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Depuis le XV° siècle, Saint-Étienne est LA ville française de l’armurerie, grâce à la décision de François 1er d’envoyer ses ingénieurs organiser la production d’armes à feu dans cette ville.

Les Origines de l'Armurerie Stéphanoise

Dès le XIIIe siècle, on trouve sur les rives du Furan des arbalétriers, des javelinaires et des arquebusiers qui exploitent la force hydraulique de la rivière, la puissance calorifique du charbon de terre pour leurs forges et le grès pour leurs meules. Cette activité artisanale est la base des métiers de l’arme à Saint-Etienne. Les premières origines se situent dans le quartier des Rives, dans la « bonne vallée du fer », proche de Valbenoîte.

François 1er s’intéresse à l’armurerie stéphanoise dès 1531. Désireux d’améliorer l’armement de ses troupes, il s’intéresse à l’armurerie stéphanoise dès 1531. L’organisation de l’activité armurière remonte à l’époque de François Ier.

La Manufacture Royale et son Monopole

Le savoir-faire unique des artisans leur a permis, en 1764, de s’organiser en société d’entrepreneurs et de prendre alors le nom de Manufacture royale, dont le centre est situé place Chavanelle. L’entreprise se voit accorder le monopole (avec l’usine de Charleville dans les Ardennes) de la fabrication des armes par Louis XV. Elle fournit les troupes françaises, mais aussi des armées étrangères.

Selon Thomas Zanetti, docteur en géographie, aménagement et urbanisme, dans la revue Norois : « Au siècle suivant, l’armurerie stéphanoise s’organise principalement à partir de la Manufacture, elle devient la propriété de l’Etat à partir de 1838. » Elle produit la majorité des armes de guerre, mais se décline également dans la fabrication d’armes civiles.

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Quelques années plus tard, le conseil municipal de la ville décide d’édifier un nouveau bâtiment pour la Manufacture. En 1864, l’usine prend forme entre la rue Bergson et le boulevard Thiers et s’étend sur plus de 20 000 m2. Enfin terminée, elle comprend des bâtiments administratifs, de production mais également des habitations.

Entre 1866 et 1874, la Manufacture nationale de Saint-Etienne fabrique notamment trois armes : le fusil modèle 1866 ou plus communément appelé le Chassepot, les revolvers MAS 1873-1874 jusqu’en 1877 et le fusil Gras jusqu’en 1883.

Dans les années 1890, ce sont 10 000 ouvriers qui œuvrent sur le site et plus de 9 000 machines qui tournent pour produire des fusils, des revolvers, des carabines, des mousquetons ou encore des sabres-baïonnettes. Au XIXe siècle, la production suit le cours de l’histoire en fournissant des armes lors des périodes de guerre. Par ailleurs, la fabrication se divise en trois catégories : le matériel à destination des équipements blindés, les armes antichars et les équipements de protection. Plusieurs grèves éclatent aussi.

Verney-Carron : Un Héritage Vivant

Depuis plus de deux siècles, Verney-Carron incarne l’excellence française au service des chasseurs. Fondée en 1820 à Saint-Étienne, capitale historique de l’armurerie française, Verney-Carron est l’une des plus anciennes maisons armurières encore en activité. Dès ses débuts, la maison Verney-Carron se distingue par la qualité de ses armes et son exigence d’innovation.

Au tournant du XXIe siècle, Verney-Carron affirme sa volonté d’élargir son expertise au-delà de la chasse. C’est dans cette dynamique que Verney-Carron donne naissance à Lebel, une marque à part entière dédiée à répondre aux exigences des forces de l’ordre, des unités militaires et des acteurs de la sécurité.

