Envie de participer ?
Bandeau

Le LBD40 (lanceur de balles de défense d'un diamètre de 40 millimètres), un petit frère du Flash-Ball, est une arme dite "sublétale" qui a suscité de nombreuses polémiques. Le LBD 40 est un terme générique définissant les armes non létales projetant des balles en caoutchouc.

Genèse et Évolution du LBD 40

Les premières armes de ce type ont été utilisées par les policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) au milieu des années 90. En 2000, les policiers de proximité ont également commencé à les utiliser. La plus connue de ces armes reste bien sûr le Flash-ball, de fabrication française par l’entreprise Verney-Carron.

Cependant, et contrairement à ce qu’annoncent certains médias, il n’a pas blessé le moindre Gilets jaunes. En effet, le Flash-Ball ne désigne pas un terme générique mais plutôt un modèle d’arme bien précis. Celui-ci n’équipe définitivement plus les forces de l’ordre depuis 2016, il a été remplacé par le LBD 40, fabriqué par la firme suisse Brügger&Thomet.

Le LBD 40 : Caractéristiques Techniques

C’est donc bien le LBD 40 le responsable de nombreuses blessures infligées aux Gilets jaunes. Il tire des balles avec un calibre de 40 mm (d’où son nom !), qu’elles soient en caoutchouc, en mousse, assourdissantes, lacrymogènes ou fumigènes. Toutes tournent sur elles-mêmes grâce à un canon rayé et conservent ainsi une bonne stabilité et une meilleure précision que celle du Flash-Ball.

Justement, le LBD 40, contrairement à son prédécesseur, se porte à l’épaule, puisqu’il s’accompagne d’un viseur électronique. Ce dernier est réglé pour une distance de 25 mètres et n’est pas prévu pour être modifié. Cependant, à cette même distance, les tests du bureau de la police relève une distance de 14 cm entre deux impacts de balles venant de tirs consécutifs.

Lire aussi: Choisir son calibre pour le tir longue distance

Au final, le LBD 40 possède une portée maximale de 50 mètres contre une dizaine de mètres pour le Flash-Ball.

Distance de Tir et Portée Efficace

Le lanceur de balles de défense, LBD 40 mm, modèle GL-06, est un produit conçu par l’entreprise Suisse Brüger & Thomet. Il permet le tir de munitions de calibre 40x46mm fabriquées ou non par B&T : en caoutchouc, en mousse, assourdissantes, lacrymogènes ou fumigènes. Il est utilisé en France depuis 2009 et expérimenté depuis 2005.

Le LBD est équipé depuis 2014 d’un viseur électronique EOTech réglé pour une distance de 25 mètres. En principe, on ne peut en faire usage qu’« en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée ». Il est également interdit de tirer au visage.

Avec une telle portée, on imagine bien que les tirs à bout portant s’avèrent extrêmement dangereux. Ainsi, une note de 2014 signée par les directeurs de la police et de la gendarmerie précise que les victimes risquent des lésions importantes suite à un tir de moins de 10 mètres. Utilisé avec les munitions d’Alsetex le tir se doit d’être avec à une distance comprise minimum de 10m et optimale de 25m.

Les distances de tir pour lesquelles il a été conçu s’étendent sur une plage allant de 10 à 50 mètres. Ce type de lanceur à un seul canon s’utilise comme un fusil. Il peut être équipé d’une visée laser permettant un tir très précis jusqu’à plus de 40 m.

Lire aussi: Distance de Tir Habitations France

Le torse, les membres inférieurs et supérieurs sont donc les cibles autorisées. Il n’est en aucun cas question de viser la tête. Dû à sa dangerosité le tir à la tête est formellement interdit sauf au dernier recours en cas de légitime défense.

Munitions et Puissance

Après avoir utilisé les munitions de la marque américaine CTS, la France achète aussi des munitions chez Alsetex. Premièrement, la firme B&T vend deux types de munitions avec son arme. La Cartridge SIR et la SIR-X pour des puissances maximales respectives de 116 et 176 joules pour une précision de 7 cm à 25m.

La balle américaine de CTS encore utilisée aujourd’hui est à 176 joules. De plus, avec la munition française d’Alsetex utilisée actuellement, l’énergie passe à 220 joules maximum avec une précision de 14 cm à 25m. En 2022, Nobel a remporté un appel d’offre d’environ 2 millions d’euro pour 160.000 munitions dites SHOCK.

Cadre Légal et Conditions d'Utilisation

Le LBD est équipé depuis 2014 d’un viseur électronique EOTech réglé pour une distance de 25 mètres. Le GL-06 et ses munitions sont classés comme des armes de catégorie A2 et donc comme « matériel de guerre ».

L’utilisation du LBD se fait au 3° niveau d’emploi de la force par la police et gendarmerie. Il s’agit donc du niveau le plus haut avant les armes à feu et n’est atteint qu’en cas de légitime défense ou de défense de position.

