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Les fusils Darne occupent une place de choix dans l’univers des armes à feu. Reconnus pour leur qualité et leur ingéniosité, ces fusils français ont marqué l’histoire de l’armurerie. Les fusils Darne, emblèmes de l’armurerie française, se distinguent par des caractéristiques uniques.

Ces deux grands noms de l'armurerie Française du siècle passé que sont Darne et Charlin ont été en effet les deux fabricants qui se sont spécialisés dans la conception et la fabrication à l'échelon industriel de ce que l'on nomme le fusil "droit" ou fusil "fixe", en opposition au fusil basculant.

Même si Régis Darne (productions de 1881 à 1979) à une antériorité par rapport à Louis Charlin (productions de 1904 à 1972) il ne faut pas croire que l'un à copié l'autre, à un moment donné.

Le Darne et le Charlin, en dehors du concept de base commun : canon fixe et culasse sur glissières sont trés différents en tous points, tant au niveau mécanique que canonnerie. Ainsi, l'éclaté d'une culasse de Charlin ne ressemblera en rien à celle d'un Darne, aucune pièce ne sera semblable et ce sont là réellement deux conceptions mécaniques trés différentes qui opéreront chacunes : l'armement, le verrouillage, la percussion et l'extraction.

De même pour le faisceau des canons, qui est trés différent d'une marque à l'autre.

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Comparativement et "qualitativement" dirais - je, on s'accorde à dire que le Charlin est supérieur - à gamme égale - au Darne : qualité des ajustages et de la monte à bois, précision mécanique (la culasse "roule" sur des billes !), onctuosité du verrouillage, présentation, ligne, choix des bois....cela reste bien sûr affaire de goût, mais il est vrai que là ou le Darne reste un génial et solide agencement mécanique, le Charlin touche presque au "chef d'oeuvre d' orfévrerie armurière" comme se plaisent à le dire certains connaisseurs, tant il comporte de pièces en plus, qui pourtant assurent une solidité ABSOLUE et un service fiable et sans faille, quelles que soient les conditions d'emploi ....

Ne voit - on pas encore des Charlin quasi centenaires "re" vendus par des armuriers - repreneurs et qui les garantissent encore 2 ans .... alors qu'il n' y a plus de pièces ( d'origine , en tous cas...).

En réalité, mécaniquement, ces fusils sont justement considérés comme quasi indestructibles.

Tout comme Darne, Charlin a eu une gamme riche, évolutive et un tantinet "compliquée"....des tous premiers L.C. au dernières productions fin années 50, des petites clés aux grandes clés, des culasses avec ou sans cuvette de recouvrement du tonnerre, sa production a été variée, obeissant en cela aux évolutions générales de l'armurerie de chasse, aux désidératas des clients, à la concurrence et aussi aux modes....

Tout comme Darne, il en est venu à la fin à proposer lui aussi des superposés basculants de différentes factures ( mais aussi un superposé... fixe ! ) mais ces types de fusils ne sont pas trop restés dans les annales de la grande histoire de l'armurerie Stéphanoise.....

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Chez Louis Charlin, on trouve 2 types de fusils fixes, suivant l'époque : le plus connu et le plus produit, c'est le Charlin grande clé, que l'on reconnait facilement à sa clé de verrouillage/dévérrouillage de la culasse courte et massive, à l'embiellage caractéristique.

Mais il y a eu aussi des Charlin "petite clé", trés comparables d'aspect et de mécanisme au modèle de la gamme " R " de chez Darne ( décliquetage de la culasse en fond de rails par un petit ergot qui dépasse en partie arrière de la culasse et en dessous) la clé en est différente, identique à celle du Darne série " R ", assez longue et plus fine que sur le modèle grande clé.

Par ailleurs, sur ces modèles petite clé ( peu produits , néanmoins) on ne trouve pas sur la face avant de la culasse la cuvette de recouvrement des canons.

La marque est retombée depuis 2020 dans l’incertitude, un fond d’investissement n’ayant pu pérenniser, en 5 ans, la suite de Paul et Hervé Bruchet qui l’avaient reprise en 1981, les propriétaires s’étant enchaînés depuis 1955, mais sans pouvoir lui redonner son aura d’avant-guerre.

Déjà le Darne en collection, suffit de regarder « Nature à buis », c'est bien une cinquantaine d'offres sur des modèles de base et un marché large mais en fait restreint côté ventes, où beaucoup de gens s'imaginent détenir (et vendre à prix d'or) une perle rare...qui n'en est pas une.

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Il faut un peu revenir à l'historique désormais bien connu de cette entreprise (voir le livre de J.C..Mournetas qui fait autorité sur le sujet) pour comprendre l'étendue de la question.

Régis Darne, le génial inventeur de ce fusil « qui ne se casse pas » définit en 1893 son fameux modèle « R » (1) qui évolue et se finalise en 1906, dans la crosse en deux pièces, dite « petit bois » que l'on voit le plus souvent.

