Le tir au pigeon est une discipline qui fait partie de l'histoire des Jeux Olympiques. Elle a été pratiquée lors des Jeux olympiques de Paris en 1900, une édition quelque peu atypique.
Les Jeux olympiques de Paris en 1900 sont certainement de ceux les plus créatifs. Les Jeux olympiques qui se sont tenus à Paris du 14 mai au 28 octobre 1900 n'avaient pas la visibilité des compétitions récentes. En 1900 se tiennent les 9ème Jeux Internationaux de Stoke Mandeville, considérés comme les premiers Jeux Paralympiques.
Contrairement aux Jeux actuels, pas de cérémonie d'ouverture en grande pompe, pas de défilé des athlètes, pas de flamme ni de relais de la torche. La faute à une concurrence entre deux projets parallèles qui verra finalement Pierre de Coubertin s'incliner face aux organisateurs de l'Exposition universelle de 1900.
Organisée dans le cadre de l’Exposition universelle et du projet porté par son commissaire général, Alfred Picard, l’édition de 1900 devait "produire du spectacle, de la fête, il fallait être universel, intégrer la singularité et le particularisme de l’exercice physique".
Cette discipline fait partie de cette édition parisienne de 1900 quelque peu atypique. Contrairement aux épreuves de tir actuelles sur des cibles fixes ou des disques d’argile mobiles, le tir au pigeon se pratiquant, comme son nom l’indique, sur de véritables volatiles. L’objectif était simple, pour l’emporter, il fallait abattre le plus d’oiseaux possible.
Lire aussi: Tradition et Tir au Pigeon
Si le participant ratait sa cible, il était éliminé de suite. Près de 300 pigeons ont été abattus lors de cette épreuve. Le Belge Léon De Luden a décroché la médaille d’or en touchant 21 oiseaux et a été récompensé de 20 000 francs pour sa « performance », sans culpabilité.
L'historien Andrew Strunk rapporte dans un article l'état du champ de tir à la fin de l'épreuve, dans une vision où « les oiseaux estropiés se tordaient sur le sol, le sang et les plumes tourbillonnaient en l'air et les femmes assises à côté sous leurs ombrelles étaient en pleurs.
Saviez vous que des pigeons vivants avaient été utilisés comme cibles pour une épreuve de tir ? En 1900, à Paris, non loin de la Tour Eiffel, pour le concours de tir aux pigeons, le vainqueur, un concurrent belge, en a abattu 21 à lui seul. Cette épreuve ne laissera pas de trace, le Comité international olympique, ne la reconnaît pas.
Avec le temps, le tir se pratique sur pigeons d’argile, notamment aux Jeux olympiques de 1924, qui sont à nouveau organisés à Paris. Les épreuves de tir aux armes de chasse - inscrits pour la dernière fois au programme des J.O. - ont lieu à Versailles (pour le tir sur cerf courant) et à Issy-les-Moulineaux (pour le tir aux pigeons).
Le ball-trap est l’un des descendants du tir au pigeon, qui s’est déroulé lors des Jeux olympiques en 1900.
Lire aussi: Ball-trap : choisir la bonne formule
Ce Tir aux pigeons a été créé fin XIXe-tout début XXe dans les Hauts d’Issy, encore campagnards à l’époque, par la maison Gastinne-Renette, célèbre armurier parisien. La société française baignait alors dans une ambiance de préparation militaire, perceptible dans la presse, à l’école ou dans les sociétés sportives.
Le Tir aux pigeons occupait un vaste terrain situé entre la rue d’Erevan (anciennement rue du Plateau) et la rue de l’Egalité. Bien sûr, de hautes palissades en bois protégeaient le voisinage, de plus en plus important avec la vague de construction lancée après la Première Guerre mondiale.
La presse donne, dans les pages sportives, les résultats des concours organisés à Issy par les sociétés de tir .
La Fondation nationale de tir aux armes de chasse prie les tireurs français pratiquant le tir sur pigeons d’argile de vouloir bien s'inscrire chez M. Gastinne-Renette pour prendre part aux réunions d'entraînement olympique qui se tiendront au stand d'Issy-les-Moulineaux.
Dans les années 1950, les enfants pénétraient par des ouvertures ménagées dans la palissade et les garçons ramassaient souvent des morceaux de pigeons d’argile et des douilles. Le Tir aux pigeons était un club « chic » et les enfants étaient ravis de voir passer de belles voitures dans le quartier.
Lire aussi: Le Tir au Pigeon: Un Art
Peu à peu, le site devient un terrain vague où jouent les enfants du quartier, bien qu’il soit interdit d’accès. La construction des premières tours au début des années 1970 fait définitivement disparaître les derniers vestiges du Tir aux pigeons.
Les Jeux de Paris ne feront sans doute pas exception. Parmi les plus farfelues, on trouve un concours de vol en ballon, une compétition de croquet, une course de natation avec obstacles, une épreuve de lancer de pierres, une course à l'âne, un tournoi de pêche à la ligne...
Le manque de préparation, couplé à l'amateurisme de la plupart des participants, entraîne de nombreuses sorties de route. Le vainqueur de la compétition de vol en aérostat a atterri près de Kiev (!), tandis que les épreuves de natation dans la Seine sont paralysées par le trafic fluvial, qui n'a pas été interrompu.
Force est de constater, enfin, que le programme des Jeux olympiques de 1900 fait la part belle aux épreuves militaires. Le concours de tir au canon de 90 millimètres, avec des cibles placées à 60 mètres, s'est déroulé au polygone d'artillerie de Vincennes.
Tous les quatre ans, plusieurs disciplines sont rayées du programme des Jeux olympiques. Une décision prise par le Comité international olympique (CIO), qui sélectionne les épreuves selon plusieurs critères.
Voici quelques-unes de ces disciplines disparues des JO :
En 1924, les spectateurs des Jeux de Paris ont ainsi pu assister à des compétitions de polo à Saint-Cloud, ou de savate au vélodrome d’Hiver. Si l’on remonte encore plus loin, aux premiers Jeux dans la capitale, en 1900, on trouve de nombreux autres sports qui ont fait une apparition éclair au calendrier olympique : jeu de boules, concours de ballons (avec des montgolfières), pêche à la ligne…
Chaque sport doit notamment être administré par une fédération internationale, respectueuse de la charte olympique et être pratiquée dans au moins 35 pays pour les femmes et 50 pays pour les hommes et cela sur au moins trois continents.
Hormis ces règles, d’autres considérations entrent en compte, comme les coûts des infrastructures, l’image du sport, l’impact environnemental ou encore la mixité de la discipline.
Pour Eric Monnin, vice-président de l’université de Franche-Comté et directeur du Centre d’études et de recherches olympiques universitaires (Cérou), les programmes étaient réalisés par une certaine classe de la population, à l’image du baron Pierre de Coubertin et des congressistes qu’il avait réunis en 1894 pour lancer l’aventure olympique moderne.
tags: #jeu #du #tir #au #pigeon #histoire