Lire aussi: Comprendre la portée d'une balle de carabine

Des instructions signées du directeur général de la police nationale et du directeur général de la gendarmerie nationale précisent que les lanceurs de balles de défense peuvent être utilisés lors d’un attroupement susceptible de troubler l’ordre public ’’en cas de violences ou voies de fait commises à l’encontre des forces de l’ordre ou si les forces de l’ordre ne peuvent défendre autrement le terrain qu’elles occupent’’. Le tireur est notamment censé ’’s’assurer que les tiers éventuellement présents se trouvent hors d’atteinte afin de limiter les risques de dommages collatéraux’’. Enfin, le tireur doit viser le torse ou les membres supérieurs.

Une instruction du 2 septembre 2014 précise l’emploi des armes dites de ’’force intermédiaire’’ (AFI) comme le pistolet à impulsion électrique (PIE), des lanceurs de balles de défense (LBD) de calibre 40 et 44 mm et de la grenade à main de désencerclement (GMD), dont sont dotés les services de police nationale et les unités de gendarmerie nationale.

Selon l’article R. 434-18 du code de déontologie de la police nationale sur l’emploi de la force « Le policier ou le gendarme emploie la force dans le cadre fixé par la loi, seulement lorsque c’est nécessaire, et de façon proportionnée au but à atteindre ou à la gravité de la menace, selon le cas.

Blessures et Conséquences

Pourtant, dans ses instructions, le ministère de l’intérieur a abaissé la distance réglementaire. La liste des blessés ne cesse de s’allonger. Le maintien de l'ordre et de la paix civile nécessite l'usage de moyens de défense par les forces de l'ordre. En dehors de ces contextes, dans le cadre de la légitime défense, ils permettent aux fonctionnaires de se protéger eux-même et autrui.

Enfin, une étude menée auprès des CHU de France et publiée dans la revue médicale britannique The Lancet a dressé la liste des blessures oculaires causées par les LBD de février 2016 à août 2019. Vingt-cinq patients présentent des blessures ouvertes au globe oculaire et dix-huit d’autres traumatismes, notamment à la rétine (dix cas). Il y a vingt-cinq cas de fractures orbitales, douze de fractures de la face et deux de dommages au cerveau. Trente des quarante-trois patients ont dû être opérés.

Le flou légal, le nom et la nature de l’arme poussent aux bavures et à l’impunité. Si un policier éborgne un manifestant à coup de poings, sa responsabilité sera engagée ; si un tireur de LBD 40 éborgne une manifestante, il pourra toujours accuser l’imprécision de l’arme.

Critiques et Controverses

Dans un ’’rapport sur trois moyens de force intermédiaire’’ de 2013, le Défenseur des droits recommandait la restriction de leur utilisation et dans celui remis le 10 janvier 2018 au président de l’Assemblée nationale, Jacques Toubon allait jusqu`à recommander l’interdiction des lanceurs de balles de défense dans des opérations de maintien de l’ordre en raison des risques liés à la nature même d’une manifestation où les personnes sont groupées et mobiles.

Il souligne que « Le point visé ne sera pas nécessairement le point touché et la personne visée pourra ne pas être celle atteinte ». En janvier 2017, un policier a été jugé par le tribunal correctionnel de Marseille pour la mort d’un homme dans un foyer de travailleurs le 12 décembre 2010. L’accusé avait plaidé la légitime défense et la défense avait réclamé la suppression de ces armes.

La Cour a relaxé les policiers pour les quatre autres manifestants blessés. Elle a en outre reconnu aux policiers comme circonstance atténuante la défaillance de la hiérarchie et son "absence d’instruction claire et précise" ce soir-là. Aux termes d’un arrêt du 5 juillet 2018 (CAA Nantes, 5 juillet 2018, n°17NT00411) la Cour administrative d’appel de Nantes a enfin précisé le régime de responsabilité de l’État en cas de blessure. Il s’agissait d’un mineur blessé qui avait participé à une manifestation d’étudiants contre la loi LRU de 2007, et avait reçu une munition de type LBD 40x46 mm.

Une fois n’a pas suffi. Après une première alerte il y a un an, Jacques Toubon, à la tête de l’institution Le Défenseur des droits, en a remis une couche ce jeudi. "Annulons le risque qui existe de dangerosité de ces armes en suspendant leur utilisation”, a-t-il déclaré lors de la présentation d’un autre rapport sur la dématérialisation des services publics. Des cris de contestation émergent de partout quant à l’usage de ces armes dites de “force intermédiaire”. En effet, depuis la mi-novembre, des Gilets jaunes, mais pas seulement, leur attribuent de nombreuses blessures.

Tableau Récapitulatif des Caractéristiques du LBD 40

Caractéristique Détails
Type Lanceur de balles de défense
Calibre 40 mm
Fabricant Brügger&Thomet (Suisse)
Portée maximale 50 mètres
Distance optimale 25 mètres (viseur électronique réglé)
Munitions Caoutchouc, mousse, assourdissantes, lacrymogènes, fumigènes (40x46 mm)
Puissance Jusqu'à 220 joules (avec munitions Alsetex)
Classification Arme de catégorie A2 (matériel de guerre)
Utilisation Maintien de l'ordre, légitime défense

tags: #lbd #40 #distance #de #tir #portée

Post popolari: