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La Grosse Bertha est certainement la pièce d'artillerie la plus connue de la Première Guerre mondiale et peut-être même de tous les temps.

Origines et conception de la Grosse Bertha

En 1900, l'usine d'armements d'Alfred Krupp à Essen construisait déjà des canons de marine de 420 mm et des obusiers de 350 mm. C'est le professeur Rausenberg qui fut chargé de la conception de l'arme.

Les ingénieurs élaborèrent le Gamma-Gerät, un obusier démontable de 420 mm pour un poids de 170 tonnes. Lors des premiers essais effectués en 1909, le canon s'est montré particulièrement précis et a atteint une portée maximale d'environ 14,5 km. Par contre, les obus perforants essayés sur des dalles de béton n'explosaient pas.

En effet, sous la violence du choc, l'explosif se tassait à l'avant de l'obus, celui-ci n'étant plus en contact avec le retardateur, la mise à feu ne pouvait se produire. Une grande variété d'obus de formes et de poids différents ont été testés afin d'obtenir la meilleure combinaison entre les performances balistiques et les performances de pénétration.

Les ingénieurs se remirent à l'étude pour développer à partir du Gamma-Gerät un nouvel obusier mobile. Le canon a alors été monté sur un affût allégé, ramenant le poids de la pièce aux alentours de 70 tonnes. Officiellement appelé M 42, cet obusier, malgré son poids, était monté sur roues afin de faciliter sa manœuvrabilité sur le champ de bataille.

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Conformément à la tradition des ateliers Krupp de nommer les canons lourds avec le prénom des membres de la famille dirigeante, le M42 fut baptisé "Dicke Bertha" (Grosse Bertha), en l'honneur de Bertha Krupp, fille héritière de Friedrich Alfred Krupp. Le terme "grosse" ne faisait pas référence à la corpulence de Madame Krupp, mais simplement au gros calibre de la pièce. L'obusier fut également surnommé "Fleissige Bertha" (Bertha l'assidue) par les artilleurs.

Entrée en service et utilisation pendant la guerre

La Grosse Bertha entra en service le 12 août 1914 lors du siège de Liège. Là, deux Bertha pilonnèrent le fort de Pontisse puis les 12 autres forts ceinturant la ville. Déjà présents lors de l’attaque du Fort de Pontisse, les obus de 42 cm caractéristiques de la Grosse Bertha font des ravages à Loncin.

En août 1914, le Fort de Loncin subit pendant plusieurs jours des bombardements incessants de l’ennemi allemand. Le fort est le théâtre d’un massacre inédit. En cause, l’utilisation des machines d’artillerie allemande de gros calibre encore méconnues, surnommées Grosses Bertha.

D’une portée maximum de 12 500 mètres, les obus déclenchent l’explosion de 12 tonnes de poudre conservées dans le cœur du fort. Le site est donc devenu une nécropole. Seulement 17 hommes sortent vivants, le reste des soldats sont morts sur place. Malgré tout, le Fort de Loncin est le seul des forts défendant Liège à ne pas s’être rendu.

Pour les Français, la « Grosse Bertha » est l’engin capable de propulser des obus à plus de 100 km de distance et qui a tiré sur la capitale (engins appelés « Canons parisiens » par l’armée allemande). Ces pièces d’artillerie nécessitaient d’importants travaux de maçonnerie pour les plateformes de tir et des moyens de transport pour l’acheminement du matériel et des munitions. Le tube du canon mesurait 34 m de long et ne pouvait être transporté que par rail.

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Pendant six mois, de mars à août 1918, les obus de la Grosse Bertha ont terrorisé Paris et ensanglanté ses rues et ses boulevards. Alors que le front se trouve à plus de 100 kilomètres, ce gigantesque canon allemand parvient à envoyer 320 projectiles sur la capitale et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 620.

«Ce mortier géant était porteur d'espoir pour les militaires allemands et les chauvins. […] Les Français avaient tiré les leçons de leur défaite contre les Allemands en 1870/71, quand les murs de leurs installations de défense s'étaient avérés trop faibles. Ils muraient désormais deux fois plus fort, se retranchaient derrière du béton armé. Ce canon fabriqué par la compagnie industrielle Krupp fut rapidement surnommé la «Dicke Bertha», sans que l'on sache si ce petit nom faisait vraiment référence à Bertha Krupp, l'héritière de l'entreprise. Qu'importe, ce sobriquet «devint un synonyme de force d'impact, de force par la masse», estime Die Welt. Avec ses obus d'un calibre de 420 mm, la Grosse Bertha avait pour mission de détruire les forts et les bunkers ennemis.

Les premiers tests ne furent pourtant pas concluants. Lors du deuxième, le percuteur fut tordu par la secousse. Au départ, le canon était conçu pour rouler sur des rails de chemin de fer, mais fut jugé trop difficile à manier.

Mythes et réalité autour de la Grosse Bertha

Les Parisiens gardent un souvenir terrifié de la Grosse Bertha, alors qu'elle n'a pourtant jamais bombardé Paris. Contrairement à ce qu'écrit Le Figaro, ce n'est pas avec cette pièce d'artillerie que les Allemands, en 1918, sont parvenus «à envoyer 320 projectiles sur la capitale et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 625».

En réalité, la Grosse Bertha n'est vraiment pas une arme à longue portée. Bien que d'un calibre important (420 mm), ce n'est pas non plus le calibre le plus gros. La Grosse Bertha ne tint pas ses promesses durant la guerre.

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Destruction des exemplaires

À la fin de la guerre, tous les exemplaires du canon géant furent saisis et détruits par les Alliés.

Tableau récapitulatif des caractéristiques principales

Caractéristique Description
Calibre 420 mm
Portée maximale Environ 14,5 km (lors des essais initiaux)
Portée maximum 12 500 mètres
Poids Environ 70 tonnes (après allègement)
Nom officiel M 42
Surnoms Dicke Bertha, Fleissige Bertha

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