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Guillaume et Jean Verney-Carron ont, non seulement fait survivre la marque mais ils l’ont développée, modernisée et maintiennent un très haut niveau de qualité pour les armes de chasse produites dans leurs ateliers. Ils cherchent aussi à s’implanter dans le domaine des armes de petit calibre à usage militaire avec la production d’un fusil destinés aux tireurs d’élite. Il faut regretter à ce propos que l’armée française soit aujourd’hui équipée de fusils d’assaut de marque allemande.

Artisans d'Exception et Armes de Luxe

Saint-Étienne abrite également des ateliers plus petits, spécialisés dans les armes de luxe comme celui de Richard Lévy. Ce stéphanois d’adoption réalise au compte-gouttes les fameux fusils de chasse à platines Granger. Ces fusils ne sont pas aussi connus que ceux de Purdey ou de Holland et Holland mais la qualité est la même et le client devra s’armer de patience car il lui faudra attendre 2 ou 3 ans tellement le carnet de commande est plein. L’atelier ne produit en moyenne guère plus de 3 fusils neufs par an. Leur prix oscille entre 45.000 et 60.000 euros.

Formation et Transmission du Savoir-Faire

C’est aussi à Saint-Étienne que se trouve le seul lycée des métiers de l’armurerie, le lycée Benoit Fourneyron. Il forme ses élèves au CAP, au Bac professionnel armurier et au brevet des métiers d’art.

Maurice Forissier a contribué aussi à mettre en place un Brevet des Métiers d'Art en Armurerie au Lycée Fourneyron où il enseigne actuellement, concrétisant ainsi son rêve de gosse et permettant au métier de perdurer.

Le Banc d'Épreuve : Gardien de la Qualité et de la Sécurité

L’origine de l’épreuve à Saint-Etienne n’est pas clairement établie. Elle se perd au cours du XVIIe siècle avec la fabrication des armes de guerre que le pouvoir royal confie à des entrepreneurs et artisans stéphanois.

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Pierre François Girard, né et mort à Saint-Etienne (1674-1751), entrepreneur du roi, est le premier dont les lacunaires chroniques historiques de Saint-Etienne conservent la mémoire comme ayant établi un Banc d’Epreuve. L’existence de ce Banc d’Epreuve, installé par Pierre Girard « au gué du Chavanelet dans le quartier de l’Heurton », est attestée en 1743.

La date de 1782 marque donc la réelle naissance de l’actuel Banc d’Epreuve. Augustin Merley, canonnier de renom d’une vielle famille de l’armurerie stéphanoise, est le premier éprouveur des armes bourgeoises, nommé, parmi les trois candidats que propose la ville, par l’intendant de Lyon en 1782. Le chargement des armes ne se faisant pas encore par la culasse, seuls les canons sont éprouvés, fixés horizontalement à un banc, le talon de la culasse appuyé contre une forte bande de fer.

Porteur du renom et de l’image de marque de l’armurerie stéphanoise, ce poinçon est constitué des palmes croisées symbole du martyr de Saint-Etienne, saint patron de la ville.

En 1856 et par décret impérial, la gestion de l’épreuve est confiée à la chambre de commerce et d’industrie de Saint-Etienne. Le Banc d’Epreuve de la rue de l’Heurton est racheté à la veuve d’Augustin Merley et Merley-Tivet, ancien canonnier et contrôleur de la manufacture impériale, est nommé comme éprouveur.

Entre 1903 et 1908, sur les plans de l’architecte Lamaizière, un nouveau Banc d’Epreuve plus vaste et plus moderne voit le jour rue Jean-Claude Tissot. La rue de l’Epreuve toute proche conserve encore le souvenir de l’emplacement du Banc d’Epreuve d’alors, aujourd’hui détruit.

1910 est une année marquante dans l’histoire de l’épreuve des armes, avec la réunion d’une commission internationale (France, Allemagne, Belgique, Autriche et Italie) cherchant à normaliser l’épreuve des armes d’un pays à l’autre et donnant naissance à la Commission Technique Internationale bientôt transformée en Commission Internationale Permanente des armes à feu (CIP).

