L'expression "la fleur au fusil", désormais passée dans la langue commune, qualifie un départ dans l'insouciance.
L'expression « la fleur au fusil » est apparue au XXe siècle. Elle rappelait les militaires de la Première Guerre mondiale qui étaient insouciants et confiants en la victoire. Ceux-ci ornaient alors leur fusil de fleurs.
Yves Pinguilly n'en est plus à son premier roman historique jeunesse sur la Première Guerre mondiale. À l'occasion du Centenaire de la Grande Guerre, il publie un court roman de soixante-cinq pages à travers lequel il aborde le tout début de la guerre. La Fleur au fusil est un titre qui rappelle que beaucoup de soldats partaient relativement confiants, que cette guerre s'annonçait courte. C'est aussi une façon de dire que ces hommes partaient sans la moindre préparation.
L’auteur, engagé en 1911, caporal en 1914, y évoque notamment le départ de soldats loin d'imaginer le sort qui les attendait : "Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre."
Il y écrit en effet : « Dans leur riante insouciance, la plupart de mes camarades n’avaient jamais réfléchi aux horreurs de la guerre. Ils ne voyaient la bataille qu’à travers des chromos patriotiques. […] Persuadés de l’écrasante supériorité de notre artillerie et de notre aviation, nous nous représentions naïvement la campagne comme une promenade militaire, une succession rapide de victoires faciles et éclatantes.
Lire aussi: "La Fleur au Bout du Fusil": Analyse
Le mythe du départ "la fleur au fusil" : il y a encore quelques jours, un reportage continuait à colporter la légende des Français partis à la guerre "la fleur au fusil", images de 1914 et témoignage de Roland Dorgelès enregistré en 1965 à l'appui.
Dans la réalité, ce qui nous a été montré était loin de correspondre à l'opinion majoritaire des Français telle qu'elle a pu être reconstituée par les historiens et ce qui nous a été présenté comme un départ en guerre "la fleur au fusil" n'était qu'un mouvement de surface, plutôt urbain, concernant les élites intellectuelles et des civils d'autant plus exaltés qu'ils n'étaient plus mobilisables, surtout parisien, parfois suscité par la jeunesse nationaliste proche de l'Action française et de ses Camelots du roi, aux abords de la Gare de l'Est, des casernes et des grands boulevards où quelques magasins à l'enseigne "germanique" (en fait souvent suisse ou alsacienne), ont été saccagés.
Dans d'autres villes et dans certains quartiers, notamment les quartiers ouvriers, l'ambiance fut beaucoup plus complexe et les réserves face à la guerre se sont bien plus manifestées qu'on ne le pensait jusqu'ici: « A Paris, le pavé des grands boulevards est occupé par une manifestation nationaliste le 29 juillet, mais, le 27, les pacifistes ont été aussi nombreux.
De plus, la France est à l'époque majoritairement rurale. En août 1914, on y est en pleine période des moissons et on n'a guère le temps pour se passionner pour les dernières nouvelles du monde. C'est d'ailleurs le tocsin qui avertit les ruraux et, dans une France où le son des cloches a encore une signification importante, le tocsin est d'abord et avant tout l'annonciateur d'une catastrophe: c'est dire si on est loin d'être très enthousiastes à l'idée d'une guerre, même si on s'y résigne, à la fois par obéissance au devoir, mais aussi parce que domine le sentiment d'un patriotisme défensif face à ce qui semble être une agression allemande.
Pas très "patriotique" tout cela ! En réalité, la guerre, en 1914, sembla bien plus acceptée par résignation que par réel enthousiasme, loin du cliché du départ "la fleur au fusil" et surtout parce que, soldats comme généraux, tous étaient convaincus, pour des raisons parfois opposées, que la guerre serait courte.
Lire aussi: Découvrez La Fleur au Fusil
La réalité fut autre, nous le savons un siècle plus tard. L’un des conflits les plus absurdes et les plus sanglants de l’histoire de l’humanité commençait.
Par extension, en oubliant le côté insouciant et en mettant l'accent sur l'enthousiasme et le courage qu'il faut pour partir aussi volontairement dans un conflit, la locution a également pris le deuxième sens plus commun aujourd'hui. 'Fusil' est un mot qui, sous cette forme, date du XIIIe siècle. Par métonymie, c'est l'arme à feu elle-même qui est devenue un fusil.
L'image de la fleur au fusil a changée aujourd'hui, à mes yeux, elle symboliserai plus une image de Paix et de non-violence .
Le 25 avril 1974, au Portugal, la révolution des œillets fait chuter la plus longue dictature d’Europe. Ces hommes et ces femmes réussissent ainsi à gagner leur liberté sans qu'aucune goutte de sang ne soit versée. C’est l’histoire d’une démocratie qui se gagne par l’union d’un peuple et qui se conquiert avec des fleurs. C’est l’histoire d’un amour qui naît au confluent de la réalité et d’un rêve.
Grandes oubliées de la guerre, de nombreuses fleurs sont associées dans le monde entier aux combats de la Première Guerre mondiale. Dès le début de la Grande Guerre sont aménagés, dans la proximité immédiate des zones de combat, des cimetières provisoires dont les tombes se fleurissent spontanément, ce qui retient l’attention de certains combattants.
Lire aussi: "La Fleur au Fusil" : Récit avignonnais
En érigeant les fleurs au rang de marqueur mémoriel, la Grande Guerre a inventé une tradition qui se perpétue au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les fleurs n’expriment pas seulement le souvenir des hommes tombés au combat ou la glorification des résistants. Pendant la Grande Guerre, à l’instar du poilu Gaston Mourlot, de nombreux soldats confectionnent des herbiers, afin de rompre avec la temporalité du conflit en collectionnant un élément qui incarne le temps de paix, celle du passé et celle à venir.
tags: #la #fleur #au #bout #du #fusil