Soliti ignoti, 1958) de Mario Monicelli, La Grande Pagaille (Tutti a casa, 1960) de Luigi Comencini, Sans mobile apparent (1971) et L’Héritier (1973) de Philippe Labro, Alfredo, Alfredo (1972) de Pietro Germi, Salut L’Artiste (1973) d’Yves Robert, Toute une vie (1974) de Claude Lelouch, Comme un boomerang (1976) de José Giovanni ou encore La Terrasse (La Terrazza, 1980) d’Ettore Scola.
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Pour composer la bande originale qui rythme superbement le film, Tessari va faire appel au compositeur italien Gianni Ferrio avec qui il a déjà travaillé sur les films Mort ou vif… de préférence mort (Vivi o, preferibilmente morti, 1969), La Mort remonte à hier soir (La morte risale a ieri sera, 1970) et Cran d’arrêt ou Un Papillon aux ailes ensanglantées (Una farfalla con le ali insanguinate, 1971).
Noir, froid, violent et désespéré, d’une modernité manifeste et dans le même temps peinture fidèle d’une époque, Big Guns connaîtra un véritable succès en Italie mais un accueil plus mitigé en France. Grand film oublié, Big Guns est une pépite à (re)découvrir absolument sur grand écran ! Un classique du cinéma.
Big Guns (Les Grands Fusils) a été tourné en pellicule 35MM et le Blu-ray, au format respecté 1.85:1, est bon mais imparfait. Le film a été restauré en 4K à partir des négatif originaux et tous les défauts de la pellicule qui ont été gommés. La définition varie selon les scènes.
Pathé Distribution nous propose deux pistes en DTS-HD Master Audio 2.0. Celles-ci sont biens réparties sur les deux canaux, avec la musique et les effets correctement mixés.
Titre | Big Guns (Les Grands Fusils) |
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Réalisateur | Duccio Tessari |
Acteurs principaux | Alain Delon, Richard Conte, Carla Gravina |
Genre | Drame, Thriller, Poliziottesco |
Année | 1973 |
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