Au début de 1988, le Banc d’Epreuve s’installe dans ses nouveaux locaux, 5 rue de Méons, dans la ZI de Molina Nord.

L'Ère Industrielle et ses Défis

On a compté jusqu’à 250 fabricants locaux en 1950 ! On y trouvait toutes les matières premières nécessaires à la fabrication des armes : bois, charbon de bois, fer, acier et houille.

Saint-Étienne est marquée par cette histoire industrielle et nombreux sont les témoignages de ce passé, anciens ateliers, noms de rues… Le témoin le plus probant se trouve dans la rue Henri Barbusse.

Les grands noms de l’armurerie française ont tous ou presque mis la clé sous la porte les uns après les autres. Il ne reste aujourd’hui qu’une fabrique de taille à Saint-Étienne même, la maison Verney-Carron qui fête cette année ses 200 ans.

Depuis les années 50, la récession économique est passée par là , qui a entrainé la fermeture de nombreuses maisons et la reconversion et qui fit que cette industrie se positionna exclusivement sur une fabrication de qualité.

De 250 fabricants locaux en 1950, Maurice Forissier cite une trentaine d'armuriers, fabricants, réparateurs, revendeurs et distributeurs, tous confondus en 1998 sur la région stéphanoise (incluant Saint-Just-Saint-Rambert, Saint-Bonnet-le-Château...). Et encore, certaines entreprises ont depuis fermé boutique, d'autres se sont rapprochées (Gaucher avec Bretton, Demas et Verney-Carron), permettant de nouvelles productions (carabines expresses chez Gaucher-Bretton).

Vestiges et Souvenirs du Quartier des Armuriers

Si la mine conserve à Saint-Etienne, grâce à un chevalement et deux mamelles, des signes encore gigantesques de sa gloire passée, le souvenir des anciens petits ateliers d'armuriers, voire même du commerce de l'arme, est beaucoup plus ténu, caché dans les arrières cours, invisible même pour les autres, à l'oeil du passant qui n'est pas averti.

En réalité, deux rues seulement de ce quartier des Armuriers portent le nom d'armuriers: la rue Bouillet et la rue Jean-Claude Tissot. Jean-Baptiste Bouillet, à la demande de Louis XV, réalisa pour le dey d'Alger une arquebuse que le roi de France préféra garder pour lui. Quant à Jean-Claude Tissot (1811-1899), il fut un graveur sur armes de grand talent.

Dans cette même rue, un arc d'acier pointe sa flèche vers Chavanelle. Drôle de porte qui rappelle le jeu de l'arc, le grand jeu traditionnel stéphanois, avec la sarbacane et celui, révolu, de l'arquebuse. Chavanelle était un des lieux où se tenait, début mai, le papegai, qui consistait à atteindre un oiseau de carton, placé en haut d'une perche.

On se souviendra aussi que la Maison Balp, qui tenait son magasin cours Victor Hugo (il a fermé ses portes il y a peu), a fabriqué des modèles d'épées d'apparat pour de nombreuses écoles et unités prestigieuses (Garde Républicaine, l'Ecole Spéciale Militaire...) mais également une épée remise par François Mitterrand au président Bill Clinton lors du cinquantenaire du débarquement allié.

C'est en vain que nous avons cherché des enseignes et des plaques marquées d'une quelconque allusion à la fabrication d'armes, à l'exception d'une survivante, noircie, dont l'inscription vit ses dernières heures. On devine à peine les mots "armes" et "réparation". Elle se trouve rue de la Mulatière, à l'approche du Boulevard de Valbenoîte.

Tableau Récapitulatif des Armes Fabriquées par la Manufacture Nationale de Saint-Étienne (1866-1883)

Arme Période de Fabrication
Fusil modèle 1866 (Chassepot) 1866-1874
Revolvers MAS 1873-1874 1873-1877
Fusil Gras 1874-1883

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