La production avant guerre confine à l'artisanat de haute qualité (2) où tout est personnalisable : chokes par dixièmes (mais en général le standard est demi et plein), types et teintes de crosses avec plaque de couche en corne blonde , bascules jaspées, chromées, gris mat, noir de guerre, gravures fines au burin comme on le voit ci dessus.

Il y a même, bien avant les superposés, possibilité de bandes ventilées, et plein de « hors-série » tous plus magnifiques les uns que les autres.

La confusion sur les Darne provient, en fait d'une histoire de famille, Francisque Darne, fils aîné de Régis qui a déposé sa propre marque sous le même nom, et même rue que son père, en 1910, meurt au front en 1917, et sa marque est reprise jusqu'en 1920 par Mouthier, puis la SIFARM (un groupement d'armuriers) et enfin Verney-Carron.

Et comme la plupart des brevets Régis Darne sont tombés dans le domaine public, toute la profession armurière stéphanoise s'y engouffre...sous plus de 30 signatures de plus ou moins bonne qualité (3).

Ce qu'il faut savoir quand même : la crosse, et surtout la jonction de la poignée au droit des vis du pontet est la grosse faiblesse de ces fusils extrêmement chokés du fait de leur alésage serré, et donc dotés d'un fort recul.

Au point qu' on recommandait de faire resserrer tout ça chaque année en fin de saison. C'est la première chose à regarder car une remise en bois coûte un oeil, entre 600 et 1000 euros, rédhibitoire donc si on lorgne sur une occasion d'un type R 13 ou R 15 le modèle le plus abouti de ces fusils « courants » qui oscille autour de 400-600 euros selon état bien sûr.

Malgré tout, il faut savoir qu'un « vrai » modèle de base R13 par exemple valait en 1969, 1100 francs, soit à peu près deux mois de salaire d'un ouvrier de l'époque.

Mais faut tomber sur "l'amateur éclairé", car le marché est saturé de fusils Darne en moins bon état et ayant beaucoup servi autour de 500 euros voire moins comme on l'a dit plus haut.

On le voit, pour ce fleuron de l'armurerie française, dont tout chasseur amateur de belles armes se devrait de posséder un exemplaire, la difficulté n'est pas vraiment d'en trouver un, mais de démêler le vrai du faux d'une production pléthorique, mais désordonnée.

: la mention de ces modèles R (petite clef), P et V (grande clef) n'est jamais portée en clair sur les fusils, mais se comprend grâce à de petits poinçons ronds marqués sous la frette. Les petites clefs R vont de R10 (sans chiffre) à R 16, plus les H.S. (hors série). Selon la même progression en qualité, les P de 17 à 18, et les V de 9 à 22 (ou V 19 à V 22) et bien sûr encore des H.S. ou hors série.

Photo à g. : pour comprendre un fusil Darne, c'est sous la frette qu'il faut regarder. 2 : les canons sont en acier fin à élasticité élevée et surtout assemblés sans soudure haute température qui risquait de dénaturer la qualité de l'acier. Les tubes s'emmanchaient dans une frette, et reliés par une bande haute à basse température. Et une cale à la bouche soudée à l'étain finissait de solidariser l'ensemble. Le verrouillage jouait sur des tolérances mécaniques très ajustées.

3 : Halifax (attention, c'est encore un « vrai » Darne mais en sous-marque), Rivolier, Solheihac, Picard-Fayolle, Gaucher, Francisque Darne bien sûr, Brun-Latrige...et même Peugeot s'y mit !

Ce fusil Charlin au premier coup d'oeil ne présente rien de particulier, si ce n'est son très joli bois.

C'est quand on lit ses marquages que l'on a une surpriseIl s'agit en effet d'un série K , 10 étoiles.

Tous les armuriers (enfin presque tous) à qui je l'ai présenté, tous les experts qui l'ont eu en mains ont fait exactement la même réponse -"Oui, je sais que ça existe, j'en ai entendu parler, mais je n'en avais jamais vu". Les autres marchands d'armes eux n'en avait même jamais entendu parler.

Il faut savoir que si l'apparence d'un Charlin est proche de celle d'un Darne, là s'arrête la ressemblance...La culasse mobile du Darne coulisse métal sur métal, quand celle du Charlin repose sur un chemin de billes....La douceur est incomparable.

Charlin avait une notation pour ses fusils de A à H, en fonctions des finitions cosmétiques et une autre notation (qui changeait tous les ans), composée de symboles animaliers (faisans, lapins, tigre, alouettes etc etc) ces symboles représentaient les caractéristiques techniques et les qualités des fusils, le maxi du maxi étant 8 symboles.

Et puis Charlin à sorti un modèle confidentiel le série K 10 étoiles (pas des symboles animaliers cette fois), pas plus beau qu'un autre extérieurement, mais avec par exemple des canons chromés intérieurement et une mécanique prodigieuse, destiné spécialement (parait-il) à une épreuve sportive, se déroulant à Deauville ou Monte Carlo , le ball trap de l'époque, c'est à dire le tir sur pigeons vivants (heureusement Brigitte Bardot n'était pas née).

Je n'ose pas le prendre pour aller à la chasse.

tags: #fusil #charlin #calibre #20 #histoire

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